Voilà vingt ans qu’est sorti Age of Empires II : The Age of Kings. Souvent considéré par les joueurs comme le meilleur opus de la série, il était logique que Microsoft se penche sur la remasterisation de ce titre de légende.
C’est donc en 2019 que sort sur PC la Definitive Edition de ce jeu exceptionnel. Véritable pied de nez à Sony qui avait eu droit à une version Ps2 du titre original en 2001, cette Definitive Edition arrive sur Xbox One et Xbox Series dès le 31 janvier.
Mais que vaut ce portage ? C’est ce que nous allons découvrir tout de suite.
L’Histoire entre nos mains
Age of Empires : Definitive Edition est un jeu de stratégie en temps réel nous proposant de revivre les plus grands événements du Moyen-Âge.
Le titre ne suit donc pas une seule intrigue linéaire, mais propose pas moins de trente-cinq civilisations nous faisant voyager dans le monde entier au travers de vingt-cinq campagnes scénarisées et à la difficulté croissante.
D’autres modes sont également au programme : Escarmouche nous permet de lancer une partie rapide à travers de nombreuses cartes tout en personnalisant notre expérience, des scénarii historiques plus complexes sont également disponibles, ainsi que des défis uniques pour tester notre maîtrise du jeu.
- Les missions sont scénarisés
Enfin, le titre se dote d’un mode multijoueur en ligne compétitif et de nombreux événements saisonniers.
Le contenu disponible au lancement est tout simplement vertigineux. Venir à bout de l’ensemble du titre se compte en centaines d’heures… uniquement pour le mode solo !
De plus, chaque campagne et scénario annexe est écrit avec le plus grand soin, dispose de doublages (et de textes) en français, ainsi que de mises en scène originales.
- La mise en scène est excellente
Cependant, force est de constater que le contenu de cette version console d’Age of Empires II : Definitive Edition est strictement identique à celui proposé sur PC, jusque dans la disposition des menus. Les contenus sortis précédemment en DLC payants le sont toujours, chacun au prix affiché de 9.99€.
Point d’importance tout de même : le titre fait partie du programme Xbox Play Anywhere. Autrement dit, ceux ayant déjà acheté le jeu sur PC peuvent obtenir gratuitement l’édition console, DLC inclus.
Un portage qualitatif mais limité
Tous les amateurs de jeux de stratégie en temps réel le savent : il faut y jouer au clavier et à la souris. Pourtant, les développeurs s’échinent depuis trois décennies à vouloir adapter leurs titres aux consoles de salon, quitte à devoir nous livrer un produit fini bancal et à la limite du jouable.
Nombreux ont tenté l’expérience en s’y cassant les dents, certains s’en sont tirés avec les honneurs… mais quid de cet Age of Empires II : Definitive Edition ?
Clairement, le résultat est en demi-teinte. Dans les premières heures, la découverte de cette prise en main est étonnement agréable. Les équipes ont réellement tout mis en œuvre pour nous proposer le gameplay le plus fluide possible, sans jamais faire le moindre sacrifice.
- Les missions sont très nombreuses
Le stick analogique gauche sert à déplacer notre curseur, le droit s’occupe de la caméra. A nous permet de sélectionner une ou plusieurs unités (un simple clic pour une seule, un double pour l’ensemble des unités identiques, et un cercle de sélection en laissant ce dernier enfoncé).
Le choix d’utiliser l’ensemble des boutons de la manette est judicieux, d’autant que le placement des commandes a visiblement été décidé avec le plus grand soin. Ainsi, les touches directionnelles nous permettent de switcher rapidement entre combattants, moines, villageois et accès direct au Forum.
Agréable et intuitive, la prise en main se laisse dompter sans le moindre effort… sinon pour les commandes moins fréquentes, qui nécessitent malgré tout un réel temps d’apprentissages et d’adaptation (comme définir des points de passages ou changer le mode de récolte de nos paysans).
- De très nombreuses cartes sont disponibles
Enfin, les équipes de Forgotten Empires ont également laissé au joueur le choix entre deux interfaces : simplifiée et avancée, afin de correspondre aux besoins de chacun.
L’idée la plus agréable du titre vient de son didacticiel. Plutôt que d’enchaîner rapidement les apprentissages au risque de perdre le joueur, nous sommes invités à vivre la campagne de William Wallace dans quatre missions immersives, chacune nous permettant de mieux saisir toutes les subtilités du gameplay ainsi que les commandes à la manette. C’est un grand oui, que ce soit pour les néophytes ou les habitués du titre.
Maintenant que nous avons détaillé les commandes se pose tout de même la question : est-ce jouable ?
- Les batailles navales sont très originales
Clairement, oui… et non. Si l’ensemble de la campagne, des scénarii et des défis sont relativement simples, on pestera rapidement sur le mode escarmouche (et, par voie de conséquence logique, sur le multijoueur que nous n’avons cependant pas pu expérimenter. D’autant qu’il est possible d’y jouer en crossplay) ou les modes de difficultés les plus avancés.
En effet, lors des situations les plus tendues, la prise en main à la manette est clairement délétère. La navigation est moins fluide que sur PC, le titre ne dispose d’aucune option de “pause active” pour prendre soin de planifier ses actions ou d’envisager une situation complexe et n’offre aucune compromission.
Oui, Age of Empires II : Definitive Edition sur console est strictement le même que sur PC, sinon l’utilisation de la manette. Et non, ce n’était sans doute pas la meilleure des idées. Adapter le gameplay aurait été un plus non négligeable, surtout considérant la pléthore de commandes à retenir pour exécuter à la perfection nos ordres.
- Il est possible de bâtir une cité à l’envi
De plus, un mode assisté activé par défaut (et impossible à retirer) nous a plusieurs fois fait pester durant nos parties. Lorsque nos unités sont regroupées par exemple, en sélectionner une seule (ou un groupe identique) afin de mieux gérer leur positionnement est un calvaire qui nous fait perdre de très, très précieuses secondes… et peut ainsi décider de l’issue d’une bataille.
Certes, il est possible de brancher un clavier et une souris afin de profiter de la même expérience que sur PC… rendant le jeu à la manette d’autant plus frustrant pour le joueur console qui n’a guère le sentiment d’être pris au sérieux.
Une console n’est pas un PC…
Peut-être serait-il bon de rappeler cette réalité pourtant évidente aux développeurs parfois. Ce n’est certes pas un écueil propre à Age of Empire II : Definitive Edition… Mais ce dernier est ici bien plus préjudiciable.
Comme dit précédemment, il n’y a strictement aucune différence avec la version PC du titre. Autrement dit, le niveau de zoom disponible n’a guère été amélioré. Le problème, c’est que bien souvent le joueur console se situe plus loin de son écran que son homologue PC.
En résulte assez rapidement un sentiment mitigé. Il peut être difficile de différencier ses unités, on passe un temps énorme à essayer de sélectionner la bonne et à l’amener sur un point précis… ou simplement à comprendre ce qui se déroule sous nos yeux.
- Diriger beaucoup d’unités à la manette est compiqué
Particulièrement frustrant pour certaines actions nécessitant du doigté (comme le fait d’amener nos moutons au Forum), il n’est pas rare d’appuyer à quelques millimètres à peine de l’endroit pourtant visé… et ainsi changer totalement de commande, nous contraignant à tout recommencer.
De même, nous avons maintes fois pesté lors des affrontements les plus dantesques sur la difficulté de lisibilité de l’action, nous contraignant à développer des techniques pour ne pas être totalement perdus (comme sélectionner l’ensemble des unités disponibles pour estimer nos pertes).
Enfin, la mini-map est sur console totalement fantoche et ne permet pas de déplacer notre caméra aussi rapidement que sur PC. Il est donc préférable d’éviter d’ouvrir plusieurs lignes de front, au risque de ne pas parvenir à naviguer suffisamment rapidement d’un point à l’autre sans subir de lourdes pertes.
- Ces messages sont déstabilisants
Concrètement, dans les modes de difficultés les plus avancés et les missions particulièrement retorses, nous n’avons d’autre choix que de jouer défensif… au risque de perdre à cause de la manette.
Dernier point et non des moindres : bien que le titre ait été optimisé, on découvre avec stupéfaction plusieurs messages d’avertissements sur “la possibilité de ralentissements” lorsqu’on tente de définir des paramètres plus étendus lors des escarmouches.
Sur Xbox One X, il est donc fortement déconseillé de lancer une bataille sur une carte de taille “grande” ou plus, d’augmenter le nombre d’unités maximales ou simplement de jouer à huit.
Pour avoir testé le jeu dans ces conditions, on éprouve en effet des chutes de framerate ainsi que quelques freezes lorsque la carte est surchargée.
Testé sur Xbox One X
