Test - DreadOut 2 - L’horreur sous toutes ses formes

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DreadOut 2, jeu de survival horror en vue à la troisième personne, est développé sous Unreal Engine 4 par Digital Happiness, studio indonésien connu pour DreadOut premier du nom. Ce dernier s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires et a réussi à se faire une place auprès des streamers et youtubeurs gaming. L’aura du jeu a permis au studio fondé en 2013 d’étendre son univers au travers d’un film, d’un jeu VR, d’un jeu multijoueur en cours de création et pour finir, celui dont il est question ici, DreadOut 2. Depuis le 15 juillet 2022, les joueurs Xbox One et Series S/X ont la possibilité de s’essayer au titre moyennant une vingtaine d’euros. Rendez-vous manqué ?

Une aventure folle…klorique

La promesse d’explorer à nouveau le folklore indonésien et ses légendes urbaines dans leur aspect le plus horrifique nous faisait frémir d’avance. C’est donc avec le casque vissé sur les oreilles et de nuit que nous avons décidé de visiter le monde de Linda Meilinda afin d’en partager l’horreur.

L’appareil photo révèle les fantômes

Arrivé dans le menu principal, nous constatons qu’aucun sous-titrage français n’est disponible à l’heure actuelle. Le jeu ne demande pas, en soi, un gros niveau d’anglais afin d’en arriver au terme, mais les allergiques à la langue de Shakespeare pourraient passer à côté de la mythologie offerte par le titre, ce qui serait dommageable tant il s’agit d’un point positif important.

Après avoir regardé le récapitulatif de DreadOut premier du nom proposé dans le menu, c’est avec l’esprit rafraîchi que nous commençons notre aventure. Sur un fond noir, une phrase apparait à l’écran nous indiquant que dans certaines cultures prendre une personne en photo reviendrait à voler son âme. C’est alors que nous ouvrons les yeux, enfermés dans un casier du lycée. Au loin, notre nom est hurlé par une voix désincarnée. Notre vision se porte alors sur le tableau ornant la salle de classe sur lequel un mot revient sans cesse : DIE.

Welcome to Dreadout 2

Effrayés par cette introduction horrifique, nous nous plongeons dans la recherche de survivants. Après quelques allers-retours, nous rencontrons enfin la voix précédemment entendue, apparaissant sous les traits d’une jeune fille possédée. Première douche froide : le combat qui s’ensuit est brouillon et peu intéressant, l’horreur nous quitte vite.

La fin de cette phase se termine avec une musique entraînante, presque amusante et une vue sur une ville bien vivante. Ce changement radical d’ambiance visuelle et sonore nous étonne mais était-ce pour mieux nous replonger dans l’horreur ? (Non)

L’enfer c’est les autres

Côté gameplay, la première impression paraît bonne. Déplacer Linda est agréable et l’utilisation du téléphone, afin d’éclairer notre chemin et de repérer les fantômes, nous semble plus pertinent dans un jeu moderne que la sempiternelle utilisation d’une lampe torche ou d’une caméra comme on peut le voir dans le très bon Outlast. Nous avons l’impression d’être face à une réinterprétation d’un Blair Witch moderne à la sauce indonésienne. Les portes, s’ouvrant simplement en les poussant, nous paraissent également être une belle promesse de fuite en avant dans les moments les plus stressants.

Malheureusement la lune de miel ne tient pas au-delà du chapitre 2. Les premières fausses notes se font vite entendre lorsqu’un fantôme nous barre le passage et que le jeu ne nous donne aucune explication sur la méthode pour le vaincre. Seul un passage via le menu des commandes nous permet d’apprendre que, armés de notre téléphone, une prise de photo bien cadrée blesse l’entité. Si cela remet en perspective la phrase introductive du jeu présentée sur fond noir, l’absence d’un vrai tutoriel se fait cruellement sentir.

En arriver là, c’est avoir eu le courage d’affronter la véritable horreur, celle du gameplay.

Les déplacements de Linda sont fluides et rapides, sans toutefois avoir la possibilité de courir. Elle ne peut que marcher plus lentement, se rendant ainsi plus discrète. Cette faculté dont nous n’avons pas eu l’utilité après trois heures de jeu, prend son sens lorsqu’un jeune garçon nous conseille de ne pas faire de bruit car “la créature du couloir pourrait nous repérer". Ce qui fut l’occasion d’utiliser enfin notre déplacement silencieux, s’avéra pourtant inefficace. Toutes nos tentatives de discrétion se sont systématiquement soldées par un échec. La fuite ou l’attaque, lorsque c’est possible, sont de bien meilleures options.

Plus inquiétant, nous avons par moment l’impression que le jeu a été développé par deux studios différents ayant très peu échangé entre eux. Certains chapitres nous obligent à n’utiliser que le téléphone quand d’autres vont nous en priver et, dans ce cas, c’est avec une arme tranchante et le flash uniquement que nous allons devoir nous défendre. Les phases de gameplay dans ces derniers sont plus intéressantes car l’utilisation uniquement de l’appareil photo, imprécis et d’une extrême lenteur, laisse vite place à la frustration, surtout lors des combats de boss. Venir à bout d’un de ces derniers et enchainer directement sur la préparation d’un café à un fantôme nous a également sortis de l’horreur voulue par les développeurs.

Le ghostpedia est l’élément le plus intéressant du jeu.

Ce n’est pas non plus la légèreté abordée par le titre entre deux niveaux qui aide le propos : chercher à manger pour un chat afin de récupérer la chaussure qu’il a volée à notre colocataire, prend des airs de quête fedex peu intéressante.

Vaincre les fantômes, que ce soit en les prenant en photo ou à coups de hache, nous permet de débloquer ce qui nous a le plus poussés à continuer l’aventure : le Ghostpedia et les légendes urbaines. Sorte de Pokédex, le remplir nous permet d’en apprendre davantage sur le folklore indonésien et sur les créatures auxquelles nous sommes confrontés. Dans notre quête des 100%, il faudra parcourir la ville et écouter les conversations des habitants afin de collecter les indices permettant de débusquer les légendes.

Buvez ce vin, c’est mon sang

Graphiquement, le jeu souffre d’un retard technique, mais dans un jeu survival horror cela n’est pas nécessairement un problème si le level design est de haute volée.

Ici les développeurs ont été, dans l’ensemble, peu inspirés. Plusieurs chapitres réutilisent les mêmes lieux en passant simplement du jour à la nuit ou en rendant le tout plus gore. Lors de nombreuses séquences, nous sommes piégés dans un semi labyrinthe. L’angoisse laisse place une fois de plus à la frustration lorsque, après avoir fouillé pendant 45 minutes, nous nous apercevons que la sortie est en réalité une grille copiée-collée d’une dizaine d’autres grilles aperçues dans le niveau. Pire, à un moment, un mur destructible par une prise de photo, seul et unique cas présent dans tout le jeu, nous empêchait de continuer l’aventure...

Certains ennemis sont esthétiquement réussis

Certains autres moments, en revanche, sont une vraie réussite. L’ambiance sonore et visuelle, parfois très sombre et oppressante, nous ramène à quelques grands noms du genre survival horror, tel que Silent Hill 3. Mais comme pour le gameplay, le level design donne l’impression d’avoir affaire au travail de deux studios différents : inspiré et horrifique ou d’un ennui mortel et sans âme. Le changement brutal et sans préavis vers un ton léger et nonchalant de Linda et de certains protagonistes nous sort complètement de ces quelques moments réussis.

Si le design et les anecdotes disponibles dans le Ghostpedia concernant les ennemis sont la plupart du temps intéressants, nous n’avons que peu souvent le temps d’en profiter réellement à cause de bugs grossiers. Combattre un boss dans le vide car la texture du sol ne s’affiche pas, ou se retrouver coincé dans une salle, dont la seule issue est bloquée par un monstre immobile, entame notre patience. Tout cela nous oblige souvent à recharger la partie et ne nous aide pas à découvrir le lore.

Testé sur Xbox Series X (optimisé).

Bilan

On a aimé
  • L’ambiance parfois gore et dérangeante
  • Le design de certains monstres
  • La découverte du folklore indonésien
On a pas aimé
  • Aucun tutoriel
  • Pas de traduction française
  • L’ambiance parfois trop légère
  • Le prolongement artificiel de la durée du jeu
  • La frustration des combats de boss
L’horreur est un long fleuve tranquille

Malgré une promesse alléchante, DreadOut 2 contient trop de défauts pour vous conseiller de vous lancer dans l’aventure. Certains lieux du titre réussissent parfois à créer des moments de malaise grâce à leur level design quand d’autres sont en revanche fades et peu inspirés. Le bestiaire est dans l’ensemble très réussi. Chaque nouvelle apparition fait son petit effet, mais le soufflé retombe rapidement au moment des confrontations, la faute à un gameplay laborieux dans ces phases de jeu. Le mauvais calibrage, les quelques quêtes fedex et les bugs augmentent grandement la durée de vie du titre pour notre plus grande frustration, là où l’aventure aurait gagné en fluidité. C’est dans ces mauvaises conditions que les sept actes du jeu se terminent en sept heures plutôt que cinq. Espérons que la saga revienne en meilleure forme.

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DreadOut 2

PEGI 16 Violence

Genre : Survival Action

Editeur : Digerati

Développeur : Digital Happiness / Kittehface

Date de sortie : 15/07/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows