Test - Disco Elysium : The Final Cut - Une expérience unique et inoubliable

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Sorti dans un premier temps sur PC, Disco Elysium connut un succès populaire et critique qui hissa le jeu parmi les prétendants au GOTY 2019. Au croisement du C-RPG et du Point and click, Disco Elysium est le digne successeur des jeux de rôle basés essentiellement sur la narration et la résolution des quêtes tels le mythique Planescape : Torment. Les amateurs de RPG qui n’imaginent pas une aventure sans une multitude de combats peuvent passer leur chemin, c’est bien simple, il n’y en a aucun dans le jeu, presque aucun... Depuis le 12 octobre 2021, nous pouvons enfin profiter de Disco Elysium sur nos Xbox One et Xbox Series. L’attente valait le coup puisque le titre se présente dans sa mouture The Final Cut qui propose une version étendue du jeu original avec un doublage complet et du contenu supplémentaire.

Toutefois, nous étions fébriles concernant une adaptation réussie sur consoles. Nos craintes se fondaient essentiellement sur la faible expérience d’un jeune studio indépendant, dépassé par le succès retentissant de son œuvre, et un scepticisme envahissant dès qu’il s’agit d’adapter sur consoles des genres de jeu associés au PC historiquement et culturellement. Après nous être remis de nos émotions et avoir digéré une liste interminable de crédits de fin, nous sommes rassurés. Disco Elysium : The Final Cut, même sur consoles, est une expérience unique qu’il faut avoir testé une fois dans sa vie.

Stayin’ alive

L’histoire démarre sur un fond d’écran noir. Diverses personnes entament une conversation surréaliste, confuse, dans un anglais soutenu et riche. Nous comprenons rapidement que ce sont des systèmes vitaux et des pensées qui dissertent sur l’état de l’existence. Heureusement, une fenêtre de dialogues apparaît sur la droite de l’écran et propose une traduction en français de haute volée, digne du matériau originel, qui nous accompagnera tout au long de notre aventure. Puis vient la lumière. Un homme à moitié nu, la cinquantaine apparemment, gît sur le sol d’une chambre saccagée de toutes parts. L’homme que l’on pensait mort au premier regard se relève très difficilement. Cet homme sort de la pire nuit d’ivresse de sa vie, cet homme est devenu amnésique, cet homme est le héros que nous incarnons.

Une vraie loque !

Après avoir récupéré nos vêtements disséminés un peu partout dans la chambre et retrouvé nos clés pour sortir de cet enfer de 15 m², nous faisons la rencontre d’une charmante demoiselle fumant une cigarette sur la terrasse intérieure qui surplombe le restaurant. Cette femme fatale nous apprend que nous sommes un officier de police arrivé depuis trois jours pour enquêter sur un cadavre, pendu depuis une semaine à un arbre dans la cour derrière l’hôtel. Elle nous rappelle également que nous avons foutu un sacré merdier la nuit dernière. Une fois en bas, le propriétaire du bar nous réclame dans une colère froide le remboursement d’une belle ardoise suite aux dégâts de la chambre. C’est à ce moment-là que nous rencontrons notre nouveau partenaire d’enquête, le lieutenant Kim Kitsuragi, venu d’un commissariat d’un autre district et rival du nôtre. Nous sommes un lundi matin et nous devons élucider un meurtre, découvrir l’homme que nous étions avant l’amnésie et redorer la piteuse image que nous avons donnée à la population locale depuis notre arrivée sur les lieux. Une semaine intense nous attend.

Disco Elysium, c’est avant tout la vision et la création de Robert Kurvitz, romancier estonien et rôliste à ses heures perdues. En 2016, ce dernier fonde le studio ZA/UM et s’entoure d’un collectif d’artistes et de développeurs pour concevoir un RPG autour d’un univers sorti tout droit de son imagination, mais déjà mûri depuis plusieurs années avec l’écriture d’un premier roman et la réalisation d’un jeu de rôle sur table. Les bases d’un lore solide et cohérent étaient donc déjà là avant le démarrage du développement du jeu vidéo.

Un collègue ami ou rival ?

Le scénario de Disco Elysium se déroule dans un monde fantastique mais très proche du nôtre. Plus précisément, les événements se passent à Martinaise, un quartier populaire livré à lui-même et très pauvre de la ville fictive de Revachol, en pleine grève entamée depuis des mois par le puissant syndicat du port local, propriété d’une énorme multinationale. L’histoire de Revachol est un condensé de notre histoire contemporaine, puisqu’en 50 ans, l’ancienne cité-État est passée d’une monarchie au statut de “colonie” spéciale gérée par une Coalition de puissances ultralibérales, le tout en ayant traversé une révolution communiste et un régime communal. Mener notre enquête au milieu de monarchistes, loyalistes, communistes, fascistes et ultralibéraux ne sera pas une sinécure. D’autant plus que notre pouvoir policier issu de notre appartenance à la milice citoyenne de Revachol (MCR) n’a pas la même légitimité aux yeux des habitants de Martinaise que celui exercé par le généreux Syndicat local. Oui, Disco Elysium est un jeu très mature qui délivre une critique acerbe et ciselée de notre monde politique via nos pérégrinations dans la poudrière de Martinaise.

Born to be alive

Disco Elysium est surtout un grand RPG et un véritable hommage aux jeux de rôle sur table. Certes nous ne sommes pas libres de créer le physique, la vie passée et la profession de notre personnage. Nous dirigeons obligatoirement ce policier au bout du rouleau, bouffé par les ravages de l’alcool et des insomnies. Mais grâce à la pirouette usitée de l’amnésie, nous sommes libres de modeler son avenir, ses convictions et sa psychologie à notre guise. Jamais un RPG n’a poussé l’introspection et le développement mental de son personnage à un tel niveau de complexité et de jouissance. Ce sont d’abord quatre grandes idéologies philosophiques et politiques à explorer au fil de nos choix de dialogues et rencontres avec des PNJ : le communisme, le fascisme, l’ultralibéralisme et le moralisme. Bien entendu, nous sommes libres de piocher n’importe quelle réplique qui nous paraît adéquate selon notre envie et le sujet de discussion entamé. À cet égard, si on suit son instinct personnel sans chercher à jouer un rôle précis, Disco Elysium peut devenir un fascinant test de personnalité.

Une fiche de personnage atypique

Ce sont également 24 talents à développer rassemblés en 4 grands domaines : Intellect, Psyché, Vigueur et Motricité. Ces talents représentent non seulement des compétences qui feront intervenir très régulièrement des jets de dés pour valider ou échouer lamentablement des actions entreprises par notre héros mais aussi des “personnalités” aux caractères bien trempés qui n’hésitent pas à nous interpeller dans nos pensées et réflexions intérieures. D’aucuns diront que ça rend le jeu trop bavard (il est possible d’accélérer les interventions en cliquant sur le bouton A), mais pour les amoureux de littérature, ce festival de “personnages” n’est que pure jouissance intellectuelle et émotive. Il suffit par exemple d’un jet de dé réussi de notre talent “Encyclopédie” quand un nom propre surgit au détour d’une conversation pour partir dans une définition wikipédiesque aussi géniale que fantaisiste ou bien d’avoir un score élevé dans le talent “Cour intérieure” pour que la cravate que notre héros porte à merveille se mette à nous haranguer dès que notre ego est en danger.

Le ridicule ne tue pas

Pour améliorer tous ces talents après notre choix initial (12 points à investir dans les 4 domaines), comme tout bon jeu de rôle, nous devons accumuler de l’expérience en validant des quêtes pour gagner des points d’attribut. Mais nous pouvons aussi changer de vêtements ou nous adonner aux différentes drogues puisqu’ils apportent tous des modificateurs en bien et en mal sur certains talents. Ainsi porter un peignoir en soie du plus bel effet nous apporte +1 en Art dramatique et en Électrochimie alors que consommer du speed donne un bonus éphémère de +1 aux talents de motricité mais endommage notre moral de 1 unité. Beaucoup de délires psychotropiques sont possibles avec leurs conséquences souvent hilarantes mais parfois tragiques. Nos jauges de santé et de moral sont d’ailleurs à surveiller de près sous peine de voir notre héros abandonner l’enquête ou succomber à une crise cardiaque.

Trop réfléchir peut finir en délire

Enfin, ce sont 52 pensées ou croyances qui peuvent naître après leur découverte au détour là encore d’une rencontre ou d’une conversation et après une phase d’incubation de plusieurs “heures dans la vie de notre héros” dans le Tiroir à réflexions. Ces croyances apportent également des bonus et des malus mais à d’autres niveaux que les habits et les stupéfiants, tels une augmentation du seuil d’apprentissage d’un talent par exemple. Le malheur dans cette histoire est qu’on ne peut pas connaître à l’avance les effets de chaque pensée profonde sachant que nous sommes limités à 12 pensées au maximum dont 8 à débloquer avec des points. Le bonheur réside en la possibilité d’oublier définitivement une croyance jugée inutile ou néfaste au détriment d’un point d’attribut.

I’m so excited

Le roleplay ne s’arrête toutefois pas au riche développement psychique de son personnage et aux interactions liées à ses talents. Nous sommes libres dès le début d’aller où bon nous semble dans les limites imposées par le scénario. Ces entraves à la liberté peuvent être une écluse ouverte qui bloque l’accès à un secteur de Martinaise pendant deux jours ou un colosse raciste qui nous empêche de rencontrer le boss du Syndicat. Cependant la plupart d’entre elles peuvent être contournées à force de fouiner dans les parages ou d’obtenir un bon tuyau par un PNJ. D’ailleurs aucune carte n’est à notre disposition au début pour nous aider à nous repérer dans Martinaise, nous devons la dénicher quelque part pour qu’elle apparaisse enfin dans notre inventaire.

Nous jouissons également d’une grande liberté concernant la progression des quêtes. Celles-ci se classent dans notre gestionnaire selon le jour de leur découverte. Hormis des intrigues évidentes liées à l’enquête policière, rien ne les différencie, si bien qu’une piste très prometteuse peut amener à une impasse ou une histoire parallèle et qu’une quête d’apparence anodine que l’on pensait “secondaire” permet une avancée prodigieuse dans l’enquête. Les possibilités qui s’offrent à nous sont pléthoriques et chaque journée in-game se trouve bien remplie. Précisons que le temps dans le jeu avance quasi uniquement en fonction des conversations avec les PNJ ou des moments de lecture d’un livre ou d’un rapport judiciaire, les déplacements ne sont donc pas pris en compte ou sinon de manière presque imperceptible.

Seuls les lancers rouges sont à quitte ou double

Pour vous donner une idée plus précise de la richesse du jeu et de sa rejouabilité, nous avons d’abord fait un run de 7 heures pour bien maîtriser les mécaniques de jeu et tester certaines possibilités. Puis nous avons recommencé le jeu avec l’esprit d’interpréter cette fois-ci notre personnage selon notre goût de joueur. Telle fut notre surprise au bout de la même durée de jeu de constater que nous avons vécu des développements très différents dans la plupart des intrigues communes à ces deux runs, voire même des résolutions inattendues. Il ne faut jamais être enragé par un mauvais lancer de dés dans Disco Elysium car le studio a pensé à un plan B pour arriver à nos fins, puis un plan C au cas où. Les histoires créées selon ces ramifications tiennent la route et se mettent au service d’un canevas général d’une grande cohérence. Le scénario tient globalement ses promesses et nous réserve de nombreux rebondissements.

Même ici on se moque de Cyberpunk

La valeur d’un RPG se mesure aussi à la qualité de ses PNJ. Dans ce registre, Disco Elysium est également un mètre-étalon. En plus de profiter pendant quasiment toute l’aventure d’un partenaire d’enquête remarquable en la personne de Kim Kitsuragi, une pelletée de personnages hauts en couleur et plus charismatiques les uns que les autres nous attendent à chaque coin de rue. Nous sommes convaincus que certains d’entre eux feront partie de nos souvenirs vidéoludiques dans quelques années. Leur histoire, leur caractère, leur langage du plus vulgaire au plus soutenu, tout est passionnant et ne laisse pas indifférent. Chaque individu à sa façon nous malmène, nous pose un défi. Certains nous font rire aux éclats quand d’autres nous humilient et nous poussent dans nos retranchements les plus enfouis.

Le fameux BHL

Et que dire du doublage complet en anglais apporté par la version The Final Cut. Ce travail colossal, au même titre que la traduction française des milliers de lignes narratives présentes dans le jeu, apporte une plus-value formidable à nous, joueurs francophones. Même celui qui ne comprend pas la langue de Shakespeare ne pourra qu’apprécier et savourer tous ces accents si bien choisis pour chaque personnage pendant qu’il lit les traductions. Quel plaisir intense d’entendre parmi eux des accents créoles et surtout l’accent typique d’un Français métropolitain lié à un technocrate qui nous donne une leçon de géopolitique aussi cynique que fascinante avec cette arrogance naturelle qui nous caractérise aux yeux du monde.

Au final peu importe si nous échouons dans l’enquête principale, car oui c’est possible. On dit souvent que l’essentiel n’est pas d’atteindre l’objectif fixé mais le voyage parcouru. Si ce conseil est souvent galvaudé à force d’être employé à tout bout de champ, il correspond parfaitement à l’ambiance et à l’aventure proposée par Disco Elysium, d’une durée de trente heures minimum selon votre style de jeu et votre soif de découverte.

Let the music play

Le temps des premiers vrais bémols est arrivé. Avec de telles qualités que nous avons décrites précédemment, il suffisait à ZA/UM d’assurer le minimum concernant les commandes liées à la manette et la technique du jeu pour ne pas gâcher l’expérience de jeu sur console. Le pari est en partie réussi mais déçoit également, en particulier les temps de chargement entre les différents espaces visités qui prennent un peu moins d’une dizaine de secondes sur Series X. Nous craignons que ce temps de chargement explose et devienne vraiment pénible sur les Xbox One.

L’exploration est incontournable

L’ergonomie à la manette a certains avantages pour ce type de jeu. Le déplacement de notre héros dans les décors en 3D isométrique via le stick gauche se fait naturellement. La mise en relief de tous les éléments du décor avec lesquels on peut interagir via la touche LB est utile et facile d’accès. Pour sélectionner ces éléments, le choix du stick droit est intelligent une fois qu’on a compris comment cela fonctionnait. Malheureusement, ces bons points pâtissent de défauts qui pourraient énerver certains joueurs. Une manette sera toujours beaucoup moins efficace qu’une souris pour parcourir les inventaires et les différents journaux. Les déplacements de notre héros et de son partenaire souffrent souvent d’un défaut de pathfinding qui agace par moment et nous galérons parfois à atteindre certains lieux. Il arrive aussi que la sélection des éléments du décor devienne capricieuse et que nous devions nous y reprendre à deux fois pour avoir la chance de cliquer sur l’interaction voulue, si le clic veut bien être pris en compte… Rien de rédhibitoire, puisque tout se passe bien la plupart du temps, mais ces désagréments sont suffisamment nombreux pour les signaler. Heureusement, le genre du jeu et l’absence de combats ou de moments cruciaux demandant un timing serré rendent ces soucis supportables. D’ailleurs les rares moments de pression dans le jeu concernent la trésorerie et le besoin d’obtenir de l’argent pour acheter des objets importants ou éponger sa dette envers l’hôtel.

Concernant la direction artistique, la patte graphique basée sur un style pictural à l’huile a un charme fou et colle parfaitement à l’ambiance recherchée par le jeu et au choix d’une vue en 3D isométrique. Le travail effectué par l’équipe des graphistes sous la direction d’Aleksander Rostov est remarquable et les décors foisonnent de détails. Ce choix artistique dans Disco Elysium ne fera pas l’unanimité mais il sera reconnaissable au premier coup d’œil entre mille directions artistiques la plupart du temps génériques. Toutefois, ce style graphique manque parfois de lisibilité et ne favorise pas les déplacements de nos personnages dans certains lieux. Même avec la possibilité de zoomer et dézoomer, nous avons du mal par moment à déceler le chemin pour atteindre un endroit précis ou repérer des objets interactifs sans utiliser la touche LB.

Le karaoké se mérite

Enfin, la bande originale a été créée par le groupe anglais British Sea Power. Une fois de plus, le choix des musiques fait mouche avec des morceaux uniques plein de mélancolie qui accompagnent parfaitement la décrépitude des lieux visités. Comme la patte graphique, la bande-son se démarque et donne encore plus de cachet au jeu. Elle est reconnaissable les yeux fermés dès les premières notes jouées et risque de vous accompagner un bout de temps même après avoir terminé l’aventure. Le seul regret que nous avons concerne le volume par défaut de ces musiques. Nous vous conseillons fortement d’augmenter ce volume dans les menus pour profiter à fond de cette atmosphère unique et ce dès le début du jeu avec le thème musical de l’hôtel-restaurant qui est devenu emblématique.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • L’enquête principale riche en rebondissements
  • La narration et le doublage exceptionnels
  • L’univers et la déchéance de Martinaise
  • La direction artistique singulière
  • Le charisme de nombreux PNJ
  • La grande liberté proposée dans le roleplay
On n’a pas aimé :
  • Les errances techniques
  • Le manque de visibilité lié au style graphique
  • Les temps de chargement conséquents
Le Disco est éternel

Rares sont les jeux vidéo qui marquent une époque ou deviennent une référence incontournable de leurs genres respectifs. Disco Elysium fait partie des jeux de cette catégorie et nous comprenons aisément qu’il ait obtenu de nombreux prix prestigieux. Le premier titre du studio ZA/UM et de Robert Kurvitz est un chef-d’œuvre du C-RPG. Il est une parfaite incarnation vidéoludique de l’essence d’un jeu de rôle sur table. De ce dernier, il propose un lore et des PNJ fascinants, un scénario mature, solide et cohérent peu importe le chemin emprunté, une liberté folle dans le roleplay, les fameux jets de dés et un “maître de jeu” au pouvoir narratif exceptionnel. L’apport du média jeu vidéo transcende l’expérience avec une patte graphique et une bande-son singulières et envoûtantes. De plus, son adaptation sur console, du moins sur Xbox Series, ne gâche pas trop l’affaire. Toutefois, Disco Elysium ne s’adresse pas du tout aux joueurs allergiques à la lecture avec ses milliers de phrases ou aux amateurs de phases de combat puisqu’il n’y en a pas ici. Pour les autres, ce jeu mérite réellement d’être joué plusieurs heures afin de comprendre vraiment où on met les pieds. Après, on peut ne pas aimer, mais si on accroche, Disco Elysium devient une expérience unique qui nous marque au fer rouge et nous laisse exsangue une fois l’aventure terminée.

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Disco Elysium

PEGI 0

Genre : RPG

Éditeur : ZA/UM Studio

Développeur : ZA/UM Studio

Date de sortie : 12/10/2021

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4