Catherine a été un véritable phénomène dès l’annonce de son développement. Oser traiter de la relation de couple dans un jeu vidéo a de quoi interpeller et éveiller l’attention de tous les joueurs frustrés qui n’ont vu dans ce jeu que l’occasion future de se rincer l’œil devant leur console. Beaucoup de fantasmes sont nés de ce jeu et de son thème avec en prime l’idée de voir pour la première fois une sorte de rpg érotique issue de l’imagination débridée des créateurs de la série des Persona. Sauf qu’il n’en était rien et, dépassés par la rumeur et les envies perverses de certains joueurs, les développeurs ont freiné leurs ardeurs en soulignant que leur jeu allait être un jeu de puzzle dont la relation de couple et l’engagement seraient le thème. Les ardeurs ont été bien refroidies mais pas notre curiosité. Loin de là même.
Le bonheur à deux dure le temps de compter jusqu’à trois
Avant toute chose, je tiens à exclure une bonne partie de mon lectorat dès la première ligne de ce test. Catherine n’est en rien un jeu érotique ou libidineux. Loin de là même ; en fait on pourrait qualifier Catherine comme un jeu mature. Mature dans le sens où il s’adresse à un public doté d’une certaine maturité amoureuse car le propos de Catherine sera celui du choix entre la passion et la raison d’un engagement amoureux. Un thème épineux, casse-gueule même, mais superbement traité dans Catherine.
L’amoureux s’appelle Vincent. Il vit en célibataire dans son petit studio même si cela fait maintenant 5 ans qu’il entretient une relation sans accrocs avec Katherine. Pourtant, tout va se bousculer lorsqu’elle lui parle d’engagement. Un engagement qui arrive subitement sur le devant de la scène de leur couple en même temps que Katherine lui annonce qu’elle est enceinte. Cela fait beaucoup pour un seul homme. Totalement perturbé, en proie à d’étranges cauchemars, Vincent va essayer de remettre de l’ordre dans sa tête et digérer un peu tout ça avec ses amis dans le bar qui leur sert de point de rencontre.
Mais les amis ne sont pas souvent de bon conseil, et un autre fait étrange vient s’ajouter aux questionnements de Vincent : des hommes sont retrouvés morts dans leur lit. Est-ce que cela peut avoir un lien avec les cauchemars qui l’assaillent ? Ce n’est qu’après le départ de ceux-ci qu’une superbe jeune fille blonde aux yeux bleus l’accoste. Il finira par se réveiller aux côtés de ce merveilleux objet du désir prénommé Catherine. Les ennuis vont commencer pour Vincent qui de mensonge en mensonge, de cauchemar en cauchemar, va essayer de repousser l’inévitable : choisir entre Catherine ou Katherine.
Et ce n’est pas seulement sur ce thème original que Catherine va se démarquer de la production actuelle du jeu vidéo mais aussi sur l’intégration de son gameplay. En effet, dans Catherine, l’histoire ne sert pas le gameplay mais le gameplay est totalement au service de l’histoire. Il n’est qu’un prétexte inventif, métaphorique à l’incapacité de Vincent à faire un choix, à dire la vérité. Catherine est un jeu mature, car son sujet ne pourra trouver un écho qu’auprès de joueurs ayant une certaine maturité affective. Sans cela, l’histoire risque de passer en second plan et l’intérêt du jeu de baisser de façon rédhibitoire. Catherine n’est clairement pas un jeu qui fera l’unanimité.