Dragon Age : The Veilguard poursuit directement l’histoire du dernier opus, Inquisition, sorti en 2014, marquant la continuité du virage pris par la licence, avec un accent notable sur l’action au détriment de certains aspects RPG. Avec The Veilguard, BioWare est clairement attendu au tournant, notamment au vu de la réception mitigée des titres précédents comme Anthem ou le dernier Mass Effect.
Une qualité d’écriture indéniable
Dès les premières minutes de jeu, l’attention se porte sur la qualité des échanges avec les divers personnages. De manière générale, les dialogues captivent, qu’il s’agisse de discussions légères entre compagnons ou de moments cruciaux où les enjeux sont palpables. La version française, en particulier, bénéficie d’un travail de doublage remarquable qui souligne parfaitement les intentions des interlocuteurs.
Ainsi, la narration de The Veilguard devient un élément central de l’expérience, marquant le retour en force de BioWare dans le domaine narratif, avec une qualité d’écriture accueillie à bras ouverts.
L’histoire reprend là où celle d’Inquisition s’était arrêtée et réunit plusieurs personnages clés de la licence. Bien que The Veilguard réintroduise efficacement chaque ancien et nouveau protagoniste , les nouveaux joueurs risquent de manquer de nombreux clins d’œil et références aux événements passés. Cela dit, le jeu peut tout à fait être apprécié indépendamment des opus précédents.
Le scénario installe progressivement son cadre, déroulant un fil conducteur et différents embranchements narratifs via des quêtes de compagnons et de factions. La trame principale, relativement classique pour un action-RPG, repose sur un objectif de survie face à une fin du monde imminente, ponctuée de combats contre de puissants antagonistes. Néanmoins, la mise en scène immersive et les dialogues renforcent l’action de manière significative. De multiples moments « épiques » soulignent l’importance des événements, avec des séquences particulièrement intenses où les enchaînements laissent peu de temps pour reprendre son souffle. Le jeu nous fait vivre de nombreuses grosses batailles, comme par exemple quand il faut défendre un château ou survivre à l’assaut de hordes de morts-vivants.
Le jeu entrecoupe ces instants de tension par les nombreuses phases plus légères que sont les quêtes de factions et de compagnons. De simples dialogues peuvent alors se transformer en véritables quêtes, parfois autour de conversations banales ou plus personnelles lors de moments d’exploration. Bien que ces interludes puissent sembler anecdotiques, ils renforcent l’authenticité des personnages secondaires. L’écriture contribue grandement à cette immersion : chaque compagnon se distingue par une histoire et une personnalité unique. Le développement de leurs quêtes contribue à la cohésion du groupe et à la crédibilité de l’univers, abordant des thèmes variés, tels que la peur de la mort, les intrigues familiales, la sauvegarde des griffons, ou encore des sujets plus intimes, comme un coming out non binaire…
Cette qualité d’écriture se retrouve également dans les enjeux des différentes factions de The Veilguard. En plus de cela, le jeu propose des séries de quêtes annexes plus classiques, mais dont les intrigues sont suffisamment captivantes pour susciter l’intérêt. En matière de contenu, ce nouvel opus de Dragon Age se distingue par une variété de contenu maîtrisée et une qualité narrative qui sauront satisfaire les amateurs d’histoires bien conçues. Pour conclure le scénario en incluant les quêtes de compagnons et de factions, il faudra compter entre 40 et 50 heures de jeu.
La licence Dragon Age, comme les autres ID de BioWare d’ailleurs, intègre plusieurs choix de dialogue qui impactent notre entourage. Dans le cas de Dragon Age : The Veilguard, c’est davantage une personnalité que l’on octroie à notre personnage, les choix étant assez restreints, entre être gentil, en colère, méchant ou triste, ce qui n’influe pas vraiment sur notre environnement et qui n’a pas de réelle conséquence. De même, nous aurons droit à quelques choix moraux assez binaires, où l’on nous propose de sauver telle ou telle faction, revenant souvent à choisir entre noir ou blanc ce qui, cette fois, impactera le cours de l’histoire. Outre ces choix à double embranchement, BioWare ne propose pas ici une copie dans laquelle nos comportements influencent l’histoire, diminuant une fois de plus l’aspect RPG.
De l’action au détriment du RPG
Malgré la qualité indéniable des histoires racontées, l’aspect RPG de ce dernier Dragon Age est encore davantage mis en retrait dans The Veilguard. Ce choix, déconcertant durant les premières heures de jeu, devient plus naturel au fil de l’aventure, tant son orientation typée action est affirmée. Bien que le jeu conserve des éléments classiques du RPG, tels que le loot d’équipement et un arbre de compétences, un sentiment de « RPG light » à la manière de certains titres d’Ubisoft se fait sentir, réduisant l’impression de profondeur.
Comme dans Dragon Age : Inquisition, le côté tactique des premiers opus est ici absent. Une pause active permet encore de donner quelques ordres aux compagnons, mais sans jamais atteindre la dimension stratégique des débuts de la licence. Le jeu se concentre avant tout sur l’action et, même si ce choix n’est pas mauvais en soi, il risque de déstabiliser les joueurs en quête d’un RPG plus classique ou semblable aux deux premiers volets.
Au premier abord, le gameplay peut sembler limité, restreint à quelques compétences et aux attaques légères et lourdes. Cependant, il gagne en richesse au fil de l’aventure, se révélant plus dynamique et réfléchi qu’un simple martèlement de touches. Par exemple, l’archétype du rôdeur permet d’enchaîner esquives, attaques chargées, contre-attaques, tirs à l’arc et activation de compétences de compagnons, tout en jonglant avec les trois compétences équipées. Cet enchaînement confère aux affrontements un aspect suffisamment tactique pour exiger une anticipation des angles d’attaque, tout en conservant une intensité pyrotechnique conforme aux attentes d’un action-RPG.
Toutefois, au fur et à mesure de la progression, la multiplication des effets visuels rend la lisibilité des combats plus chaotique, surtout lors des séquences les plus intenses, où il devient difficile de suivre précisément l’action.
En revanche, un souci d’équilibrage se fait sentir en ce qui concerne la difficulté. En mode normal, les ennemis deviennent rapidement de véritables « sacs à PV », ce qui rend certains combats interminables. Même en passant en mode facile, l’endurance nécessaire pour vaincre certains adversaires standards semble excessive. Un ajustement du nombre de points de vie et des boucliers des ennemis s’impose pour améliorer la fluidité de l’expérience.
Malgré un bestiaire assez varié, adapté aux différentes zones du jeu, la fréquence élevée des combats entraîne une familiarité rapide avec les types d’adversaires. Cette répétition, couplée à certaines séquences ou schémas de combat récurrents, génère une sensation de redondance qui peut devenir pesante avec le temps.
Un monde d’héroic-fantasy
Dragon Age : The Veilguard se déroule dans un univers d’heroic fantasy, marquant un contraste notable avec l’ambiance dark fantasy des premiers jeux. Heureusement, ce changement d’orientation est bien maîtrisé.
Ce dernier opus invite le joueur à explorer des environnements variés et “fascinants” : de la nécropole aux profondeurs de la cité des nains, en passant par d’anciennes ruines et temples elfiques, chaque découverte dégage une atmosphère presque magique. La direction artistique, particulièrement soignée, rend cet univers propice à l’exploration et à la contemplation.
Plutôt que de suivre la tendance des vastes mondes ouverts, The Veilguard adopte une structure en zones semi-ouvertes, ponctuées de multiples embranchements. Ce choix permet une meilleure maîtrise de l’environnement et offre des panoramas spectaculaires sans sacrifier la fluidité de l’expérience. Chaque excursion réserve une récompense, qu’il s’agisse de butin à revendre, d’un coffre d’équipement ou d’un magnifique point de vue. Ainsi, l’aventure se révèle gratifiante et valorise le joueur explorateur.
Outre la direction artistique, la qualité visuelle contribue fortement à l’aspect enchanteur de cet univers. Même en mode performance, le jeu reste impressionnant, riche en détails, fluide et toujours aussi agréable à l’œil. Mention spéciale à la gestion de la lumière, qui sublime encore les décors et ajoute de la profondeur aux environnements. Le parti pris d’une esthétique légèrement plus cartoon n’altère en rien la maturité de l’univers et accentue l’aspect féerique de The Veilguard, même si cela s’éloigne de la tonalité dark fantasy des débuts de la série.
L’aventure est ponctuée de plusieurs énigmes environnementales, disséminées au fil de l’exploration ou intégrées aux quêtes. Celles-ci sont introduites de manière progressive, avec une première phase simple pour que le joueur se familiarise avec chaque type de mécanisme. Bien que certaines énigmes puissent paraître simplistes, elles apportent une variété bienvenue et permettent de ralentir le rythme effréné des combats, tout en renforçant la crédibilité des lieux visités, comme des puzzles au cœur des ruines et anciens vestiges.
Testé sur Xbox Series X, code fourni par le studio