Test - Kingdom Hearts : Melody of Memory, haut les coeurs ?

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C’est avec un enthousiasme non négligeable que nous retrouvons en cette fin d’année une nouvelle itération de “l’autre” grande saga de chez Square Enix, j’ai nommé Kingdom Hearts. Pas de panique, on ne va pas s’étendre ici sur la tortueuse histoire de la série, puisqu’il sera question aujourd’hui d’un spin-off musical. Square Enix, spin-off, musical … Theatrhythm ? Eh oui : les petites mains d’orfèvre du studio indieszero sont de nouveau à l’œuvre pour nous faire bouger en rythme en s’appuyant sur un catalogue généreux et bien connu des fans de la licence.

Contexte ?

Si l’on se permet l’affront de commencer par une piqûre de rappel, c’est que la licence reste assez fraîche pour les joueurs Xbox. Concrètement, il s’agit d’une histoire originale qui met en scène des personnages issus des univers Disney et Final Fantasy. Le scénario relativement alambiqué s’étale sur une grosse dizaine de jeux depuis presque 20 ans. Débutée sur PS2, la saga est notamment passée par la GBA, la PSP, la DS, la 3DS et même sur mobile.

En arrivant l’année dernière sur Xbox directement avec le “3e” volet *rires enregistrés*, il était nécessaire pour les joueurs de passer par une session de rattrapage, ce qui est désormais possible depuis le début d’année, avec la mise à disposition de deux compilations : KINGDOM HEARTS - HD 1.5+2.5 ReMIX ainsi que KINGDOM HEARTS HD 2.8 Final Chapter Prologue.

Vous êtes toujours là ? Bon, c’est vrai que la saga créée par Tetsuya Nomura et Shinji Hashimoto en est presque vertigineuse en 2020 pour quiconque souhaite se lancer dans l’aventure. Quoi de plus léger alors pour digérer tout ça qu’un petit épisode musical ?

THEATRHYTHM eXPlus Alpha Remix 3.9

Ce n’est pas la première fois que Square Enix utilise à bon escient son catalogue musical : indieszero avait déjà travaillé sur la série Theatrhythm, une série de jeux sur 3DS qui exploitent les bandes-son de Final Fantasy et Dragon Quest, ainsi que sur un ultime épisode pour les salles d’arcade japonaises. Melody of Memory se positionne comme la suite spirituelle de cette série, sans jamais vraiment réussir à surpasser son modèle.

Kingdom Hearts : Melody of Memory s’appuie donc sur son immense catalogue de chansons, dont une grande partie est signée par l’incroyable Yoko Shimomura. À noter cependant, la plupart des thèmes qui habillent les univers Disney sont généralement des compositions originales, même si l’on retrouve quelques thèmes bien connus.

Le premier contact avec Melody of Memories est pour le moins surprenant : un jeu musical dans lequel la partition à lire est cachée dans un environnement animé en 3D. Trois personnages avancent automatiquement sur une piste tandis que les monstres et obstacles présents à l’écran représentent des notes ; nos personnages pourront les détruire si le joueur appuie sur la bonne touche au bon moment. Si l’idée paraît totalement bancale de prime abord, force est de constater que l’on s’y habitue, et la compétence de lecture s’affûte avec le temps afin de déchiffrer sans faute les partitions proposées.

Chaque monde traversé dans la série est ici retranscrit visuellement à l’identique, ou presque, et le tout donne l’impression de flotter au-dessus des souvenirs de la saga. C’est d’ailleurs ce côté Madeleine de Proust qui donne au jeu sa véritable saveur : les accords que l’on pensait oubliés ressurgissent du fond de nos méninges pendant que nos doigts battent frénétiquement la mesure, l’occasion pour nous d’effleurer ce souvenir de gosse et de sa PS2 sur une moquette beige, le nez collé sur un écran cathodique de 36 cm.

Un contenu Dingo

Le tour des mondes

Plusieurs modes de jeu sont disponibles : Le Tour des mondes représente le gros de l’aventure et propose aux joueurs de revivre l’histoire de Kingdom Hearts à travers une carte de l’univers et de multiples embranchements.

Chaque monde contient deux chansons ainsi qu’une série d’objectifs à réaliser tels que “Marquer X points” ou “Faites moins de X erreurs”. Ces objectifs vous rapportent différents types d’étoiles, qui débloquent les verrous vers les autres mondes.

Un mode libre permet également de rejouer les morceaux débloqués, avec une interface plus classique et la possibilité de modifier l’expérience de jeu, que ce soit avec le style simplifié qui n’utilise qu’un seul bouton, ou avec le style “virtuose” qui ajoute des notes bonus. Chaque chanson propose trois modes de difficulté et globalement le titre reste assez simple ; un habitué des jeux musicaux pourra en faire l’intégralité en mode difficile sans vraiment s’inquiéter.

Les duels en ligne, source de fun et de stress

À cela viennent s’ajouter deux modes multijoueur. Le premier permet des affrontements en ligne contre un autre joueur (ou une IA) dans un duel de score, avec la possibilité de s’envoyer des pièges pour pimenter un peu les matchs. Un autre mode, local uniquement, offre la possibilité de jouer en coopération.

En plus de tout cela, vous aurez accès à des mini cinématiques récapitulatives de l’histoire à chaque moment important, et le jeu regorge de cartes et d’objets à collectionner. Un titre incroyablement généreux donc, qui ne contient pas moins de 140 (!) morceaux, le tout dans une interface soignée et un enrobage qui sent bon le fan service, dans sa définition la plus positive. Un quasi sans faute donc, si on n’aborde pas l’épineux sujet du gameplay.

1,2,3,4 ... 1,2,3,4,5

Guitar Zero

Les objectifs à réaliser

Si l’on évoquait plus haut l’inspiration évidente d’un jeu comme Theatrhythm pour Melody of Memory, les modifications apportées au gameplay ne sont pas vraiment une réussite. Si, d’un point de vue purement graphique, le style du jeu musical n’est jamais très sexy, avec sa partition de notes qui défilent à l’écran avant d’atteindre un marqueur de pression, c’est aussi parce qu’il est difficile de faire autrement sans entraver la lisibilité. C’est malheureusement le piège dans lequel KH : MOM tombe la tête la première, les bras ballants en s’esclaffant avec le rire de Dingo.

Le gameplay de base comprend 5 touches : LB, RB et A pour valider les notes standard jaunes (sans être spécifiques, il y a 3 boutons car il y a parfois 3 touches à appuyer en même temps), la touche B qui permet de sauter avant d’atteindre les notes en hauteur (vertes à maintenir, ou bleues pour une simple pression), ainsi que la touche Y qui permet d’effectuer une attaque spéciale lorsqu’une note verte apparait. Si l’on finit par s’habituer au chaos visuel que cela représente, le cafouillage est régulier, et ce pour plusieurs raisons.

D’abord, comme énoncé plus haut, parce que l’interface de jeu ne se prête pas à ce type de gameplay. Nos personnages avancent sur trois lignes distinctes, mais la place des notes n’influe pas sur les boutons à appuyer. La perspective est désagréable et ne permet pas de bien se positionner en rythme, les sauts sont une plaie à timer correctement, et il faut parfois attaquer des ennemis situés à l’arrière-plan avant ceux immédiatement devant le personnage, et les incohérences de gameplay comme celle-ci sont nombreuses (les ennemis volants ne sont pas toujours à taper en l’air, les gros ennemis et même les personnages cachent parfois l’action à venir etc.)

L’autre problème majeur est que les “charts” (comme sont appelées les partitions dans le milieu du jeu musical) ne se valent pas. Sur plus de 140 morceaux, certains ont des mélodies très simples à suivre même avec l’écran rempli d’ennemis. On se surprend à réaliser des combos longs et rapides, et le placement des ennemis à venir nous laisse deviner clairement la mélodie qu’il faudra exécuter.

Mais dès que la musique est moins entraînante, que les notes sont placées à contretemps et que les ennemis sont nombreux à l’écran, l’expérience peut vite tourner au cafouillage. Au mieux, vous aurez l’impression d’avoir réussi un peu par hasard, au pire vous verrez votre barre de vie dégringoler avant de voir l’écran de Game Over. Ce dernier étant instantané et pouvant arriver très rapidement, il est particulièrement agaçant de réussir un combo de 150 notes puis de perdre littéralement en 5 secondes parce que la partition devient subitement confuse.

Les notes flottantes

Si le jeu musical est déjà en lui-même une source de frustration par l’apprentissage de la lecture, ajoutez de la confusion visuelle à l’écran, une perspective très mal adaptée et des notes hors du rythme, et vous obtenez un mauvais jeu musical.

Pour pallier ce problème, comme conscients des errances de gameplay, les développeurs proposent deux solutions au joueur, toutes les deux aussi mauvaises. Vous pouvez soit regarder la démonstration d’une partie parfaite par l’ordinateur avant chaque morceau pour vous imprégner du rythme, ou pire, crafter des objets de soin qui vous permettront de faire davantage d’erreurs sans game-over. Une mécanique qui s’apparente ni plus ni moins à de la triche, ruinant ainsi le plaisir d’avoir “réussi” ou non une chanson dans une difficulté donnée.

Les joueurs aguerris n’auront pas forcément besoin des objets cependant, et se laisseront divertir par le mode difficile classique, le mode virtuose étant tout simplement encore plus artificiel, avec des commandes bien trop nombreuses et des notes bien trop mal placées pour être amusantes.

Pas de leaderboards, donc je flex ici

Et pourtant, ce serait mentir que de dire que le jeu n’est pas fun à jouer. Certains titres sont vraiment réussis, la bande-son est globalement très bonne et les quelques morceaux de niveau 15 ou plus peuvent vraiment vous mettre dans un état de flow si propre aux jeux musicaux, cet état de quasi-transe où les notes s’enchaînent à une vitesse folle sans trop que l’on comprenne comment notre cerveau parvient à coordonner tout cela, comme un pilote automatique. Le mode duel en ligne est très bien pensé et le jeu propose même une option pour ajuster le timing, très utile pour contrecarrer une éventuelle latence de votre écran ou home cinéma. Malheureusement, on gardera à l’esprit le fait que le gameplay de Theatrhythm avait besoin d’évoluer, mais que la direction prise n’est pas tout à fait la bonne.

Le coin des chasseurs : La plupart des succès se débloqueront naturellement au fil de l’aventure, mais le jeu étant assez conséquent, il faudra plusieurs dizaines d’heures et un peu de skill pour réussir tous les objectifs et atteindre les 1000G.

Bilan

On a aimé :
  • Incroyablement généreux en contenu
  • Une interface propre et soignée
  • Les duels en ligne
  • Parfois fun ...
On n’a pas aimé :
  • ... Quand ce n’est pas trop confus
  • Certains morceaux vraiment moyens
  • Pas de tableau des scores en ligne pour les chansons
Keybled

Kingdom Hearts : Melody of Memory est un jeu étrange, qui ne sera définitivement pas au goût de tout le monde. Les fans de la saga y trouveront un jeu riche et complet, un contenu ultra généreux et 20 ans de musiques qui disposent enfin de la consécration qu’elles méritent. Les autres auront affaire à un jeu musical pas déplaisant, mais moyen, qui en voulant s’écarter du standard habituel de la partition qui défile se prend les pieds dans le tapis, avec un gameplay pas toujours au top, alternant moments hypnotiques et jouissifs avec frustration et ennui. Reste alors un écran soigné pour un univers attachant et reposant. Pas le jeu de l’année, mais une expérience “feel good” pour vos dimanches après-midi pluvieux avec un chocolat chaud, comme on savoure, emmitouflé dans un plaid, un bon vieux Disney que l’on connait par coeur.

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Kingdom Hearts : Melody of Memory

PEGI 7

Genre : Musique

Editeur : Square Enix

Développeur : Square Enix

Date de sortie : 13/11/2020

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, Nintendo Switch