Test - The Division 2 - diviser pour mieux régner

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Lors de sa présentation à l’E3, le premier The Division avait fait sensation. Les promesses étaient grandes, techniquement le jeu était bluffant, le concept de mix coopératif et solo était alors encore original. À sa sortie, les sceptiques du loot à foison n’ont pas accroché tandis que d’autres ont su profiter des nombreuses mises à jour de contenus et rééquilibrages de gameplay pour vivre une expérience généreuse et parfois grisante. Ce sont sur ces retours d’expérience utilisateur et améliorations que Massive Entertainment propose une suite au contenu conséquent pour un jeu très solide.

La cité va craquer

La tristesse et la désolation

Après New-York enneigée et magnifique, bienvenue à Washington. L’introduction du jeu donne le ton en termes de variété et de paysage, la ville est moins verticale et propose des zones verdoyantes. Des rues dans lesquelles la nature a commencé à reprendre ces droits et où cohabitent animaux sauvages et gredins en tous genres. Il faut dire que la Division est amenée à intervenir dans une zone où l’anarchie règne, certains habitants tentant de se regrouper pour vivre tandis que d’autres prennent les armes pour réclamer leur territoire.

Les lumineuses font des merveilles

Là où le jeu s’éloigne du premier, c’est dans son approche narrative. S’il tente d’un côté de mettre plus en scène les missions principales et secondaires afin d’augmenter notre implication dans celles-ci, en face, la trame principale est très mince et surtout l’ambiance est moins désespérée. Le virus qui a décimé une partie de la population et ramené l’autre à l’état sauvage est déjà derrière nous. La menace bactériologique est moins présente et les gens sont là pour tenter de survivre et de s’organiser. Cela se ressent grandement dans la conception de la map qui regorge de lieux où les habitants ont aménagé des jardins dans des endroits incongrus et se sont réappropriés l’espace publique pour y vivre. On est loin des charniers et de l’ambiance glaciale du premier. Cela donne un certain cachet à la ville, véritable personnage principal du jeu qui raconte sa mutation dans des environnements regorgeant de détails et d’éléments de décor. Le plaisir de parcourir chaque zone intérieure ou extérieure est grand. On ne regrette même pas la verticalité du premier tant, au final, le level design propose plus d’accès dérobés à des zones surélevées ou à des intérieurs plus vastes. Un très bon point pour un jeu qui demande de parcourir sa map en long, en large et en travers.

Port d’arme obligatoire

Viens faire un câlin

N’allez pas croire que les habitants de Washington se la coulent douce au milieu de bambi et ses potes ratons laveurs. Les escarmouches sont toujours légion et les clans ennemis sont massivement présents sur la carte, à chaque coin de rue, dans chaque bâtiment, protégeant farouchement leur territoire. Le scénario nous amène logiquement à parcourir une zone afin de reprendre des places fortes ou des refuges pour regagner petit à petit le territoire. Pourtant l’effet open-world made in Ubisoft ne se ressent pas ici et le joueur ne subit pas la progression étape par étape qui peut être frustrante dans du Far Cry ou Ghost Recon Wildlands. La firme apprend de ses erreurs et Massive a fait du très bon travail, dans la lignée du premier, pour donner un sentiment de liberté de progression assez fort au joueur. Le jeu garde pourtant cette avalanche de missions principales, secondaires et autres activités de rue plus anecdotiques qui pourraient ressembler à du gavage d’oie mais qui n’en est pas ici. En effet, on croise plus naturellement des événements rendant les rues plus vivantes, cassant un peu cette manière d’ajouter systématiquement des points d’entrée sur une map à chaque nouveau camp. Cela est surtout dû au fait que l’on peut se promener dans toutes les zones sans restriction physique. La progression et l’apparition des activités sont très bien amenées et surtout les lieux dans lesquels prennent place les missions sont vraiment beaux, variés, vastes et originaux. Entre le musée de l’espace qui donne l’impression d’arriver sur Mars ou le studio de cinéma où l’on se met à couvert derrière la voiture de Starsky&Hutch, le joueur est gâté.

Les environnements des missions sont canons

Qu’est ce qui change dans le fond ? Car c’est bien la question qui taraude le joueur n’ayant pas aimé le premier, ou celui qui l’a déjà essoré. Disons que le jeu s’adresse plus à cette deuxième catégorie de personne. Il vient comme une récompense pour ceux qui s’étaient auparavant investis dans le premier opus, en permettant son évolution durant les trois années qui ont suivi sa sortie. The Division 2 est, de base, plus difficile - le système de vie et de soin étant plus stricte et l’IA très agressive tout en étant assez fine - et propose des améliorations ça et là qui permettent de rendre la progression et la montée en puissance plus marquées. Les nombreux gadgets permettent de varier les approches en équipe et de viser une plus grande complémentarité entre les joueurs même avant le level 30 où une spécialisation sera à choisir. Les ennemis progressent aussi durant l’aventure, disposant de nouvelles armes et équipements auxquels il faudra s’adapter pour survivre. Le jeu s’est aussi calmé sur les sacs à PV qui servaient de boss ou ennemis intermédiaires, même s’il en reste de très retors dont il vaut mieux s’attaquer aux faiblesses. La progression n’est pas monotone et de nouvelles mécaniques s’ajoutent au fur et à mesure pour permettre de monter en puissance. Heureusement d’ailleurs que tout n’est pas expliqué dès le début car il y a énormément d’informations à retenir en dehors de ça. Entre les projets à développer, le craft d’armes, les places fortes à récupérer, le ravitaillement de celles-ci et la collecte de ressources à gérer, on a presque le vertige alors que cette liste n’est pas exhaustive. C’était d’ailleurs ce qui décontenançait lorsque l’on revenait sur le premier jeu après quelques mois et que rien n’était expliqué concernant les nouveaux ajouts. Là tout permet soit de gagner de l’XP, des points de compétence, des technologies SHD pour booster les capacités du personnage ou des plans pour fabriquer des équipements. On ne se sent pas largué dans des mécaniques complexes à prendre en main, ce qui est vraiment bien. Donc même s’il s’adresse aux anciens joueurs, le jeu est parfaitement accessible à ceux qui seraient déçus de Destiny ou Anthem et de leur progression peu valorisante.

Petite visite culturelle

Si toute cette progression est plus fluide dans la partie solo et coopérative, c’est un peu au détriment de la Dark Zone. Les armes et équipements se trouvent plus facilement dans le PVE qu’avant, rendant l’intérêt de ces zones plus limité. Elles n’avaient pas fait l’unanimité à leur sortie et peut-être que cela en est la conséquence directe. Dorénavant, seuls 12 joueurs parcourent des zones moins grandes car réparties dans trois quartiers aux environnements et level design plus variés là aussi. Le Friendly-Fire n’étant plus de mise et le système de soin revu, les affrontements sont plus intéressants maintenant. Le statut de renégats a évolué aussi. On peut désormais atteindre un terminal SHD pour baisser son niveau de recherche. À voir si sur la durée les premiers acheteurs s’investiront cette fois dans ce mode où s’il sera réservé aux acharnés du loot.

La ville est vraiment magnifique

Plus intéressant que la Dark Zone, c’est le End-Game. Si on n’évite pas le recyclage de missions avec une difficulté plus accrue, le jeu propose tout de même des nouveaux ennemis qui changent un peu la donne tout en apportant de nouvelles mécaniques de leveling et progression. La reconquête du territoire est motivée par les points de spécialisation à gagner qui offrent de nouveaux bonus et, bien sûr, par le loot qui permet d’obtenir un score plus élevé. Celui-ci remplace les niveaux classiques de 1 à 30 et conditionne alors l’accès aux missions. La recherche du meilleur set d’équipement n’est pas en reste, d’autant plus que cette fois des capacités sont liées aux armes et se déverrouillent en possédant des sets complets d’une même marque. Ce genre de petits ajustements par rapport au premier apporte un bel intérêt et permet de bien se spécialiser en dehors de la puissance des armes que l’on possède. Viser des bonus sur les ennemis élites ou un taux de critique plus élevé n’est pas une chose négligeable dans les niveaux de difficulté supérieurs.

Road-trip entre amis

The Last of Us

The Division 2 est riche et bourré de petits secrets comme, par exemple, les masques de chasseur à collecter. Il ne renie pas la partie solo mais il faut le dire franchement, c’est sur sa partie coopération qu’il apporte le plus de satisfaction. Il est parfaitement rodé, le matchmaking fonctionne correctement et la gestion de clan est simple et efficace. Rejoindre des joueurs d’un niveau plus élevé est possible mais cela rend le tout moins équilibré, quand bien même nos statistiques sont rehaussées. C’est surtout un bon moyen de leveler mais on se rend alors compte que la progression en prend un coup avec des choses qui ne sont pas expliquées au bon moment au joueur rejoignant notre partie. C’est un peu frustrant ce loupé dans la mesure où le jeu est clairement orienté multijoueur et qu’une grande partie des gens le découvriront comme cela. En soi, ce n’est pas vraiment dommageable mais ça casse un peu la fluidité déjà mince de la trame principale.

Ambiance SF au top

Alors que l’on a déjà vanté les qualités du level design de la map et de sa richesse, il ne faudrait pas oublier de préciser à quel point The Division 2 est joli. On remarque quelques textures plus faibles par moments mais le nombre de choses affichées à l’écran sans que le framerate n’en souffre fait une forte impression. Il en va de même pour les ambiances lumineuses, d’autant plus qu’un cycle météo apporte des panoramas urbains saisissants. La brume dans les parcs, la nuit noire, la pluie battante ainsi que les orages, changent la manière d’aborder certaines situations durant les pérégrinations dans Washington. La 4K et le HDR sont de la partie sur One X, ce qui est toujours bon à prendre. Le sound design n’est pas en reste et apporte aussi bien des ambiances bucoliques reposantes que d’autres plus inquiétantes avec les bruits de conflits entre les différents clans au loin la nuit. Les armes aussi bénéficient d’un soin évident apporté à leur sound design, immersif et réaliste, ce qui renforce parfaitement le feeling pad en main déjà très bon, encore meilleur que dans le premier. Les menus restent assez proches de ce que l’on connaissait et en dehors de certaines informations planquées comme les défis journaliers, on s’y retrouve facilement pour faire son tri de matériel et se définir de nouveaux objectifs. Ne viennent apporter une ombre à ce tableau que les petits accrocs comme des bugs de collision avec certains éléments de décor et, plus rageant, l’impression que côté serveur la synchronisation des tirs laisse à désirer, faisant que l’on se prend parfois des balles en étant à couvert. C’est relativement rare mais suffisamment présent pour avoir été constaté amèrement en mourant alors que l’on était à couvert. Sans ça, The Division n’aurait eu aucun réel reproche.

Bilan

On a aimé :
  • Washington est très jolie
  • La diversité des missions
  • Les combats, toujours aussi agréables
  • Du contenu à foison
  • La course au loot intéressante
On n’a pas aimé :
  • Peut-être trop dans la continuité du premier pour certains
  • La progression en coop fait louper des explications sur des mécaniques
  • Quelques soucis réseau
  • On n’évite pas le recyclage de mission dans le end-game
Conçu pour durer

The Division 2 est un grand jeu. C’est sûrement le plus complet dans sa catégorie face à du Anthem ou Destiny 2. La progression est agréable et motivante pour la course au loot notamment grâce à son aire de jeu criante de réalisme et riche de détails qui impressionnent. Son gameplay bien rodé, son feeling des armes et la qualité des missions qu’il propose sont un vrai plaisir, en solitaire mais surtout en coopération. C’est à plusieurs que le jeu prend tout son sens et qu’il promet de longues sessions. Puisque le suivi du précédent épisode était très bon, on peut s’attendre à ce que le contenu et le rééquilibrage qui seront apportés au fil des mois lui permettront de tenir dans le temps et c’est tout le mal qu’on lui souhaite tant il le mérite.

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The Division 2

PEGI 0

Genre : TPS

Éditeur : Ubisoft

Développeur : Massive Entertainment

Date de sortie : 15/03/2019

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows

3 reactions

Blondin

02 avr 2019 @ 17:50

Il a de bons retours un peu partout, c’est cool.

Je le prendrais peut être, mais plus tard, en promo. Trois trucs qui me dérangent dans The Division ;

>> déjà, le principe même du jeu. J’ai jamais été trop fan des quêtes multi qui sont uniquement des prétextes pour shooter des vagues d’ennemis. Je trouve ça un peu bidon, d’autant plus que le gameplay ne récompense pas vraiment le skill (le TPS avec système de couverture et lock automatique, pas trop ma sauce).

>> ensuite, le mélange réaliste / éléments de RPG : tout est ultra réaliste, que ce soit l’univers, les armes, même le scénario essaye de s’ancrer dans quelque chose de plausible... Par contre les gars tu leur mets 17 balles dans la tête ils continuent à gueuler « sors de là trouillard ! », et ça me gêne un peu. J’aurais préféré, vu l’univers, un jeu plus réaliste.

>> enfin, et surtout, le « prétexte » pour faire un jeu multi ; pour moi le jeu aurait été bien plus intéressant, bien plus profond, et (mais là c’est subjectif), bien meilleur en étant un jeu solo. On aurait pu vraiment profiter de l’histoire, avec un vrai personnage, avec un background, une personnalité, plutôt qu’un simple avatar qui hoche la tête de temps en temps et se balade parmis 50 autres agents sapés en hipsters. Avec un mode multi en plus, oui, mais aussi avec un « vrai » mode solo.

Là, quand je joue solo, j’ai un peu l’impression de jouer en solo au mode multi d’un jeu solo... Dommage quoi.

Bien sur je n’ai fait que le premier, mais j’imagine que ce sont des éléments qui n’ont pas vraiment changé depuis, c’est aussi pour ça que je ne le prendrais pas dans l’immédiat. Après, je ne doute pas des qualités intrinsèques du titre, et je m’étais bien amusé sur le premier, mais bon, c’est aussi pour ça que c’est pas trop pour moi les Division, Destiny etc...

LoveTartiflette

02 avr 2019 @ 22:31

@Blondin

Dans le réalisme des armes, ghost recon wildlands (bien que le son c’est pas encore ça, ça reste mieux que td2). Je viens de finir td2, très bon, même si j’ai préférer la campagne du 1er. Je suis comme toi, être obligé d’envoyer 3 magasins de 12.7 pour faire tomber un ennemi, ça le fait moyen. Après l’univers tant visuel que scénariste c’est quand même poignant. Tu as raison d’attendre un peu, ça n’en sera que meilleur.

Blondin

03 avr 2019 @ 02:33

Dans le réalisme des armes, ghost recon wildlands (bien que le son c’est pas encore ça, ça reste mieux que td2).

Je l’avais testé pendant un WE gratuit, j’avais trouvé ça sympa mais je suis pas complètement rentré dedans. J’ai trouvé la map un peu trop... Répétitive, un peu comme celle(s) de Metal Gear 5, donc moins sympa que le NY de The Division par exemple. Après j’ai pas vraiment persévéré, c’est vrai que j’y ai joué une ou deux heures max ! Faudrait peut être que je retente.