Larian Studio est maintenant bien connu grâce à sa licence Divinity avec laquelle il a su conquérir le cœur des fans de RPG. C’est donc une joie de les voir à la direction du renouveau de la licence Baldur’s Gate, que nous n’avions pas vue depuis plus de 20 ans ! Comme vous le savez sans doute déjà, le studio belge a sorti Baldur’s Gate III en août sur PC, en septembre sur PS5, puis en décembre sur Xbox. Le titre a récolté moult récompenses et même le prix du meilleur jeu de l’année. Alors, est-ce que c’est mérité ?
Une profondeur à toute épreuve
Baldur’s Gate III reprend les bases du RPG et tire toutes ses règles du célèbre jeu de plateau Donjons & Dragons. Cela signifie que de très nombreuses possibilités sont au rendez-vous, que les diverses situations peuvent se résoudre de multiples façons et que les caractéristiques des personnages ont une importance cruciale, tout comme les classes, les races, les décisions passées, l’historique de chaque protagoniste et bien plus encore.
Dès la création de personnages, on saute à pieds joints dans l’univers D&D tant la profondeur de l’éditeur est riche pour pouvoir façonner à sa guise le rôle que l’on incarnera.
Larian Studio arrive à faire prendre conscience, et ce dès les premières heures, que le titre offrira une énorme épopée, riche en contenu et surtout unique. Parce que oui, ce vaste monde, cet énorme terrain de jeu de rôle, promet un nombre incalculable de choix, de secrets, de possibilités de résolution de situations avec son lot de conséquences.
Ce contenu dantesque peut clairement effrayer, mais Baldur’s Gate III arrive à nous plonger corps et âme dans l’aventure qu’il propose et qu’il nous offre à bras ouverts. L’expérience RPG atteint des sommets, le jeu fait partie de ces rares titres qui font vivre des histoires uniques pour chaque joueur, qui donne envie de partager les aventures vécues en racontant nos péripéties à nos amis, les secrets découverts ou bien les situations plus difficiles pour lesquelles on cherche de l’aide.
Il est nécessaire d’expliquer au joueur où il met les pieds parce que ce jeu ne pourra pas plaire à tout le monde. À l’instar d’un Elden Ring, nous avons également affaire ici à un jeu de niche. Mais si vous êtes un tant soit peu sensible à ce type d’expérience, ce ne sera qu’un pur bonheur de découvrir et vivre cette aventure.
Pour revenir sur l’expérience concrète, l’odyssée médiévale fantastique Baldur’s Gate III nous immerge dans le lore gigantesque de Donjons & Dragons. Cet univers, situé dans un monde appelé “les Royaumes Oubliés”, a été créé en 1974 et ne cesse d’expérimenter et d’évoluer depuis. Il est donc ultra crédible et jouit d’un travail peaufiné sur le long terme. Les règles du jeu sont régies par des lancers de dés qui prennent en compte un grand nombre de paramètres et nouveautés pour la licence Baldur’s Gate (par exemple, certains dialogues verront leur dénouement changer selon le résultat d’un lancer de dés, ce qui peut parfois déboucher sur un combat). Contrairement aux deux Baldur’s Gate : Dark Alliance qui étaient plus des Hack ’n’ slash en temps réel, il est ici question d’un RPG au tour par tour, quand les deux premiers Baldur’s Gate étaient des RPG en temps réel avec pause active.
Le gameplay au cœur de l’expérience
L’histoire de Baldur’s Gate III est de prime abord assez évidente. Les flagelleurs mentaux, une ancienne race que l’on pensait éteinte lors d’une précédente guerre, refont leur apparition. Ils ont la particularité de dévorer le cerveau des autres espèces ou bien de les transformer en leurs semblables. Pour ce faire, rien de plus simple, ils intègrent une larve dans le cerveau de la victime pour entamer le processus de transformation.
Ce parasite nommé Illithid est au centre de l’intrigue. Notre personnage a été capturé, puis infecté par ce parasite. Suite à un concours de circonstances, nous arrivons à nous échapper de notre prison. Notre périple commence donc, avec pour but d’essayer d’extraire la larve dans notre cerveau pour ne pas devenir un flagelleur.
Bien évidemment, cette première ligne directrice, bien que vitale, n’est qu’un prétexte pour partir explorer le vaste monde de Baldur’s Gate. En chemin, en fonction de l’exploration et des décisions prises, il sera possible de faire la rencontre de protagonistes, de réaliser des quêtes annexes, de découvrir des zones secondaires et de vivre une aventure en parallèle de l’intrigue principale.
Plusieurs moyens sont possibles pour accéder à une zone, tout comme pour résoudre une situation. Par exemple, et juste pour donner le ton, il existe de multiples façons d’ouvrir une porte, soit elle n’est pas fermée auquel cas on l’ouvre simplement, soit elle est verrouillée et l’on peut au choix la crocheter, la détruire avec une attaque à l’arme blanche ou avec de la magie (mais cela fera du bruit), trouver la clé, ou encore actionner un bouton qui donnera accès à un verrou. Et il ne s’agit ici que d’ouvrir une porte, imaginez donc toutes les possibilités d’approche pour toutes les situations possibles et inimaginables, y compris lors des affrontements, et vous aurez une idée de la richesse infinie du jeu.
Si l’un des personnages du groupe a suffisamment de charisme, de nombreux conflits peuvent être évités, même des combats de boss. Il est également possible de terminer le combat avec un seul sort (ou compétence) si l’on utilise le décor comme un baril explosif ou un gros rocher au-dessus d’adversaires, ou encore si l’on projette dans le vide des ennemis proches du bord. Sinon, on peut opter pour une approche plus furtive avec le voleur qui se dissimule et égorge ses ennemis dans le dos et se téléporte de cible en cible.
Si vous ne l’avez pas encore compris, le gameplay de Baldur’s Gate III est ultra riche, c’est peut-être même du jamais vu. Le nombre de possibilités offertes par la densité de choix est vertigineux, l’expérience RPG atteint son paroxysme et permet au joueur de vivre une aventure sur mesure en fonction de ses envies.
À cela, Larian Studio ajoute une qualité d’écriture remarquable, cependant disponible uniquement en VOSTFR. La narration sublime les événements que l’on vit, les enjeux colossaux sont d’autant plus crédibles et il n’y a ici pas de quêtes Fedex, eh non. Il y a de réels enjeux, même secondaires, chaque mise en situation est travaillée comme une quête principale et, le comble, des quêtes que l’on pensait être secondaires peuvent finalement servir dans l’histoire, soit dans l’acte en cours, soit même à la fin du jeu. Certains choix peuvent être lourds de conséquences, comme aider quelqu’un sans penser à mal mais il s’avère que c’est une sorcière, prendre le parti de tel ou tel individu pensant bien ou mal faire mais finalement le résultat n’est pas blanc ou noir… Il n’y a pas de bons ou de mauvais choix, mais un enchaînement de situations qui peuvent aboutir à des conclusions inattendues, et ce tout au long du jeu.
On pourrait d’ailleurs continuer à illustrer notre ressenti et ce type d’expérience sur de nombreux paragraphes tant ce genre d’événements et de réactions en chaîne est monnaie courante dans Baldur’s Gate III.
C’est beaucoup trop beau pour être vrai.
Baldur’s Gate III est constitué de trois actes. Selon nous, il s’agit littéralement de trois jeux en un tant il y a de contenu présent dans chacun d’entre eux, tant les événements qui s’y passent sont conséquents et grandioses et tant terminer un acte peut s’apparenter à une fin de jeu avant d’entamer la suite.
D’autant que la durée de vie de chaque acte peut varier en fonction de notre façon de jouer. Ils peuvent en effet durer individuellement entre 30h et 100h. C’est tout bonnement monstrueux, sans compter que l’exploration est propre à chaque joueur et que la rejouabilité est totale puisqu’on peut découvrir de nouvelles choses d’une partie à l’autre et faire de nouveaux choix. C’est tout simplement faramineux.
Entre la variété de quêtes et situations proposées, les différentes zones qui ont toutes une identité propre et qui varient selon les actes, c’est un voyage vers l’aventure qui est livré ici ! Très clairement, partez voyager sur les côtes sinueuses des Royaumes Oubliés jusqu’au sommet des montagnes, vous pourrez tout aussi bien prendre part à des expéditions dans les marécages que dans les grottes et ruines d’autres temps, puis visiter une forêt abyssale dévorée par la magie noire tout en découvrant d’anciens villages ravagés, puis finir l’excursion à la fameuse porte de Baldur pour la modique somme de 70€.
Le titre de Larian Studio fait un véritable sans-faute, entre la narration, les quêtes, la variété des zones, l’exploration, sans parler de la verticalité des niveaux, le level design dépaysant, le game design ingénieux qui pousse à réfléchir dans l’approche à adopter, la liberté offerte dans les choix de dialogue, les conséquences immédiates et sur le long terme, les combats, etc. Même l’intelligence artificielle parvient à nous surprendre. Vraiment, le titre a de quoi faire tourner la tête.
D’ailleurs, à propos des affrontements, le début du jeu est plus ou moins difficile. Nous incarnons un petit groupe de survivants et d’autres protagonistes peuvent se joindre aux festivités au fil de l’histoire. Ainsi, nous apprenons et découvrons cet univers en même temps que nos compagnons de fortune et, tout comme notre héros, nous nous familiarisons avec nos compétences et aptitudes. De ce fait, au début, nous ne sommes pas très bien équipés et ne disposons pas de beaucoup d’expertises et sorts.
L’exploration est la clé de la réussite, tant pour étoffer l’aventure et prendre du plaisir avec les différentes quêtes scénarisées que pour monter en compétences et mieux s’équiper. L’investissement du joueur est totalement récompensé par la découverte de zones, le gain d’argent, d’expérience et surtout la montée en puissance des protagonistes.
Des liens se créent entre les individus, nos choix impactent la relation entre chacun d’entre eux, quitte à littéralement les voir s’entre-tuer, mais aussi entre notre personnage et eux, ce qui peut même conduire à se livrer à des ébats sous la couette. Il est aussi possible de perdre un coéquipier en fonction des tensions du groupe ou des actions et choix réalisés.
Encore une fois, on pourrait parler longtemps de ce et de ses mécaniques, rentrer encore plus en détail dans son lore, donner encore plus d’exemples, mais les grandes lignes ont été retracées ici et ce bout de texte suffit à lui seul à décrire l’expérience qu’est Baldur’s Gate III. Même si tout n’est pas parfait, notamment avec des bugs de collisions, des cinématiques qui mettent du temps à s’enclencher, des soucis de textures et d’autres problématiques mineures, cela ne gâche en rien le plaisir de jouer.
Testé sur Xbox Series X