Miasma Chronicles est le dernier-né du studio The Bearded Ladies qui a développé l’excellent Mutant Year Zero. D’ailleurs, l’univers de ce dernier est repris dans Miasma Chronicles, qui se veut beaucoup plus grand, riche et profond que son aîné. Malheureusement, spoiler alert, la mayonnaise n’a absolument pas pris.
Une histoire intéressante, mais des protagonistes insipides
Miasma Chronicles est un RPG tactique qui nous plonge dans un univers post-apocalyptique, un monde ravagé et extrêmement sombre.
Nous suivons l’histoire d’Elvis, un adolescent (malheureusement du type “tête à claques”) à la recherche de sa mère disparue. Celle-ci lui avait confié un gant aux pouvoirs mystérieux, capable de contrôler et de détruire le Miasme, une substance chaotique transformant la faune et la flore en mutants (de ceux que l’on peut retrouver dans Mutant Year Zero, mais beaucoup plus fades).
Nous sommes accompagnés de son frère Diggs, un robot au caractère bien trempé, répondant au cliché américain du protecteur plus âgé qui, pour le coup, est le seul personnage réellement travaillé. D’autres protagonistes nous rejoignent au fil de l’aventure, tels que Jade, la fille mystérieuse dans le genre “je t’aime moi non plus” puis deux autres par la suite. En revanche, seuls trois d’entre eux peuvent constituer l’équipe active.
Pour revenir à l’intrigue, nous sommes l’une des rares personnes pouvant contrôler le Miasme. Notre héros deviendra de plus en plus habile à le maîtriser, jusqu’à pouvoir l’utiliser en combat. Nous sentons bien que les développeurs ont voulu mettre l’accent sur la narration, malheureusement, la version Xbox est dépourvue de VOSTFR. Eh oui, un bug fait que le titre est entièrement en VO !
En attendant un patch, si vous ne comprenez pas l’anglais, vous ne pourrez probablement pas suivre correctement le scénario du jeu, car il y a beaucoup de dialogues et de documents à récupérer, étoffant le lore. Nous soulignons cependant l’effort apporté pour donner de la profondeur à cet univers. Car oui, entre les différentes factions en présence, les enjeux des humains, mutants et robots qui luttent pour survivre et se faire une place dans ce monde, le titre propose une base solide.
Malheureusement, malgré un univers travaillé, ce sont les principaux protagonistes qui font tache. Elvis se plaint tout le temps, semble partagé entre candeur et immaturité et balance des punchlines ridicules durant les combats. Elvis est particulièrement agaçant dès le départ, et c’est de pire en pire par la suite. En revanche, nous avons vraiment apprécié Diggs qui est le pro de l’humour noir et de la “badassitude”. Enfin, que dire de Jade, qui manque de se couper les veines dès qu’elle en a l’occasion, mais qui est sans doute le reflet du monde dans lequel elle a grandi.
Malgré ce casting un peu bancal, l’histoire tient un minimum la route et est intéressante à suivre au sein de cet univers riche et crédible..
Où est passé le savoir-faire du studio ?
Abordons avec regret le cœur du jeu, les combats tactiques !
Oui, Miasma Chronicles reprend les bases du gameplay de Mutant Year Zero, pourtant bien solides. Mais nous ne comprenons pas ce qui a été fait ici.
C’est un X-Com-like où l’on contrôle trois héros contre des HORDES d’ennemis. Wait, what ?! Oui, nous devons régulièrement affronter entre dix et vingt ennemis à la fois, ne demandez pas pourquoi, c’est comme ça. Trois héros contre la terre entière (et mutante en plus !), c’est littéralement ça.
Mais attention, le jeu est, de plus, extrêmement difficile. En mode normal, les ennemis ont, dès le début, entre 70 et 180 points de vie (jusqu’à 300 vers la fin). Nos armes font entre 40 et 50 points de dégâts, donc il est impossible de “one shot” les vilains avec les « lance-pierres » de nos trois protagonistes. Les affrontements sont donc interminables, plusieurs essais sont forcément nécessaires et ce n’est tout simplement pas plaisant à jouer. Le jeu nous roule dessus, nous écrase et fait une marche arrière pour vérifier que l’on est bien mort…
Donc, nous passons en mode narration. Ça va, le jeu nous roule juste sur le pied cette fois-ci… Il faut donc trimer durant les premières heures pour enfin obtenir de nouvelles armes qui, en mode narration, permettent de massacrer rapidement la chair à canon que nous envoient certains adversaires. Par ailleurs, il faut impérativement utiliser toutes les possibilités de gameplay qu’offre le jeu. Jade possède une arme avec un silencieux pouvant éliminer certains combattants isolés sans alerter toute la troupe. Il faut également utiliser le fameux lancer de bouteilles de verre pour séparer les ennemis regroupés. Nous trouvons enfin un peu d’intérêt dans ces combats.
Notez donc bien, mode narratif, souffrir jusqu’à recruter Jade et son silencieux magique, exploiter l’environnement et ne surtout pas affronter l’ennemi de front. Cachez-vous dans les hautes herbes, faufilez-vous dans la zone de combat, tel un serpent, pour frapper vos ennemis. Dit comme ça, le jeu semble plus sympa finalement !
Mais bon, ne nous avançons pas trop, sympa, c’est vite dit. Il faut atteindre la moitié du jeu, soit à peu près dix heures, pour enfin bénéficier d’une une équipe correctement armée et développée. Des compétences sont à débloquer en montant de niveau, qui apportent quelques bonus tels que des pourcentages de précision ou de dégâts critiques ainsi que des points d’actions supplémentaires selon les situations et mouvements propres à chaque héros. Par exemple, Diggs peut traverser une longue distance puis attaquer et Jade utiliser des attaques élémentaires. Rien de bien novateur, mais ces améliorations sont extrêmement bienvenues puisque de toute façon, tout est bon à prendre pour survivre dans ce jeu !
Pour revenir au sujet qui fâche, parlons des fameux pourcentages de chance que nos tirs fassent mouche. Propres au style de jeu, les initiés seront totalement habitués à la mécanique de probabilité de toucher sa cible en fonction de la distance qui nous sépare de notre adversaire. Ici, il n’y a pas de demi-mesure, à bout portant, nous avons 50% de ne pas faire mouche, presque 100% du temps en fait. Il y a un souci sur la mécanique, c’est indéniable. Par exemple, un ennemi se met à l’abri derrière une surface à 100% de couverture, mais juste devant nous, avec une belle ligne de vue à deux cases d’intervalle (deux mètres peut-être), et de profil qui plus est ! Nous saisissons alors notre chance d’attaquer cet adversaire qui se place dans une position apparemment défavorable, eh bien non, le jeu nous stoppe directement et nous dit “Hé coco, tu n’as que 20% de chance de le toucher !”
De plus, le jeu s’amuse à nous rouler dessus, mais ajoute une belle couche de trolling avec ses nombreux bugs. À chaque fin de combat, une sauvegarde automatique est effectuée. Lorsque l’on tue un ennemi isolé sans alerter tout le monde, le système le considère comme un affrontement terminé. Si l’on perd un combat, de la même manière, la sauvegarde automatique se charge et les ennemis que l’on avait préalablement vaincus de façon isolée et qui étaient censées être morts peuvent réapparaître comme par magie. Eh oui, ils peuvent revenir à la vie en tant que fantômes ! Pardon, soyons plus précis, ils réapparaissent buggés en étant INVISIBLES…
De même, ce fameux chargement peut faire réapparaître nos joueurs sous la map. Quand il prend trop de temps, car oui, il faut compter entre trente et soixante secondes de chargement à chaque fois, même lors d’un changement de zone, il est simplement possible de subir un crash du jeu. Dans ces conditions, nous avons souvent prié pour ne pas avoir de sauvegarde corrompue.
Un jeu next-gen sur PC, mais old-gen sur console
Nous devrions presque consacrer une partie entière aux bugs, tant il y en a. Oui, rien ne va sur ce jeu. Concernant la VOSTFR sur la version console, nous avons eu une confirmation des développeurs qu’il s’agit bien là d’un bug.
Bug de chargement avec crash du jeu, crash du jeu en combat de façon aléatoire et parfois à répétition, glitchs graphiques dans certaines zones, importantes baisses d’image par seconde dans de nombreuses situations en mode qualité ou performance, chaque phase de tir s’ensuit d’une cinématique d’action qui saccade ou fige et qui décale les effets sonores. Pour finir, mais nous devons sûrement en oublier, il n’y a pas de synchronisation labiale ou bien, elle est très mal gérée. Nous espérons qu’un patch viendra rapidement corriger tout cela.
Parlons maintenant de la technique. Le game design est vraiment bien travaillé, l’univers post-apocalyptique est parfaitement réalisé, nous avons droit à de jolis effets de lumière qui renforcent l’immersion dans le jeu et certaines zones sont réellement bien inspirées. En revanche, nous notons clairement un manque de variété dans les différentes zones, le jeu est très sombre à cause du Miasme omniprésent et cela renforce cette impression de déjà-vu.
Le jeu manque cependant de finitions. Lors des combats, il arrive que la caméra zoome beaucoup trop ou prenne de la hauteur hors zone. Les cinématiques ainsi que certaines séquences de gameplay souffrent de gros soucis de chargement de textures, nous montrant des modèles 3D tout lisses. Dans l’ensemble le jeu est beau, mais pour illustrer notre propos de manière imagée, nous pourrions lui dire : “Tu es beau de loin, mais loin d’être beau”
Testé sur Xbox Series X