Dire que Hellblade 2 est actuellement l’un des jeux Xbox les plus attendus est un euphémisme. La prochaine production du studio Ninja Theory s’est montrée avec du gameplay renversant en décembre dernier et fait de nouveau parler d’elle aujourd’hui avec une interview du co-fondateur du studio, Tameem Antoniades.
Hellblade, premier gros succès pour Tameem Antoniades
C’est dans une interview avec NME que Tameem Antoniades évoque ses débuts et les premiers projets de son studio. Après quelques déboires, il explique ainsi que le premier Hellblade a été pensé comme un blockbuster (AAA), mais vendu à moitié prix et uniquement au format numérique. À l’époque, peu de données étaient disponibles sur ce mode de distribution et le studio nageait un peu vers l’inconnu. Pourtant, le succès a bien été au rendez-vous.
Tameem Antoniades explique aussi qu’il a toujours voulu créer des films qu’on pourrait jouer. C’est suite à ses différentes expériences précédentes, notamment avec Alex Garland (Ex machina) sur l’écriture de Enslaved, qu’il s’est lancé dans la création de son propre jeu avec Hellblade.
Il s’est ainsi focalisé sur un seul personnage avec une équipe très réduite, et le succès de Hellblade a été au rendez-vous, aussi bien en termes de ventes qu’en termes de succès critique avec pas moins de trois Game Awards et cinq BAFTA.
Capturer le réel pour rendre Hellblade 2 ultra réaliste
Lorsque le journaliste lui demande si Hellblade 2 est l’aboutissement d’un format sur lequel Tameem Antoniades a travaillé pendant presque toute sa carrière, celui-ci répond :
Le but avec Hellblade 2 n’est pas de le perfectionner [le premier Hellblade], mais de créer une expérience plus crédible et plus affinée. Son ambition en termes d’échelle est plus grande. Je pense que Hellblade 2 fera passer le premier Hellblade pour un jeu indépendant.
On comprend donc bien que cette suite est presque synonyme de renouveau pour la série et que les ambitions sont bien plus grandes. Le fait que Ninja Theory soit devenu un studio Xbox a certainement aidé les équipes pour bénéficier de moyens supplémentaires pour créer ce nouveau jeu, dont une partie de l’action au moins se situe en Islande.
L’interview nous apprend d’ailleurs que 40 endroits réels de l’Islande ont été scannés et reproduits dans le jeu tel quel, et que les concepteurs de niveaux n’étaient pas autorisés à inventer de nouvelles voies ou structures.
De vrais costumes ont également été fabriqués et scannés et les textures ont été construites à partir de morceaux de matériaux anciens. L’équipe a également employé un entraîneur de combat pour que Melina Juergens - l’actrice principale du jeu - puisse effectuer elle-même tous les combats pour le jeu. « L’idée générale repose sur la crédibilité - rendre les choses réelles ou crédibles - et la meilleure façon d’y parvenir est de tout baser sur des choses réelles. »
Plus loin dans la psychose pour Ninja Theory
Là où Hellblade était un voyage personnel dans la psychose d’une femme, cette suite posera apparemment de plus grandes questions sur la religion et la société, reliant les épisodes psychotiques aux visions religieuses de personnages historiques tels que Jeanne d’Arc.
La psychose est définie comme des hallucinations et des croyances qui ne sont pas fondées sur la réalité. Vous pouvez appliquer cela à beaucoup de choses, à beaucoup de croyances, mais cela ne devrait être considéré comme une maladie que si cela entrave votre vie d’une manière ou d’une autre. Sinon, c’est juste une façon différente de penser.
Selon Tameem Antoniades, Hellblade 2 s’éloigne de ce qui est une affliction personnelle pour Senua et s’attarde plutôt sur la façon dont une personne peut changer le monde. L’ambition du concepteur est d’étendre la portée de Ninja Theory au-delà du monde souvent insulaire des jeux vidéo et de viser un impact culturel plus large.
Mon intérêt est de sortir de cette bulle et de poser des questions telles que : comment pouvons-nous avoir un impact sur la santé mentale en réalisant un projet qui n’est pas lié aux jeux ? Comment avoir un impact sur l’art numérique ? Comment pouvons-nous nous connecter avec le reste du monde culturel et simplement prendre la tangente – continuer à faire des jeux, mais prendre la tangente et faire notre propre truc ? »
Tameem Antoniades conclut en précisant que le premier Hellblade était une tangente, et que le studio va continuer d’en prendre et de faire « des choses auxquelles les autres ne pensent pas ou qu’ils ne peuvent pas risquer de faire. »
Nous faisons partie d’une grande organisation maintenant, donc je pense que nous sommes presque obligés de prendre des risques que personne d’autre n’a le privilège de prendre. La technologie et les leçons tirées de nos jeux sont vraiment précieuses, riches et importantes, elles sont tellement en avance par rapport aux attentes des personnes qui sont en dehors des jeux.
En plus de Hellblade 2, le studio travaille actuellement sur deux autres projets. The Insight Project est un projet expérimental et exploratoire développé en partenariat avec le Professeur Fletcher de l’Université de Cambridge, et Project Mara est un jeu dont l’ambition est de proposer des graphismes ultra réalistes dans un environnement relativement fermé.
Au cas où des doutes persisteraient, la vidéo ci-dessous est bien issue d’une capture de gameplay, une séquence réellement jouée par un développeur du jeu.
