Le rachat d’Activision Blizzard par Microsoft a secoué la sphère médiatique et vidéoludique à travers le monde depuis 72h mais jusqu’à maintenant, peu de réactions extérieures à ces milieux ont été notifiées. Cependant, le directeur de la Banque Mondiale, David Malpass, s’est exprimé aujourd’hui sur la fameuse transaction et il fustige son montant de 69 milliards de dollars vis-à-vis des pays pauvres en difficulté. En effet, un tel montant soulève des questions sociales et économiques majeures quant au poids de ces entreprises dans l’économie mondiale.
Des sommes qui devraient être investies autrement selon Malpass
Ces déclarations ont été partagées par l’agence de presse Reuters hier après-midi et sont issues d’un événement virtuel organisé par le Peterson Institute for International Economics. David Malpass est un homme politique et économiste américain riche d’une longue expérience dans les plus hautes instances américaines. Proche de Donald Trump, il devient directeur de la Banque Mondiale en 2019 et il est rapidement connu pour son rejet des institutions mondiales et des grands groupes qu’il juge trop dépensiers.
Aujourd’hui, David Malpass a critiqué l’accord conclu entre Microsoft et Activision Blizzard pour un rachat à hauteur de 69 milliards de dollars. Le directeur de la Banque Mondiale estime qu’une telle dépense dans le contexte actuel est discutable alors que des pays pauvres ou la recherche contre le COVID-19 en auraient activement besoin. Selon lui, davantage de capitaux devaient affluer vers les pays pauvres, mais ces flux ont été réduits par les aides monétaires dont bénéficient les pays développés.
Malpass s’est dit « frappé » par l’acquisition de Microsoft, une opération éclipsant ainsi plus de 23,5 milliards de dollars de contributions en espèces. Cette somme avait été convenue en décembre dernier par les pays donateurs les plus riches à l’Association internationale de développement, le fonds de la Banque Mondiale destiné aux pays les plus pauvres.
Il faut se demander : « Attendez une minute, est-ce la meilleure allocation de capital ? » Cela va sur le marché obligataire. Vous savez, une énorme quantité de flux de capitaux va vers le marché obligataire. Une très petite partie du monde en développement a accès à ce type de financement obligataire, tandis que trop de capitaux restent bloqués dans les pays avancés, notamment dans les actifs de réserve des banques centrales utilisés pour soutenir les achats d’obligations à long terme."
Reuters a tenté d’obtenir un commentaire de la part du porte-parole de Microsoft quant à l’avis de David Malpass sur cette transaction, en vain. Il y a quelques semaines, Malpass avait tenu des propos du même ordre en demandant aux banques centrales de réduire leurs avoirs obligataires à long terme afin de libérer des capitaux de prêt.
« Cela nous amène à une situation où une énorme partie du capital est allouée à des parties du monde déjà capitalistiques - les économies avancées - construisant de plus en plus sur des infrastructures et des biens immobiliers déjà lourdement construits, par exemple. Parallèlement, un retour à des rendements d’investissement mondiaux plus normaux est nécessaire pour apporter une plus grande capacité de financement aux petites entreprises du monde en développement. Pour faire face au flux de réfugiés, à la malnutrition, etc., il faut que les pays en développement reçoivent plus d’argent et de croissance. »
Il est clair que de telles transactions soulèvent des questions majeures qui dépassent la sphère du divertissement et qui peuvent être omises par le public, les médias et les entreprises elles-mêmes. Dans un contexte d’inégalités profondes à travers le monde, il faut rester à l’affût des conséquences d’une telle transaction et de la formation d’un si grand groupe.