Ces dernières années, beaucoup de titres basés sur la survie ont vu le jour. Nous pourrons citer entre autres des jeux tels que Grounded d’Obsidian, Dysmantle de 10tons. Ltd, ou encore Conan Exiles de Funcom. Certains ont su se faire apprécier par leur univers mature ou leurs mécaniques hardcore, d’autres par un gameplay plus accessible. Deadcraft, lui, fait partie de la seconde catégorie. Mais surtout, il tente de tirer son épingle du jeu par un concept original : un héros mi-humain mi-zombie pouvant développer sa base et son équipement, avec des ressources classiques comme le bois ou le fer. Ou bien exploiter les organes de nos adversaires pour créer divers objets et armes zombifiées. Cette idée a le mérite de sortir des sentiers battus, mais…
Mi-humain, mi-zombie, Reid veut en découdre
Une météorite s’est abattue sur Terre. Plus aucun rayon de soleil ne parvenait à traverser les nuages de poussière laissant alors les flammes consumer presque toute la végétation de la planète. Le monde est alors devenu un désert aride et hostile, et l’humanité a dû faire face à une nouvelle catastrophe.
Au sein de ces météorites dormait un étrange virus qui infecte le corps des défunts et les ressuscite sous forme de zombies. Tous ceux qui succombaient devenaient des morts-vivants à leur tour. La pandémie du ZiV s’est alors rapidement répandue à travers le globe.
Plusieurs décennies plus tard, c’est la loi de la jungle qui règne et les rescapés se disputent le peu de ressources qu’il reste sur Terre. C’est ici qu’entre en scène notre héros, Reid, le premier hybride mi-humain mi-zombie, tirant les avantages des deux génomes. Unique spécimen de ce nouveau genre, son ADN attire les convoitises et les dangers.
Reid va devoir survivre en se faisant quelques alliés, et exploiter ses diverses capacités. Il croisera alors des personnages hauts en couleur allant du farfelu Papi Zombie, qui nous permet notamment d’exploiter notre plein potentiel zombie, à la délicieuse mais néanmoins machiavélique Duna qui préfère nous voir mort que mal accompagné.
Livraison à domicile
Si l’histoire en elle-même ne casse clairement pas trois pattes à un canard, nous aurions espéré un petit peu plus d’inspiration concernant les quêtes secondaires. Les requêtes des PNJ sont toutes aussi redondantes les unes que les autres. Pêle-mêle, ils vont nous charger d’assurer la livraison d’objets précis à fabriquer au préalable ou d’aller les dégoter dans un coin de la carte, d’exterminer un groupe d’ennemis semant la pagaille dans le bidonville ou encore de les escorter. C’est à peu près tout. L’absurdité de certaines demandes ou l’humour présent dans les dialogues font parfois sourire, mais la finalité reste la même : livrer ou tuer. Et si nous sommes en manque de points d’expérience, le tableau des missions comportera des quêtes journalières variant d’un jour à l’autre nous octroyant quelques composants d’artisanat et d’argent à dépenser dans les boutiques.
Nous pourrions à la rigueur apprécier les missions fournies par Papi Zombie, nous demandant la plupart du temps de fabriquer un objet mort-vivant et de le mettre en pratique, mais ce n’est guère plus varié. D’autant que du point de vue de la mise en scène, les phases de dialogues se contentent d’un champ-contrechamp permanent. Et ce ne sont pas les doublages en anglais ou en japonais qui réhaussent l’immersion tant ils sont soit surjoués, soit sans saveur. Ni même la phase de création d’objets à l’établi par ses mini-cinématiques, heureusement passables, qui brisent le rythme du titre.
Sur le plan technique autrement, le titre s’en sort globalement pas trop mal. Le framerate reste stable à 60 images par seconde, même avec une vingtaine d’ennemis à l’écran et la caméra en vue du dessus se comporte bien. Concernant le style graphique et sa direction artistique, c’est disons… assez particulier. Cela oscille entre un léger cell-shading assez stylé, un chara design mitigé et des textures tantôt bien détaillées, tantôt rappelant la 3D baveuse de notre bonne vieille Nintendo 64. Autant vous prévenir : ne vous attendez pas à de la variété concernant les décors, on reste sur des environnements désertiques et crasseux, un peu plus urbains par endroit. On est loin de l’orgasme visuel. Encore une fois et malheureusement, l’OST et ses quelques morceaux tournant en boucle ne relève pas le niveau.
La survie accessible est le seul véritable intérêt du titre
Par ce titre, nous ne voulons pas sous-entendre que Deadcraft est facile. Les ennemis se divisent en plusieurs catégories avec quelques variables. Les groupes humains nous permettent d’affronter des lanceurs de cocktail Molotov, des gardes aux épées rouillées ou armés de boucliers recouverts de pointes. Les zombies ont tendance à être un peu plus nombreux, parfois plus rapides, mais pas insurmontables. Les boss demandent plus de préparation, soutenus par des vagues de sbires en tous genres.
Afin d’être en mesure de combattre, nous devons tout d’abord apprivoiser la gestion de nos barres de vie et d’endurance. Après avoir dormi, elles sont de taille plus ou moins importante et déterminent ainsi le nombre d’actions réalisables chaque jour. Le meilleur moyen de les maximiser est alors de se coucher le ventre plein et le gosier rassasié. Aller au lit le ventre vide ne fait que raccourcir notre efficacité le lendemain, nous obligeant alors à farmer bouffe et boissons avant que la nuit tombe. Nous pouvons aussi ralentir l’appétit du héros et débloquer plusieurs dizaines de compétences via plusieurs arbres de talent. L’expérience accumulée permet l’amélioration des armes, la création de nouveaux bâtiments pour la base, la concoction de recettes de cuisine ou encore d’augmenter le rendement de l’agriculture.
D’ailleurs c’est d’ici que le titre tire son originalité. Reid ayant du sang humain et de mort-vivant dans les veines, il peut utiliser les ressources des deux camps afin de se défendre ou de se sustenter. Du côté de l’humanité nous pouvons utiliser des armes classiques telles que des épées, fusils à pompe ou mines de proximité. L’artisanat zombie nous octroie la fabrication d’armes vivantes, comme une énorme massue mangeuse de chair ou bien un décharné qui bombarde nos assaillants. Quelques courtes scénettes jaillissent en combat lors de coups de finition bien violents, parfois drôles, majoritairement bien gores. Nous sommes également libres de récupérer les cadavres afin de les faire germer dans notre base et ainsi les ressusciter sous forme d’alliés divers.
La base, que nous pouvons agrandir et améliorer tout au long du parcours, est le lieu de prédilection pour nos fabrications. Nous devons y faire des allers-retours incessants pour y récupérer les objets convoités, gérer nos cultures, préparer à manger, ou encore dormir. Cette manipulation devient rapidement exténuante, il est bien dommage de ne pas pouvoir fabriquer des objets simples à l’aide d’un établi de fortune, sans devoir y entrer constamment. L’inventaire, qui se remplit à une vitesse folle, est une raison supplémentaire et pénible de rentrer au bercail, afin d’y stocker les composants achetés dans les différentes boutiques ou les ingrédients récoltés à la sueur de notre front. Et ce n’est pas le voyage rapide déblocable au bout de quelques heures qui rend la chose moins pénible.
Enfin parlons de l’aspect survie. Reid doit manger et boire sous peine de malus perturbant la progression. Si la jauge de faim tombe à zéro, le héros perd ses points de vie jusqu’à trépas. Une jauge de soif entièrement vidée trouble l’image qui devient alors aussi lisible que Canal+ en crypté. Ces deux jauges chutent assez vite, il convient alors de se nourrir par tous les moyens possibles. Viande crue, légumes cuisinés par nos soins ou encore organes zombifiés sont autant de mets disponibles et goûteux. En fonction de la nature des aliments absorbés, l’un des deux penchants de Reid prend le dessus. Si son humanité prédomine, son attaque diminue en échange d’une défense plus élevée. Si l’alter mort-vivant est plus important, il tape alors plus fort, mais prend aussi plus cher lors des rixes.
Il est donc important de bien gérer cette dualité, d’autant que des compétences d’attaque ou de coups spéciaux ne sont disponibles que sous certaines de ces conditions. Quelques interactions sont également impossibles quand on est sous la forme zombie, les habitants des différentes bourgades sont effrayés ou vous attaquent à vue. En fonction de notre alignement et de nos actions (racketter les PNJ, les tuer…), un système de recherche sera activé, à l’instar du système d’étoiles dans un GTA. L’idée en soi n’est pas spécialement mauvaise, mais nous aurions peut-être préféré un peu plus de profondeur sur cette fonctionnalité.
Le bilan est par conséquent plutôt mitigé. Si vous souhaitez vous faire votre propre opinion sur le titre, sachez qu’une démo jouable est disponible sur le store. Elle couvre l’intégralité du chapitre 1 et demeure plutôt représentative de l’ensemble de l’aventure. En revanche, un bémol est à prendre en compte, il est impossible de transférer la sauvegarde entre la démo et le jeu complet, impliquant ainsi de recommencer l’intégralité de la progression.
Testé sur Xbox Series X (optimisé)