Test - Jack Move - Un Cyberpunk à l’ancienne qui s’inspire des plus grands

«Bienvenue à Bright Town» , - 0 réaction(s)

Jack Move nous invite à une plongée dans un futur pas vraiment rose au cours duquel l’humanité est tombée aux mains d’une méga corporation, Monomind. Sa bande-annonce alléchante pour les amateurs de rétrogaming est soutenue par une introduction en anime extrêmement sympathique faisant un clin d’œil final à Mega Man Legends mais malheureusement absente du produit final. Le titre revendique de nombreuses inspirations allant de Blade Runner à Akira, en passant par Grandia et Final Fantasy et se trouve disponible au prix de 19,99 € sur le Xbox Store.

Attention à la marche, clin d’œil à Mega Man Legends

Pour ce projet de cœur, peut-être né de la nostalgie de l’époque de ses actions avec le collectif Games by the Sea, Edd Parris, à travers son micro studio So Romantic a réussi en bon Fixer, à s’entourer d’une « core team » hétéroclite mais particulièrement talentueuse pour cette mission ambitieuse. Joe Williamson le Netrunner, qui a donné vie aux personnages et à tout le bestiaire avec ses animations léchées, Fracture le Rockerboy, dont les compositions modernes mais « so 90’s » accompagnent parfaitement le titre, Adam Hay, le Techie du sound design et Amalie Kae la Media qui a façonné l’histoire de ces héros modernes aux aspirations universelles et intemporelles.

Pluie, néons, et corpos

Le jeu débute dans une ruelle sombre, non loin d’une entrée de service. Noa Solares travaille en duo avec le hacker Ryder et ils vivent de petits boulots liés au trafic de données. Mais les temps sont durs ; pour pouvoir payer les factures, il faut bien se salir un peu les mains et remplir des contrats sans être trop regardant sur la moralité du client. Notre première besogne, apparemment simple, consiste à récupérer des photos compromettantes sur l’ordinateur d’un gros bonnet corporatiste. Trop simple, bien entendu, puisque la présence inopinée de gardes de sécurité complique très légèrement le programme.

On ne saura jamais

Cette première mission se déroule en une succession de tutoriels, permettant de prendre en main les différentes interfaces d’inventaire et de combat. La terminologie utilisée pioche allègrement dans l’univers cyberpunk tout en conservant un système de RPG traditionnel au tour par tour.

Une contre trois, facile

Tout y est, du blocage permettant d’agir plus rapidement par la suite aux attaques élémentaires remplacées ici par une trinité d’effets numériques extrêmement simple à appréhender, chacun d’entre eux étant associé à une couleur (violet, vert et bleu) que l’on retrouve également dans le design de nos ennemis. Ce système de chifoumi est plutôt intuitif et bien pensé, même si au fil de l’aventure, de plus en plus d’adversaires se font un malin plaisir à brouiller les pistes colorimétriques.

Si un exploit technologique est possible, l’homme le fera.

Seulement trois directions à exécuter pour réussir les Jack Moves

Il est possible de réorganiser les puces de notre cyberdeck en plein combat afin d’avoir accès à des pouvoirs spécifiques car ses capacités sont extrêmement limitées en début de partie et tout notre arsenal n’est pas disponible simultanément. Il faut donc choisir avec soin une sélection de capacités pertinentes sous peine de se retrouver en difficulté face à un ennemi résistant à nos pouvoirs actifs. Quelques étages plus haut et la collection de photos compromettantes en poche, le premier combat de boss nous présente enfin les fameux « Jack Moves », ces attaques ultimes utilisables après avoir donné et reçu un certain nombre de coups et dont l’exécution parfaite mène à un déferlement de pure destruction extrêmement satisfaisant.

Petite pause philosophique

Les différentes animations des personnages et ennemis, tout particulièrement en combat, sont extrêmement fluides et dynamiques. L’apparente simplicité du pixel art est sublimée par des animations réalisées à la main ne lésinant pas sur les zooms, déformations et autres effets de vitesse. Nous apprécions également la variété d’expressions affichées par les personnages, parfaitement rendue avec une certaine emphase dans leur gestuelle et renforcée par la présence de leurs portraits respectifs lors des nombreux dialogues qui jalonnent notre progression. Souvent bourrées d’humour et teintées de cynisme, ces conversations construisent l’histoire en mettant la personnalité des protagonistes à l’honneur. Mention spéciale à Oncle Guin, dandy débonnaire et philosophe, dont les élucubrations ampoulées sont un véritable régal. Les mélodies collent parfaitement aux différentes ambiances, plutôt chill et limite jazzy dans les sections citadines et plus techno avec des résonances mécaniques un peu inquiétantes lors de l’exploration des différents donjons.

Le réseau est vaste et infini

Après quelques séquences scénaristiques, un coup de fil impromptu et la rencontre avec la big boss de Monomind qui ne nous laisse même pas la moitié du quart du commencement d’une chance de l’égratigner, nous découvrons librement la zone urbaine du jeu, Bright Town, avec ses PNJ désabusés qui ont besoin d’aide, ses coffres plus ou moins bien cachés et sa boutique « Deck Lord » fort bien achalandée. Noa décide de suivre la piste laissée par son excentrique paternel et de traverser le no man’s land situé non loin et sobrement appelé « Les Taudis ». En bon Grosbill, nous prenons donc quelques niveaux et améliorons notre équipement avant de nous attaquer sérieusement à la traversée de cette décharge à ciel ouvert.

Atterrissage à Bright Town

L’aventure se poursuit dans des environnements aussi variés qu’un laboratoire souterrain, une casse gardée par une bande de grosses brutes sans humour ainsi que la tour Monomind et ses ascenseurs à foison. Certains passages proposent même quelques puzzles basiques et les explorateurs compulsifs sont souvent récompensés par un petit coffre recélant un objet de soin ou une poignée de crédits. Le jeu nous laisse la possibilité d’ajuster la fréquence des affrontements, mais il est fortement déconseillé de la réduire voire de la supprimer pour bénéficier d’une exploration libre.

Échange de joyeusetés en début de combat

En effet, les combats de boss qui jalonnent le scénario sont, à défaut d’être vraiment difficiles, un minimum techniques et demandent une bonne préparation. Commencer le combat avec des jauges pleines permet le plus souvent d’expédier rapidement les sbires pour pouvoir se concentrer sur le gros vilain.

La réalité n’est qu’une obsession qui s’empare de nous

Gros pouvoirs, mais sans connaître véritablement leur puissance

La dernière partie de l’aventure arrive bien trop vite, mais propose un challenge équilibré pour qui ne fonce pas tête baissée. Le système d’expérience lié à l’utilisation des pouvoirs est une bonne idée, mais l’absence de statistiques visibles pour ces éléments nous laisse un peu dans le flou quant au réel gain de puissance occasionné par une montée de niveau. De la même manière, nous aurions aimé un peu d’aléatoire lors de l’exécution des Jack Moves ou bien la modification/complexification des commandes pour leurs versions améliorées.

Oncle Guin et ses martinis, un petit air de Hugh Hefner

L’histoire qui s’étale sur une toute petite dizaine d’heures est agréable à suivre et fort bien menée. Nous pouvons même dire qu’elle peut se poser clairement comme un point d’entrée intéressant dans l’univers cyberpunk sans sa violence et sa noirceur habituelles souvent très graphiques. La profondeur des réflexions des personnages transcende la patte graphique 16-Bits et aborde sans concession un certain nombre de sujets sérieux tels que le deuil et l’immortalité numérique sans pour autant tomber dans les réflexions philosophiques intenses d’un Ghost in the Shell.

Je me sens confinée, seulement libre de m’étendre à l’intérieur de limites

Côté succès, nous aurions clairement aimé un peu plus de variété : seulement dix, tous déblocables au fil du scénario, alors qu’il aurait été sympathique d’en avoir au moins quelques-uns liés à la progression du personnage ou à son tableau de chasse. Nous regrettons également l’absence d’un glossaire sur l’univers cyberpunk et d’un bestiaire étendu qui aurait permis à tout le monde de plonger plus profondément dans l’univers même si la lecture de l’intégrale de William Gibson est optionnelle pour profiter pleinement de l’expérience.

Bienvenue dans le Futur

Enfin, que serait un univers comme celui-ci sans un certain nombre de petits glitchs et autres bugs heureusement très marginaux, le plus souvent relativement bénins mais parfois un peu gênants ? On peut noter un inventaire d’améliorations hardware apparemment limité sans la possibilité de jeter ou vendre des composants obsolètes, quelques coquilles de traduction et le fait de se retrouver parfois irrémédiablement coincé dans un élément de décor. Vu qu’il est impossible de quitter proprement le jeu sans effectuer de sauvegarde automatique, nous conseillons donc vigoureusement aux apprentis-hackers qui vont se lancer aux côtés de Noa d’utiliser régulièrement les trois slots de sauvegarde manuelle disponibles.

Test réalisé sur Xbox One.

Bilan

On a aimé :
  • Un univers cyberpunk crédible et fort bien écrit
  • Un système de jeu simple et solide
  • Une direction artistique très sympathique servie par une animation au top
  • Des personnages aux dialogues truculents
On n’a pas aimé :
  • Beaucoup trop court
  • Un système de combat qui aurait mérité d’être amélioré
Retro Cyberpunk 2022

Jack Move est une petite pépite de retrogaming en pixel art qui bénéficie d’un traitement moderne à tous les niveaux et dont les références annoncées sont loin d’être usurpées. On retrouve la joie de parcourir un jeu aux mécaniques simples et éprouvées, au scénario convenu mais solide, servi par des dialogues qui sonnent juste, avec une bonne dose d’humour et de dérision. Notre unique regret reste la longueur de l’aventure qui, malgré ses moments d’anthologie aurait amplement mérité de se faire installer quelques implants de niveaux pour une poignée d’heures supplémentaires aux côtés de Noa Solares.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Jack Move

PEGI 7

Genre : RPG

Editeur : Hype Train Digital

Développeur : So Romantic

Date de sortie : 20 Septembre 2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch