Activision Blizzard : le premier syndicat de l’histoire de l’entreprise a été créé

«Une victoire pour les employés» le 24 mai 2022 @ 13:062022-05-24T13:06:34+02:00" - 2 réaction(s)

Voici un fait d’armes qui restera gravé dans la mémoire des employés d’Activision Blizzard : ce lundi 23 mai, le premier syndicat de l’histoire d’Activision Blizzard a été créé, devenant ainsi le deuxième fondé aux États-Unis dans le secteur du jeu vidéo. C’est le groupe Game Workers Alliance, créé en début d’année et composé d’employés de Raven Software, qui a voté en faveur de la création de ce syndicat. Une avancée majeure au sein d’Activision Blizzard dans ce contexte social et culturel toujours aussi tourmenté.

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La Game Workers Alliance officiellement reconnue comme un syndicat

Cela fait des mois que la Game Workers Alliance est en plein bras de fer pour réussir à faire entendre ses droits et ceux des employés qu’elle représente. C’est désormais chose faite puisque la Game Workers Alliance est officiellement le premier syndicat d’Activision Blizzard et le deuxième du secteur aux États-Unis. La Game Workers Alliance vient de remporter le vote réalisé auprès du National Labor Relations Board (NLRB) avec 19 voix sur 22.

Le groupe, rassemblant les travailleurs de l’assurance qualité du studio Raven Software, s’est initialement formé suite à l’annonce de 12 licenciements au sein de ce service en décembre 2021. S’en sont suivies 5 semaines de grève qui ont débouché sur la création de la Game Workers Alliance en partenariat avec les Communications Workers of America (CWA).

Le développement de ce mouvement de syndicalisation n’a pas été une mince affaire et la direction d’Activision Blizzard a tenté d’entraver la Game Workers Alliance à plusieurs reprises. En début d’année, les employés responsables de la création de ce syndicat, non officiel à ce moment-là, avaient été séparés et répartis dans différents départements. La non-reconnaissance officielle de la Game Workers Alliance par Activision Blizzard a ainsi enclenché le processus électoral auprès du National Labor Relations Board (NLRB).

Pour minimiser les chances de reconnaissance du syndicat, Activision Blizzard avait demandé à ce que l’unité de vote soit composée d’une grande partie des employés de Raven Software et pas seulement des membres du service d’assurance qualité. Début avril, le groupe avait également converti plus de 1 000 employés temporaires et contractuels en employés à temps plein avec une hausse du salaire minimum à 20 dollars de l’heure. Bien que les employés du service d’assurance qualité de Raven soient déjà des employés à temps plein, ils n’ont pas bénéficié de la hausse minimale des salaires. Brian Raffel, chef de studio chez Raven, avait notamment déclaré :

« Grâce à un dialogue direct entre nous, nous avons amélioré les salaires, étendu les avantages et offert des opportunités professionnelles afin d’attirer et de retenir les meilleurs talents du monde. »

En réponse à cela, Tom Smith, directeur national de l’organisation des Communications Workers of America, a qualifié ces propos de « points de discussion antisyndicaux les plus usés, tout droit sortis du script de la lutte contre les syndicats ». Quoi qu’il en soit, le vote est finalement passé et la Game Workers Alliance s’est exprimée auprès de The Verge quant à cette victoire :

« Notre plus grand espoir est que notre syndicat serve d’inspiration au mouvement croissant de travailleurs qui s’organisent dans les studios de jeux vidéo pour créer de meilleurs jeux et construire des lieux de travail qui reflètent nos valeurs et nous donnent à tous les moyens d’agir. Nous sommes impatients de travailler avec la direction pour façonner positivement nos conditions de travail et l’avenir d’Activision Blizzard grâce à un contrat syndical solide. »

Le début d’un nouveau bras de fer entre Activision Blizzard et cette organisation syndicale

La porte-parole d’Activision Blizzard, Jessica Taylor s’est aussi exprimée quant à ce vote au nom de l’entreprise et la stratégie du groupe de Bobby Kotick semble plutôt offensive :

« Nous respectons et croyons au droit de tous les employés de décider de soutenir ou de voter pour un syndicat. Nous pensons qu’une décision importante qui aura un impact sur l’ensemble du studio Raven Software, qui compte environ 350 personnes, ne devrait pas être prise par 19 employés de Raven. »

Des propos visant sans doute à discréditer la reconnaissance officielle de ce syndicat qui reste un événement extrêmement rare et symbolique aux États-Unis. Jusqu’au bout, Activision Blizzard a cherché à mettre à mal ce projet, notamment en demandant à au NLRB de reconsidérer l’organisation du vote, et c’est ce qu’un autre rapport de Bloomberg a dévoilé.

Quelques heures avant le début du vote, le National Labor Relations Board a déclaré qu’Activision Blizzard avait violé le droit du travail. Le groupe aurait menacé des employés en leur interdisant de parler des salaires, des horaires ou des conditions de travail et avait mis en œuvre une politique restrictive en matière de médias sociaux qui interférait également avec les droits d’organisation protégés des employés. Activision Blizzard a rapidement nié ces allégations, mais le NLRB pourrait tout de même porter plainte contre le groupe récemment racheté par Microsoft Gaming.

La reconnaissance de ce syndicat est une avancée sans précédent pour un groupe aussi important qu’Activision Blizzard. Les mouvements de syndicalisation sont de plus en plus importants dans le secteur, mais aussi chez Apple ou encore Google. L’enjeu social et culturel est primordial pour de nombreux employés qui ont du mal à faire entendre leur voix depuis des années et les conséquences de cette omerta explosent depuis plusieurs mois.

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yo_hansolo

24 mai 2022 @ 14:00

Bravo à eux d’avoir pu créer leur syndicat interne. Il faut comprendre le contexte. Car aux USA environ 10% de la population salariale est syndiquée et c’est principalement l’industrie (automobile / aéronautique / armement).

Il faut savoir que là bas si vous êtes défendu par un syndicat vous avez toutes les chances d’avoir un salaire plus élevé de 30% et une couverture médicale plus importante ; mais aussi une participation de votre employeur à un plan de retraite supplémentaire ; entre autre. Sans parler des avantages de participations aux bénéfices.

D’où le besoin des directions de combattre la survenance du syndicalisme dans leurs entités. Car la représentativité du personnel et des avantages salariaux, ce n’est pas automatique comme en France depuis les lois Taft-Hartley... C’était considéré à une époque par si lointaine par les Républicains comme du communisme à combattre coute que coute ^^ !

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Gerland

24 mai 2022 @ 15:17

Tellement heureux qu’ils aient réussi, tellement heureux après toutes les saloperies, illégales qui plus est, de la part d’Activision.

Activision et Microsoft qui doivent bien tirer la tronche ça m’emplit de joie.

Les moves pro consumer et good guy de MS vont enfin devoir suivre avec de vrais engagements pour leurs équipes et le monde du travail désormais, on ne parle plus de com’ là.