Microsoft x Activision : quand la transaction du siècle devient un pari sur l’avenir

«Les coulisses se dévoilent...» le 19 janvier 2022 @ 12:322022-01-19T13:51:30+01:00" - 0 réaction(s)

On pensait que l’intégration des studios Bethesda aux Xbox Game Studios était (à raison) un message fort envoyé à l’industrie vidéoludique. Puis l’on a vu encore tout récemment Take-Two s’emparer du géant Zynga pour une somme record. Tout cela, c’était avant que Microsoft n’achète Activision Blizzard : un accord de près de 70 milliards de dollars permettant à un géant d’en engloutir un autre ! Au-delà de cette annonce qui en aura surpris plus d’un, les coulisses commencent peu à peu à se dévoiler et à révéler les dessous d’une transaction unique en son genre qui devra faire face à certains défis.

Xbox voit le soleil, Activision dans le blizzard...

Le 18 janvier 2022 fera date dans l’histoire de l’industrie vidéoludique : il nous aura permis d’être témoins de la plus grosse transaction en cours entre deux institutions qui pèsent sur le marché vidéoludique.

Microsoft vient en effet d’annoncer son intention de racheter le groupe Activision Blizzard pour une somme record. Pour rappel, Activision fait partie des éditeurs de jeux vidéo les plus anciens du marché : fondée en 1979 par Jim Levy, la compagnie s’est lancée dans l’édition de jeux tiers pour des consoliers jusque-là habitués à développer eux-mêmes leurs propres franchises. Au fil des années, elle aura donné au jeu vidéo des titres marquants comme Pitfall, Guitar Hero, Skylanders, Destiny, Crash Bandicoot, Tony Hawk et, bien entendu, la saga Call of Duty qui reste son fer de lance. Au-delà de l’enthousiasme que les joueurs peuvent démontrer face à une potentielle arrivée de ces titres dans le Xbox Game Pass, le site Bloomberg préfère tempérer et évoque même un « pari  » pour Microsoft. Quitte ou double ?

Dans leur édito, les journalistes Dina Bass et Nate Lanxon rappellent immédiatement que cet accord propulserait subitement Microsoft comme le 3e éditeur de jeux vidéo au monde ! Absolument vertigineux alors que la société fête à peine ses 20 ans dans l’industrie du jeu sur console. Le PDG, Satya Nadella, avait d’ailleurs déclaré dans une note interne aux employés :

Le jeu a été la clé de Microsoft depuis nos débuts en tant qu’entreprise. Aujourd’hui, c’est la forme de divertissement la plus importante et qui connaît la croissance la plus rapide, et à mesure que les mondes numérique et physique se réuniront, elle jouera un rôle essentiel dans le développement des plateformes de métavers.

Seulement voilà. Intégrer les équipes des studios sous bannière Activision Blizzard, c’est également faire face à un terrible conflit qui oppose les salariés à leurs dirigeants. Nous couvrons l’affaire depuis plusieurs mois maintenant dans nos colonnes et celle-ci fait désormais l’objet d’une poursuite en justice. Le PDG, Bobby Kotick, serait personnellement impliqué dans les faits reprochés et n’est pas encore prêt à quitter le navire.

Sauver le soldat Activision ?

Le désormais PDG de Microsoft Gaming le disait encore la semaine passée : Xbox a « changé sa façon de faire certaines choses avec Activision », dit Phil Spencer. L’article de Bloomberg précise que Bobby Kotick n’était pas prêt à vendre à Microsoft l’entreprise qu’il dirige d’une main de fer depuis plus de 30 ans. Cependant, et du fait qu’il est au cœur de l’affaire interne de comportements toxiques, Bobby Kotick n’a plus l’influence nécessaire auprès des autres acteurs du marché pour espérer être racheté par une autre firme que celle de Redmond. Microsoft devra donc sortir indemne d’une situation qui s’enlise. Mais ce n’est pas tout.

Si l’on revient à l’activité principale d’Activision Blizzard, à savoir faire des jeux, un rapport mis en avant dans l’analyse de Bloomberg montre également que les ventes du dernier Call of Duty : Vanguard sont décevantes et que, dans le même ordre d’idée, les recherches internet ont chuté de 32 % au cours de l’année passée ! Une baisse constatée jusqu’à 44 % pour une autre franchise phare : World of Warcraft.

Enfin, l’intégration de la franchise Candy Crush, l’une des plus populaires sur mobile, sera également un pari pour Microsoft qui n’a jamais réussi à s’implanter sur le marché des téléphones portables, au point par exemple de fermer prochainement les serveurs de l’éphémère Forza Street.

L’intégration des studios Activision Blizzard est certainement bénéfique à Microsoft et aux consoles Xbox dans la mesure où elle permettra probablement de mettre en avant des franchises populaires auprès des joueuses et des joueurs.

Cependant, un deal de ce genre propulserait également Microsoft dans une place nouvelle, faisant de la société de Redmond une entité surpuissante qui devra composer avec de nouveaux défis. Le premier étant d’apaiser le conflit social et judiciaire qui règne, le second de relancer des franchises en perte de vitesse avant de se lancer concrètement dans le jeu mobile. L’année 2022 risque donc d’être chargée pour Phil Spencer.

Xbox Game Studios

Accueil > News