Dès son annonce, The Plucky Squire a su capter l’attention grâce à son identité visuelle, dont l’esthétique est marquée par son aspect dessins animés, ainsi qu’à une intrigante mécanique permettant de passer de la 2D à la 3D. Ce jeu d’action-aventure, publié par Devolver Digital et développé par All Possible Futures, plonge les joueurs dans un univers empreint de magie. Ce « petit » jeu a de grandes ambitions et promet un beau voyage.
Un voyage enchanteur
L’histoire met en scène Laïus, un vaillant petit page porteur des espoirs de tout un royaume. Mais Laïus n’est pas un héros ordinaire, il est à la fois combattant et écrivain renommé dans le royaume de Mojo, où il s’est déjà illustré en déjouant les plans du sinistre sorcier Ragecuite. L’originalité du titre se manifeste très vite lors d’un revirement de situation inédit. Ragecuite découvre que le royaume de Mojo n’est, en réalité, qu’un simple livre de conte pour enfants. Décidé à prendre sa revanche, il élabore un plan machiavélique et trouve un moyen d’expulser Laïus non seulement de l’histoire, mais du livre lui-même !
Ce postulat joue habilement avec la notion de quatrième mur (la remise en question de la séparation symbolique entre la fiction et le public), mêlant les réalités littéraires et matérielles. The Plucky Squire ne se contente pas de raconter une histoire, il invite à réfléchir sur l’impact des récits sur leurs jeunes lecteurs. Cette dualité entre le monde du livre et celui des objets du quotidien offre un terrain de jeu fascinant pour les amateurs de récits interactifs.
Bien que le jeu ne cherche pas à proposer une aventure complexe ou exigeante, il brille par son univers coloré et fantaisiste. Les mécaniques sont simples à prendre en main, que l’on soit novice ou joueur expérimenté. Les combats sont basiques, les mini-jeux souvent amusants, et les énigmes suffisamment astucieuses pour maintenir l’intérêt. Néanmoins, certaines sections souffrent d’une simplicité excessive, particulièrement pour les adultes en quête de profondeur.
Une expérience ludique
Dans sa volonté de rester accessible à un large public, The Plucky Squire propose deux modes de difficulté : « Histoire » pour ceux qui privilégient la narration, et « Aventure » pour ceux cherchant un peu plus de défi. Mais, même dans ce dernier mode, le jeu reste relativement facile. Les échecs n’ont pas de lourdes conséquences : une chute lors d’une phase de plateforme, par exemple, ramène le joueur quelques mètres en arrière, tandis qu’un combat de boss se relance avec la jauge de vie déjà entamée. Cette absence drastique de difficulté pourrait décevoir les amateurs de challenge, mais elle renforce l’aspect ludique et détendu du jeu, d’autant que The Plucky Squire ne cherche jamais à être ce qu’il n’est pas.
Le système de combat, bien que plaisant, propose le strict minimum. Nous avons trois boutons d’action, un pour sauter, un pour esquiver et un pour attaquer. Quelques compétences bienvenues approfondissent l’expérience. Il est possible de les acquérir en les achetant auprès d’un marchand et de les améliorer à l’aide des pièces collectées dans les différents niveaux. De cette manière, diverses approches peuvent être abordées lors des combats. Pour autant, cela reste tout de même assez lisse. En conséquence, les affrontements, malgré leur dynamisme, ne constituent pas le cœur de l’expérience. C’est plutôt dans la conception de ses énigmes que brille véritablement The Plucky Squire.
Le plus grand intérêt du titre réside dans l’ingéniosité de ses puzzles, où l’interaction avec le texte du livre devient un outil de gameplay. Il est possible, par exemple, de modifier des mots pour influer sur l’environnement : transformer « Fermer » en « Ouvrir » pour manipuler une porte, ou déplacer des éléments du décor afin de résoudre des énigmes. Cette mécanique encourage l’expérimentation, et certains succès sont à déverrouiller en utilisant ces manipulations créatives et amusantes.
La transition entre 2D et 3D apporte une autre dimension (littéralement) au jeu. À des moments spécifiques, Laïus peut sortir des pages du livre pour interagir avec le monde réel, incarné ici par le bureau d’un enfant nommé Sam. Sur ce terrain de jeu miniature, le héros se retrouve à escalader des jouets, esquiver des insectes, ou manipuler des objets du quotidien pour progresser. Ces interactions, bien que guidées, apportent une fraîcheur bienvenue et stimulent la réflexion.
Une 3D pleine de charme
Les sections en 3D offrent une belle rupture de rythme, avec des séquences dynamiques où Laïus grimpe sur le bureau et peut utiliser le décor en carton (château, maison de poupée…) et les jouets pour avancer dans le niveau. Ce passage fluide entre les deux dimensions est l’une des plus belles réussites du jeu, tant sur le plan visuel que dans sa capacité à renouveler l’expérience.
Tout au long de l’aventure, notre protagoniste acquiert divers gadgets lui permettant d’interagir avec les pages du livre. Il peut ainsi extraire des mots ou des objets provenant de différentes sections pour progresser. Mais ce n’est pas tout, un autre pouvoir lui offre la possibilité de manipuler la physique du livre ainsi que certains éléments du décor qui illustre l’ouvrage, ce qui en fait un atout précieux pour résoudre les énigmes.
En revanche, manipuler les deux réalités et jouer avec certaines parties du décor peut faire chavirer l’expérience dans le mauvais sens. Il arrive parfois (suffisamment souvent pour le remonter) que ces manipulations provoquent des bugs de textures, comme des caisses qui se chevauchent et ne peuvent plus être bougées, ou une clé qui se coince dans une partie du décor. Heureusement que le jeu crée de multiples sauvegardes pour revenir très facilement en arrière quelques minutes avant la zone concernée.
Au fil des chapitres, de nouveaux paysages apparaissent sur le bureau, invitant à explorer des environnements qui se renouvellent constamment. Chaque nouvel espace apporte des variations de gameplay, rendant l’expérience diversifiée et captivante, même si quelques-unes restent légères et manquent parfois de profondeur. The Plucky Squire sait se réinventer tout en nous plongeant dans des univers aussi envoûtants dans le monde « réel » que dans les pages du livre.
L’aventure de Laïus repose sur un généreux mélange qui rappelle de multiples expériences que l’on peut retrouver dans d’autres jeux. On peut y voir des aspects que l’on doit à Zelda, Mario, Rayman ou même encore à Brutal Legend. La durée de vie du jeu est de moins d’une dizaine d’heure, mais le voyage se renouvelle constamment et le gameplay évolue systématiquement. En bref, The Plucky Squire sait nous garder en haleine et le fait avec générosité.
En définitive, The Plucky Squire ne cherche pas à rivaliser avec les jeux d’action-aventure les plus complexes. Son ambition réside avant tout dans son charme, sa créativité et son accessibilité. Bien que certains joueurs puissent regretter un manque de défi, l’originalité du concept, le soin apporté à la direction artistique et la mécanique ingénieuse des transitions entre 2D et 3D en font une aventure rafraîchissante et divertissante. C’est un jeu qui saura séduire les amateurs de récits interactifs et d’univers enchanteurs.
Testé sur Xbox Series X, code fourni par le studio
