Xbox a « changé sa façon de faire certaines choses avec Activision », dit Phil Spencer

«Mais quoi ?» Tomchoucrewle 11 janvier 2022 @ 09:532022-01-11T09:53:23+01:002022-01-11T11:31:27+01:00" - 0 réaction(s)

Voilà bientôt un an que les affaires de harcèlement au sein d’Activision-Blizzard secouent le groupe présidé par Bobby Kotick. En novembre dernier, et suite à de nouvelles révélations accablantes, le patron de Xbox Phil Spencer disait « évaluer tous les aspects de notre relation avec Activision-Blizzard et procéder à des ajustements proactifs continus ». On ne savait pas ce dont il s’agissait exactement, mais la question lui a de nouveau été posée lors d’un entretien avec le New York Times.

Montrer son désaccord, mais aller dans la construction

Dans un message envoyé à ses équipes, Phil Spencer se disait « dérangé et profondément troublé par les événements et les actions horribles » qui sont rapportés dans la presse. « Ce type de comportement n’a pas sa place dans notre industrie », avait-il ajouté. De l’extérieur, difficile de comprendre les mesures qui ont pu être prises par Microsoft, mais il ne semble pourtant pas que Xbox ait pénalisé Activision, si l’on lit entre les lignes de ce qu’explique Phil Spencer aujourd’hui au New York Times.

Pour donner tout le contexte aux questions qui ont été posées, nous avons choisi de traduire l’entièreté du passage en question ci-dessous.

Kara Swisher : Call of Duty est devenu énorme en grande partie grâce à votre plate-forme en ligne, Xbox Live. Et vous avez dit à votre personnel que vous étiez, je cite, « profondément troublé par ces allégations », que vous étiez, je cite, « en train d’évaluer tous les aspects de la relation de Xbox avec Activision ». Qu’est-ce que cela signifiait, évaluer tous les aspects ? Et cela a-t-il abouti à une action ?

Phil Spencer : Le travail que nous faisons spécifiquement avec un partenaire comme Activision est quelque chose dont, évidemment, je ne vais pas parler publiquement. Nous avons changé notre façon de faire certaines choses avec eux, et ils en sont conscients. Mais moi aussi. Il ne s’agit pas, pour nous en tant que Xbox, de faire honte à d’autres entreprises. L’histoire de Xbox n’est pas non plus toute rose.

Kara Swisher : Non. Je pense que chez Xbox, il y a eu un problème à la Game Developers Conference où des femmes ont été embauchées pour danser sur des plateformes.

Phil Spencer : Et je n’ai aucun problème à évoquer publiquement ce moment de danse à la GDC. Ce fut un moment douloureux dans notre histoire chez Xbox. Certaines des choses qui me rendent fier, c’est la façon dont nous en sommes sortis. Le travail que nous avons fait en équipe, je crois que nous sommes plus forts maintenant grâce à cet événement, pas que je choisirais de répéter cet événement si j’en avais le choix.

J’aime le fait que ma propre équipe était l’une des voix les plus fortes sur les réseaux sociaux pour dire que ce n’était pas bien. Et puis le travail que l’équipe a fait pour en sortir et dire que ce moment ne définira pas ce que signifie Xbox, mais sera plutôt un catalyseur pour que nous soyons meilleurs et que nous grandissions. Et honnêtement, j’utilise la plus grande partie de mon énergie pour tout ça. Et n’importe lequel des partenaires qui existent, si je peux apprendre d’eux ou si je peux contribuer au chemin que nous avons fait avec Xbox en partageant ce que nous avons fait et ce que nous avons construit, je préférerais de loin faire cela que de se lancer dans n’importe quelle sorte de remue-ménage avec d’autres entreprises qui existent.

Kara Swisher : Donc, remuer les choses ne fonctionne pas ? Je ne comprends pas bien ce que vous voulez dire par évaluer tous les aspects avec Activision. Que faites-vous lorsque vous avez un partenaire comme celui-ci ? Parce que ce n’est pas une chose anodine. Une employée a déclaré avoir été violée à plusieurs reprises par un superviseur masculin. Une autre se serait suicidée après qu’une photo de ses parties intimes eut circulé lors d’une fête d’entreprise. Cela va loin. Maintenant, que faites-vous lorsque vous rencontrez un problème comme celui-ci dans l’industrie du jeu ?

Phil Spencer : Eh bien, je pense que la première chose que nous devons pouvoir faire, c’est que les gens aient l’impression qu’ils peuvent signaler et parler librement de ce qui se passe. Il s’agit, comme je l’ai dit, de la sécurité des personnes. Et j’en ai davantage la capacité avec ma propre équipe. Mais je dirai simplement qu’en général, avoir des lignes de communication ouvertes où les gens peuvent rendre compte de leur expérience vécue dans nos équipes, ça doit être vraiment un point majeur. Et pour y arriver, c’est un effort culturel pour savoir comment construire cette confiance pour que les gens aient l’impression, lorsqu’ils dénoncent, lorsqu’ils lèvent la main sur des sujets en cours, qu’ils ne subiront pas de répression. Au contraire, ils verront l’action. Pour ce qui est du travail que nous faisons avec d’autres entreprises, encore une fois, je préférerais aider d’autres entreprises plutôt que d’essayer de les punir. Je ne pense pas que mon travail consiste à punir d’autres entreprises.

Nous n’en saurons donc pas beaucoup plus quant aux mesures qu’a pu prendre Xbox avec Activision sur les sujets de harcèlement, viol, et autres comportements liés chez Activision. La journaliste Kara Swisher a tout de même demandé ce qu’il y aurait de mal à punir Activision d’une certaine façon, d’autant plus lorsque les faits reprochés concernent aussi le PDG de la société. Mais Phil Spencer n’ira pas plus loin, et indique que ce n’est pas à Xbox de juger qui doit être PDG puisque « les PDG sont choisis par les actionnaires et les conseils d’administration ».

On comprend bien ici que Phil Spencer ne souhaite pas créer de froid avec Activision, mais plutôt travailler pour que les choses s’améliorent pour tout le monde. Se froisser avec l’un des plus gros éditeurs mondiaux n’est évidemment pas une bonne chose pour le business et ce genre d’événement se règle plutôt en coulisses.