Plus d’une centaine de pays examinent actuellement le rachat d’Activision Blizzard King par Microsoft. Et on retrouve parmi eux la Commission Fédérale du Commerce (FTC en anglais) des États-Unis, un organe dont l’avis aura assurément du poids dans les décisions finales. Et selon Politico, la FTC pourrait bien engager une action antitrust pour bloquer le rachat par Microsoft.
Des arguments de Microsoft qui ne semblent pas convaincre la FTC
C’est donc dans un article publié par Politico que le journaliste Josh Sisco, spécialiste de l’antitrust, évoque le sujet.
Selon trois personnes proches du dossier qu’il ne peut pas citer, la Commission Fédérale du Commerce va probablement engager une action antitrust pour bloquer le rachat par Microsoft d’Activision Blizzard pour un montant de 69 milliards de dollars.
Comme il le souligne, une action en justice serait la plus grande mesure prise par la FTC sous la présidence de Lina Khan pour limiter le pouvoir des plus grandes entreprises technologiques du monde.
On ne sait pas exactement sur quels fondements il se base, mais il précise que le personnel de la FTC chargé d’examiner l’accord est sceptique quant aux arguments des entreprises. Il ajoute toutefois qu’une action en justice pour contester l’accord n’est pas garantie à ce jour, et que les quatre commissaires de la FTC n’ont pas encore voté de plainte ni rencontré les avocats des entreprises.
Selon les sources du journal, une grande partie du travail est déjà terminée, ce qui comprend les dépositions du directeur général de Microsoft, Satya Nadella, et du directeur d’Activision, Bobby Kotick. Il se pourrait que la FTC se prononce le mois prochain si les choses continuent d’avancer à ce rythme, comme l’évoquait plus ou moins Reuters il y a quelques semaines.
Le jugement de la FTC aura du poids
Le rôle de la FTC est de voir si l’acquisition d’Activision donnerait à Microsoft un avantage déloyal sur le marché des jeux vidéo. Sony a largement contribué à faire capoter le projet de rachat en évoquant à maintes reprises la possibilité que Call of Duty devienne un jour une exclusivité Xbox.
De son côté, Microsoft a pourtant indiqué que Call of Duty continuerait à sortir sur PlayStation tant qu’il y aura des consoles de la marque, mais semble refuser à s’y engager par écrit. Plus récemment, nous avons appris que Microsoft avait proposé à Sony un accord contractualisé pour que Call of Duty continue de sortir sur PlayStation pendant 10 ans, mais on ne sait pas si tout ceci a été acté.
Les préoccupations de la FTC vont toutefois au-delà de Call of Duty, et les enquêteurs tentent de déterminer comment Microsoft pourrait tirer parti de futurs titres non annoncés pour stimuler son activité de jeux, selon deux personnes ayant connaissance du dossier.
Si la FTC refuse l’accord, il s’agirait assurément d’un coup dur pour Microsoft et une action en justice antitrust signifierait que Microsoft devrait également se battre devant les tribunaux américains pour faire en sorte que le rachat puisse se faire. Si l’accord ne se fait pas, Microsoft devra verser 3 milliards de dollars à Activision en guise de compensation, les enjeux sont donc dans tous les cas assez colossaux.
Alors que l’accord a été approuvé par les autorités en Arabie saoudite et au Brésil, Microsoft s’attend à ce que la Serbie le valide sous peu et la Commission Européenne a lancé son enquête approfondie début novembre. Le verdict de l’Europe est attendu au plus tard en mars 2023, tout comme celui des autorités britanniques.