Test - Hitman 3 - À un cheveu de la perfection

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IO Interactive s’est créé une nouvelle vie il y a quelques années en taillant un nouveau costume pour son assassin fétiche, l’agent 47. Tout comme son personnage, la série a dû s’adapter pour continuer de vivre dans le monde brutal du jeu vidéo. Mais cette fois, plus de crainte à avoir. Le premier volet épisodique de ce reboot constituait un terreau explosif et fertile. Sa suite, livrée d’un seul jet sanglant, avait permis à l’assassin de prendre racine. Ce troisième volet est définitivement celui qui lui permettra de se faire une place bien méritée au soleil... avant de raccrocher les gants ?

Assassin à la peau lisse

Tout commence là où le précédent volet s’était arrêté. Vous n’avez pas joué à ces deux autres ? Pas de souci, ils peuvent être intégrés à cet opus et sont trouvables en démat pour pas cher. Dans tous les cas, et ce même si ce dernier clame être la fin d’une trilogie, vous pourrez parcourir les niveaux et éliminer des gens sans vous faire un nœud au cerveau sur le pourquoi du comment. Les ambitions narratives sont une fois encore en retrait et pâtissent forcément à nouveau d’un découpage par destinations imposé depuis le premier volet. Rien de bien dramatique puisque ce qui importe le plus, c’est bien le voyage plus que la destination. Et pour nous faire voyager, ça, Hitman sait très bien le faire.

Quel homme coquet, cet agent 47

Six nouvelles destinations sont à découvrir dans ce volet (pour un total de dix-huit avec les 3 jeux), et le moins que l’on puisse dire, c’est que les équipes créatives ont encore une fois été inspirées pour réussir à rendre chaque lieu unique et vivant avec une réelle variété. Le premier lieu, Dubaï, dans le plus grand building de la ville, rassure sur le level design proposant une multitude de zones connectées de manière logique sur plusieurs niveaux. Il y a même des passages périlleux en extérieur. L’ombre de Tom Cruise et de sa mission impossible dans cette même ville plane un temps sur le jeu avec notamment l’utilisation de gadgets et de l’aide d’une équipe à distance. On a cependant affaire à un niveau assez classique en matière d’approche pour du Hitman, ce qui permet en revanche de vite reprendre ses marques en se déguisant pour observer discrètement la scène tout en affinant son plan d’attaque.

Que de reflets

La bonne surprise arrive dès la deuxième destination au Royaume-Uni, dans le manoir de Dartmoor où a eu lieu un crime. Le temps d’une des intrigues, on peut endosser le costume d’un Sherlock Holmes improvisé afin de tenter de résoudre cette enquête. Investiguer en parcourant les lieux et en confrontant les différents membres d’une riche famille aux sombres secrets apporte un bon vent de fraîcheur. L’ambiance est vraiment classe et le lieu est truffé de passages secrets ou de petits trous dans les murs pour espionner les gens. Les intrigues secondaires ne sont pas en reste mais notre agent redeviendra une ombre, muet comme un tombe.

Vient ensuite Berlin et son club underground au sein d’une ancienne usine désaffectée. Au placard le flegme anglais, place à la débauche de la jeunesse locale. Si l’extérieur ne paie pas de mine, l’intérieur propose un cliché parfaitement maîtrisé de ce que peut proposer la vie nocturne de cette magnifique ville : de la grosse techno qui tâche, un décor foufou et beaucoup de gens éméchés et/ou drogués. Une grosse foule caractérise ce lieu où l’on s’émerveille surtout des lumières stroboscopiques et autres lasers qui dessinent des ombres à pourchasser. Car ici il n’y a pas une cible mais une multitude non indiquées qu’il faut identifier en observant. Réussir à éliminer tout ce beau monde en restant caché de tous ou à la manière forte tel un Tom Cruise (toujours lui, décidément) dans Collateral, là aussi nous prenons un grand plaisir.

Le cyperpunk de nouveau à la mode

Changement d’ambiance radical à nouveau pour la quatrième destination, Chongqing, qui partage avec Berlin une ambiance nocturne éclairée par des néons qui font merveille en matière de rendu visuel. Certes, le building de Dubaï et les nombreuses parois vitrées rendent très bien aussi. Cette ville chinoise quant à elle nous plonge dans un univers quelque peu futuriste lorgnant vers le transhumanisme. Non, on n’y verra pas un lien avec Tom Cruise dans Minority Report, pas cette fois, on se tourne plutôt vers Blade Runner avec de la pluie, des ruelles, des drones, des bâtiments un peu crades où se cache aussi une base High Tech très sécurisée. Les intrigues apportent ici un peu d’intérêt pour un niveau plus convenu même si toujours aussi bien ficelé en ce qui concerne le level design et les possibilités de tuer discrètement ou non.

Vite, un Ferrero rocher

Ce sont ces intrigues qui sauveront la destination suivante : un cocktail dans une grande villa au milieu des vignes d’Argentine près de Mendoza. Le dépaysement au regard de ce cadre est plus basique et les cibles sont très faciles à atteindre sans suivre de scénario particulier. Il faut ici se forcer un peu à découvrir toutes les possibilités que réserve la map. Il faut dire que les premiers niveaux proposent assez de fraîcheur pour oublier ce qui fait toujours le sel de ce reboot, à savoir essayer inlassablement chaque map pour y trouver de nouvelles approches et essayer de décrocher un plus gros score, ce qui débloque de nouvelles conditions de départ. On peut alors recommencer chacune afin d’y découvrir de nouvelles manières jubilatoires de commettre son crime en toute impunité. Mendoza gagnera en profondeur en s’acharnant un peu, c’est certain.

Malheureusement, la dernière destination laisse une impression un peu tiède tant la proposition est frileuse par rapport aux possibilités offertes durant tout le jeu. On se retrouve dans un train, non pas tel Tom Cruise dans le Mission Impossible de De Palma mais plutôt Steven Seagal dans Piège à grande vitesse, oui ce Die Hard du pauvre. Un programme bien simple et déjà vécu dans d’autres jeux : il faut remonter tout le train. En général, les deux options possibles sont l’attaque frontale ou le passage en extérieur. Le niveau apparaît comme long et répétitif alors qu’il est le plus rapide à parcourir du titre. L’absence de phase d’observation et planification mais aussi de gadgets (en dehors d’un silencieux fabriqué à l’aide d’une canette de soda) sont à déplorer ici. Cette fin déçoit et arrive même à mettre en avant les problèmes d’IA qui ne choquaient pas vraiment durant le reste du titre.

Chauve qui peut

Hitman 3 n’est pas une révolution mais bien une suite directe et elle amène donc avec elle les quelques soucis des précédents volets. L’IA notamment n’est fondamentalement pas meilleure. Il faut toujours jouer en difficile voire plus pour suer un peu en étant détecté plus rapidement. Que dire de ces gardes qui nous oublient trop vite si l’on parvient à prendre la fuite une fois pris la main dans le sac. Cela n’entache pas l’expérience offerte par le jeu ni le plaisir qu’il procure, mais on se doute qu’une suite arrivera un jour ou l’autre et c’est bien le point que l’on attend le plus de voir progresser. C’est, en attendant, toujours très jouissif de voir le niveau de liberté d’approches qu’arrive à proposer le titre dans son ensemble ainsi que son immersion grisante procurée tant par le level design que par les foules et leurs PNJ au comportement et routines très crédibles.

Les jolies lumières

Bien sûr, il y a du neuf avec cet opus. Les nouvelles animations apportent une plus grande fluidité fort bienvenue. Il en va de même avec les reflets et les lumières du moteur (et Ray Tracing plus tard via mise-à-jour) et le 60 fps aussi, surtout au regard des quelques ralentissements que l’on subissait encore sur One X avec les niveaux très ouverts et à forte densité de PNJ du deuxième volet. Le rendu est globalement très propre, tout est techniquement mieux et plus solide, il faudra donc proposer plus la prochaine fois en matière d’expérience pour ne pas sombrer dans le syndrome suite de trop qui n’apporte rien. Mais on fait confiance à I.O.I., ils ont bien réussi à gagner leur indépendance tout en développant leur meilleur jeu à ce jour, constat évident maintenant qu’il est complet.

Une grosse soirée sans sortir de chez soi !

À côté des missions principales, le titre offre toujours des contrats divers et variés qui permettent d’y revenir régulièrement. La création et le partage de missions par la communauté est très accessible puisqu’il suffit de jouer en choisissant ses cibles sur le terrain puis de réussir à les tuer d’une certaine manière pour que cela définisse automatiquement des objectifs que les autres joueurs devront reproduire. On compte sur les esprits les plus tordus pour réussir à créer des challenges de haut niveau. C’est d’ailleurs le seul mode de jeu en ligne, exception faite des leaderboards, puisque le mode où l’on se trouvait à deux assassins en compétition sur la même map pour remplir des objectifs est passé à la trappe. C’est dommage, mais sans cela, le contenu reste très bon, voire dantesque si l’on n’a pas joué aux précédents.

Test réalisé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • Parfait bac à sable avec toujours autant de possibilités
  • Une belle variété dans les scénarios
  • Un travail d’orfèvre sur le level design
  • C’est beau avec les reflets et les effets de lumière
  • Un contenu de base très solide
On n’a pas aimé :
  • Une dernière mission décevante
  • Une IA un peu laxiste par moments
Une tuerie

Hitman 3 est un très bon jeu qui fait suite directe aux précédents volets. C’est sans surprise que le gameplay emporte à nouveau notre adhésion puisque les quelques nouvelles possibilités parmi la multitude déjà disponibles permettent de rejouer à volonté des niveaux créés d’une main de maître par les équipes de IO Interactive. En dehors du dernier niveau bien décevant, le reste n’est que pur bonheur à parcourir d’un point de vue visuel mais aussi et surtout ludiquement grâce à un level design monstrueux et des scénarios très vicieusement imaginés. Le gros plus pour ceux qui arrivent tardivement : tous les précédents niveaux sont inclus si vous les possèdez et disposent d’une grosse remise pour la sortie. Si ce n’est pas là l’argument imparable que vous attendiez pour vous plonger dans ce très bon reboot, on ne sait pas ce qui saura vous faire craquer !

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Hitman 3 - World of Assassination

PEGI 0

Genre : Action/Infiltration

Éditeur : Warner Bros

Développeur : IO Interactive

Date de sortie : 20/01/2021

Prévu sur :

Xbox Series X/S

5 reactions

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Spoilerfrite

19 jan 2021 @ 14:14

La technologie ne cesse d’évoluer mais, malheureusement, c’est encore trop souvent uniquement le coté visuel (4k/60fps/HDR/RT/…) qui en profite et est mis en avant, au détriment d’une vraie AI comme on nous la promettait à l’époque.

Force est de constater que 20 ans plus tard, elle est toujours aux fraises dans 80% des jeux existant…

Merci pour ce test.

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n0zkl3r

19 jan 2021 @ 16:52

Par contre, il n’y pas de Ray Tracing sur Series X ni sur aucune autre console d’ailleurs... Petite erreur donc dans le test :).

eykxas

19 jan 2021 @ 17:07

le ray tracing n’est même pas présent dans la version PC. Le RT arrivera plus tard en 2021 pour PC, pour les consoles on ne sait pas.

De plus dans un des trailers de lancement, IOI avait expliqué la méthode utilisé pour les reflets (bien moins gourmande que du RT).

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n0zkl3r

19 jan 2021 @ 22:06

Et le résultat est tout aussi satisfaisant !

Eboux

20 jan 2021 @ 14:49

Pour preuve, je me suis fait avoir 👀