Activision, Microsoft, Xbox : la lettre de Bobby Kotick à double enjeu

«Employés, public et autorités» le 9 novembre 2022 @ 10:312022-11-09T10:31:37+01:00" - 2 réaction(s)

Alors que la Commission Européenne vient de lancer son enquête approfondie à propos du rachat d’Activision Blizzard King par Microsoft, le PDG du groupe, Bobby Kotick, a tenu à publier une lettre diffusée publiquement. On devine là que celle-ci est autant destinée à ses employés qu’aux régulateurs.

Deux publics visés par la lettre de Bobby Kotick

Dans ce communiqué, Bobby Kotick évoque très clairement le passage en phase 2 de la Commission Européenne, qui a eu lieu hier en fin de journée. Comme annoncé depuis quelques semaines, l’enquête approfondie de l’Europe sur ce rachat était attendue et n’a surpris personne, mais accroit un peu plus la pression des autorités quant à la mise en place de l’accord entre les deux parties.

C’est un email à tous les employés d’Activision Blizzard King qui a été envoyé et que nous avons traduit ci-dessous. Nous n’apprenons rien de nouveau ici, mais il est intéressant de lire entre les lignes. Bobby Kotick résume le processus qui se déroule actuellement, mais évoque également plusieurs points et arguments en faveur du rachat, parfois avec quelques sous-entendus.

  • Il note que la concurrence dans le secteur ne fait que s’accroitre, sous-entendu que l’accord a besoin de se faire pour que l’entreprise puisse rester compétitive.
  • Il évoque également la nécessité du rachat pour retenir les talents, sous-entendu qu’ils pourraient partir ailleurs et affaiblir le groupe.
  • Il parle de milliers d’emplois à pourvoir par la suite, et que Microsoft les y aidera.
  • Il rappelle être complètement disponible pour répondre aux autorités de régulation, chose que Microsoft a également rappelé plusieurs fois.
  • Il rappelle l’approbation du Brésil qui dit que la fusion ne nuira en aucune façon à la concurrence.

Au fond, on devine ici le double enjeu pour Bobby Kotick et Microsoft ici. Il s’agit non seulement de rappeler que tout est sous contrôle, mais également de jouer la carte de l’emploi et d’une concurrence de plus en plus féroce dans le secteur pour justifier le rachat.

Il est évidemment question de communiquer auprès des régulateurs, mais également du grand public qui a assurément un rôle à jouer dans cette histoire, sans quoi ni Microsoft ni Activision ne se donneraient la peine de publier ce type de communiqué rassurant à un rythme plus soutenu depuis quelques semaines. Rappelons par ailleurs que les autorités britanniques ont invité le public à se prononcer sur le rachat.

Ci-dessous, la lettre de Bobby Kotick envoyée à ses employés.

SANTA MONICA, Calif.—(BUSINESS WIRE)—Activision Blizzard, Inc. (Nasdaq : ATVI) Le PDG Bobby Kotick a envoyé aujourd’hui la lettre suivante à tous les employés.

L’équipe,

J’ai voulu prendre un moment en dehors de notre saison de lancement réussie et chargée pour faire le point sur nos progrès vers la finalisation de notre fusion avec Microsoft. Dans un contexte de concurrence mondiale accrue de la part d’entreprises disposant d’énormes réserves de talents et de ressources, le fait de faire partie d’une entreprise ayant accès aux talents du monde entier nous aidera à pourvoir les milliers de postes que nous aurons à pourvoir au cours des prochaines années.

Nous avons été, et serons, en concurrence féroce pour attirer et retenir les talents dont nous avons besoin pour créer un contenu qui répondra aux exigences de nos audiences croissantes. Le fait de faire partie de Microsoft nous aidera à mieux réaliser nos ambitions et à satisfaire les exigences élevées de nos publics.

Comme nous l’avons dit lorsque nous avons annoncé notre fusion, il s’agit d’un long processus. Nous avons déjà reçu les approbations de pays comme le Brésil. Après un examen approfondi de la transaction, l’autorité brésilienne est arrivée à la conclusion que nous évoluons dans un secteur hautement dynamique et concurrentiel et que la fusion ne nuira en aucune façon à la concurrence.

Nous continuons à travailler en coopération avec les régulateurs des autres juridictions, et le processus avance comme nous l’avions prévu. Étant donné qu’un si grand nombre de grandes entreprises mondiales sont désormais en concurrence dans le secteur des jeux, qui représente près de 200 milliards de dollars, il est compréhensible que les autorités de réglementation tentent de mieux comprendre ce secteur. Cette semaine, la Commission Européenne a annoncé que nous étions entrés dans la deuxième phase de notre examen dans cette région du monde. Nous continuerons à coopérer avec la Commission européenne où, dans les pays qu’elle représente, nous avons de nombreux employés. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec Microsoft pour engager activement les régulateurs dans d’autres pays clés afin de répondre à leurs questions et de leur fournir des informations pour les aider dans leur examen. Des personnes de toutes nos unités commerciales et fonctions ont été impliquées dans ce travail de réglementation, et je tiens à remercier chacun d’entre vous pour votre travail inlassable et votre engagement à mener à bien cette fusion, dont nous continuons de penser qu’elle sera clôturée au cours de l’exercice fiscal actuel de Microsoft, qui se terminera en juin 2023.

Nous restons enthousiastes à l’idée des superbes jeux que nous continuons à lancer, de la croissance que nous espérons voir se produire grâce à l’investissement d’un grand nombre d’entreprises dans le secteur, et de l’achèvement de la fusion avec Microsoft, qui nous permettra d’être plus compétitifs.

Merci pour votre passion, votre enthousiasme et votre engagement envers l’excellence.

Avec toute ma gratitude,

Bobby

Rendez-vous en mars 2023 pour deux décisions majeures

Au-delà de la bataille juridictionnelle, c’est donc aussi une bataille de communication qui se joue sur ce rachat historique. À la fois pour influencer les décideurs, mais aussi le public de joueurs et joueuses qui suit l’affaire depuis plusieurs mois maintenant et qui sera également impacté si ce rachat a lieu.

Cette semaine, nous évoquions un risque que le rachat ne se fasse pas selon plusieurs sources proches du dossier, dont des investisseurs et analystes.

Le fait que l’action en bourse d’Activision Blizzard ait plutôt perdu de la valeur depuis janvier dernier montre que la crainte des investisseurs semble pour le moment plus forte que l’espoir d’un avenir meilleur, même si le cours reste cependant plus haut qu’avant l’annonce du rachat. La veille du rachat, l’action se négociait aux alentours de 64 dollars, et avait bondi jusqu’à 86 dollars après l’annonce. Aujourd’hui, nous sommes plutôt aux alentours de 72 dollars, mais loin des plus de 100 dollars qu’a connu le groupe au début de l’année 2021, avant que les scandales de harcèlement ne commencent à être plus largement diffusés dans la presse.

Nous connaissons désormais le calendrier de deux grosses autorités du secteur. Il faudra attendre mars 2023 pour connaitre l’avis de la CMA (UK) et de la Commission Européenne (EU) alors que l’avis de la FTC (USA) pourrait arriver dès la fin novembre et nous donner une orientation forte pour la suite.

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BANDIT 34

09 nov 2022 @ 14:11

Je ne vois pas ce que le public a à voir la dedans. Depuis quand demande t’on l’avis du public quand une grosse socièté rachète une autre socièté ?? Quand un grand constructeur automobile rachète une autre constructeur, consulte t’on les éventuels clients sur la pérénité de tel ou tel modèle ?? Et demande t’on l’avis du public quand Sony rachète un studio ??
Cette histoire pue, et Sony tire les ficelles

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zorglub

09 nov 2022 @ 18:19

C’est d’autant plus étrange, en effet, que Microsoft doit être seulement numéro 2 ou 3 du marché UK. On peut donc sans trop de risque en déduire qu’il y a forcément plus de personnes défavorables au rachat que favorable. Les autorités britanniques voudraient piper les dés qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.