Ubisoft a été l’un des premiers gros acteurs à annoncer l’arrivée de NFT dans l’un de ses jeux. Ainsi, nous apprenions que des cosmétiques pour Ghost Recon Wildlands allaient être mis en vente sous forme de NFT. Pour le moment, l’initiative ne semble pas encore convaincre grand monde, mais Ubisoft précise que ce n’est que le début.
Les NFT de Ghost Recon se vendent beaucoup moins cher que prévu
Ubisoft a d’abord annoncé se lancer dans les NFT avec son jeu Ghost Recon. Il s’agissait alors d’objets cosmétiques uniques pour les personnages du jeu. Le projet s’appelle Ubisoft Quartz et très rapidement, la communauté des joueurs a rejeté massivement cette idée. Quelques jours plus tard, Ubisoft délistait la vidéo de Youtube qui compte aujourd’hui pas moins de 41 000 dislikes.
Le projet n’a pourtant pas été abandonné et les objets en vente sont désormais visibles sur la plateforme Objkt de la blockchain Tezos. Plus de 2000 objets sont ainsi disponibles à la vente, mais on remarque que leur prix de vente est loin de celui imaginé par Ubisoft au départ. On y retrouve ainsi des centaines de skins identiques pour l’arme M4A1, de même pour un casque Wolf.
Seule différence entre tous ces skins : un numéro unique qui garantit l’unicité de l’objet. Ubisoft précise que chaque article unique comporte un numéro de série gravé et que cet objet est purement cosmétique et n’est utilisable que dans Ghost Recon Breakpoint.
Est-ce que les joueurs sont conquis par cette idée d’acheter une skin d’arme hors de prix uniquement parce qu’elle comporte un numéro de série unique ? Pour l’instant, l’idée ne semble pas rameuter les foules.
Sur les plus de 2000 articles proposés, seules 6 ventes sont listées à l’heure où nous écrivons ces lignes, toutes pour des skins de la M4A1. Les prix de ventes sont indiqués en Tezos (ꜩ) et alors que le skin M4A1 #1212 était listé à 10 000 Tezos (38 000 € environ), celui-ci fait partie du top des ventes, mais n’a finalement été acheté « que » pour 20 Tezos, soit environ 75 €. Certains diront qu’il s’agit déjà d’une coquette somme pour une skin d’arme avec un numéro dessus qui disparaîtra le jour où Ubisoft cessera de supporter le jeu, mais c’est tout de même 500 fois moins qu’espéré.
Actuellement, des centaines de NFT Ghost Recon attendent toujours de trouver preneur. Le skin le plus cher étant celui de la M4A1 #1301 vendue 100 000 Tezos, soit la modique somme de 379 000 €.
Ce n’est que le début
Malgré le rejet des joueurs, Ubisoft n’abandonnera pas pour autant Quartz, son projet qui vise à promouvoir l’arrivée de NFT dans ses jeux. Si la sauce ne semble pas prendre avec Ghost Recon, le PDG d’Ubisoft, Yves Guillemot, a pris la parole auprès de ses salariés pour expliquer que ce n’est qu’un début.
Selon plusieurs sources présentes que Kotaku a pu joindre, les réponses apportées aux salariés restaient la plupart du temps « assez vagues et s’appuyaient sur des mots à la mode tels que métaverse et web 3.0 ».
Selon Kotaku, la messagerie interne d’Ubisoft, appelée MANA, a fait l’objet de nombreux messages de développeurs qui ne comprenaient pas pourquoi Ubisoft se lançait dans les NFT et quel problème l’entreprise tentait de résoudre avec ça. En interne, un certain nombre d’employés semble rejeter complètement l’initiative et certains ont déjà peur de devoir intégrer des NFT dans leurs jeux.
Selon un récent rapport de la communauté Ubisoft examiné par Kotaku, l’annonce de Quartz aurait entraîné une « variation négative sans précédent » du sentiment des joueurs à l’égard de Ghost Recon Wildands.
Selon les employés d’Ubisoft Paris que Kotaku a consulté, le co-fondateur d’Ubisoft a déclaré que le contrecoup de l’annonce de Quartz était attendu, et l’a comparé au tollé initial du public contre les nouveaux développements précédents dans l’industrie du jeu comme les DLC, les microtransactions et les loot boxes.
Toujours selon les mêmes sources, Yves Guillemot n’a pas vraiment fourni de détails quant aux nouveaux types de gameplay que les NFT et la technologie blockchain pourraient rendre possible. Au lieu de cela, il aurait évoqué plus largement la façon dont des concepts tels que le métavers permettraient aux joueurs de construire et de vendre des maisons virtuelles et d’avoir une agence dans le processus de création de jeu lui-même. Le succès de Roblox serait également revenu plusieurs fois sur la table, sans que l’on sache exactement en quoi Ubisoft pourrait s’en inspirer.
Yves Guillemot semble pourtant avoir été très clair sur une chose : les NFT de Ghost Recon ne sont qu’un début et Ubi préparerait actuellement bien d’autres choses pour introduire la technologie blockchain dans ses autres jeux à l’avenir. Un développeur s’est dit désolé d’une telle situation auprès de Kotaku.
Je suis ici pour créer des jeux et promouvoir le plaisir et le divertissement. Et je ne vois pas comment cela va dans cette direction, c’est juste une autre façon de faire plus d’argent.