À l’occasion de sa sortie sur PS4 et Switch en mars dernier, il apparaît bon de rappeler que non seulement Bladed Fury est déjà disponible sur la console de Microsoft, mais qu’il vaut aussi le détour. Directement inspiré du très bon Muramasa : The Demon Blade, sorti à l’époque sur Wii, le studio chinois NExT Studios nous propose une aventure bercée de mythologie et de folklore chinois. Reste à découvrir si ce jeu d’action aventure en 2D honore son ancêtre.
Une histoire cantonnée aux basiques
Tout va de mal en pis lorsque Ji, la princesse du Royaume de Qi, tue son père après que ce dernier se soit transformé en démon. Une occasion en or pour le clan rival, qui accuse Ji de parricide/régicide, afin de la trahir/bannir et qui en profite pour kidnapper/emprisonner sa sœur. Il s’agit donc d’une quête de vengeance pour Ji, qui cherche à la fois à tuer les vrais usurpateurs du trône, à sauver sa soeur, ainsi qu’à laver son honneur en prouvant qu’elle n’a pas tué son “père”, mais le démon qui l’habitait. Même si techniquement…
Non seulement l’histoire n’est pas le point fort du jeu, mais elle est de surcroît uniquement disponible en VO (chinois) sous-titrée en anglais. Rassurez-vous, elle est surtout là pour poser très rapidement le cadre de l’aventure et nous orienter vers le cœur du gameplay : le combat. Doté de vos doubles-lames, vous réalisez directement le combat contre votre père avant de fuir le palais lors d’une séquence très pêchue. Toutefois, le jeu ne vous prend pas par la main, et on comprend rapidement qu’il va falloir apprendre à la dure.
La rapidité est l’essence même de la guerre
Une fois cette séquence terminée, vous apparaissez dans une sorte de hub central. C’est là que vous allez revenir à la fin de chaque chapitre pour entamer les dialogues avec les différents êtres mythologiques qui vous guideront au cours de votre quête. Encore une fois, ces phases ne sont pas des plus intéressantes, et si le jeu a tendance à être bavard au début, il se calme rapidement pour vous laisser vous battre en paix. Une fois ces quelques palabres achevées, vous disposez de tous vos pouvoirs de base : il est temps de passer à l’action.
Le système de combat se compose de quelques boutons : une attaque rapide, une attaque lourde qui brise l’armure, un dash, un contre (particulièrement efficace) et votre saut. Il n’en faut pas plus pour aboutir à un système de combat rapide et très nerveux. Si le jeu passe sans aucune difficulté en mode facile avec un peu de button mashing, les modes supérieurs vous demanderont plus de sang-froid et de maîtrise, sous peine de vous faire mener à la baguette. Toutefois, certaines techniques appliquées en boucles sont un peu trop efficaces en début de jeu et rendent la riposte adverse impossible, mais la donne change avec des ennemis plus retors.
À mesure que les combats gagnent en intensité, il est possible d’améliorer Ji, principalement grâce à l’achat de techniques en échange d’orbes lâchés par les ennemis, mais aussi par l’obtention de compétences spéciales sur les boss vaincus. Ces dernières sont d’ailleurs tellement fortes qu’elles disposent toutes d’un cooldown et d’un nombre d’utilisations limité. Du trou noir aspirant les ennemis, en passant par le sort de soin classique, jusqu’au super canon mécanique tirant un projectile destructeur, non seulement ces sorts sont aussi cool à utiliser qu’à regarder, mais ils ont une vraie synergie entre eux, les rendant encore plus efficaces s’ils sont bien utilisés. Malheureusement, ces affrontements provoquent des ralentissements dès qu’il y a trop d’effets à l’écran, et plus particulièrement lorsqu’on touche plusieurs ennemis en même temps.
- Alors toi je ne peux pas te saquer
De la nervosité en ombres chinoises
Contrairement à l’histoire, s’il y a bien une chose qui n’est pas bridée, c’est le bestiaire, véritable qualité du jeu. Les ennemis que vous affrontez sont aussi diversifiés que bien réalisés : gardes, archers, yaoguai (démon), esprits, meubles ou encore petites filles, tous se reconnaissent immédiatement et ont des patterns différents à assimiler pour les vaincre efficacement. Il faut ici féliciter le studio qui a apporté un soin tout particulier aux boss, tous uniques même pour des combats courts, le tout garanti sans re-skin. Ce très beau travail visuel sur les ennemis a même tendance à rendre l’héroïne un peu fade comparé au reste du casting.
Ce superbe travail artistique est davantage mis en valeur par des mises en scène originales et inventives, donnant lieu à des combats dans de magnifiques tableaux. Les niveaux, même s’ils ne se valent pas tous, sont différents et directement inspirés de l’art traditionnel chinois : estampe, peinture ou calligraphie, les influences sont nombreuses. Le studio chinois rend un bel hommage à ces pratiques ainsi qu’à son folklore. On s’aperçoit toutefois que tous n’ont pas bénéficié du même degré de finition, à cause de rares arrière-plans pixélisés faisant office de tache sur cette belle toile.
Outre son gameplay technique et sa direction artistique soignée, le studio a eu plusieurs bonnes idées pour enrichir le tout. Parmi elles, l’utilisation de la 2D et, par extension, la gestion de la carte : si Bladed Fury est un jeu 2D pure souche, il est tout à fait possible d’emprunter des portes servant alors d’embranchement, à la manière des tuyaux dans Mario. Sauf qu’il ne s’agit pas d’un raccourci ou d’un niveau unique, mais bien d’un chemin à emprunter pour aller à bon port, ou d’un itinéraire alternatif contenant quelques bonus, incitant alors à l’exploration. La carte permettant de visualiser ces itinéraires, la progression est fluide et intuitive. Sans cela, bonjour le casse-tête chinois…
Test réalisé sur Xbox One X