Test - Raiden IV x MIKADO remix - Le dieu du tonnerre dépasse les bornes

«Préparez-vous à goûter à la foudre» , - 0 réaction(s)

Sorti initialement en 1990 en arcade, le premier épisode de la saga Raiden a été développé par Seibu Kaihatsu qui a ensuite passé le relais au studio MOSS. Le succès de ce shoot’em up à scrolling vertical est immédiat et le jeu s’impose rapidement comme l’un des incontournables du genre. La recette originale demeure la même au fil des années, les évolutions techniques permettant principalement d’améliorer les graphismes et de multiplier le nombre d’ennemis et de projectiles à l’écran. Raiden IV, sorti initialement en 2007, avait été porté l’année suivante sur Xbox 360 et quelque temps plus tard sur PlayStation 3. Il nous revient aujourd’hui dans sa version la plus complète après avoir fait un détour par la Nintendo Switch fin 2021 : Raiden IV x MIKADO remix décolle le 3 février 2023 sur le Xbox Store au prix de 39,99 €.

Shinjuku : Arcade City

Mais qu’est-ce donc que ce “Mikado” ajouté au nom du jeu et qui titille indéniablement notre curiosité ? Outre le fait que ce titre honorifique définissait les empereurs nippons de l’ancien temps, nous donnant une indication sur cette version qui se veut “ultime” et “de prestige”, nous autres gaijin associons plus naturellement cette image à ce jeu d’adresse traditionnel d’inspiration bouddhiste ou à une célèbre confiserie, cette “petite faiblesse qui vous perdra”. Dans les deux cas, nous nous rapprochons de la réalité car ce Raiden IV x MIKADO remix demande une sérénité et une maîtrise de soi à toute épreuve tout en présentant un côté fabuleusement addictif.

En fait, le terme fait référence au Mikado Game Center, salle d’arcade rétro gigantesque, presque un musée vidéoludique, dont l’antenne principale est située dans le quartier étudiant de Takadanobaba dans le district de Shinjuku à Tokyo.

Des nerfs d’acier sont indispensables

Elle nous propose une collection absolument dantesque des pépites de l’arcade sur plusieurs étages, l’un d’entre eux étant entièrement dédié aux shoot’em up. Ce haut lieu de l’excellence old-school organise régulièrement des tournois de VS Fighting ainsi que l’évènement Spring Shooting Festival dédié justement au genre qui nous intéresse. Bénéficier de cette association est ici une grande marque de confiance.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le projet de ce remake, lancé pour fêter les trente ans de la licence en 2020 s’est accompagné de toute une série de collaborations avec des groupes locaux afin d’offrir à cette version “anniversaire” une bande-son “remix” à la hauteur de l’évènement, bourrée de riffs gras et à la rythmique au diapason de l’action proposée.

Tire la chevillette et la bombinette cherra

Parmi la brochette d’artistes ayant contribué à cette réorchestration, nous notons la présence de Fantom Iris, formation spécialisée dans la musique de jeu vidéo et se composant justement d’habitués du Mikado Game Center. De son côté, le trio d’O.T.K. sévit depuis plus de vingt-cinq ans sur cette frange particulière de la reprise de thèmes vidéoludiques. Enfin, Heavy Metal Raiden, groupe officiel des arrangements musicaux de la série depuis 2011 compte comme guitariste… le gérant de la salle. La boucle est bouclée.

Un menu digne d’un maid café d’Akihabara, mais sans les maids

Nous voici donc face à la version “Deluxe-Ultimate-Definitive” de ce titre mythique pour les connaisseurs. Si ces derniers ne sont absolument pas perdus dans le nombre important de menus et de modes de jeu différents, il convient néanmoins d’en faire un petit inventaire pour poser les bases. Le mode Arcade (qui n’est évidemment pas le premier de la liste, ce serait trop simple) nous permet de découvrir ou redécouvrir Raiden IV dans sa version d’origine, avec deux niveaux de difficulté : Original, conforme en tous points à l’arcade et Light, plus accessible pour les débutants. Nous conseillons d’ailleurs à tout nouveau joueur de se familiariser en premier lieu avec les mécaniques par ce biais afin d’éviter toute déprime prématurée.

Démarrage en douceur pour se préparer à la douleur

Les modes Additional et Overkill ajoutent deux niveaux de jeu supplémentaires pour encore plus de bonheur. De plus, ce dernier intègre une mécanique de scoring spécifique demandant de s’acharner sur les carcasses encore fumantes des ennemis de taille intermédiaire et supérieure fraîchement abattus. Cela permet de générer des médailles plus ou moins chargées en points en fonction du niveau de punition post-mortem infligé. Tout un programme. Les Score Attack et Boss Attack (celui-ci se débloquant après avoir terminé le jeu une fois) parlent d’eux-mêmes et proposent un challenge légèrement différent et surtout beaucoup plus sérieux.

Vu de près, c’est tout de suite moins impressionnant

L’indéboulonnable Leaderboard est bien sûr de la partie, permettant de se mesurer aux joueurs du monde entier sur les modes Arcade, Additional et Overkill. Il est possible d’enregistrer nos meilleures et sans doute fort épiques parties complètes pour pouvoir les visionner à loisir au sein des Replays. Enfin, la Galerie s’enrichit au fur et à mesure des différents ennemis rencontrés et permet d’admirer en toute sécurité leurs modèles en 3D.

Quand y’en a plus, y’en a encore…

Du côté des Options, il est possible de régler le nombre de vies par crédit et de bombes disponibles par vie, remapper les touches sur les différents boutons de la manette (un pour le tir, un pour les bombes, huit boutons, le choix est très ouvert), opter pour la bande-son originale ou remixée et régler les diverses options d’affichage.

C’est plus lisible, mais pas forcément plus pratique

Pour celles et ceux qui ont la possibilité de faire pivoter leur écran verticalement, Raiden IV x MIKADO remix propose un affichage de l’écran de jeu plus étendu à 90°, ce qui peut représenter un avantage visuel non négligeable. Car, il est important de le préciser, comme de nombreux autres shoot’em up à défilement vertical, Raiden se joue nativement en format 4:3, ou plutôt en 3:4. La raison est historique et purement technique et même s’il est regrettable de devoir se passer de plus de la moitié de la taille utile de son écran dans une configuration traditionnelle, c’est malheureusement le prix à payer pour pouvoir apprécier le titre.

Dernières formalités avant de se lancer dans l’action, après avoir sélectionné l’un des modes de jeu, nous faisons le choix de la partie en Solo, en Dual en ayant convaincu préalablement un téméraire ami de batailler à nos côtés ou en Double Play en contrôlant simultanément deux appareils sur la même manette (mais si, c’est possible !). Huit réglages de souffrance nous permettent d’ajuster notre expérience, du Practice dans lequel les ennemis ne tirent simplement pas à l’Ultimate qui garantit un trépas extrêmement rapide et douloureux à n’importe quel joueur non entraîné, étouffé sous une tempête de boulettes.

Je suis la Fée Lonie !

Trois modèles de vaisseau sont disponibles. Le Fighting Thunder ME02, anguleux et incisif, est le plus facile à prendre en main, le MK-II propose une expérience “à l’ancienne” avec des bombes à retardement et à aire d’effet réduite ainsi qu’un désign très rondouillard et la Fée, initialement un bonus rare en jeu, bénéficie de versions “magiques” des différentes armes. Si balancer des bulles violettes, des fleurs au pollen virevoltant et des feuilles autoguidées fait partie de vos plaisirs coupables, nous ne vous jugeons pas. Mais nous vous invitons vivement à vous intéresser à un certain MushihimeSama, qui correspond sans doute mieux à vos aspirations champêtres et naturalistes.

Le commandant ainsi que l’équipage vous souhaitent un agréable voyage

La structure des niveaux de jeu est extrêmement reconnaissable et reprend l’ADN de la série. L’aventure débute donc sur la planète Terre, avec les champs caractéristiques qui laissent progressivement la place à un décor urbain, suivi d’un port menant à un vieux temple. Nous nous éloignons ensuite de notre chère planète bleue en direction de la base ennemie avec ses croiseurs interminables dignes de Star Wars, sans oublier la très classique pluie d’astéroïdes précédant la confrontation finale.

Graphiquement, le titre est un sans-faute complet, compte tenu bien entendu des spécificités du genre et du jeu de quinze ans d’âge qui est ici parfaitement adapté.

Esquiver à gauche ou à droite ?

Le chaos graphique permanent reste lisible à chaque instant et ne souffre d’aucun ralentissement, même lorsque l’écran se surcharge subitement de tirs ennemis. Il est toujours possible de reprocher un “manque d’originalité” dans les décors et le design des ennemis, mais ce serait un peu vite oublier que ce sont justement des piliers comme Raiden qui ont défini les canons du genre.

Côté arsenal de destruction, nous commençons modestement armés du Vulcain, une mitrailleuse légère dont l’amplitude de tir se déploie en éventail au fil des “power up” ramassés. Parfait pour s’occuper rapidement de la majorité des ennemis les plus faibles, son manque de puissance générale nous amène à passer au Laser, concentré droit devant nous, mais nous obligeant à de grands mouvements pour atteindre des ennemis surgissant à l’autre bout de l’écran.

Comprendre les forces et faiblesses des différentes armes

À la croisée des performances, notre dernière option offensive dont nous pouvons choisir la caractéristique principale en début de partie se décline dans sa version Plasma pour un énorme serpent électrique à tête chercheuse ou Proton pour un triple tir dont les mouvements ondulants s’adaptant à nos déplacements rappellent un fouet ultra-technologique. Une triplette de missiles variés complète nos possibilités combatives.

Hell or Bullet Hell

En face, la résistance alien s’organise peu à peu et les premiers ennemis facilement détruits dès leur arrivée à l’écran font progressivement place à des machines volantes, roulantes et flottantes de plus en plus nombreuses, imposantes et surtout beaucoup plus agressives. Les boulettes à éviter se multiplient à une vitesse inquiétante, tirées parfois par des véhicules faisant irruption sur le côté opposé à notre position, à la limite de notre visibilité ou derrière un élément de décor à exploser. Certaines sont destructibles, mais les plus nombreuses, qu’elles soient rondes, ovales, dentelées ou allongées sont sacrément rapides et nous font fatalement exploser au moindre contact. Bien entendu, les énormes masses robotisées hérissées d’innombrables canons aux formes alternatives rencontrées à chaque fin de niveau sont particulièrement généreuses et créatives dans la distribution de cette manne mortelle.

Même les ruines aztèques camouflent des canons

Nous mourrons donc beaucoup sur nos premières parties de ce Raiden. Énormément, même. En effet, aucun bouclier, aucune barre de vie, aucun ange miséricordieux ne se dresse entre nous et ce démentiel déchaînement de violence que nous devons traverser. Une mauvaise estimation de notre hitbox, un manque d’anticipation des mouvements des ennemis, une méconnaissance de l’enchaînement des tirs d’un boss, ou simplement un comportement stupidement cupide et la sentence est irrévocable : Boom ! Même joueur joue encore. Qu’importe, nous profitons des quelques secondes d’invincibilité de notre réapparition pour récupérer nerveusement nos armes et repartir à l’assaut de ce satané…. Boom ! Game Over.

Parce que je suis une peau de vache, vous me haïrez...

Cette exagération grossière n’est pourtant pas si éloignée de la réalité que ça. Pour peu que nous possédions une tirelire à gros mots et en prenant compte le prix des crédits sur borne d’arcade, le jeu peut être “amorti” en un temps record : une belle leçon d’humilité. Cependant, il n’est pas question de se laisser abattre. Heureusement, tels des Pandore modernes, nous trouvons une faible lueur d’espoir au fond de la boîte. Raiden IV x MIKADO remix propose, au lancement de chaque partie, de choisir notre niveau de départ, parmi ceux déjà atteints.

Hey, c’est déloyal, ça !

De plus, le nombre initial de crédits très limité augmente avec chaque tableau passé. Nous ravalons alors notre orgueil et baissons la difficulté, afin d’apprécier le titre sans nécessairement abuser des bombes en toute situation. Petite satisfaction, “finir” le jeu permet de débloquer des crédits illimités dans tous les modes disponibles.

Et… c’est ici que notre profession de foi commence vraiment, sauf si la difficulté typiquement nippone a finalement eu raison de notre volonté. Nous sommes venus, nous avons vu et nous avons vaincu une première fois, probablement sans péril et surtout sans aucune gloire. Mais nous savons désormais à quoi nous attendre, quels dangers nous guettent et à quels efforts il nous faut consentir pour maîtriser ne serait-ce qu’une fraction du titre. Nous reprenons notre manette en main. Un niveau après l’autre, il faut analyser les tirs, adapter notre position à celle des ennemis, prévoir les patterns des boss. Et recommencer en cas d’échec. Le chemin est long et difficile, mais au final fabuleusement gratifiant. Car c’est à ce prix que demain peut-être, nous danserons entre les projectiles en souriant avec la grâce et l’élégance d’une ballerine sidérale.

Testé sur Xbox One

Bilan

On a aimé :
  • L’arcade à la maison avec tous les modes complémentaires
  • Une bande-son de folie
  • Une courbe de progression très addictive
On n’a pas aimé :
  • Un système de jeu juste mais extrêmement punitif
  • Réservé aux connaisseurs ou aux très courageux
  • Le support pivotant pour l’écran n’est pas fourni
Prosternez-vous et faites pénitence !

Raiden IV x MIKADO remix ne s’adresse clairement pas aux pilotes du dimanche à qui l’on conseillera plutôt des titres plus abordables et probablement beaucoup moins frustrants en matière de complétion. Sauver la Terre est un business terriblement sérieux depuis les années 80. Cet épisode de la foudroyante licence ne se laisse pas facilement dompter et nous rappelle avec morgue et style que seuls l’entraînement et la persévérance sont les clés du succès. Il est bien entendu possible de se frotter à l’invasion extraterrestre avec les curseurs au minimum, mais dévoyer ainsi le challenge proposé reviendrait à gâcher tout ce qui fait le sel et le piment du jeu.

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Raiden IV x MIKADO remix

PEGI 7

Genre : Action

Editeur : NIS America

Développeur : MOSS Co., Ltd

Date de sortie : 3 février 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, Nintendo Switch