Test - Desperados III : cette aventure vaut bien sa poignée de dollars

«John Cooper is back !» , - 2 réaction(s)

Après avoir montré que le studio maîtrisait les codes de l’infiltration tactique en temps réel en sortant Shadow Tactics : Blades of the Shogun en 2016 sur PC puis son adaptation réussie pour les consoles l’année suivante, les développeurs de Mimimi Games ont gagné le droit de proposer une suite de la franchise Desperados, presque 20 ans après la sortie du premier épisode. Retrouver l’ambiance mythique des western dans ce type de jeu nous excitait beaucoup et c’est avec une immense fébrilité que nous lançons cette nouvelle aventure de John Cooper. Le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Allons tout de suite creuser la question de savoir si Desperados III est digne de faire partie du camp des spécialistes de la gâchette.

Mes hommages, messieurs-dames

Il était une fois dans l’ouest, dans les années 1870. Le chasseur de primes James Cooper et son jeune fils John remontent la piste d’un célèbre pistolero, dénommé Frank. Celle-ci les mène au canyon du Diable au Nouveau-Mexique. La chaleur est étouffante. Un ancien village abandonné, perché sur les hauts-plateaux cisaillés par le rio en contrebas, est devenu le repaire de Frank et de sa bande. Les Cooper s’approchent silencieusement des maisons en adobe. Les premiers sbires du criminel sont éliminés facilement. John veut suivre son père jusqu’au bout, mais celui-ci le raisonne. Il n’est pas prêt. L’heure de la confrontation va bientôt sonner et Frank est beaucoup trop dangereux. Avec son beau regard perçant et sa rapidité à dégainer, personne ne fut jusqu’à maintenant un adversaire digne de lui. Fin du premier flashback.

Welcome to Flagstone !

Des années plus tard, nous retrouvons John Cooper. Le môme a bien grandi et s’est rigoureusement entraîné. C’est un homme maintenant et comme son père, il est devenu membre d’un club hyper sélectif dans le pays, celui des as de la gâchette. Affublé d’un stetson, d’un cache-poussière beige et de santiags cirées, il a fière allure. Le chasseur de primes suit une nouvelle piste qui le mène à Flagstone, petite ville carrefour dans les montagnes rocheuses du Colorado. Sa proie est celui qui le hante jour et nuit depuis tant d’années… Frank se trouverait dans la région et louerait ses onéreux services à la florissante et vorace compagnie DeVitt.

Dès nos premiers pas dans Desperados III, et même dès son écran d’accueil magnifique, accompagné du thème musical principal du jeu, nous sommes véritablement plongés dans une aventure qui sent bon l’amour et l’hommage aux grandes heures des western spaghetti. Les créateurs ne s’en cachent pas du tout. Le vieillissant Frank et la ville fictive de Flagstone rappelleront de merveilleux souvenirs aux mordus de l’un des plus grands chefs-d’œuvre du cinéma, réalisé par le légendaire Sergio Leone. L’utilisation du flashback également. Toutefois, en arrivant à Flagstone, inutile de chercher la charmante Jill, la construction de la gare est terminée. La femme meurtrie doit sûrement couler des jours heureux en Californie. John Cooper est plutôt venu retrouver un vieil ami, le trappeur géant Hector Mendoza.

Si l’amour de Mimimi Games pour les films sur les pâtes et cette période de l’histoire américaine sera présent jusqu’au bout de l’aventure, leur passion pour la franchise Desperados transpire elle aussi à chaque instant du jeu. Ce troisième opus est un préquel au premier épisode, Desperados : wanted dead or alive, développé par feu le studio Spellbound Software en 2001. L’avantage principal d’un tel choix est qu’il permet à de nouveaux joueurs de découvrir dans les meilleures conditions l’univers de Desperados. Le jeu regorge de nombreux clins d’œil et marques respectueuses à la licence mais ce n’est pas préjudiciable pour les arrivants. Les fans découvriront surtout les premières rencontres de John avec Kate O’Hara et Doc McCoy, partenaires du héros principal et présents dans chaque épisode.

Cinémascope pour cinématique

Seule l’absence des spectaculaires cinématiques du premier épisode, avec les fameux gros plans rapprochés, est dommageable. Les développeurs allemands ont préféré pour ce troisième opus des cut-scènes en format cinémascope utilisant les plans larges du moteur du jeu, comme dans Shadow Tactics. Ne vous méprenez pas, elles ont également du charme et enrichissent largement la mise en scène et la compréhension du scénario.

Carnage en vue pour le Club des cinq

Pour accompagner John dans cette nouvelle aventure, quatre autres personnages jouables hauts en couleur et charismatiques sont de la partie. Comme dans tout bon jeu d’infiltration tactique, chacun possède ses propres compétences, gadgets et armes de prédilection. John Cooper est le pistolero de la bande, capable de tirer deux coups mortels en une fraction de seconde. S’il n’est pas doué pour l’harmonica, il maîtrise en revanche le lancer de couteau, moins bruyant dans l’action que ses revolvers, et peut balancer des pièces de monnaie pour faire diversion.

Le Club des 5 au grand complet

Arthur “Doc” McCoy est le mercenaire de l’équipe. Cependant ses compétences valent le coup d’allonger la monnaie. Capable de soigner ses partenaires, de lancer un poison mortel sur plusieurs ennemis ou d’en attirer un avec sa sacoche piégée, Doc est surtout le sniper d’élite indispensable pour nettoyer les veilleurs placés sur des hauteurs. La belle Kate est la reine du déguisement. Une fois celui-ci récupéré sur une civile appropriée, Kate pourra discuter et charmer la plupart des ennemis. Elle représente de loin la meilleure option pour une diversion. De plus, elle possède un petit pistolet à la détonation très faible, un autre atout à ne pas négliger.

Les deux derniers lieutenants de John sont inédits à la franchise. Ancien truand, Hector Mendoza est le bon chasseur et la brute épaisse au grand cœur de l’équipe. Il est le seul capable d’affronter en duel les longs manteaux, ennemis réguliers les plus redoutables, ou de porter deux cadavres en même temps pour les dissimuler. Toujours accompagné de son piège à loup nommé Bianca, il peut siffler pour attirer certains gardes vers une mort inéluctable. Il dispose aussi d’un fusil à canon scié, arme la plus dévastatrice de notre équipement, capable d’envoyer ad patres trois scélérats d’un coup.

Le pouvoir de l’esprit

Enfin, Isabelle Moreau, originaire de la Nouvelle-Orléans et adepte des rites vaudous peut “lier” grâce à des fléchettes empoisonnées deux ennemis à distance qui subiront ainsi la même action dans un parfait mimétisme, ou contrôler directement l’esprit d’un bandit de base en sacrifiant une partie de sa santé. Le gameplay d’Isabelle est une vraie réussite pour les joueurs créatifs et propose de nouvelles actions rafraîchissantes pour les joueurs qui ont goûté à Shadow Tactics : Blades of the Shogun. En effet, les habitués de ce dernier auront vite remarqué que la majorité des habiletés des quatre premiers personnages ne sont qu’un nouveau panachage de celles utilisées par les protagonistes japonais.

S’inspirer du meilleur pour mieux le dépasser

La ressemblance frappante avec le jeu précédent du studio va beaucoup plus loin. Nous retrouvons les mêmes roues de sélection des capacités et personnages, les mêmes cônes de vision des ennemis, les mêmes techniques de level-design, les mêmes catégories d’ennemis : les ponchos remplacent les chapeaux de paille, les longs manteaux supplantent les samouraï. Certains joueurs reprocheront toutes ces similitudes et crieront au scandale de voir en Desperados III un méprisable changement de skin de Shadow Tactics. Cruel destin pour la franchise Desperados, puisque les deux premiers opus étaient également considérés à leur époque comme des clones du légendaire Commandos. D’ailleurs, le deuxième épisode ne s’appelait pas Desperados 2 mais … Western Commandos : La revanche de Cooper.

Partie de cache-cache

Toutefois, la majorité des joueurs, et nous parmi eux, se réjouiront simplement de profiter d’une version améliorée d’une recette terriblement efficace et addictive dans l’univers mythique du Far West. Shadow Tactics était la dernière référence d’un genre fatalement très codifié et difficile à renouveler. Alors pourquoi tout changer ? Nous pouvons l’affirmer maintenant, Desperados III sublime en tous points l’excellent matériau de base qui était à la disposition des développeurs du studio. Par rapport à Shadow Tactics, les graphismes de Desperados III sont beaucoup plus fins, les animations des personnages plus travaillées et le level-design est encore un cran au-dessus, proposant des puzzles à résoudre d’une rare intelligence.

Car oui, comme la locomotive du train de la compagnie DeVitt, notre cerveau a fumé comme jamais tout au long du jeu. Les développeurs l’assument en affirmant publiquement que leur œuvre est “hardcore”. Si un mode facile existe bien parmi les 4 proposés, il rend les ennemis moins réactifs et donne à vos héros plus de santé, mais il ne changera pas les positions pensées au millimètre près des gardes. Le jeu reste dans ce mode un sacré challenge et c’est tant mieux. Jamais nous ne dirons du mal d’un titre qui fait honneur et respecte votre intelligence. De toute manière, nous sommes incités à sauvegarder toutes les minutes (durée réglable dans les menus) via l’affichage d’un rappel. Desperados III est ainsi exigeant mais jamais punitif.

Planification en mode affrontement

Surtout, le jeu nous offre une très grande liberté dans le choix de nos actions, des tactiques à employer et des itinéraires pour atteindre les objectifs des missions. Nous pouvons même dire que tous les styles de jeu sont viables, de l’acharné de l’infiltration à l’amateur de fusillades. Pour contenter ce dernier, les développeurs ont mis à disposition dans beaucoup de secteurs des caisses de munitions pour refaire son stock limité. En contrepartie, ce style exigera de maîtriser les attaques combinées, point de gameplay le plus excitant et jouissif. En effet, il est possible à tout moment de mettre la partie en pause active avec le mode “affrontement”. Les connaisseurs apprécieront car nous disposons d’une vraie pause sans limite de temps, alors que dans Shadow Tactics, le mode “ombre” équivalent ne faisait que ralentir le jeu. Chaque personnage pourra être programmé pour exécuter une action. Une fois tous les détails réglés, la symphonie peut commencer d’une simple pression sur le bouton Y. Nous vous garantissons un pur moment de plaisir intense et de fierté en cas de succès. Au pire, un petit rechargement rapide de la partie et nous changeons ou affinons nos plans.

Une aventure enivrante dans un Far West de toute beauté

Si l’univers du Japon médiéval est excitant, celui de l’Amérique au temps du Far West est encore plus dépaysant. Du désert aride aux tons ocre et jaunâtre bordant la frontière mexicaine, à la marécageuse et joyeuse Louisiane, en passant par les montagnes verdoyantes du Colorado, le voyage sera somptueux. Dans chaque région, les nombreux lieux visités renouvelleront sans cesse l’intérêt des missions qui consisteront très souvent, au-delà de l’enrobage du scénario, à aller d’un point A à un point B, puis C. Cependant l’essentiel n’est pas la finalité mais le voyage proposé. Et sur ce point, c’est une réussite totale. De plus, la durée des missions lors de leur découverte dépasse régulièrement les deux heures après le premier tiers du jeu.

La globalité du scénario reste classique et le dénouement se devine aisément dès le début. Rien de sorcier, Desperados III est un préquel. Mais là encore, l’essentiel est le voyage avec comme pression supplémentaire de bien réussir la séquence finale. Vous pouvez être rassurés, les nombreux rebondissements vous tiendront en haleine, les relations entre nos héros sont touchantes, drôles et pertinentes et le final devrait rester longtemps gravé dans votre mémoire et votre cœur.

Et la Musique ? Ah oui nous aimons ça, surtout après un bon déjeuner. Composée par Filippo Beck Peccoz, elle vous accompagnera subtilement sans vous envahir ni vous irriter lors de phases de réflexion. Elle s’adapte également aux régions visitées, et nous apprécions les petites touches jazzy quand l’histoire se déroule en Louisiane. Le thème principal qui vous accueille dans le menu principal, puis dans certaines parties de l’aventure, trottera longtemps dans votre tête, signe qu’il est réussi. Globalement, l’OST respecte les codes imposés dans notre imaginaire collectif concernant les musiques de western, mais reste un peu en retrait. L’héritage laissé par les mastodontes du genre, dont Ennio Morricone, est trop lourd à porter.

Le bilan « glorieux » du tutoriel

Si l’histoire principale suffira à beaucoup de joueurs avec une durée comprise entre 20 et 30 heures suivant son style de jeu, Desperados III a encore beaucoup à offrir pour les autres. Comme Shadow Tactics, à la fin d’une mission, nous découvrons les 8 insignes à compléter pour poncer définitivement le niveau proposé. Si 6 insignes correspondent à des actions ou situations précises à déclencher propres à chaque carte, les deux derniers insignes sont présents dans chaque niveau. Le premier demande de finir la mission en difficulté difficile et le dernier concerne le speedrun avec une durée moyenne de 20 minutes à ne pas dépasser pour accomplir les objectifs principaux. Afin de vous aider dans cette dernière tâche, les développeurs proposent une carte globale du niveau qui récapitule toutes vos actions et chargements de sauvegarde effectués à la seconde près. Un outil idéal pour repérer les endroits où nous avons perdu du temps et surtout pour planifier un parcours optimal afin de réussir notre tentative de speedrun.

Enfin, une fois l’histoire terminée, de nouveaux challenges sont accessibles, intitulés les “défis du Baron”. Au nombre de 5, ils consistent à vivre un nouveau mini scénario sur une carte du jeu, avec un personnage unique qui ne participait pas forcément à la mission d’origine liée à ce lieu. Desperados III est vraiment un jeu très généreux. De plus, Mimimi Games envisage dans un futur proche l’ajout de 3 DLC payants, qui comporteraient chacun une mission scénarisée dans un nouveau lieu à visiter. Nous avons hâte de découvrir leur proposition.

Le coin des chasseurs : Desperados III propose 36 succès pour un total de 1000G. L’obtention de la majorité de ceux-ci exigera d’y consacrer du temps. En effet, finir l’histoire principale nous a permis de compléter 8 succès pour un score de … 155G. Certains, non cachés, sont toutefois proches d’être accomplis. Le succès de 200G consistant à éliminer les 31 développeurs de Mimimi cachés dans le jeu est le clou du spectacle.

Bilan

On a aimé :
  • Un hommage et un voyage somptueux dans le Far West
  • Un grand respect du lore de Desperados
  • Un même plaisir pour différents styles de jeu
  • Un endgame de qualité
On n’a pas aimé :
  • Une OST un peu en retrait
  • L’absence de gros plans dans les cinématiques
Frank a bien une tête qui vaut 2000 dollars

Desperados III s’inspire de la référence en date du genre infiltration tactique et arrive en tous points à sublimer la formule. Cette fois-ci, le défi était plus facile puisque la référence était Shadow Tactics : Blades of Shogun, développée par la même équipe de Mimimi Games. Si Desperados premier du nom souffrait d’être trop dirigiste et que sa suite pâtissait d’être trop dans l’action, ce troisième épisode parvient à un équilibre parfait entre infiltration et fusillades tout en accordant au joueur une grande liberté pour élaborer sa stratégie et atteindre les objectifs. Amateurs d’ambiance Western, ou simples curieux, le voyage ne devrait pas vous décevoir. Adorateurs du genre et du travail de Mimimi Games via leur opus au pays du soleil levant, Desperados III, encore plus riche et passionnant, fera fondre à nouveau votre cœur avant le soleil couchant. Ce jeu n’est pas une farce, c’est une corde. Dépêchez-vous de passer la tête la-dedans.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Desperados III

PEGI 0

Genre : Action/Infiltration

Développeur : Mimimi Productions

Éditeur : THQ Nordic

Date de sortie : 16/06/2020

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4

2 reactions

avatar

deadlyegoalan

12 jui 2020 @ 18:49

Ha je me rappel de desperados qui était offert dans les paquets de corn flackes. Nostalgie...

avatar

Apotelyt

20 jui 2020 @ 10:47

Superbe article qui a dissipé mes derniers doutes, et jeu remarquable en tout point !