La décision de la Commission européenne de valider le rachat d’Activision par Microsoft est une très bonne nouvelle pour Microsoft. Même si la bataille est loin d’être terminée, l’entreprise américaine dispose désormais de nouveaux arguments en sa faveur. Mais cet accord met également en lumière les différences de perception entre l’Europe et le Royaume-Uni.
La CMA et l’Europe divergent sur la part de marché de Xbox dans le cloud Gaming
Margrethe Vestager, responsable de la concurrence au sein de l’UE, a déclaré lundi que Microsoft avait fait des concessions pour apaiser ses inquiétudes. Comme indiqué dans le détail de la validation, tous les européens qui achètent un jeu Activision pourront y jouer en streaming sur tous les fournisseurs de streaming de jeux dans le Cloud pendant 10 ans.
De son côté, la CMA a rapidement réagi en rappelant pourquoi elle avait bloqué cet accord et en quoi les propositions de Microsoft, acceptées aujourd’hui par la Commission européenne, ont été insuffisantes pour elle.
Alors que la CMA et la Commission européenne sont toutes les deux d’accord pour dire que cet accord n’impactera pas négativement la concurrence sur le marché des consoles, elles estiment également que le Cloud est un marché porteur. Mais comme le rapporte le Financial Times, un point de divergence existe entre les deux entités sur la méthode de calcul du marché du cloud.
C’est un fonctionnaire européen qui a suggéré que la CMA avait « surestimé » la part de Microsoft sur le marché du streaming de jeux dans le cloud, suggérant que l’estimation de 60% à 70% indiquée par le régulateur britannique dans sa décision finale incluait de nombreux abonnés au service d’abonnement Game Pass de Microsoft qui n’utilisent pas réellement les fonctions de jeu dans le Cloud.
Autrement dit, la CMA aurait comptabilisé les abonnements Xbox Game Pass Ultimate dans ses calculs, alors que tous les abonnés ne jouent pas forcément dans le cloud. « Pour nous, il ne s’agit pas d’un marché distinct, mais d’un segment du marché global [des jeux vidéo] », a déclaré le fonctionnaire.
La suite reste compliquée pour Microsoft
Alors que la CMA et l’Europe sont toutes les deux d’accord pour dire que le marché des consoles n’est pas à risque avec ce rachat, Microsoft a encore beaucoup à faire pour faire valider ce deal historique pour l’industrie du jeu vidéo.
Microsoft compte aller jusqu’au tribunal pour se défendre aux USA, et lance un appel de la décision de la CMA au Royaume-Uni. Sur ce dernier point, nous avons d’ailleurs appris que Microsoft et Activision-Blizzard avaient loué les services de Lord David Pannick, un avocat ayant notamment officié pour la reine Elizabeth II, le premier ministre Boris Johnson, l’ancien directeur général de la BBC Mark Thompson, ou encore le club de football de Manchester City. Cet avocat spécialiste des gros dossiers est clairement un atout pour Microsoft.
Lorsque la décision de la CMA s’est faite entendre, le patron d’Activision n’a pas tardé à réagir en indiquant que le Royaume-Uni était fermé aux affaires et que cette décision « étoufferait l’investissement, la concurrence et la création d’emplois dans l’ensemble de l’industrie du jeu au Royaume-Uni ». Suite à la décision de la Commission européenne, Bobby Kotick a déclaré vouloir investir de manière significative en Europe