Un peu de fibre nostalgique délicatement recouverte de poudre de perlimpinpin, voici la recette magique du remaster, aka la planche à billets faciles pour les éditeurs de gros succès portés disparus. Malgré tout, et pour citer Didier Super : ”y’en a des biens”. C’était fortement ironique et à propos d’un tout autre sujet, mais tout de même, on ne peut pas taper sur un jeu qui sent bon les billets verts alors que se cache peut-être derrière son développement une ôde à l’amour jadis ressenti. D’ailleurs, c’est fou mais avait-on envie d’un jeu de skate à l’ancienne tout rigide alors que les simulations ont le vent pour elles ? Ces quelques points nous trottaient en tête pendant l’installation du jeu. Et puis vient le moment de le lancer.
Mise à jour Xbox Series X
En dehors de son mode de distribution et modèle économique tout à fait discutable, la mise à jour Xbox Series X|S tient ses promesses, sous conditions. Si le rendu est plus fin dans l’ensemble, seuls les quelques élus disposant d’un TV compatible 120 Hz pourront profiter du gap qui apporte un vrai plus à l’expérience de jeu. Sans perdre de manière notable en qualité, le boost de fluidité apporte un feeling assez grisant et ce même avec les animations un peu raides, collant au jeu d’origine. On redécouvre le jeu et ses timings. N’en déplaise à Microsoft, les titres tournant à cette fréquence sont encore rares et pour le coup Tony Hawk peut servir de démo afin de se rendre compte manette en main de l’intérêt de pouvoir proposer cela aux joueurs sur consoles. Les anciens jeunes punks devenus nantis à l’orée de la quarantaine ne regretteront pas leurs choix.
Tournant proprement en 60 FPS pour les autres en mode qualité avec un meilleur antialiasing et des ombres mieux définies, l’upgrade reste perceptible mais l’excellent bilan technique de la mouture One/One X faisait déjà bien l’affaire. Bien sûr, pour les possesseurs de TV 4K, la plus haute résolution de cet update fait aussi plaisir, cela va de soit. Cette version “next-gen” est donc enthousiasmante mais pour ceux qui doivent repasser à la caisse intégralement afin de pouvoir en profiter, il y a de quoi y réfléchir à deux fois : est-ce que l’amour pour Tony Hawk est plus fort que la colère envers Activision ne jouant pas le jeu du Smart Delivery ?
Un petit dernier et puis au lit
Un logo longtemps assimilé à la licence dans notre mémoire, celui d’Activision. C’est amusant de voir combien la société semble liée à Call Of Duty, au point d’avoir oublié qu’elle disposait, à une époque non si lointaine, d’un catalogue bien plus diversifié. D’autres logos puis un son, un morceau surgit du passé qui incite instantanément à taper du pied en souhaitant la révolution. L’esprit rebelle pour toute une génération, Rage Against The Machine. Une vidéo 4/3 pleine de parasites montrant Tony Hawk et ses comparses nous remémore instantanément les VHS usées qui nous faisaient rêver. Le format d’écran passe doucement au 16/9, les défauts visuels s’estompent et on le sent au fond de nous, on est foutu, la hype s’est installée sur notre petit cœur et l’enlace bien fort. On a envie de l’aimer, ce remaster, comme on a aimé ces premiers opus.
Vous êtes trop jeune pour avoir ressenti ce spleen avant d’appuyer sur une touche et démarrer ? Restez encore un peu, ce Tony là a bien des choses à vous proposer. Une fois sur la planche, c’est une évidence : ce gameplay que l’on imaginait désuet fonctionne encore merveilleusement bien. Après quelques gamelles, les habitudes reviennent vite. Pas besoin de pousser, notre skateur avance tout seul. Une touche pour des grabs, des flips et une pour les grinds. Simple comme bonjour et en plus, il n’y a même pas besoin d’être très précis dans son positionnement pour placer un trick, on est comme aimanté et totalement assisté. Une direction, une touche, une prouesse sort, de la plus modeste à la plus folle. Le catalogue de figure est large et les combinaisons sont infinies. Et ça tombe bien puisque dans la série des Tony Hawk’s, l’important est de plaquer des lignes de combo improbables et ce sur tout ce qui s’apparente de près ou de loin à une rampe ou un curb. À noter que les wallplant, wallride et revert sont de la partie.
On enchaîne les figures, on tombe, on repart aussitôt car le chrono, lui, ne s’arrête pas. La course contre le temps n’attend pas, les objectifs ne vont pas s’atteindre sans sueur. Sur chaque skatepark, il y a un score à atteindre, des tricks à placer sur certains spots, des collectibles à ramasser. Plus on rempli d’objectifs, plus on débloque de zone de jeu. On fait aussi évoluer son skateur avec les points de compétences collectés qui le rendent plus léger, habile, stable… Un superman du skate, celui que rien n’arrête, pas même la gravité. Et quel panard de se sentir de plus en plus à l’aise pour enchaîner des combos jusque sur les toits des buildings. C’est même fou de constater à quel point le gameplay n’a pas vieilli et fonctionne encore à merveille quand bien même il y a eu quelques assouplissements à la marge. On s’amuse, voire même s’acharne, à plaquer le plus gros combo possible. Sans compter que la marge de progression est bien gérée pour ne pas frustrer autant les nouveaux que les vétérans rouillés. Difficile pour ces derniers de ne pas se rappeler avec émotion les après-midi à se passer la manette entre potes.
Ils ont bien planché dessus
La patine du temps n’a pas eu de prise sur le gameplay, c’est un fait et on pouvait s’en rendre compte sur des sessions de retro-gaming. Le gros du travail à abattre ici était de rendre justice à ce dernier, avec un habillage graphique qui ne trahisse pas le level design testé et approuvé à l’époque. En cela, la réussite du studio Vicarious Visions est complète car ce remaster ressemble trait pour trait à un jeu de notre époque avec de jolies lumières, des textures propres et une fluidité appréciable. Ce travail est loin d’être évident surtout pour respecter proportions et distances mais il s’avère parfaitement bluffant à l’arrivée. On se rend compte aussi de la qualité du level design des dix-sept niveaux qui laisse parfaitement s’exprimer les joueurs avec tous les types de tricks. Ces deux premiers Tony Hawk’s étaient de très bons jeux réalisés avec soin et passion, ce que ce remaster honore.
Que serait la licence sans son OST ? C’est le dernier tour de force que d’avoir réussi à proposer à nouveau les tracklists d’époque, pleines de tubes que l’on aurait presque un peu honte d’écouter hors contexte. D’autant plus que les morceaux s’enchaînent tranquillement sans se couper durant les chargements ou la navigation dans les menus. On peut même en zapper en appuyant sur RS.
Avec tout le contenu des deux jeux rassemblés, il y a déjà de quoi faire. On relève avec joie la présence d’un mode deux joueurs en écran splitté. Un mode multijoueur en ligne est aussi proposé. Dans celui-ci, on enchaîne sans temps mort les défis à réaliser sur un skatepark en même temps que les autres joueurs. On se prend facilement au jeu mais pas sûr que les novices se sentent à l’aise au milieu des acharnés. Heureusement, il y a un mode libre disponible sur tous les niveaux pour s’entraîner, avec tous les skateurs disponibles ou celui que l’on a créé et habillé de la planche à la tête avec son argent durement gagné dans le jeu. Oh et il y a aussi le créateur de skatepark qui permet de faire des choses sympathiques et de les partager, boostant ainsi une durée de vie déjà généreuse. Les acharnés pourront aussi se frotter aux défis de joueur bien retors qui débloquent des récompenses de customisation. On reprochera juste des menus pas toujours ergonomiques, mais c’est vraiment pour pinailler car vraiment, c’est difficile de ne pas conseiller le jeu à tous les acharnés du scoring, les amoureux du skate, les nostalgiques d’une époque.
Le coin des chasseurs : Il va falloir se sortir un peu les doigts du paquet de chips pour arriver à compléter les 1000G. Surtout pour atteindre le niveau 100 de progression et remplir tous les objectifs de joueurs.