Test - Graze Counter GM - Le shoot’em up pour les Nuls

«Do you speak danmaku ?» , - 0 réaction(s)

Les plus jeunes d’entre nous n’ont probablement pas connu l’âge d’or du shoot’em up, aujourd’hui catégorie vidéoludique non pas sous-représentée, mais destinée à un public de niche. Si les pioupious “asthmatiques” des consoles 8 et 16-bit tels que Super Star Soldier étaient encore accessibles au commun des mortels, souvent du fait des limitations techniques, les choses ont bien changé et ceux que l’on nomme avec crainte et déférence “bullet hells” ou danmaku en japonais représentent aujourd’hui une frange importante de ce genre devenu très confidentiel.

Sorti initialement en 2017 sous le label Henteko Doujin spécialisé dans l’ultra-indé et de retour aujourd’hui dans une version améliorée sur nos consoles de salon en collaboration avec l’éditeur Sanuk Games, le titre de Bikkuri Software représente un point d’entrée à la fois intéressant et accessible à cet univers impitoyable. Pour la somme de 14,99 € sur le Xbox Store, il propose de nous initier en douceur à ce type de jeu en nous prenant par la main tout du long.

À tous les shmups que j’ai aimés avant

Si les années 90 avaient marqué une certaine déclinaison des ambiances et des mécaniques de ce genre particulier comme par exemple l’excellent Pocky & Rocky (KiKi KaiKai : Nazo no Kuro Manto en VO) de Natsume sur Super NES, Graze Counter GM ne s’aventure pas bien loin et reste dans les limites des poncifs historiques de ce type de jeu.

Regarder autour de soi pour trouver l’ouverture

Des vaisseaux classiques, des tirs classiques, un système de bonus limité au strict nécessaire (un bouclier, un multiplicateur de score ainsi qu’un remplissage des deux jauges d’attaques spéciales) ainsi que des décors minimalistes, ce n’est pas la folie des grands soirs mais cela permet de ne pas se laisser distraire.

D’un point de vue graphique et sonore, Graze Counter GM fleure bon (peut-être trop) la nostalgie à la naphtaline. Pixel art à tous les étages et chiptunes à gogo, le jeu est à lui seul une capsule temporelle qui nous ramène très violemment une trentaine d’années en arrière. Ce style rétro est complètement assumé, même s’il ne rend pas du tout hommage aux capacités de nos chères consoles actuelles malgré un casting adorable. En revanche, l’action ne souffre d’aucun ralentissement et c’est heureux, le contraire aurait été inacceptable pour un jeu en 2D pouvant tenir sur la moitié d’un CD-Rom.

Échange de joyeusetés avant de faire parler la poudre

Enfin et c’est tout sauf une surprise, le scénario n’est bien entendu qu’un prétexte à l’action et n’a qu’un intérêt purement anecdotique : une I.A. défectueuse retient en otage des millions de personnes au sein d’une réalité virtuelle utopique et deux héros intrépides en tenue d’écolière vont voler à leur secours en utilisant une porte dérobée dans la matrice. Notre duo chibi-kawaii est rejoint au fil des parties par d’autres pilotes, certains rencontrés et vaincus pendant les différents niveaux, chacun d’entre eux présentant quelques subtilités offrant des variations dans le gameplay.

Y’a comme un goût de boulette, boulette…

Comme son nom l’indique, Graze Counter GM nous invite à étudier de près et maîtriser pas à pas une mécanique bien connue des shmups modernes, par exemple au cœur du gameplay d’un certain Psyvariar ou des différentes itérations du Touhou Project : le grazing. Derrière ce terme curieux (et ses variantes) que l’on imagine plutôt adapté à l’univers fermier se cache le fait de frôler les nombreux projectiles ainsi que les ennemis afin de charger une barre d’attaque spéciale tout en faisant exploser son multiplicateur de score. Il est donc requis d’aller au contact (mais pas trop quand même) et de flirter en permanence avec le danger. Il est même possible de freiner son vaisseau à l’aide d’un bouton spécifique pour des mouvements encore plus précis.

Récapitulatif de fin de niveau

Une fois cette réserve remplie (ce “Graze Counter” qui donne son nom au titre), il est possible de tirer pendant quelques secondes un énorme laser faisant fi de toute opposition, l’effet s’accompagnant d’une invulnérabilité temporaire. Les ennemis et les projectiles détruits de cette manière se transforment alors en étoiles qui remplissent une seconde barre, le Break. À son tour le Break une fois déchaîné fonctionne comme une bombe, détruisant tous les projectiles à l’écran et modifiant brièvement le tir principal en une version surpuissante, mais pour le coup sans effet d’invincibilité. Tout l’intérêt du titre porte donc sur l’optimisation de ces différentes mécaniques afin d’atteindre des scores proprement indécents.

Mais nous sommes de grands débutants

Pour les profanes, la première partie de Graze Counter GM en mode Novice peut être un peu déroutante, même avec les options par défaut qui sont les plus “gentilles” en termes de difficulté. Le tutoriel rapide expliquant les mécaniques évoquées plus haut est rapidement expédié et il faut un petit temps d’adaptation pour en appréhender toute l’élégance.

La joie partagée avec notre pilote de lancer le Graze Counter

Notre priorité reste la survie et si la hitbox réelle de notre vaisseau reste limitée aux quelques pixels de notre cockpit, nous sommes parfois tentés par pur réflexe d’effectuer de grands mouvements désordonnés pour éviter une rafale menaçante alors qu’un simple décalage très léger est souvent suffisant tout en permettant de remplir sa barre de Graze au passage.

Conformément aux canons du genre, il est possible de choisir entre deux routes lors des chapitres deux et quatre. Les ennemis gagnent progressivement en taille, résistance et nombre de boulettes tirées, nous obligeant à user du système à notre avantage. Les différents boss, présentés lors d’une courte séquence de dialogue, cette joute verbale étant parfois plombée par quelques bizarreries de traduction, sont très résistants mais leurs patterns d’attaque ne nous surprennent que lors des premières rencontres.

Bien connaître les enchaînements des boss

En bon formateur, le jeu met en scène toutes les configurations possibles pour entraver notre avancée en nous obligeant à nous y adapter : lasers énormes ciblés sur notre position, tirs à tête chercheuse plus ou moins rapides, ruée des ennemis sur notre vaisseau, création de barrières difficilement destructibles sans le Graze Shot, rafales de barrage ininterrompues, etc.

Je ne t’abandonnerai jamais, je ne te laisserai pas tomber

Le dernier de ces boss reprend l’ensemble des attaques des précédents ennemis majeurs et permet de valider (ou pas) que les leçons ont bien été apprises sur le bout des doigts et des synapses. Chaque partie se termine en une vingtaine de minutes et débloque l’accès à de nouvelles configurations de jeu en plus des personnages. Parmi elles le mode “Mission” propose trente épreuves à la difficulté croissante nous accompagnant pas à pas vers la perfection.

5 millions en 25 secondes : mission pas impossible du tout

Et ensuite ? C’est là que la liste de succès prend le relais pour nous aiguiller, toujours dans une optique d’amélioration de nos capacités de pilotage et de tir. Il faut donc entre autres terminer le jeu sans utiliser de “Continue”, en une seule vie, avec différents pilotes, en “Pacifiste” sans le tir principal (seul le Graze est disponible) et en difficulté infinie avec l’ajout des classiques “suicide bullets” sournoisement lâchées par les ennemis à leur mort, nous obligeant à réajuster notre trajectoire en permanence.

Trois niveaux de difficulté supplémentaires sont disponibles (mal)heureusement sans succès à la clé, le jeu préférant nous laisser la liberté de poursuivre seuls notre formation sans autre carotte que celle de la recherche de l’excellence.

Il est temps de paniquer ou de roxer

La tête de plus en plus dépitée du personnage lors de la sélection représente un bon indicateur de la violence à venir, le mode Novice n’étant qu’un amuse-bouche pour touristes. Nous avons également la possibilité d’abandonner le bouclier rechargeable initial contre deux améliorations de notre puissance de feu.

Graze Counter GM nous offre au final la perspective d’une belle courbe de progression ainsi qu’une immense rejouabilité, pour peu que l’on s’accroche. Et qui sait, peut-être se décider à sauter le pas pour s’attaquer ensuite à des productions plus modernes et plus complexes que l’on pensait a priori hors de notre portée, cette fois avec de solides connaissances en la matière.

Testé sur Xbox One et Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Un gameplay nerveux et précis
  • Un accompagnement très pédagogique du joueur
  • Une grande rejouabilité
  • Un casting ultra-kawaii
On n’a pas aimé :
  • Des graphismes et des musiques sans originalité
  • Aucun succès lié aux difficultés supérieures
  • Uniquement jouable en solo
Apprendre à voler

« Shmup is not dead ». Ce n’est pas nous qui le disons, c’est le jeu qui l’affirme à la fin de son générique. Avec son look dépouillé et minimaliste, Graze Counter GM nous invite à apprendre ou à réviser de manière presque scolaire l’un des styles de gameplay cruciaux des shoot’em up modernes. Beaucoup plus technique et moins défoulatoire qu’on pourrait le penser au premier abord, il représente un manuel de pilotage clair et précis doublé d’une mise en pratique progressive à destination des courageux, perfectionnistes ou inconscients qui voudraient un jour maîtriser l’art ô combien difficile du danmaku.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Graze Counter GM

PEGI 7

Genre : Action

Editeur : Sanuk Inc.

Développeur : Bikkuri Software

Date de sortie : 19 janvier 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch