Test - Transport Fever 2 : Console Edition - Accro aux réseaux ?

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Ces dernières années, les frontières entre le PC et les consoles se sont fortement amenuisées. De nombreux genres de jeux vidéo identifiés PC, tels les C-RPG ou les jeux de stratégie/gestion, ont franchi le pas d’une adaptation pour console. Ce qui était une hérésie pour beaucoup, à l’époque des précurseurs, suscite maintenant la surprise quand le portage ne se fait pas.

En effet, rares sont les éditeurs tiers aujourd’hui qui ne publient pas leurs jeux sur tous les supports, même si cela s’effectue des années plus tard. C’est le cas de Transport Fever 2 : Console Edition, sorti en décembre 2019 sur PC puis ce 9 mars 2023 sur Xbox One, Xbox Series X|S, PS4 et PS5. Pour le portage, l’éditeur français Nacon a pris le relais des néerlandais de Good Shepherd Entertainment, mais c’est toujours le studio suisse Urban Games, créateur de la licence, qui est à la manœuvre. Un gage de réussite ?

Un cours d’histoire exceptionnel

Comme son nom l’indique, Transport Fever 2 est un jeu de gestion de réseaux de transports ferroviaire, routier, fluvial et aérien. Nous sommes conviés à développer moult infrastructures pour répondre aux besoins des industries et villes d’une région donnée. C’est un vrai pan de l’histoire mondiale des transports qui s’offre à nous, de 1850 à nos jours.

Le charme de la vapeur

Hormis pour les plus téméraires, nous vous invitons fortement à démarrer le jeu par le mode Campagne. Au-delà de servir de tutoriel “géant” et progressif, ce ne sont pas une mais trois campagnes composées de six chapitres qui vous attendent, pour plus d’une vingtaine d’heures de jeu et d’apprentissage. Chacune d’elles fait la part belle à une époque de l’histoire des transports, la deuxième moitié du 19e siècle et l’ère de la vapeur pour la première, les débuts de l’aviation et de la révolution du pétrole jusqu’aux années 1960 pour la seconde et la montée en puissance des réseaux de transports jusqu’à nos jours pour la troisième.

Décollage immédiat

Dès lors, nous entamons un véritable voyage à travers le monde et les âges. Chaque chapitre nous emmène dans une région précise du monde pour “revivre” un moment important de l’histoire des transports. Au programme, nous assistons parmi dix-huit scénarios à la liaison finale du Transsibérien autour du lac Baïkal lors du règne du Tsar Nicolas II, aux premiers vols de Louis Blériot en France, au miracle économique japonais des années 1960 avec le Shinkansen ou bien au développement exceptionnel de la mégapole de Shanghai. Le mode Campagne est une véritable réussite ludique et pédagogique si bien que nous devenons rapidement accros à la découverte de la prochaine étape dans notre tour du monde afin d’en apprendre plus sur cette histoire passionnante des transports.

Forcément, quelques scénarios mettront mal à l’aise certains d’entre nous. Les révolutions industrielles et l’évolution des transports sont intimement liées au colonialisme, aux guerres et aux aberrations écologiques. Transport Fever 2 ne cherche pas à édulcorer les situations et les évènements malheureux via l’écriture des scénarios, tout en précisant que ces éléments textuels ne reflètent pas les opinions des développeurs. De notre point de vue et en tant qu’amateurs d’histoire et de géographie, c’est tout à leur honneur. Cet héritage fait partie de notre histoire commune et un “oubli” n’empêche pas de recommettre les erreurs du passé, bien au contraire.

La campagne, ça vous gagne !

Are you Français ?

Chaque chapitre des campagnes propose d’atteindre trois objectifs principaux et trois autres secondaires. Si la réussite des principaux débloque le scénario suivant, les secondaires permettent d’obtenir des insignes dorés purement honorifiques qui flattent l’ego des complétistes. C’est dans ces derniers que le studio se lâche complètement avec des tâches souvent loufoques à accomplir, telles que mettre fin à un complot, relier un cirque à son réseau de transports pour éviter qu’il quitte la région, creuser le terrain pour retrouver des items sur la carte ou résoudre des énigmes. Si la plupart des actions sont très faciles, d’autres vous feront creuser les méninges, la faute au manque d’indices ou pire de traduction douteuse. Il arrive même fréquemment d’avoir des oublis de traduction avec la présence de paragraphes entiers écrits dans la langue de Shakespeare au beau milieu de ceux articulés dans celle de Molière. Un défaut fâcheux du jeu pour les réfractaires à l’anglais.

Les choses les plus sérieuses concernent les objectifs principaux. Ils consistent généralement à produire des biens de consommation pour les citoyens des villes ainsi que des biens intermédiaires pour le bon fonctionnement des processus industriels et agricoles. Il est donc nécessaire de relier tous ces lieux le plus efficacement possible. Pour cela, nous créons des lignes, attribuons des véhicules et organisons les flux de manière optimale. Grossièrement, nous devons dans un premier temps acheminer les matières premières vers les usines de transformation, puis relier ces dernières aux villes assoiffées de biens de consommation.

Desservir les usines, le nerf de la guerre

Le défi logistique devient le cœur du jeu et nécessite un certain temps d’adaptation afin de bien appréhender et mémoriser ses mécaniques de gameplay. C’est là où le mode Campagne se montre particulièrement efficace. Les premiers scénarios nous orientent dans cet apprentissage fondamental tout en nous simplifiant la tâche grâce à la période historique choisie (ère de la vapeur). Durant cette période, les transports urbains sont relativement faciles à gérer : une ligne de bus (calèches) ou de tramway suffit amplement. De plus, l’argent coule à flot, ce qui nous permet de ne pas tenir compte du rapport coût/avantage des différents types de transport.

Tous les chemins mènent à Rome

Contrairement à d’autres “builders”, nous ne construisons aucun bâtiment hormis ceux liés aux infrastructures de transport. Ainsi, les villes évoluent automatiquement en fonction de la qualité du service de transport développé par nos soins. Elles se décomposent en trois espaces bien connus dans ce type de jeu : zone résidentielle, zone industrielle et zone commerciale. Chacun de ces espaces a bien entendu des besoins différents, qu’il faudra gérer avec réflexion.

Bien analyser la topographie est essentielle

De manière générale, Transport Fever 2 propose une approche économique simplifiée ; nous avons plus affaire à un jeu de construction que de gestion. La création de lignes et l’interconnexion multimodale des différents réseaux de transports représentent l’essentiel du gameplay. Néanmoins, il faudra tenir compte du budget mis à notre disposition dans les niveaux de difficulté élevés. Chaque moyen de transport dispose d’un coût de production, d’installation et d’entretien différent. Nous devons bien planifier notre réseau en fonction de ces coûts et de la topographie du terrain de jeu. De plus, le souci de créer une ligne “bénéficiaire” et la décision de construire un tunnel, un pont ou de moderniser une route ne se prennent pas à la légère car les coûts s’envolent rapidement.

Bien entendu, plus on avance dans le temps, plus les difficultés apparaissent et plus le titre nous pousse à améliorer sans cesse nos infrastructures. L’offre logistique devient pléthorique avec l’ajout du transport aérien. La densification de la circulation multiplie les voies ferroviaires et routières. L’avancée permanente des technologies chamboule complètement notre approche des réseaux, avec des temps de trajets raccourcis et un accroissement significatif de la capacité totale des marchandises et des personnes à transporter.

Adieu la vie sociale

Un seul Airbus dans le catalogue, dommage !

Pour ce faire, nous disposons d’une collection de véhicules conséquente qui augmente et s’adapte au fil du temps. Les amoureux de belles mécaniques ou de monstres d’acier prendront plaisir à découvrir des véhicules fidèlement représentés qui ont marqué l’histoire des transports. Nous, qui avons un petit faible pour le chemin de fer, apprécions avec gourmandise la présence de vieilles locos à vapeur jusqu’aux fleurons modernes à très grande vitesse représentés par le TGV, le Shinkansen ou l’ICE 1 allemand. Malheureusement, nous devons nous contenter du stock initial offert par le jeu ; l’absence du Workshop de la version PC (pour le moment ?) nous empêche de profiter des créations folles de la communauté.

Une fois que nous sommes définitivement à l’aise avec le contenu et les mécaniques de gameplay, nous pouvons passer au deuxième et dernier mode de jeu de Transport Fever 2 : le Jeu Libre. Celui-ci est le mode infini qui fera passer de nombreuses nuits blanches aux accros du jeu. Oui, vous avez bien lu, c’est bien le dernier mode de jeu. Transport Fever 2 est une expérience à vivre exclusivement en solitaire.

Un monument du rail allemand !

Dans le Jeu Libre, les options de paramétrage sont très généreuses. Nous avons le choix entre trois climats différents (tempéré, aride et tropical), trois tailles et trois formats de carte (1:1, 1:2 et 1:3). Nous pouvons également jouer sur la topographie et l’hydrographie de la région via des curseurs. La densité des villes et des industries, le niveau de difficulté, l’année de départ (tous les dix ans à partir de 1850) sont également modifiables. Pour les plus acharnés et patients, un éditeur de cartes est à disposition afin de laisser libre court à leur imagination. Dommage de ne pas pouvoir profiter de cartes générées par la communauté.

Beau comme un camion

La conquête de l’Ouest

Développé à partir d’un moteur graphique maison, Transport Fever 2 est très solide techniquement sur Xbox Series X. Le niveau de zoom est bluffant, sans provoquer de lags dans la transition. Les assets sont jolis, surtout concernant les moyens de locomotion et les paysages. Il est d’ailleurs possible de “monter à bord” de n’importe lequel des véhicules. Nous nous retrouvons devant celui-ci et voyons défiler le décor en fonction de son trajet prévu. Cette option demeure assez plaisante et immersive, surtout quand nous traversons la campagne environnante et profitons du panorama, même si le passage en HD de certains assets lorsque l’on s’en approche nous rappelle que nous sommes dans un jeu vidéo.

Une architecture pas très orientale autour de la mosquée...

Nous sommes plus réservés sur les villes où le peu de diversité des bâtiments fait souvent tâche, surtout à l’ère de la vapeur. L’immersion en prend par exemple un coup quand des bâtiments génériques de type occidental représentent la ville syrienne d’Alep dans un scénario. Seule la présence d’une mosquée au milieu de la ville principale de la carte fait moyennement illusion.

L’accès aux filtres est facile

Concernant l’ergonomie à la manette, nous sommes très satisfaits des choix effectués par l’équipe de développement. La proposition fait partie du haut du panier des adaptations sur console. Nous ne sommes plus aux erreurs de débutant des portages précurseurs où le combo clavier/souris était basiquement “simulé”. Certes nous déplaçons obligatoirement un pointeur pour ce type de jeu mais il se déplace à une vitesse adaptée et “accroche” les éléments à cliquer de façon astucieuse. Nous retrouvons les désormais classiques roues radiales pour accéder à des filtres ou des menus de gestion. Nous profitons également des nombreux raccourcis liés aux boutons de la manette qui fluidifient l’expérience de jeu sur console et la rendent agréable, même si nous restons forcément en-dessous du confort de la version PC. Le pari est réussi ! (à noter que le jeu semble compatible avec l’ajout d’un clavier et d’une souris sur nos consoles).

Enfin, une petite fausse note concerne malheureusement la bande-son du titre. Nous enchaînons des thèmes génériques qui finissent pas nous taper sur le système à force de tourner en boucle. Heureusement, il est possible de désactiver la musique, à défaut d’écouter autre chose via un autre appareil.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • La qualité du mode Campagne
  • Un catalogue de véhicules conséquent
  • Une ergonomie à la manette efficace
  • Un gameplay fun et addictif
  • La technique au rendez-vous
On n’a pas aimé :
  • Les oublis de traduction
  • L’absence de Workshop
  • La standardisation des villes
  • La bande-son générique
  • Certains objectifs secondaires peu clairs
Il m’a mis la fièvre, pendant des heures

Transport Fever 2 : Console Edition n’a pas à rougir face à son frère aîné sur PC. Le portage du titre sur consoles, effectué par le studio originel de la licence, est un modèle du genre. L’ergonomie à la manette est exemplaire. Ce joli travail d’adaptation est au service d’un titre de grande qualité, à la fois fun à jouer et addictif. Le mode Campagne est colossal et nous fait découvrir avec passion l’histoire mondiale des transports depuis 1850. Si vous êtes passionné par les jeux de gestion ou la construction de réseaux, Transport Fever 2 : Console Edition est vraiment une valeur sûre qui ne devrait pas vous décevoir. Coup de cœur mérité !

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Transport Fever 2 : Console Edition

Genre : Gestion

Éditeur : Nacon

Développeur : Urban Games

Date de sortie : 09/03/2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Autre support