Test - Sifu - Le beat’em up à son meilleur

«Je vous chercherai, je vous trouverai et je vous tuerai» , - 3 réaction(s)

Plus inspiré par le cinéma d’action américain et coréen et les arts martiaux que par le jeu vidéo, le studio parisien Sloclap, fondé en 2015 et papa du très bon Absolver, revient avec une nouvelle proposition de beat’em up bourré de références et nous offrant tout ce qu’on souhaitait retrouver d’une telle adaptation dans un jeu vidéo. Scènes mythiques et action non stop sont au programme de l’œuvre qui en inspirera sans doute bien d’autres dans le futur.

Un an après les joueurs Playstation 4, c’est au tour des adeptes de la Xbox de serrer leur ceinture noire et partir en quête de vengeance.

Old Boy

Qu’est-ce qu’une bonne histoire si, pour venger son chien, sauver son honneur ou protéger sa famille, on ne laisse pas une traînée de corps en plus ou moins bon état sur le chemin ? Et ça, Sifu l’a bien compris.

Le jeu commence d’emblée en nous mettant dans la peau de Yang. Un message apparaît, nous indiquant que les évènements de la nuit que nous vivons se déroulent huit ans avant l’histoire que nous allons bientôt parcourir.

Nous gravissons les marches d’un temple asiatique tout en rossant les ennemis que nous rencontrons sur le chemin. Véritable tutoriel, cette scène nous apprend à parer, contrer, esquiver et bien entendu à attaquer avec une véritable vélocité nos assaillants.

Yang et Maître Sifu ont des comptes à régler

Une fois le sommet atteint, la rencontre avec maître Sifu en personne laisse assez peu de place aux doutes !

Le premier constat que nous faisons est que nous ne sommes absolument pas au niveau de notre adversaire et ce, malgré toutes les capacités mises à notre disposition et consultables via le menu pause, dans le plus pur style des jeux de combat traditionnels. Quand nous disons que nous ne sommes pas au niveau, nous parlons bien sûr de notre capacité à appréhender, dans l’immédiat, les subtilités du titre. Heureusement, notre barre de vie est, pour ce combat, illimitée et nous arrivons à bout de notre adversaire après un certain temps.

Le second questionnement se fait quant à l’intégrité morale de notre personnage lors de sa conversation avec le maître, ainsi qu’à la vue des quatre lieutenants qui l’accompagnent. Ce doute est rapidement balayé lorsque l’enfant de maître Sifu, caché jusqu’alors dans le placard et assistant à l’assassinat de son père, se fait lui aussi exécuter par l’un des soufiffres de Yang mais pas avant d’avoir pu choisir par nous même l’identité fille ou garçon, du vrai héros que nous allons désormais contrôler.

Le club des cinq

Malgré une gorge tranchée, l’enfant se réveille d’entre les morts grâce au pouvoir de l’amulette qu’il avait en mains, permettant ainsi d’échapper à son funeste destin. Une séquence d’entraînement s’ensuit sur fond de brume rouge, accompagnée d’une musique inspirée où les lieutenants que nous avons vus précédemment se succéderont. On ressent immédiatement la montée en puissance de notre personnage au fil des huit ans qui vont s’écouler en quelques minutes. Cette mise en scène, posant directement l’ambiance en reprenant les codes du cinéma que tout le monde connaît, a, qui plus est, la bonne idée de nous présenter de manière claire, qui sera l’objet de notre vengeance.

Choisis la pilule bleue et tout s’arrête

Et c’en est tout. À compter de là, l’histoire ne sera racontée que très succinctement à la suite de chaque victoire sur l’un des quatres boss et sera plutôt obscure quant à la morale que nous percevrons en fond. C’est seulement une fois arrivé au terme de l’aventure que nous comprenons que le jeu se veut avoir une grande rejouabilité et que nous recommençons directement une autre partie.

le jeu se veut avoir une grande rejouabilité

Quant à l’amulette qui permet à notre héros de revenir après être passé de vie à trépas, nous n’en saurons pas davantage. Pourtant, c’est en réalité l’élément central du gameplay. Nous entendons par là que tout le jeu s’articule autour de cette dernière.

L’on commence l’aventure à l’âge de vingt ans dans un hub qui n’est autre que le temple dans lequel notre paternel fût vaincu définitivement, huit ans plus tôt.

En ce lieu, quelques options s’offrent à nous. Tout d’abord, un tableau nous rappelle les enquêtes policières recoupant les indices et divers éléments entre eux, afin d’en trouver le lien et dévoiler ainsi l’intégralité du lore. C’est également sur ce tableau que l’on retrouve, dans le coin inférieur gauche, des post it nous donnant des informations essentielles sur les bases du gameplay.

On peut choisir l’identité du héros que l’on incarne

Dès lors, nous comprenons que le jeu ne nous mâchera pas le travail. On va apprendre les mécaniques de gameplay à la dure. Heureusement, pour nous aider à cela, un mannequin d’entraînement se trouve également dans la pièce, permettant de lancer un combat face à un nombre d’ennemis au choix mais également de sélectionner leur puissance ou encore de les rendre passifs ou agressifs.

Ce passage par la zone d’entraînement, s’il n’est pas obligatoire, est vivement conseillé afin de perfectionner nos capacités. Parer au bon moment permet ainsi un contre efficace, réagir rapidement quand un membre du corps de l’adversaire s’illumine en rouge indiquant un coup imparable qu’il faudra donc esquiver rapidement et dans la bonne direction sous peine de perdre de la vie et de la posture.

D’ailleurs, parlons-en de la posture. Véritable deuxième barre de vie, elle équivaut à notre faculté ou celle de nos ennemis à parer les coups avec efficacité. Une fois remplie à son maximum, notre défense s’effondre et notre santé fond comme neige au soleil. Concernant les combattants adverses, qu’ils soient simples minions ou boss de niveau, il est parfois plus intéressant de faire monter cette barre que de s’attaquer à leur santé, tout simplement car, parer au bon moment ou attaquer l’adversaire à main nue ou avec des objets, peut la faire monter très rapidement. Cette dernière, une fois vide, laisse l’ennemi totalement étourdi, nous donnant tout le loisir de l’achever avec des finish du plus bel effet et qui, de plus, remontent plus ou moins notre vie.

Le HUB est accessible entre chaque niveau

Plus ou moins car, là où Sifu est extrêmement bon, c’est dans le sentiment de monter en puissance qu’il nous fait ressentir. Nous parlions un peu plus tôt de l’amulette centrale au gameplay. Oui elle permet de justifier notre retour au même endroit après chaque défaite, mais en plus de cela elle permet de simuler une introspection de notre personnage dans ces phases dans le plus pur style manga où les héros reviennent plus forts de la défaite.

Dans les faits, cela prend la forme d’un arbre de compétence vertical nous permettant de dépenser nos points d’expérience, tout en apprenant de nouvelles capacités. Si le tout paraît extrêmement classique au premier abord, c’est en réalité loin d’être le cas et le jeu va nous pousser à enchaîner les runs pour atteindre la quasi perfection car l’apprentissage des compétences est en réalité limité.

Le système d’évolution de notre personnage dans Sifu n’étant pas banal, il nous faut tout d’abord vous l’expliquer afin d’en comprendre les nuances.

On rencontre souvent sa destinée par les chemins qu’on a pris pour l’éviter

Le titre en Cell Shading nous fait évoluer à travers différents niveaux pour un total de cinq, soit un pour chaque grand méchant. Chacun de ces lieux se compose systématiquement de deux parties, l’une ancrée dans le réel et l’autre, souvent plus psychédélique, sans pour autant qu’une quelconque explication ne nous soit donnée.

En revanche, nous sommes conquis par les effets visuels dont quelques moments offrent un véritable “effet waouh”. La boîte de nuit, le musée ou encore les extérieurs de nuits sous la pluie nous prouvent une belle maîtrise des codes de l’action et nous sommes happé par le level design et le game design qui fourmillent de détails et qui ont valu à Sloclap un Pégase, équivalent français des Games Awards.

nous sommes conquis par les effets visuels

Si l’on parcourt souvent des couloirs en 2D ou 3D, il est également permis de se balader quelque peu dans les niveaux mais les secrets étant peu nombreux, tout est fait pour nous pousser à avancer vers l’action en nous donnant simplement le sentiment d’une ouverture qui n’est, dans les faits, pas réelle.

Une histoire s’étalant sur cinq niveaux qui se finissent en plus ou moins trente minutes seulement peut paraître courte, mais c’est sans compter le système de jeu qui, en réalité, étire le tout sur une quinzaine d’heures, sans pour autant frustrer le joueur.

Les finish sont très réussis

En parcourant les squats, le premier niveau de l’aventure, pour la première fois, nous ne prenons pas réellement conscience de l’intérêt d’affronter efficacement nos ennemis et de ne pas mourir. Pourtant, l’âge de notre héros augmente rapidement. La première fois nous prenant un an, puis deux, puis trois et ainsi de suite. Certains combats permettent de faire redescendre légèrement ce chiffre et il faudra donc s’évertuer à le garder le plus bas possible.

Le jeu enregistre l’âge du personnage pour les prochains niveaux, ces derniers étant de plus en plus durs. Commencer l’avant-dernier ou le dernier chapitre avec un âge trop avancé ne fera que diminuer nos chances de victoire. Le seul avantage de vieillir est que notre personnage fera plus de dégâts mais au détriment de sa santé qui aura un maximum plus bas.

De plus, et c’est là que le système d’évolution de Sifu nous a vraiment bluffé, apprendre de nouvelles techniques ne suffit pas. En effet, si l’on atteint l’âge maximum de 70 ans, il faudra recommencer et tout réapprendre. En revanche, si l’on investit cinq fois dans la même capacité, celle-ci reste disponible d’une partie à l’autre. Sauf que, attention, les techniques les plus puissantes ne sont disponibles que lorsque notre personnage est jeune et chaque dizaine d’années empêchera l’achat de ces techniques.

Il est possible de se spécialiser dans les sanctuaires

Pour nous obliger à réfléchir encore plus, le jeu dispose de sanctuaires éparpillés dans les niveaux et propose des améliorations débloquables uniquement en fonction de l’âge, du score actuel qui augmente en réussissant des combos parfaits ou encore en dépensant de l’expérience. Les trois branches sont indépendantes mais une seule amélioration peut être choisie par sanctuaire, certaines donnant des bonus d’esquive ou d’autres augmentant la puissance et la durée de vie de nos armes avant que celles-ci ne se brisent.

Nous comprenons rapidement que faire des runs parfaits en restant concentré et en se spécialisant est le seul moyen d’arriver au bout du jeu dans de bonnes conditions. Mais ce n’est pas tout, le jeu se veut réellement accessible tout en restant exigeant. Tous les fans de Souls Like pourront en attester aujourd’hui : comprendre rapidement le pattern d’un ennemi est encore plus important que la puissance de notre personnage.

Sifu excelle également en cela : le sentiment partagé avec notre héros d’améliorer ses skills, pour nous, manette en main, pour lui, d’évoluer dans son corps et dans son esprit, comme en atteste la vraie fin du jeu qui nous a fait entièrement recommencer avec une vision différente (que nous ne vous spoilerons pas ici) mais qui donne vraiment sens à la philosophie présente dans les arts martiaux.

Choisis la pilule rouge et on descend avec le lapin blanc

Heureusement, lorsqu’on recommence les niveaux inspirés par des scènes de films cultes comme la boîte de nuit nous renvoyant directement à John Wick, des raccourcis sont débloqués et l’on peut directement foncer vers le lieutenant du niveau.

Risque et maîtrise sont très souvent récompensés et le sentiment de reproduire des scènes de films est incroyablement satisfaisant.

le sentiment de reproduire des scènes de films est incroyablement satisfaisant.

L’utilisation des décors est d’ailleurs diablement efficace et il arrive régulièrement que l’on brise une bouteille sur le crâne de nos adversaires ou que l’on écrase une partie du corps d’un assaillant contre un pilier situé à proximité, ou encore, pour maîtriser un grand groupe, que l’on se jette sur le premier balais venu et qu’on le manie à la manière d’un Bō.

L’arène comporte des missions variées

Mais Sloclap ne s’arrête pas là et nous propose également un mode arène disponible depuis le menu principal. Celui-ci nous met face à des défis variés : éliminer des cibles prioritaires, revivre le combat mythique du film Matrix Revolutions mettant en scène Néo contre l’Agent Smith, ou encore de capturer tous les points d’intérêts de la carte dans un temps limité.

S’ils ne sont pas forcément tous intéressants, ils ont le mérite d’augmenter encore la durée de vie et de nous faire gagner une monnaie virtuelle avec laquelle nous achetons des modificateurs utilisables durant l’aventure une fois cette dernière terminée et ajoutant au choix des bonus ou des malus à la partie.

Il y a tout de même quelques points de frustration tels qu’une caméra qui fait souvent des siennes lorsque l’on est trop proche d’un mur et qui nous empêche de voir nos ennemis nous faisant systématiquement mourir. Il arrive également qu’un écran blanc apparraisse lors d’un changement de scène. Si quasiment tout le jeu se présente en plan séquence, il y a de rares moments où cet effet permet de changer de décor comme par magie et là, ce fût le drame par trois fois, dont une au pire moment, quand nous avons vaincu la première partie du boss final sans dommage et qu’au changement de décors nous avons dû quitter le jeu et tout recommencer. Ça nous a clairement fait grincer des dents !

Plus on meurt plus on vieillit rapidement

L’autre point qui peut s’avérer frustrant, c’est le niveau exagérément élevé de certains adversaires qui sont des sacs à PV et qui ne peuvent être touchés que dans des fenêtres vraiment réduites, nous donnant le sentiment de n’être là que pour augmenter drastiquement notre âge sans pouvoir réellement les maîtriser. Coucou le Boss du musée !

Mis à part cela, durant la partie, un mode photo et vidéo permet de prendre des clichés en plein jeu sous l’angle voulu et de retoucher les enregistrements directement dans les options du titre. De quoi ravir les cinéastes amateurs de Kung-Fu virtuel.

Si nous vous disions que le jeu est exigeant, le studio a pensé à tout le monde et propose trois niveaux de difficulté accessibles dès le début. Élève : Il augmente la vie du joueur, le fait vieillir moins lentement en cas de mort, facilite les combos et rend les ennemis moins agressifs Disciple : C’est le mode normal, le jeu est équilibré sans avantage d’un côté ou de l’autre. Maître : Les ennemis sont plus forts et le joueur plus faible.

Ce ne sont pas les seules options d’accessibilité que le jeu propose. En plus d’un doublage Chinois en mandarin ou cantonais et anglais, on retrouve également un mappage de touches pouvant être adapté à une seule main, permettant aux personnes en situation de handicap de profiter du titre.

Cela est accompagné de tout un tas d’autres choses comme les réglages de caméra, de l’intensité des vibrations de notre manette, de la couleur noire ou blanche des menus ou encore de faire apparaître ou non les indices durant la partie.

La liste des coups est consultable à tout moment

Ce qui, en revanche, est moins accessible, ce sont les succès qui, pour certains, sont complètement démentiels comme finir le jeu avec moins de 5 morts ou avec des scorings vraiment très élevés. Si nous n’avons aucun doute que les véritables fans de Sifu ou les chasseurs de succès les plus féroces en viendront à bout, n’imaginez pas lancer le titre pour débloquer 1000G facilement.

Cela étant dit, nous avons véritablement apprécié cette proposition à mi-chemin entre le jeu vidéo et le cinéma, porté par des graphismes à demi cartoon, intemporels et faisant la part belle à l’action non stop. Une franche réussite ! Cocorico !

Testé sur Xbox Series X.

Bilan

On a aimé :
  • L’ambiance
  • Un gameplay accessible mais exigeant
  • Les nombreuses références
  • Le sentiment d’évolution physique et spirituelle du héros
  • Des combats aux petits oignons
On n’a pas aimé :
  • Quelques bugs et soucis de caméra
  • Certains ennemis sacs à PV
  • Un lore qui mérite d’être approfondi
Je connais le Kung-Fu

Sifu est un Beat’em up qui se place quasiment comme un OVNI dans le genre, il demande régulièrement au joueur d’analyser ses propres forces et faiblesses et offre les clés permettant de se dépasser en même temps que le héros que l’on incarne. Exigeant, tout est affaire de calme, de compréhension et de dépassement de soi. L’histoire qui paraît, au premier abord anecdotique, nous promet finalement une rejouabilité offrant un peu plus de profondeur au thème de la vengeance aveugle que Sloclap a voulu aborder. Du tout bon !

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Sifu

Genre : Action/Beat them up

Editeur : Sloclap

Développeur : Sloclap

Date de sortie Xbox : 28 mars 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

3 reactions

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slimfat

18 avr 2023 @ 19:52

La scène à la matrix à la fin de la vidéo elle est géniale

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Jack O’lantern

20 avr 2023 @ 11:50

Merci pour ce test, je mets en wishlist ;)

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Angelson

20 avr 2023 @ 13:09

Ca sera sans moi, je boycotte par principe ce genre d’exclusivité temporaire.