Harcèlement chez Activision Blizzard : le Président de Blizzard s’en va

«Une culture masculine néfaste» le 3 août 2021 @ 15:152021-08-03T15:18:17+02:00" - 0 réaction(s)

Activision Blizzard fait actuellement l’objet de poursuites de la part du Département Californien de Contrôle de l’Emploi et du Logement. Certains employés en profitent pour dénoncer des faits graves intervenus ces dernières années au sein de la société et un mouvement général commence à s’organiser. Aujourd’hui, c’est le président de Blizzard, J. Allen Brack, qui quitte l’entreprise.

Une présidence remplacée par un duo de co-leaders

La situation tendue chez Activision Blizzard ces derniers jours aura eu le mérite de faire éclater au grand jour des pratiques indignes, et notamment du côté de chez Blizzard. Après plusieurs mouvements et de nombreux relais dans les médias, c’est le président de Blizzard, J. Allen Brack, qui quitte l’entreprise.

La lettre ouverte signée par plusieurs centaines d’employés réclamaient des changements significatifs au sein de l’entreprise afin d’éradiquer une bonne fois pour toute le sexisme, la discrimination et le harcèlement.

Difficile de ne pas y voir un rapport de cause à effet dans l’annonce d’aujourd’hui mais officiellement, J. Allen Brack, quitte la direction de Blizzard pour suivre de nouvelles opportunités. Il est désormais remplacé par un duo de « co-leaders », celui de Jen Oneal et Mike Ybarra.

La première a rejoint Blizzard en janvier en tant que Vice-Présidente du développement et a occupé ces dernières années divers postes chez Activision, notamment sur les franchises Diablo et Overwatch. Elle a également été à la tête du studio Vicarious Visions qui fait partie depuis de la famille Blizzard.

Le second, Mike Ybarra, est peut-être un nom qui vous est davantage familier puisqu’il a occupé différentes postes clés chez Microsoft et Xbox. Il avait quitté Xbox pour Blizzard en 2019 pour le poste de Vice Président exécutif où il a notamment supervisé l’évolution de Battle.net et de l’organisation de services de développement.

Ce départ du président remplacé par un duo de co-leaders signifie qu’Activision commence à prendre de réelles mesures pour instaurer un climat plus sain dans la société. Cela se reflète également dans le communiqué officiel publié par Blizzard.

Les deux dirigeants sont profondément engagés envers tous nos employés à l’avenir pour faire en sorte que Blizzard soit le lieu de travail le plus sûr et le plus accueillant possible pour les femmes et les personnes de tout sexe, origine ethnique, orientation sexuelle ou origine ; défendre et renforcer nos valeurs ; et à regagner votre confiance. Avec leurs nombreuses années d’expérience dans l’industrie et leur engagement profond envers l’intégrité et l’inclusivité, Jen et Mike dirigeront Blizzard avec soin, compassion et dévouement à l’excellence.

Une grève et une lettre de plus en plus signée

Suite au retentissement de l’affaire des harcèlement qui a éclaté sur différents médias dans le monde fin juillet, dont Xboxygen, les employés d’Activision souhaitaient prendre leur destin en main.

Comme le rapportait Polygon, certains employés n’ont pas travaillé le mercredi 28 juillet pour protester contre une réponse « odieuse et insultante » de la direction de l’entreprise à un procès qui a révélé de graves allégations de sexisme et de harcèlement. Plus de 2600 actuels ou anciens employés de la société avaient alors signé une lettre qui réclamait que des corrections immédiates et nécessaires soient prises « au plus haut niveau de notre organisation ».

Les dirigeants de notre entreprise ont affirmé que des mesures seraient prises pour nous protéger, mais face aux poursuites judiciaires – et aux réponses officielles troublantes qui ont suivi – nous ne croyons plus que nos dirigeants placeront la sécurité des employés au-dessus de leurs propres intérêts. Prétendre qu’il s’agit d’un « procès vraiment sans fondement et irresponsable », tout en voyant autant d’employés actuels et anciens parler de leurs propres expériences en matière de harcèlement et d’abus, est tout simplement inacceptable.

La lettre réclamait notamment la démission de Frances Townsend, Executive Vice President chez Activision Blizzard « en raison de la nature préjudiciable de sa déclaration ».

Nous ne serons pas réduits au silence, nous ne resterons pas à l’écart et nous n’abandonnerons pas tant que l’entreprise que nous aimons ne sera pas un lieu de travail dont nous pourrons tous être fiers de faire partie à nouveau. Nous serons le changement.

Dans une réponse apportée à Polygon, les organisateurs de cette protestation précisaient : « Nous pensons que nos valeurs en tant qu’employés ne sont pas reflétées avec précision dans les paroles et les actions de nos dirigeants » et souhaitent que les dirigeants « améliorent les conditions des employés de l’entreprise, en particulier des femmes, et en particulier des femmes de couleur et des femmes transgenres, des personnes non binaires et d’autres groupes marginalisés ».

Il était aussi demandé à Activision de créer de nouveaux processus d’embauche et de promotion inclusifs, de publier un rapport sur les répartitions salariales pour garantir que les groupes marginalisés soient équitablement rémunérés ainsi que la réalisation d’un audit externe pour auditer « La structure hiérarchique, le service des ressources humaines et le personnel de direction de [Activision Blizzard King ».

Comme le rappelle Polygon, ce type de mouvement est très rare dans l’industrie du jeu vidéo et si vous êtes un employé concerné chez Activision, vous avez pu utiliser le hashtag #ActiBlizzWalkout pour signaler votre protestation.

De graves reproches à Activision Blizzard

Comme l’a rapporté Bloomberg, la société a fait l’objet d’une enquête de deux ans menée par l’agence d’État, et les résutats évoquent des discriminations à l’égard des employées en termes de conditions d’emploi, notamment en matière de rémunération, d’affectation, de promotion et de licenciement.

Cette affaire arrive un an après des signalements de cas de harcèlement chez Ubisoft qui ont conduit la société française à prendre des mesures contre certains de ses employés.

Selon le document de 30 pages, la direction d’Activision Blizzard n’aurait systématiquement pas pris de mesures pour prévenir la discrimination, le harcèlement et les représailles.

Selon la plainte, déposée mardi devant la Cour supérieure de Los Angeles, les employées femmes représentent environ 20 % de la main-d’œuvre d’Activision et sont soumises à une « culture masculine fraternelle » (frat boy culture, an anglais) omniprésente sur le lieu de travail, y compris des « crawls cubes », dans lesquels les employés masculins « boivent de grandes quantités d’alcool en rampant dans différentes cabines au bureau et adoptent souvent un comportement inapproprié envers les employées ».

Des blagues sexuelles et sur le viol sont évoquées, ainsi que des femmes éjectées des salles d’allaitement afin que leurs collègues masculins puissent utiliser la salle pour des réunions. Bien plus grave, la plainte évoque le suicide d’une employée lors d’un voyage d’entreprise avec son superviseur masculin. L’employée avait été victime d’un harcèlement sexuel intense avant sa mort, notamment via la circulation de photos nues lors d’une fête d’entreprise.

Les langues se délient

Sur Twitter, de nombreux témoignages d’employés d’Activision Blizzard arrivent actuellement suite au dévoilement de l’affaire. En voici quelques-uns.

  • Meggan Scavio évoque une nuit où un supérieur l’appelait « salope » en lui rétorquant « tu sais qui je suis ? ».
  • Stephanie Krutsick confirme avoir été harcelée par Alex Afrasiabi, ancien directeur créatif de World of Warcraft, durant la Blizzcon en 2013. Le document mentionne que l’homme était tellement connu pour ce genre de fait que sa suite avait été baptisée « Cosby Suite », en référence à l’acteur et violeur Bill Cosby.
  • Alex Ackerman, actuellement en poste à Respawn Entertainment, indique avoir quitté Blizzard après que son patron l’ait « tellement allumé que ses cheveux ont commencé à tomber. »
  • Kayla Glover indique qu’elle pourrait encore ajouter de nombreuses choses issues de ses propres expériences, mais précise que « même s’il y a des personnes odieuses qui ont contribué à cela, il y avait aussi des défenseurs qui ont toujours essayé de faire de bonnes choses ».
  • Cher Scarlett dit qu’elle aurait du mal à trouver quelqu’un qui n’ait pas été témoin de relations sexuelles dans les salles de jeux, de cocaïne dans les salles de bain lors d’un cube crawl ou une femme qui n’ait pas été harcelée sexuellement au moins une fois. Elle précise que durant sa seule année chez Activision Blizzard, elle a pu être témoin de toutes les allégations présentes dans le document de la DFEH.
  • Joshua Ehlers évoque de son côté la réticence de certains hommes à participer à des sessions destinées à lutter contre les comportements inappropriés ou irrespectueux, et leur tendance à rire de certaines situations qui y étaient évoquées. Il ajoute que les faits étaient reportés, mais que ces personnes n’étaient finalement pas inquiétées.

Contacté par Bloomberg, Activision Blizzard a tenu à apporter sa version des faits, largement dénoncée ensuite par les employés de la société.

« Nous valorisons la diversité et nous nous efforçons de favoriser un lieu de travail qui offre l’inclusivité pour tous. Il n’y a pas de place dans notre entreprise ou notre industrie, ou dans aucune industrie, pour une inconduite sexuelle ou un harcèlement de quelque nature que ce soit. Nous prenons chaque allégation au sérieux et enquêtons sur toutes les réclamations. Dans les cas liés à une inconduite, des mesures ont été prises pour résoudre le problème. »

Selon Activision, le DFEH (Department of Fair Employment and Housing) dépeint « des descriptions déformées et fausses dans de nombreux cas, du passé de Blizzard ». L’entreprise indique avoir coopéré avec le DFEH tout au long de son enquête.

Call of Duty : Vanguard

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Call of Duty : Vanguard

Genre : FPS

Éditeur : Activision

Développeur : Sledgehammer

Date de sortie : 05/11/2021

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 4, PC Windows