Test - Monster Truck Championship - Sport d’esbroufe mais jeu pas ouf

«It doesn’t eat monsters for breakfast» , - 0 réaction(s)

La vie est souvent faite de découvertes. Un nouveau titre sur les Monster Trucks à tester ? Pourquoi pas, allons-y, mais ne mentons pas : connaissance et expérience de votre serviteur sur le sujet proches du néant. Seul un vieux souvenir nous rappelle ces étranges véhicules immenses et impressionnants, surtout dans les yeux d’un enfant. Aucune comparaison n’est possible avec des jeux antérieurs sur le sujet. Les fans de la discipline sont prévenus, les lignes qui suivent sont celles d’un noob intrigué par la proposition du studio Teyon et curieux de découvrir cet univers. Edité par Nacon, Monster Truck Championship se proclame ni plus ni moins “la première simulation de Monster Truck”. Amenez-nous l’escabeau, montons dans la bête et chauffons le moteur. Let’s go !

C’est quoi ce Truck ?

D’aucuns ont connu la joie d’assister à un événement Monster Truck près de chez eux. En France, le spectacle se veut modeste. Après une journée de chasse, Tonton Jacky vous a peut-être emmené un dimanche soir dans une arène montée à la va-vite sur un terrain vague par Roger et son équipe, alias Johnny Spartacus and the Gladiators. L’endroit, occupé la semaine précédente par les trois chamelles anorexiques et le tigre boiteux du cirque d’un énième fils Zavatta, a laissé place aux vieilles bagnoles négociées une bouchée de pain chez Nunez Casse-auto. Faut le dire, le destin de ces dernières est funeste. Lors du clou du spectacle, elles se font broyer par des monstres de puissance de 500 chevaux aux roues géantes sous les acclamations de dizaines de spectateurs. Une merguez-frites, quelques bières, une sono qui envoie du bon vieux rock, quelques animations pyrotechniques, des moteurs vrombissants et de la tôle froissée, que demander de plus ? Assurément l’un des spectacles de l’année pour une sous-préfecture.

C’est la fête à Charleston !

Au pays de l’oncle Sam, c’est une tout autre histoire. L’Amérique profonde adore le Monster Truck. C’est son royaume. Là-bas, tout est dans la démesure : la tribune brinquebalante est remplacée par un stade géant, la merguez par le quintuple cheeseburger et les 500 chevaux sont multipliés par 3. On vient de loin pour assister aux spectacles, en famille, le golden dans la remorque du pick-up, la bible, le colt et quelques tracts “Vote Trump” dans la boîte à gants. Le show se déroule souvent en différentes épreuves : la drag race qui consiste en un duel départ arrêté sur deux pistes symétriques, les skills pour montrer la maîtrise du pilote en douceur, le freestyle où l’on cumule des points via des combos de figures puis de la destruction afin de défoncer son bolide et tout ce qui se trouve sur son passage pour la plus grande joie du public. Quelques vidéos pour apprécier le spectacle et prendre des repères. Quelques lectures pour enrichir ses connaissances et découvrir la discipline et ses légendes : Tom Meents au volant de “Maximum Destruction” et la famille Anderson du patriarche Dennis qui brille avec les nombreuses itérations de “Grave Digger”. Entrer dans l’univers du Monster Truck, c’est embrasser une part de la culture populaire américaine. C’est ce que nous propose les … polonais, du studio Teyon. Pourquoi pas, la magie peut opérer, certains de leurs compatriotes nous ont bien ensorcelés récemment.

Le monstre se dompte trop facilement

Le jeu enfin lancé, un petit tour par le traditionnel didacticiel s’impose afin de tester le bolide. La bête est si majestueuse qu’elle mérite d’être respectée et appréhendée. La surprise est totale quand une demi-heure plus tard toutes les figures possibles ont été exécutées assez aisément, même si le Truck a connu quelques retournements sur le toit. Du sang Redneck bien caché circule peut-être dans nos veines. Chaud bouillant, on regarde les possibilités du mode solo : carrière, course simple, contre-la-montre, drag race, freestyle et destruction. Va pour une course. Première déception, 7 environnements seulement sont proposés, dont un via le DLC. Charleston, Salt Lake, ça sent bon le terroir. Chaque circuit est paramétrable jusqu’à dix tours et sept adversaires maximum. Trois tours par défaut, c’est parti pour Kilgore, le circuit Texan.

Woody apprécie le spectacle

Sur la ligne de départ, un cowboy géant salue les participants. Les gradins sont bien remplis. L’ambiance est bien retranscrite. 3, 2, 1, go. Le départ est chaotique. Les carrosseries se frottent, des débris volent déjà. Bonne nouvelle, la physique des véhicules semble fidèlement retranscrite. Sur chaque bosse (et elles sont nombreuses) on ressent le poids des monstres qui écrase les suspensions lors des atterrissages, bien accompagnés par des sons sourds immersifs. Une certaine inertie des véhicules oblige à “lutter” pour garder la trajectoire dans les virages, les drifts et les poussettes des adversaires accentuent les difficultés. Dans la mêlée, le plaisir est intense.

Mode Extrême obligatoire pour un peu de suspense

Malheureusement, on finit par maîtriser facilement le bolide et le fun disparaît au fil des courses quand on commence à distancer ses adversaires avant la fin ... du premier tour. Avec l’expérience, en mode facile on rejoint les retardataires avant de terminer la course. C’est très fâcheux quand celle-ci se déroule sur 3 ou 4 tours. La lassitude l’emportant, on tente directement le mode Extrême pour évaluer l’amplitude de difficulté envisagée par les développeurs. ABS absent, importance des dégâts, transmission manuelle et réinitialisations en courses désactivées, le challenge semble aguichant. On vous rassure, les courses redeviennent d’un coup plus acharnées. Mais une fois de plus, avec l’expérience accumulée et la connaissance des quelques tracés du jeu, si la victoire n’est plus automatique, une place sur le podium reste néanmoins une formalité. Vraiment dommage car certains tracés comme celui de Salt Lake sont inspirés, techniques et intéressants à parcourir.

Une diversité d’épreuves rafraîchissante

En testant le “drag race”, c’est une épreuve par élimination directe qui vous attend. Avec toujours 7 adversaires inscrits dans l’épreuve, 3 victoires consécutives sont nécessaires pour la remporter. Les 7 tracés symétriques proposés par le jeu sont très courts et se parcourent souvent en une vingtaine de secondes. Certains sont techniques et très fun. Mais encore une fois, la difficulté n’est pas au rendez-vous sauf en mode extrême. Dans ces conditions, la moindre erreur se paie cash, si tant est que l’on en fasse, ce qui est assez rare.

Les Gipsy Kings vont porter plainte

Enfin, les épreuves de destruction et de freestyle passionneront les amateurs de scoring et les joueurs créatifs. Si, globalement, l’objectif est d’engranger le plus de points en enchaînant les combos de figures dans un temps limité, la destruction ajoute des carcasses de bus, voitures et caravanes à défoncer sur votre chemin. Ce sont dans ces 2 modes de jeu que vous profiterez au maximum de la physique de votre Monster Truck. Backflip, sidewall, salto et donut deviendront des noms familiers. Parmi eux, un seul est à redouter, le fameux endo qui signifie la fin prématurée de votre prestation. Il faut un peu de temps avant de maîtriser certains enchaînements mais on finit par trouver quelques combos très (trop) efficaces qui garantissent un score élevé.

La vue interne est sympa en course

Quatre vues sont jouables : deux derrière le véhicule, une en interne et la dernière au ras du sol. Toutes sont agréables en course mais en freestyle ou destruction, le confort des deux vues externes est un vrai plus pour mieux appréhender le terrain et maîtriser les enchaînements de figures.

Une réalisation qui ne casse pas des briques

Au fil des épreuves, certains choix de gameplay se dévoilent et apparaissent surprenants, surtout quand le marketing insiste fièrement sur l’aspect simulation du titre. Dans aucun mode de difficulté il n’est possible de casser véritablement son Monster Truck. La gestion des dégâts est globalement ratée, surtout pendant les courses. Sur cet aspect, la comparaison avec Wreckfest fait particulièrement mal. Vous pouvez vérifier l’état de votre véhicule dans le coin gauche en bas et même avec 3 roues et un moteur dans le rouge, vous ne serez finalement que “ralenti”. La boîte de vitesses est fichue, pas de panique, le petit bruit de craquement lors des passages de rapports ne vous empêchera pas de remporter la course. C’est seulement dans les modes destruction et freestyle que vous subissez réellement les dégâts, certaines figures deviennent difficiles à réaliser une fois le monstre amoché. Toutefois, aucune roue ne se détachera et aucune suspension ne se pliera, contrairement à ce qui se passe dans les vrais shows.

Les contacts apportent du fun

Autre choix déroutant des développeurs lors des courses, il est impossible de retourner son Monster Truck. Au départ, nous avons cru à un concours de circonstances, puis dans le doute, nous avons tout essayé pour réussir cette prouesse, pourtant si facile à exécuter en freestyle. Rien à espérer, tout est fait pour que vous finissiez la course. L’aspect simulation en prend vraiment un coup. De plus, si la boue salit votre véhicule, aucune déformation des pistes n’est à signaler malgré la puissance et la masse des Monster Trucks.

Pas la meilleure des positions

Techniquement, le jeu accuse de faiblesses criantes. Le choix de prioriser un framerate convenable était le bon choix mais l’expérience pâtit en retour d’un clipping effrayant lors des courses qui perturberont beaucoup de joueurs. Ce défaut est heureusement moins présent lors des épreuves de destruction et de freestyle où l’on performe dans l’arène en solitaire.

Ceux qui ne jurent que par le volant et le pédalier seront déçus. Si la possibilité de leur utilisation est bien évidemment présente, les réglages par défaut sont catastrophiques et un temps certain sera nécessaire pour espérer trouver un réglage adéquat. Osons le dire, le jeu est fait pour être joué à la manette, même si on aurait espéré de meilleures sensations dans les vibrations.

Les environnements sont pauvres

Enfin graphiquement, les textures sont en retard d’une génération, voire de deux dans un mois avec l’arrivée des nouvelles consoles. Vous avez compris, ça ne sert à rien de s’acharner, Monster Truck Championship correspond exactement à ce que l’on pouvait redouter d’un jeu A.

La carrière au coeur d’une expérience courte

La carrière représente le mode phare et chronophage du titre. Trois ligues comportant chacune dix événements dont une finale vous attendent de pied ferme. Chaque événement sera une composition de plusieurs épreuves de types différents parmi ceux déjà présentés. Comme tout mode carrière classique, les événements se débloquent au fil de vos résultats précédents. Toutefois, pour remporter une ligue et changer de division, il faut impérativement gagner la finale.

Accomplir les défis des sponsors rapportent gros

Pour grimper plus facilement les échelons, vous pouvez compter moyennant finance sur des améliorations techniques et mécaniques de votre Monster Truck et embaucher des spécialistes pour étoffer votre staff et vous apporter des bonus. L’argent est le nerf de la guerre et se gagne selon votre position au classement des événements ou en réussissant des défis de sponsors. La customisation de votre bébé motorisé est également encouragée avec, entre autres, de nombreux types de carrosseries, de peintures ou de livrées.

Rien de révolutionnaire, la carrière remplit son rôle pour une quinzaine d’heures en mode extrême et moins de dix en facile. Attention, il est impossible de changer la difficulté une fois la carrière lancée ; il faudra la réinitialiser. Ne vous attendez surtout pas à un scénario ou une cinématique, ici c’est rustique messieurs dames. Pourtant, on prend vraiment plaisir à la parcourir grâce à la variété des épreuves. Passer d’une course à une épreuve de freestyle en effectuant un détour par un drag race permet de renouveler l’intérêt via le syndrôme “encore une”. Enfin, un mode multijoueur en ligne est proposé mais n’a pu être testé à l’heure actuelle.

Le coin des chasseurs : Monster Truck Championship propose 25 succès pour un total de 1000G. En mode facile, vous êtes assuré de récolter plus de 600G en moins de dix heures.

Bilan

On a aimé :
  • Une maniabilité à la manette agréable et fun
  • Une diversité des épreuves bienvenue
  • Conduire un Monster Truck change des autres caisses
  • Une physique limitée mais bien présente
  • Quelques tracés marquants
On n’a pas aimé :
  • Un moteur graphique et technique de Xbox 360
  • Le manque de contenu et de tracés
  • La difficulté quasi inexistante, même en extrême
  • Un réglage des volants catastrophique
Plus Monster Munch que Monster Truck

Les voix du marketing sont souvent impénétrables. Monster Truck Championship mérite plutôt d’être qualifié de “première simulation de simulation de Monster Truck”. En effet, c’est plutôt un jeu d’arcade qui possède un peu de physique. Et sur cet aspect, oui le titre est amusant et on a envie d’enchaîner les épreuves pour aller au bout de ce qu’il peut nous offrir. Malheureusement, l’expérience ne dépassera jamais les 20 heures, la faute à un contenu famélique et une absence de difficulté. MTC reste néanmoins un jeu idéal pour ceux qui souhaitent découvrir la discipline et la culture du Monster Truck. Un plaisir coupable à se procurer en soldes.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Monster Truck Championship

PEGI 0

Genre : Courses

Éditeur : Nacon

Développeur : Teyon

Date de sortie : 15/10/20

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch