Test - Nocturnal - Quand le passé s’enflamme

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Nocturnal est le dernier jeu du studio indépendant suisse Sunnyside Games. Ce dernier n’est certes pas grand, mais il est vaillant. Et dans le brouillard qui baigne sa dernière production, brillent de mille feux les flammes d’un ardent Phénix aux accents nostalgiques...

Le Prince de Nahran

Le premier contact avec Nocturnal est rafraîchissant. Outre sa scène d’introduction fleurant bon la bande dessinée à la française et disposant d’une patte artistique fort appréciable, c’est bel et bien une fois la partie lancée que le titre dévoile tout ce qu’il a sous le capot.

Nocturnal nous place donc dans la peau d’Ardeshir, un soldat revenant sur son île natale après un long périple en mer. Là où il pensait retrouver la quiétude de son foyer, ce dernier le découvre au contraire ravagé par un singulier brouillard et envahi de sinistres créatures.

Ardeshir n’a donc d’autre choix que de brandir sa lame pour sauver les siens, retrouver sa sœur Arsia et endiguer l’invasion de sa terre.

Prendre en main Nocturnal... ressemble à une plongée dans le passé et fera vibrer la corde nostalgique de bon nombre de joueurs. Non pas dans ses mécaniques ni sa narration, mais bel et bien de par son ambiance.

Bien que le titre n’y fasse jamais référence, il y a comme une douce mélodie qui s’empare de nous dès lors que l’on foule les différents environnements qui composent le jeu.

Entre sa bande-son lancinante, ses ennemis désincarnés, l’utilisation du feu comme seule solution pour les vaincre, l’atmosphère qui se dégage de l’ensemble de l’œuvre... comment ne pas songer immédiatement à la légendaire saga Prince of Persia ?

Certes, rien n’est explicite dans cet hommage voilé, mais les ressemblances entre les titres ne laissent guère de place au doute.

Nocturnal est une expérience à la fois poétique et mélancolique, une plongée dans une quête rédemptrice et vengeresse au lyrisme rare, une œuvre qui touche, émeut et marque indubitablement.

Pourtant, il faut avouer que d’un point de vue purement vidéoludique, le titre de Sunnyside Games souffre de défauts qui lui nuisent et le premier d’entre eux concerne justement la narration.

Les développeurs ont, en effet, fait le choix de nous lancer directement dans l’action, sans prendre le temps de poser les bases du synopsis. Certes, ce dernier se dévoile petit à petit au cours des quelque cinq heures que dure l’aventure, mais il aurait été intéressant de nous offrir un contexte plus clair pour mieux nous immerger dans son univers.

Il est certes particulièrement agréable de découvrir enfin une œuvre qui ne prend pas le joueur pour un idiot, qui ne cherche pas à masquer la vacuité de son intrigue par des clichés éculés et un lore trop agressif. Nocturnal dispose d’une histoire riche, puissante et originale. Et c’est avant tout au gré des pérégrinations du joueur que cette dernière se dévoile, notamment via la rencontre de certains PNJ ou la découverte de lettres.

Pour ce second point justement, il faut garder à l’esprit que ces passages sont dissimulés et nécessitent souvent de réussir une action quelque peu complexe avant d’explorer les chemins alternatifs ou dissimulés présents dans Nocturnal.

Là encore, nous ne pouvons que nous désoler du choix de mettre l’approfondissement du lore comme une récompense, là où l’intrigue devrait être plus explicite... mais, paradoxalement, ces dernières sont si bien écrites et prenantes qu’en manquer ne serait-ce qu’une seule donne irrémédiablement envie de recommencer le titre afin de découvrir toutes les subtilités de l’histoire.

Cependant, nous ne pouvons nous départir de l’idée que cette conception singulière de la narration risque de lui porter préjudice à une époque où, dans le médium, tout est pré-mâché. Rares sont les titres qui osent tenter cette approche, à moins de baser entièrement leur concept sur cette idée de mise en scène.

La maîtrise de l’imperfection

Mais après avoir passé un long moment à encenser les qualités narratives du titre, demeure une question : qu’est donc Nocturnal ?

Le jeu se présente sous la forme d’un jeu d’action-plateformes en scrolling horizontal, soit une succession de niveaux linéaires nous proposant un habile mélange entre combats, plateforme et énigmes.

Si la progression est fluide et ne souffre pratiquement d’aucun temps de chargement, il est indéniable que nous sommes face à un titre regorgeant d’excellentes idées, réalisé avec passion, mais qui manque parfois de quelques mécaniques pour rivaliser avec les plus grands.

Ainsi, le principal écueil que nous avons à l’encontre du jeu est qu’il oublie de nous enseigner ses bases. Ne disposant que de très peu de tutoriels, la première heure peut être déconcertante et les combats déroutants.

À l’instar des Sables du temps, deux types d’ennemis se présentent à nous lors de notre aventure : les humains, qu’il faut éliminer de la manière la plus simple possible, et les ombres. Ces dernières ne peuvent être vaincues qu’en enflammant préalablement notre épée. Dans le cas contraire, nos attaques ne leur infligent aucun dégât.

Certes, l’apprentissage de cette mécanique se fait naturellement à travers la mise en scène et non par le biais d’un tutoriel, mais notre habitude de ce genre de production nous pousse initialement à rechercher la touche de garde, à comprendre le système de combos et à acquérir les différentes attaques disponibles.

Ce n’est qu’à la suite d’une première défaite que nous comprendrons que le système de combat repose sur une succession d’attaques et d’esquives, le titre ne proposant aucune possibilité de garde.

Il est donc nécessaire d’esquiver chaque coup pour espérer s’en sortir, d’autant plus que Nocturnal peut se révéler assez difficile pour ceux qui ne prennent pas le temps de bien le comprendre.

En effet, nous apprenons rapidement qu’il est possible de dévier les attaques à distance en donnant un coup d’épée au bon moment. Cependant, lorsque l’ennemi attaque, son arme scintille de la même manière, nous laissant penser qu’il est également possible de contrer leurs coups. Une fois de plus, ce n’est qu’à travers de nombreux essais que nous découvrons que ce n’est pas le cas, qu’il s’agit en réalité d’une indication pour nous permettre d’esquiver plus aisément.

Ce manque de clarté dans les principales mécaniques de combat se révèle d’autant plus préjudiciable que le jeu est court et, par conséquent, ne laisse guère de temps pour un apprentissage régulier. La courbe de difficulté croît rapidement, nous incitant à les maîtriser rapidement.

Cependant, nous ne sommes pas non plus face à un jeu du type « die & retry ». Généreux en termes de points de passage, Nocturnal ne se montre jamais punitif et nous permet de reprendre librement à l’endroit de notre mort, ou tout près de là.

Comme mentionné précédemment, le concept du jeu repose entièrement sur la dualité entre la lumière (représentée par le feu) et les ténèbres. Et cette sinistre brume qui envahit l’île joue également un rôle central dans le gameplay lors des phases de plateforme.

Certains passages se déroulent en effet dans l’ombre. Pour les traverser, Ardeshir doit enflammer son arme (comme pour combattre les créatures, en effet). Ainsi illuminé, il doit se précipiter tout en allumant des torches présentes sur son chemin afin d’éviter que la lumière ne s’éteigne.

L’idée est excellente et apporte une forme de tension à ces passages parfois difficiles, car une jauge de luminescence apparaît en bas de l’écran. Une fois celle-ci vide, notre héros se retrouve plongé dans les ténèbres et incapable de combattre. Une seconde jauge fait alors son apparition, indiquant le temps qu’il lui reste à vivre avant qu’Ardeshir ne soit totalement consumé par la brume.

Il n’est pas rare de mourir, car le timing requis lors de certains passages est serré. Cependant, le jeu ne nous prend jamais au dépourvu. Lorsqu’une mécanique précise est nécessaire lors d’une séquence de parkour, elle nous est enseignée et/ou rappelée de manière intuitive à travers la mise en scène.

Heureusement, pour nous aider dans notre progression, Ardeshir peut régulièrement débloquer des compétences via un arbre dédié en dépensant les points durement glanés au gré des combats ou en brisant des jarres.

D’une aide inestimable, nous réalisons rapidement que manquer de fuir le moindre combat ou oublier de briser un élément peut nous porter préjudice et rendre le titre bien plus complexe. En revanche, prendre des risques ou réussir rapidement une séquence de plateforme nous octroie des bonus significatifs.

La problématique avec cette idée est donc logique : plus le joueur est bon, plus le jeu sera simple... tandis que s’il a des difficultés, il sera pénalisé. Certes, ce système est conçu pour récompenser ceux qui parviennent à maîtriser le titre, mais les conséquences semblent malheureusement bien trop lourdes.

Parmi les bonus déblocables, on peut ainsi se soigner, augmenter ses points de vie, garder sa lame enflammée plus longtemps ou encore bénéficier d’un boost de vitesse.

Il peut être particulièrement frustrant de découvrir une statue de Phoenix (l’endroit où il est possible de débloquer ces fameuses compétences) sans avoir suffisamment de points pour cela, comme si nous étions passés à côté de quelque chose ou avions mal joué.

Musicalement inspiré

La composition sonore de ce Nocturnal est à l’image du reste : une grande réussite. Que ce soit en termes de bruitages ou d’ambiance musicale, le travail effectué par Paul Darbot ajoute un côté mystique.

La bande son de Nocturnal parvient sans peine à nous immerger dans ses ambiances aux inspirations à la fois orientales et orchestrales, ajoutant une touche bienvenue de vie et de richesse au reste du titre.

KieferO pour Xboxygen a eu l’opportunité d’interviewer le compositeur. Nous vous laissons donc découvrir cet entretien ici.

Testé sur Xbox Series S

Bilan

On a aimé :
  • Une ambiance incroyable
  • Une inspiration très nostalgique
  • D’excellentes idées de gameplay
  • Foisonnant d’idées
On n’a pas aimé :
  • Manque de tutoriels
  • Quelques mécaniques difficiles à appréhender
  • La narration comme récompense
Court, mais intense

Tout au long de ce test, nous n’avons eu de cesse de pointer du doigt les quelques coquilles présentes dans Nocturnal. Mais qu’on ne s’y trompe pas, si le jeu n’est pas parfait, il se place d’emblée comme l’une des perles de la scène indépendante, un titre d’exception aussi bon dans sa forme que dans son fond. Un véritable coup de cœur à côté duquel il ne faut surtout pas passer.

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Nocturnal

Genre : Aventure/Plates-Formes

Développeur : SunnySide Games

Éditeur : Dear Villagers

Date de sortie : 07/06/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, PlayStation 5, PC Windows