Test - After Us - Une complainte poétique qui pousse à la remise en question

«L’humanité est un virus mortel» , - 0 réaction(s)

Take-Two interactive ne se résume pas à 2K Games et Rockstar Games. Private Division, sa filiale d’édition de jeux indépendants, est une mine d’or vidéoludique. Elle compte notamment dans son portfolio le studio espagnol Piccolo, qui avait déjà touché en plein cœur la rédaction lors du test de leur précédent titre, Arise A Simple Story. Leur nouveau projet, nommé After Us, nous a happé lors de sa présentation, à l’occasion des Game Awards 2022. Ce n’est pas la première fois que l’impact de l’humanité sur notre planète est abordé dans un jeu et nous avions hâte d’en connaître la vision du studio. Nous n’avons pas été déçus, car la beauté de After Us va bien au-delà de sa direction artistique.

Un nouveau déluge

Le point de départ de notre aventure s’inspire largement de la Bible et du déluge souhaité par Dieu, afin d’effacer l’erreur commise lors de la création des Hommes. Notre mère la Terre est épuisée du mal qui la ronge lentement. L’humanité lui absorbe toute son énergie et le cataclysme est inévitable. Dans un dernier sursaut, rassemblant ses dernières forces, elle parvient toutefois à sauver l’esprit des animaux. Elle a désormais besoin de nous pour libérer ces entités restées bloquées dans leur corps sans vie.

Notre personnage, prénommé Gaïa, doit donc parcourir les ruines de l’ancien monde pour mener à bien sa lourde tâche. Nous comprenons rapidement, lors des premiers instants, que After Us n’est pas seulement un jeu, mais qu’il est surtout un appel à la prise de conscience. Les développeurs ont fait le choix d’une direction artistique sobre et douce, mais le message est quant à lui très percutant. L’humanité est un poison pour la Terre et si nous ne changeons pas notre mode de vie, elle nous gommera de son histoire.

Tout en simplicité

Côté gameplay, c’est la simplicité qui prime. Notre personnage peut effectuer un double saut, dasher en avant pour atteindre une plateforme ou courir sur les murs. S’ajoute à cela la possibilité de projeter son esprit ou de le concentrer pour provoquer une onde de choc qui végétalise notre environnement. Nous étions plutôt sceptiques, au départ, sur le risque de lassitude manette en main. Tout le génie des développeurs est d’amener le joueur à utiliser ces mécaniques différemment, en fonction des zones traversées. Une onde de choc pourra aussi bien purifier un passage bouché par une marée noire que végétaliser un câble sur lequel nous pouvons désormais grinder pour progresser.

Nous avions également des doutes sur l’effet couloir que procure généralement ce type de jeu. La première heure ne nous a pas rassuré, mais nous avons vite oublié nos craintes grâce à l’intelligence du level design. Pour rompre l’effet tunnel, les environnements prennent parfois de la hauteur et se construisent à la verticale. D’autre part, le joueur est régulièrement invité à suivre le chemin de son choix pour vivre l’aventure dans l’ordre qu’il le souhaite.

Rien ne vient donc entraver notre plaisir, pas même la difficulté. After Us n’est pas un jeu punitif dans sa conception : notre personnage ne meurt pas, normal pour un esprit me direz-vous. Une chute malencontreuse (et il y en a beaucoup) nous ramène au dernier point de sauvegarde, qui n’est bien souvent qu’à une plateforme de notre échec. Il n’y pas de jauge de santé, mais lors de nos confrontations, l’écran s’assombrit au fur et à mesure que notre adversaire ponctionne notre force vitale. Ces mauvaises rencontres ne posent cependant que peu de difficultés.

Restent deux cordes à notre arc que nous n’avons pas encore abordées. L’une, plutôt anecdotique, nous permet de saluer ou de caresser les esprits que nous avons libérés. L’autre, beaucoup plus utile, est le chant. Elle est même indispensable pour les chasseurs de succès puisque After Us compte 189 collectibles plus ou moins dissimulés dans l’environnement. Un semblant de carte permet de déterminer leur localisation approximative, mais lorsque notre personnage chante, une “envolée lyrique” désigne avec précision l’emplacement des artefacts à proximité. La présence de nombreux points de téléportation facilite également ces recherches.

Techniquement à deux doigts du sans faute

Bien qu’il n’ait pas l’ambition de rivaliser avec un AAA, le titre propose une qualité graphique plus qu’honorable pour un jeu indépendant. De plus, sur Series X, nous avons le choix de privilégier la qualité en 4K 30FPS ou la performance en 2K 60FPS. La gestion des éclairages est globalement maîtrisée, même si nous avons noté parfois quelques changements brutaux d’effets sur les textures. Sur la version mise à notre disposition pour le test, nous avons observé de rares chutes brutales de framerate dont deux qui se sont conclues par une fermeture du jeu, obligeant à un redémarrage. Cela n’a pour autant pas nui à notre immersion et sera probablement corrigé par un patch à la sortie.

Le titre propose une localisation intégrale en français, mais étant donné que notre personnage communique par vocalise, peu importe la langue choisie, toutes les conversations sont sous-titrées. Il n’y a en fait que très peu d’échanges entre Gaïa et sa mère, ce qui limite grandement l’effort de lecture. La narration passe essentiellement par la bande son qui, bien que subtile, parvient à rythmer les différents moments de l’aventure.

La seule faiblesse du titre, c’est la gestion de sa caméra lors de certains passages de plateformes. Même si nous avons entièrement la main sur sa position, il est parfois compliqué, voire impossible, de trouver en angle satisfaisant nous permettant d’appréhender l’espace et ainsi éviter de chuter bêtement lors d’un saut mal engagé. Les développeurs ont pourtant mis tout en œuvre pour ne pas gâcher notre progression, puisqu’un halo blanc apparait sous le personnage lors des sauts. Malgré cela, nous n’avons pu éviter nombre de chutes, surtout lors des progressions verticales.

Ces petits points à améliorer n’ont toutefois pas gâché notre plaisir et nous n’avons pas vu passer les 10 heures qui nous ont été nécessaires pour conclure l’aventure, tout en glanant une très grande partie des collectibles. Ce qui porte la durée de vie à environ 12 heures pour les complétistes.

Testé sur Xbox Series X. (en mode 4k 30 FPS)

Bilan

On a aimé :
  • Le message porté par l’histoire
  • La direction artistique très poétique
  • La fraîcheur apportée au gameplay par chaque environnement
On n’a pas aimé :
  • La gestion de caméra parfois frustrante
  • Les quelques chutes de framerate brutales
Un futur nominé aux Games Awards

Avec After Us, le studio Piccolo confirme sa capacité à porter le jeu vidéo au-delà du simple divertissement. Malgré un gameplay épuré, le titre parvient à surprendre le joueur à chaque nouvel environnement. Son level design bien pensé réussit à rompre l’effet couloir, inhérent au genre. Même si la gestion de la caméra peut être améliorée, rien ne vient rompre la prise de conscience progressive du joueur. Après la dizaine d’heures passées manette en main, c’est avec un regard différent que nous sommes revenus à la réalité. Nul doute que le titre aurait sa place parmi les nominés lors des prochains Game Awards.

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After Us

PEGI 12 Peur Violence

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : Private Division

Développeur : Piccolo Studios

Date de sortie : 23/05/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, PlayStation 5, PC Windows