Test - Sword of the Vagrant - Vanille ou Chocolat ?

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Disponible sur PC depuis 2018, The Vagrant, développé par O.T.K Games avait bénéficié d’un certain succès en proposant une aventure plutôt courte mais intense dans un pur style metroidvania. L’inspiration visuelle des productions de Vanillaware n’avait échappé à personne, ce qui représente quand même un sacré compliment, car les deux studios ne jouent clairement pas dans la même catégorie. Nous bénéficions donc aujourd’hui du portage consoles réalisé par DICO, édité par Rainy Frog et renommé pour l’occasion Sword of the Vagrant. Proposé au prix de 9,99 € sur le Xbox Store, il représente une alternative intéressante aux cadors du genre.

Legend of Vagrant : Vivian’s Awakening

Notre périple débute pendant une tempête aux proportions homériques sur un navire en perdition, ballotté par des vagues immenses, ce qui n’est pas sans rappeler le début d’une autre aventure impliquant un certain elfe. Un curieux personnage à tête de chouette se présente à notre héroïne, Vivian, pour la mettre en garde contre les conséquences de son voyage.

Chouette !

Cette dernière étant à la recherche de son paternel, érudit ayant sombré dans la folie avant de se faire la malle du domicile conjugal, cette révélation l’intrigue au plus haut point. Quelques minutes plus tard, à peine le temps de prendre en main le maniement de notre barbare sexy et de distribuer quelques taloches bien senties à des passagers clandestins osseux et cliquetants, le navire se fracasse contre des récifs.

Nous reprenons nos esprits sur une plage ensoleillée quelque temps plus tard. Une jeune demoiselle que l’on devine de bonne famille fait face à un sanglier et panique complètement. Malgré ses blessures et la faim qui la tenaille, Vivian s’occupe prestement de la bête.

La requête de Lucia

La jeune femme l’invite alors chez elle afin de la remercier et lui soumet rapidement une requête pour le moins étrange : l’escorter discrètement en dehors du village à travers la forêt afin de rejoindre la capitale, prochaine destination de notre héroïne. Bien entendu, cette dernière accepte avec désinvolture, sans se douter un seul instant que les évènements vont prendre une tournure particulièrement tragique.

Golden Sword

Nous faisons donc plus ample connaissance avec notre binôme virtuel, musculeuse mercenaire à l’interminable crinière blonde et probablement lointaine descendante de Tyris Flare compte tenu de ses préférences d’habillement privilégiant … la mobilité extrême au détriment de la protection.

Vivian maîtrise aussi le feu

Que les plus pudibonds se rassurent, il est possible de couvrir ce fort obscène déballage de chair tressautante via un costume alternatif activable dans les options de jeu. Il est juste regrettable que l’animation d’inactivité du personnage en pâtisse, focalisant justement notre attention sur ce qui est désormais caché.

Du côté des menus, justement, Sword of the Vagrant fait preuve d’une certaine efficacité dans son classicisme. L’équipement de Vivian se compose d’une épée, d’une armure et d’un accessoire ainsi que de son stock de potions, mais seule son arme bénéficie de différentes itérations visuelles. L’inventaire regroupe toutes les concoctions annexes possibles et imaginables, ainsi que les nombreux ingrédients liés à la forge et à la cuisine : un joyeux foutoir qu’on ne consulte probablement jamais. Les “Compétences” sont les coups spéciaux de Vivian et quatre d’entre elles peuvent être actives en même temps. Elles se lancent par une pression sur le bouton B couplée à une direction et consomment notre barre de Rage, qui se recharge à chaque coup donné mais surtout reçu. Derrière les “Aptitudes” se dévoile un arbre de compétences très basique en forme de tourbillon qui aurait mérité un peu plus de complexité, vu qu’il ne propose pas de créer de “builds” différenciés. Enfin les “Notes” donnent accès au journal d’aventure relatant l’avancée dans le scénario, un récapitulatif des différents tutoriels ainsi qu’un bestiaire à compléter.

Les marchands ne sont pas très avenants

Path of Vagrant

Des flamboyants champs de blé du village de Brocley à la luxuriante et sombre forêt toute proche, il n’y a qu’un pas et Vivian devient rapidement l’ennemie des bêtes, tranchant sans vergogne ours, corbeaux, rats et autres loups constituant la faune locale.

Miam !

À leur mort les ennemis laissent échapper des pièces d’or, divers objets le plus souvent destinés à la vente ou l’artisanat, parfois de la nourriture qui nous soigne, ainsi que des cristaux de mana. Ces derniers servent de points d’expérience pour déverrouiller différents bonus passifs ainsi que plusieurs combos d’attaque dans l’arbre des aptitudes et permettent également d’améliorer notre équipement. Dans la dernière partie du jeu, le mana sert même de monnaie d’échange auprès de certains vendeurs.

Le système de butin est un peu plus complexe qu’il n’y paraît, puisque chaque arme ou pièce d’armure récupérée est générée aléatoirement. Il est donc possible de posséder plusieurs exemplaires du même objet, mais avec des caractéristiques et des niveaux différents.

Une arme partiellement élevée

En dépensant du mana, Vivian peut améliorer la qualité des différentes pièces de son fourbi, de une à cinq étoiles. Chaque niveau supplémentaire débloque un emplacement de rune qui peut être déjà serti ou non. Pour récupérer les runes présentes sur un objet, elles aussi présentant plusieurs niveaux de pureté afin de les intégrer sur un autre, il faut le détruire ce qui peut représenter un choix cornélien.

Fort heureusement, la progression en jeu, tout du moins en mode Normal, ne demande aucunement d’optimiser cette composante de gameplay et il est parfaitement possible de simplement utiliser l’équipement trouvé en chemin, avec ou sans runes. Mais il est toujours agréable de bénéficier de la possibilité de repousser les limites de notre puissance, surtout en endgame et dans les modes de difficulté supérieurs.

Vagrant Fighter : Champion Edition

En début de jeu, notre barbare dispose déjà d’un éventail de possibilités principalement offensives fort respectable. Le combo de coups faibles, au sol ou en l’air se termine par un mouvement spécial alors que notre frappe puissante inflige de lourds dégâts et brise les boucliers adverses. La compétence “Lame d’Impulsion” fait office de tir à distance. Cet ensemble se complète par une glissade au sol ainsi qu’une esquive offrant l’avantage de couvrir une distance respectable à l’écran.

Trancher et découper

Au gré des explorations, les différents environnements regorgeant de passages alternatifs parfois fort bien cachés (et surtout non indiqués sur la carte), Vivian met la main sur d’antiques tablettes de pierre. Ces dernières renferment un savoir ancien, ajoutant de nouvelles compétences à notre arsenal. Les affrontements y gagnent bien entendu en dynamisme et en efficacité.

Suite à notre promenade champêtre et une poignée d’événements modifiant subtilement l’avancée de notre périple, nous visitons un ancien champ de bataille peuplé de soldats fort agressifs, nous menant naturellement au premier réel affrontement sérieux du jeu en tête à tête, le précédent n’ayant été au final qu’une cruelle mascarade.

Tout de suite les grands mots

Croiser le fer contre un ennemi faisant plusieurs fois notre taille peut poser quelques problèmes, car le bougre bénéficie d’attaques fulgurantes et d’une vivacité de déplacement surprenante, en plus de ses quatre barres de vie. Cependant, si l’échec reste une possibilité, le point de sauvegarde (manuelle, bien entendu) n’est jamais très loin et permet de repartir au combat, forts d’une meilleure connaissance des comportements de l’adversaire et peut-être d’une petite séance de “farm”, histoire de mettre toutes les chances de notre côté.

Symphony of the Vagrant

La suite du jeu est à l’avenant, sans jamais sortir de la boucle un tantinet trop prévisible de la discussion autour du feu de camp, suivie par l’exploration d’une zone et d’un combat de boss. Les dialogues entre les personnages principaux manquent parfois de pêche et d’originalité et l’on sent très bien où le titre va nous amener avec ses thématiques de gain immodéré de puissance et de rédemption. Mention spéciale toutefois aux PNJ, qui ne se contentent pas d’une unique ligne de dialogue et peuvent même nous offrir quelque menue récompense si l’on prend la peine de les écouter jusqu’au bout. De la même manière, les marchands bénéficient de répliques cinglantes rarement vues dans un RPG. Il est d’autant plus dommage que quelques coquilles de traduction parasitent l’expérience.

Une sorcière pas commode

Les environnements ne s’éloignent jamais des sentiers maintes fois empruntés par les jeux d’heroic-fantasy : cimetière inquiétant, montagne enneigée, sombre repaire gluant d’une quelconque monstruosité entomique ou fongique, tous les poncifs du genre sont présents, comme pour nous rassurer. La verticalité prend de plus en plus d’importance au fil du temps, avec son lot de grimpettes interminables au sein de tours imposantes et de doubles sauts suivis d’un coup ascendant pour atteindre cette satanée plateforme à peine visible sur laquelle repose un coffre à piller. La carte est raisonnablement intuitive et ce malgré quelques transitions contestables.

On aimerait bien une grosse doudoune

Le bestiaire est varié mais reste également très classique, avec sa ribambelle de morts-vivants, armures hantées et autres blobs vus et revus dans toutes les autres productions du genre. Seule l’ambiance musicale se permet parfois quelques écarts par rapport aux traditionnelles compositions symphoniques, nous balançant soudainement un morceau de techno-pop des plus incongrus.

Vagrant Girl in Monster World

Malheureusement, jamais la quête de Vivian ne surprend vraiment les vieux briscards du metroidvania. Le gameplay reste agréable malgré quelques imperfections, et les différents systèmes annexes (Compétences, Aptitudes et artisanat) sont suffisamment simples pour ne pas avoir besoin d’un Master en optimisation pour apprécier leur potentiel.

Un très bon spot de farm

La durée de vie est plutôt bien dosée puisqu’une dizaine d’heures suffit pour boucler l’histoire principale, tout en laissant de côté certaines activités annexes. Nous pouvons néanmoins regretter une difficulté relativement mal dosée sur la dernière partie de notre périple, marquée par des ennemis nous alignant violemment parfois hors-écran et en toute impunité. À ce niveau, une certaine dose de “grinding” est sans doute requise pour éviter la frustration.

Les chasseurs de succès ne sont pas oubliés, puisque nombre d’entre eux requièrent d’investir quelques heures supplémentaires pour finir par se vautrer dans un grosbillisme éhonté. D’autres, moins évidents, demandent de connaître une fin prématurée face à certains ennemis pour une courte séquence scénaristique souvent déprimante. Enfin, à moins de souffrir de tendances masochistes, deux parties complètes sont requises pour obtenir les différentes fins du jeu, l’une d’entre elles devant être effectuée dans une difficulté supérieure, idéalement lors d’un New Game+. Cerise sur le gâteau, le jeu propose un artbook digital de plus de cent vingt pages accessible à partir de l’écran-titre.

Testé sur Xbox One et Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Une direction artistique convaincante
  • Un gameplay équilibré
  • Simple et efficace
On n’a pas aimé :
  • Un scénario sans grande surprise
  • Des personnages peu attachants
  • Un manque d’originalité globale
Vivian : The Phantasm Soldier

En résumé, Sword of the Vagrant a les défauts de ses qualités. En piochant allègrement ses inspirations dans les univers des jeux Vanillaware, il nous offre une prouesse visuelle léchée qui a tout pour diviser le public probablement sur les mêmes sujets. Son gameplay a de bons arguments pour rallier les aficionados d’action-RPG à l’ancienne, mais seulement eux. Les autres lui préféreront sans doute d’autres titres plus récents et plus clinquants. Avec sa rejouabilité taillée pour les complétionnistes, son prix attractif peut faire pencher la balance en sa faveur. Un petit plaisir pas si coupable que ça, finalement.

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Sword of the Vagrant

PEGI 12

Genre : Action RPG

Editeur : Rainy Frog

Développeur : O.T.K Games

Date de sortie : 30 Novembre 2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch