Test - Hell Pie - Le démon envoie la sauce salsa

«Une très vulgaire démonstration de puissance» , - 1 réaction(s)

Sluggerfly, jeune studio allemand, composé d’une équipe de six personnes, après avoir sévi sur les deux opus de Ben and Ed depuis 2015, nous régale aujourd’hui d’un jeu de plateforme 3D à l’ambiance déjantée, à l’humour noir éminemment graveleux, et à la direction artistique pour le moins particulière. Hell Pie est disponible sur le store de Microsoft depuis le 21 juillet.

Oui, je suis Belzébuth, Je suis un bouc, je suis en rut

C’est un jour comme les autres en Enfer à la Sin Inc., l’entreprise qui coordonne les actions des sept péchés capitaux. Nate est le huitième, celui du mauvais goût mais ne bénéficie pas du même statut que ses collègues, vu qu’il est relégué dans un bureau au fond du couloir en face des toilettes. Il faut dire que sa dégaine de diablotin mignon et son manque de motivation ne jouent pas en sa faveur. Lorsque le grand patron l’appelle par erreur, en interrompant une pause pas forcément méritée, pour lui demander de superviser la confection d’une tarte par le chef cuisinier, Nate se rend à l’évidence. Le temps béni de la glandouille dans son placard est terminé.

Satan & Nate

Nos premiers pas dans les couloirs de la Sin Inc. nous permettent de prendre en main notre petit démon au crâne de bouc. En plus du double saut classique pour ce genre de production, il est possible de grimper brièvement aux murs et de s’élancer sur une courte distance. La récolte de petits cristaux violets disséminés ça et là trouve sa justification quelques pièces plus loin lorsque nous rencontrons la sémillante Asmodée, qui nous permet de les échanger contre des tenues totalement en phase avec notre personnage. Dans le style qui donne envie de se crever les yeux. Pas de temps à perdre, nous faisons rapidement la rencontre du chef cuisinier qui, non content de nous avouer qu’il a complètement oublié l’anniversaire de Satan, nous missionne pour récupérer les ingrédients en vue de la confection de la fameuse tarte.

Je crache, je rote, rien ne m’arrête

Pour faire une tarte, il faut une pâte. Le mépris du chef pour son art et son employeur n’ayant aucune limite, c’est dans les rayons du supermarché de l’entreprise que l’on va aller chercher une pâte prête à l’emploi. Nos rapides déambulations dans le magasin ne sont finalement pas si éloignées d’une sortie courses classique. Les vendeurs ont un humour aussi vaseux que leurs marchandises, les références scatophiles fusent, on entrevoit des articles non identifiés au désign phallique, et les clients pètent quand on les bouscule. Seule différence notable, le sol est réellement en fusion.

The floor is lava

Dès notre entrée dans le magasin, un animateur promotionnel nous tombe dessus et nous refourgue un angelot asservi répondant au doux nom de Nugget, dont l’oeil torve, le sourire niais, le physique fort peu athlétique et la mèche blonde rappellent sans grande subtilité un certain notable et politique d’outre-atlantique. Notre charmant petit compagnon se nourrit exclusivement de conserves pour chien, dont il engloutit le contenu avec une répugnante voracité avant de nous gratifier d’un rot sonore accompagné d’une exhalaison méphitique.

Nugget dans toute sa splendeur

Relié à l’une de nos cornes par une chaîne, il est possible de l’utiliser comme arme en le faisant tournoyer ainsi qu’en tant que grappin. Cette dernière mécanique est au centre de la mobilité de Nate. En plein saut, en laissant appuyé la gâchette droite, Nugget se fixe et nous permet ainsi de nous balancer pour atteindre des endroits plus éloignés.

J’aime bien faire mal aux tous petits

Une fois la pâte à tarte remise au chef, ce dernier nous débloque l’accès à un « infernascenseur » vers la Terre qui nous mène au premier monde disponible, une île paradisiaque appelée Baie Sashimi. Celle-ci se présente sous la forme d’un hub avec différents points d’intérêt (téléporteurs, autels de puissance, boutique d’Asmodée) ainsi qu’un accès à trois niveaux linéaires.

Baie Sashimi Carte

Cette structure, commune à tous les mondes, offre une grande liberté d’exploration et la possibilité de parcourir les donjons dans n’importe quel ordre. Sans pour autant réinventer le genre, ils sont sympathiquement originaux, certains bénéficiant même d’une scénarisation sommaire, mais truculente. La majorité des ennemis n’offre qu’une résistance de principe puisqu’un seul coup suffit pour s’en débarrasser. C’est plutôt l’exploration trop poussée et certains sauts hasardeux qui nous ramènent au checkpoint avec une pénalité complètement anecdotique.

Enfer de lasers

La part belle est faite aux collectibles, pour certains très bien cachés, et chacun d’entre eux a son importance. Les boîtes de conserve débloquent des améliorations au sein de l’arbre de compétences de Nugget, les maneki neko dorés permettent d’accéder aux différentes pièces du bureau d’Avarice à Sin Inc., et les adorables moutons-licornes, une fois sacrifiés sur les autels de manière furieusement barbare offrent de nouvelles cornes aux propriétés étonnantes à Nate. Les derniers objets à récupérer sont bien entendu les ingrédients nécessaires à la confection de la tarte. Tous plus ignobles les uns que les autres !

Sacrifice

Dans ma marmite c’est l’épouvante, y’a des bestioles dégoulinantes

On s’amuse bien aux côtés de Nate. L’utilisation de Nugget demande un certain temps d’adaptation, mais une fois maîtrisé et amélioré, on s’affranchit presque complètement des plateformes classiques en virevoltant dans les airs. L’originalité des situations et surtout les nombreuses références au cinéma, à la musique, à la littérature et à la pop culture en général font sourire. On apprécie réellement l’effort apporté à tous ces petits détails. Les différents PNJ rencontrés sont tous plus répugnants les uns que les autres et en poussant un peu la réflexion, on pourrait presque se dire que Sluggerfly a voulu dénoncer avec un certain cynisme une humanité décadente et dégénérée qui finalement mérite ce qui lui arrive.

Sombre avenir

Certaines séquences de jeu sont directement inspirées des cadors du genre, on peut même parler d’hommages, mais le petit démon tire fort honorablement son épingle du jeu, en proposant une recette au final unique et épicée. On regrette cependant un cruel manque de boss de fin de niveau, l’utilisation beaucoup trop timide des armes à feu, une caméra parfois un peu capricieuse et le fait que le jeu se termine au moment où il commence à prendre vraiment son essor. Seulement quatre mondes plus un final sans sous-niveaux, c’est peu, et on aimerait vraiment en avoir plus.

Sponsorisé par Skittles

Venez là mes petits amis car c’est la fête aujourd’hui

Sorti un peu de nulle part et sans campagne de communication d’envergure, Hell Pie est donc un sympathique jeu de plateformes qui crée la surprise et avec lequel on passe un agréable mais trop court moment. Le studio Sluggerfly assume pleinement ses parti-pris graphiques, les thématiques abordées et son amour immodéré pour le salace, le sonore et le dégueulasse, pour en définitive cibler clairement un public majeur, vacciné, et au cœur bien accroché.

Il va sans dire que si l’humour potache plus gras qu’une motte de beurre fermier, les explosions de viscères complètement exagérées et l’extermination d’une armée d’étrons nostalgiques d’un petit moustachu teuton vous laisse de marbre, ou pire, vous choque, les aventures de Nate et Nugget ne sont clairement pas faites pour vous.

Testé sur Xbox One.

Bilan

On a aimé :
  • L’univers déjanté
  • Les contrôles agréables
  • Les références à foison
On n’a pas aimé :
  • Le manque de contenu
  • La gestion de la caméra
  • L’équilibrage de la difficulté lors de certains passages
Dites bonjour à mon petit ami !

Hell Pie est une déclaration d’amour faite au jeu de plateforme en 3D qui, malgré ses moyens plus restreints que les grosses productions du genre, s’en tire avec les honneurs. Sluggerfly insuffle à son titre une vraie personnalité, irrévérencieuse, blasphématoire, rebelle et dotée de l’humour cradingue d’un adolescent attardé. Cependant, le diable est dans les détails et le studio remplit avec brio sa promesse de concilier « le divertissement stupide et l’art significatif ». Une recette réussie, à réserver à un public averti, mais malheureusement avec un goût de trop peu.

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Hell Pie

PEGI 18 Langage grossier Sexe

Genre : Aventure/Plates-Formes

Editeur : Headup

Développeur : Sluggerfly

Date de sortie : 21/07/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch

1 reactions

daou

03 aoû 2022 @ 12:56

Je l’ai fait sur PC en RTX 3080 (donc Raytracing et zéro lag car je sais qu’il yen a sur les versions console) et je trouve ce jeu juste génial. Je le trouve même mieux que Psychonauts 2, c’est pour dire...