Crysis, l’opus original sorti en 2007, était à l’époque plus qu’un jeu vidéo, plus qu’un énième FPS à sortir sur un créneau déjà surreprésenté. Crysis était un mètre étalon, une référence incontournable utilisée à une époque reculée pour faire ce que l’on pourrait résumer… à un concours de bits. Qui avait la plus grosse configuration, celle capable de faire tourner Crysis ? Le monde PC d’alors se divisait en deux catégories : les élus dotés d’une machine de guerre et les autres, ceux que l’on bannissait des forums. J’avoue n’avoir jamais fait partie d’aucune de ces deux catégories, j’étais un joueur console. Oui, allez-y, pointez votre doigt de la honte sur mon pseudo et pouffez dans votre masque anti-Covid. Comme le disait le grand Abitbol, le train de vos injures roule sur les rails de mon indifférence. Surtout qu’aujourd’hui, j’ai l’insigne honneur d’avoir été tiré au sort pour rédiger le test de Crysis Remastered, vous allez donc avoir un avis totalement illégitime sur un jeu qui a pourtant marqué l’histoire du jeu vidéo.
Une petite vieille histoire…
Crysis c’est un peu comme Koh Lanta. Vous vous trouvez vous et votre petite équipe de forces spéciales américaines embarqués dans une mission de sauvetage sur une île déserte du pacifique. Enfin presque déserte vu qu’elle fourmille de Coréens et pas que. Heureusement équipés de combinaisons dernière génération décuplant votre force, votre agilité, capable d’encaisser les balles comme qui rigole et vous rendre invisible, vous aurez tout le loisir de rendre cette île aussi déserte qu’elle devrait l’être. Le scénario de Crysis n’est pas sans rappeler le Predator de John Mc Tiernam, et il a le mérite de se laisser suivre et d’agrémenter la dizaine d’heures que vous propose le jeu. Crysis est un jeu assez généreux dans la liberté qu’il propose au joueur dans son approche des combats : frontale, discrète et furtive, ou simplement d’évitement. Le terrain de jeu assez grand et les capacités de votre combinaison permettent une multitude d’approches différentes.
Malgré les années, Crysis reste plaisant à jouer, alternant phases en véhicules facultatives et repérages préventifs des forces adverses. On analyse le terrain, les rondes des soldats et on élabore une stratégie, ou pas. Le côté tropical de la première partie de l’aventure est plaisant, le soleil semble prolonger virtuellement nos vacances d’été et on se prend à observer la faune sauvage de l’île s’ébattre sous nos yeux. La deuxième partie de l’histoire est nettement moins chaude, plus directive et divisait déjà les joueurs à l’époque, alors soyez prévenu si vous découvrez l’aventure pour la première fois.
Ne souris pas trop, tu vas péter ton lifting
On a beau tirer la peau derrière les oreilles et se colorer les cheveux (voire en remettre), un lifting reste un lifting et notre carcasse, elle, ne change pas. Crysis Remastered est un vieux beau jeu. Il a beau nous faire miroiter un Ray Tracing “plus-mieux-qui-décoiffe-ta-maman”, que l’on a du mal à remarquer soit dit en passant sur Xbox One, on reste blasé par rapport aux canons du genre actuels. Il demeure joli mais n’arrive pas à cacher son côté suranné, vieillot dans ses modèles 3D, ses animations, dans l’IA des adversaires. On ne peut lui enlever son petit côté madeleine de Proust qui pourra à nouveau séduire les vieux joueurs qui retrouveront ce qu’ils avaient aimé à l’époque.
Les plus jeunes pourront même être grisés de découvrir ce qui fut une démo technique en 2006 et un FPS qui avait presque raflé tous les prix critiques en 2007. Un pan de l’histoire vidéo ludique en somme, un vieux qui essaye de se la jouer jeune mais qui malgré son âge se paye le luxe de ramer par moments, de présenter quelques bugs disgracieux et un patch d’une petite quinzaine de gigas une semaine après sa sortie. De là à dire que le lifting a été fait à l’arrache, il n’y a qu’un pas que l’on franchira allègrement.
Le coin des chasseurs : Crysis Remastered a le mérite d’être généreux avec ses succès ! Ils sont au nombre de 40 et outre les traditionnels succès liés à la difficulté, la plupart des autres sont assez faciles à obtenir pour peu que l’on y accorde un peu de temps.