Test - Strayed Lights - S’il vous plaît, que quelqu’un rallume la lumière !

«Il est pas frais mon QTE PS360 ?» , - 0 réaction(s)

Concocté par les équipes strasbourgeoises du studio Embers Games, Strayed Lights se définit comme un jeu d’action-aventure en 3D dans une ambiance nimbée de mystère et dont le gameplay emprunte aux Souls-like, la difficulté en moins. Sorti le 25 avril 2023 au tarif de 24,99€, nous étions impatients de nous frotter à un jeu promettant un vent de fraîcheur sur un genre qui se veut aujourd’hui proche de la surexploitation.

Pour le côté Souls-like, on repassera ! En revanche pour le côté mystère c’est tout l’inverse…

RGB pour Rouge, Violet, Bleu

Accueilli par une musique interprétée à la flûte de pan parsemée de sons plus graves, notre personnage prend vie dans une étendue d’eau peu profonde accompagnée par des bruits mécaniques, le tout sur le rythme des battements de notre cœur qui s’accélère.

Le nouveau né que nous sommes rampe vers une porte de lumière bleue et nous vous conseillons tout de suite de vous habituer à cette couleur car elle va être plus qu’utilisée tout au long du jeu.

Nous incarnons un nouveau-né

Nous nous déplaçons gentiment dans un game design fait de couloirs, même si nous sommes complètement enchantés par la promesse que nous voyons au loin. Les bâtiments qui semblent anciens sont tout simplement cyclopéens et l’on a le sentiment de comprendre, au vu des œufs perchés en hauteur, que notre espèce est élevée en batterie exactement comme dans Matrix et sa ville des machines, mais ici dans un but qui nous échappe encore. Ne cherchons pas plus longtemps, ce but nous échappera même après la fin du jeu.

Le level design est souvent très fade, comme avec cette tempête de sable qui nous empêche de voir à plus de quelques mètres ou ce niveau dans les grottes qui n’est qu’une suite de couloirs qui va par moments nous laisser entrevoir des vues incroyables, où l’on s’imagine un tas de choses sans jamais avoir de réponse. Et ce ne sont pas les quatre flashbacks que nous aurons durant la partie qui vont changer grand-chose, d’autant qu’ils prennent la forme de simples photos plus ou moins explicites.

Pour vous dire la vérité, nous avons ressenti une certaine frustration assez rapidement, du fait du gameplay que nous aborderons plus tard mais aussi en ce qui concerne la partie technique du titre. Une proposition entre qualité et performance est disponible, sauf que l’option qualité ne change strictement rien aux graphismes. Nous avons donc opté pour la performance, nous permettant au moins de profiter de Strayed Lights en 60 FPS.

Qui va grandir sous nos yeux

Mais ce n’est pas tout. Le jeu arbore 95% du temps un filtre de couleur parmi trois : rouge, violet et bleu, à l’exception d’un moment où nous pouvons enfin profiter de tons naturels, où l’herbe est enfin verte, les bâtiments marrons et nuancés et les paysages sacrément beaux ! Alors pourquoi avoir gâché l’esthétique du jeu avec ces filtres omniprésents ?

C’est d’ailleurs dans ce niveau aux couleurs variées que le level design est le plus réussi, tout comme les ennemis que l’on y affronte. Se trouvant quasiment à la fin du jeu, nous avons eu le sentiment d’un Money Shot comme au cinéma qui nous laisserait ainsi un bon souvenir d’une aventure passable dans son ensemble.

Nous obtenons peut-être un élément de réponse lorsque nous sortons légèrement des clous du rail prédéfini. Les textures sont grossières et l’on se demande donc si les développeurs ont vraiment pris le temps de peaufiner leur bébé.

Il en va de même pour certaines mécaniques : si l’on peut grimper ou se faufiler dans les endroits arborant des marques violettes, celles-ci sont parfois absentes et nous donnent l’impression d’un ajout visuel de dernière minute mais qui n’a pas été travaillé avec sérieux.

Et affronter sa part d’obscurité

Pour finir ce paragraphe sur une note positive, le sound design est, pour le coup, très réussi. Il arrive à lui seul à créer du mystère là où, au final, il n’y en a pas ou bien de la tension dans des combats qui relèvent en réalité presque de la simple cinématique.

Défendre is the new sexy

Rembobinons jusqu’au début pour aborder le gameplay. Le premier point positif que nous relevons est le mappage des touches entièrement paramétrable, permettant ainsi de jouer selon ses préférences.

La petite lumière informe inesthétique que nous incarnons au début de l’aventure ne sait que marcher, courir, sauter et s’accroupir. Mais le contact du héros avec un cristal dont la finalité nous échappe va lui permettre de grandir et d’apprendre à parer et frapper en retour.

L’histoire n’est raconté que par quatre photographies

Encore une énigme résolue, le côté souls-like mis en avant est en réalité une barre d’énergie similaire à celle de Sekiro.

Lorsque l’on se défend au bon moment, cette dernière se remplit. La bonne idée est d’avoir un peu varié les plaisirs avec encore et toujours les fameuses couleurs. Nous pouvons, tout comme nos ennemis, permuter l’amas de flammes et d’ombres qui nous représente en passant du rouge au bleu. Parer la mauvaise couleur nous empêche seulement de perdre de la santé alors que la bonne couleur monte notre niveau d’énergie et permet ainsi d’achever les malotrus.

Il faut donc être assez réactif d’autant que les adversaires peuvent également lancer des attaques imparables lorsqu’ils arborent des flammes violettes. Le bestiaire n’est finalement pas très varié et l’on a tôt fait de connaître par cœur les patterns de tous les ennemis. Mention spéciale aux boss qui sont tous très réussis, autant dans leur design que dans l’intensité des combats qu’ils proposent.

Certains choix sont... Cornéliens

Pour faciliter le tout, Strayed Lights nous octroie à chaque victoire un regain d’énergie complet et met à notre disposition un arbre de compétences pour un total de six, disponible à tout instant, permettant par exemple de regagner de la santé à chaque parade réussie sur la bonne couleur ou débloquant des attaques spéciales très puissantes qui se rechargent après un temps donné. Dans tous les cas, la mort n’a absolument aucune conséquence à part celle de recommencer le combat perdu. Autant dire que la pression retombe vite.

Malheureusement, une fois la barre d’énergie à fond, la décharge d’énergie que nous effectuons pour achever nos adversaires nous ramène tout droit vers le futur en 2010 avec de splendides QTE qui, en plus d’être passés de mode depuis longtemps, sont ici inutiles puisque tant que l’on appuie pas sur la touche demandée, l’action se met en pause, coupant ainsi une cinématique du plus bel effet. Dommage.

Si au début, le jeu propose un peu d’exploration afin de trouver des halos qui, lorsqu’on en rassemble suffisamment, augmentent notre énergie, nous ressentons la même sensation d’abandon de la part du studio qui va rapidement nous les proposer par grappe de deux puis trois.

Le monde du rêve est superbe

Pour finir le tour du propriétaire, un mode photo est disponible et s’il est sympathique de pouvoir prendre des clichés quand les environnements flattent la rétine, il est également pénible que ce mode ne prenne pas en compte l’inversion de la caméra, compliquant son utilisation durant la partie.

Oui, nous avons bien compris que le jeu parlait de développement personnel avec un héros qui doit vaincre sa part d’ombre au fur et à mesure qu’il grandit. Oui nous avons compris que si la défense est supérieure à l’attaque, c’est pour mettre en avant que l’apaisement des entités qui ont sombré ne se réalise pas en leur tapant dessus mais bien en les “apprivoisant”. Oui, nous avons aussi compris que le filtre de couleur est une vision d’artiste pour mieux mettre en perspective la dualité qui nous anime, qu’il y a du noir, du blanc, mais aussi du gris dans toutes choses.

Malheureusement c’est l’unique environnement sans filtre

Sauf que Straying Lights, qui ne comprend aucune ligne de dialogue, nous le répétons, mais seulement quatre images pour nous plonger dans son univers, promet pourtant autre chose dès son introduction, lorsque l’on aperçoit ces territoires dont Lovecraft seul a le secret.

Si l’ensemble regorge de bonnes idées, la frustration systématique que nous avons ressentie à chaque découverte nous reste malheureusement en travers de la gorge et l’on espère vraiment un approfondissement futur de cet univers prometteur.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Un sound design immersif
  • Une architecture cyclopéenne
  • Un design des boss soigné
  • Un monde du rêve aux airs de Money Shot
On n’a pas aimé :
  • Le design insipide du héros et des ennemis
  • L’histoire quasi inexistante
  • La mort sans incidence
  • L’arrière-goût de jeu pas fini
  • Les filtres de couleur qui gâchent la beauté du titre
  • Les QTE démodés
La flamme vacille

Pétri de bonnes idées, Strayed Lights nous donne l’impression d’être inachevé, comme s’il lui manquait une phase de peaufinage qui lui aurait fait le plus grand bien. C’est la frustration qui domine tant la base est bonne. Embers Games, ne vous reposez pas sur vos lauriers, vous avez une pépite encore brute entre les mains, nous attendons impatiemment une suite qui saura utiliser l’univers que l’on aperçoit en fond, car nous voulons connaître la vérité sur cette civilisation en déclin et son architecture lovecraftienne. Malheureusement ici, c’est encore un peu juste.

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Strayed Lights

PEGI 12 Violence

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : Embers

Développeur : Embers

Date de sortie : 25/04/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows