Test – Anna’s Quest – Les frères Grimm Fandango

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Sorti en 2015 sur PC, ANNA’S QUEST est un point and click en 2D disponible sur le Microsoft Store depuis le 30 juin. Développé par le studio germanique Daedalic Entertainment, spécialiste du genre qui travaille actuellement sur Le Seigneur des Anneaux : Gollum, le titre s’inspire ouvertement du folklore allemand et plus particulièrement des contes des frères Grimm. Dans un monde peuplé de sorcières, fantômes et dragons, Anna, jeune fille débrouillarde au don extraordinaire, doit redoubler d’ingéniosité pour sauver son grand-père. De quoi nous rappeler que les contes ne sont pas uniquement destinés aux enfants. Loin s’en faut.

Anna et la chambre des secrets.

Il était une fois...

Dans une petite maison pittoresque nichée au sein d’une forêt paisible, Anna et son grand-père vivent heureux, à l’écart du monde civilisé. Jusqu’au jour où le vieil homme tombe mystérieusement malade. Désemparée face à l’état de son aîné, qui se détériore de jour en jour, l’enfant prend la décision de fuir la sécurité du cocon familial pour aller chercher de l’aide au plus vite. Et ce malgré les mises en garde répétées de son parent sur les innombrables dangers du monde qui les entoure.

Alors qu’elle entame à peine son périple, la jeune fille est enlevée par une sorcière du nom de Windfriede. La vieille femme fait rapidement part de ses sinistres intentions : soustraire le pouvoir de télékinésie de l’enfant, qu’Anna ignore alors détenir. Prise au piège, la jeune fille va trouver en Ben, un ours en peluche présent dans sa cellule, un allié de choix.

Les différents chapitres sont introduits par des dessins ou de l’animation en 2D.

Ainsi débute l’histoire d’Anna’s Quest. Composé de six chapitres, le conte du studio allemand se parcourt en 8 à 10 heures de jeu, selon les affinités des joueuses et joueurs avec les jeux d’énigmes et d’enquêtes. Inutile d’en dévoiler plus tant le scénario constitue l’une des motivations principales pour venir à bout du titre. Si ce dernier se laisse découvrir avec plaisir, il met du temps à se dévoiler et manque d’une pointe de folie pour marquer les esprits durablement. La faute à une trop grande sagesse de la part de Daedalic Entertainment et à un univers trop enchaîné à ses références pour pouvoir prendre son envol. Il est à noter que le premier chapitre du jeu, victime de certains anachronismes, peut semer le doute sur l’époque à laquelle se déroule notre aventure. L’univers d’Anna’s Quest ne tient malheureusement pas la comparaison avec les joyaux du genre proposés dans le Xbox Game Pass que sont Day of the Tentacle (1993), Full Throttle (1995) ou encore Grim Fandango (1998).

Malgré tout, le ton du jeu parvient à surprendre tant ce dernier mise sur la dureté des contes de notre enfance. En effet, une certaine mélancolie traverse le jeu de part en part et nous rappelle que ces œuvres, souvent dédiées aux plus petits, font office de mises en garde sur la violence du monde qui nous entoure, et indirectement sur le monde des adultes. Un outil d’éducation parfois critiquable tant il joue sur la peur, mais qui a su traverser les époques. La petite Anna, bien que dégourdie, va donc se trouver dépourvue face à des situations parfois aussi dramatiques que cruelles. Ces événements vont, sans qu’elle ne s’en rende compte au premier abord, participer à la perversion de son innocence et donc à la faire mûrir.

La mort est au cœur du jeu.

Afin de contrebalancer cette froideur inattendue, l’humour demeure bien présent dans les divers dialogues et situations. Bien qu’il ne fasse pas toujours mouche, il permet de maintenir une certaine légèreté. Dès lors, il n’est pas rare d’esquisser un sourire lors des différentes discussions ou en découvrant les multiples clins d’œil à des contes plus ou moins connus du grand public.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme

Le genre du point and click étant extrêmement codifié, Anna’s Quest ne réinvente pas la roue. Et c’est tant mieux ! L’interface est simple et permet des actions rapides. En parcourant les différents niveaux en 2D, il est possible au choix de regarder un élément du décor, de s’en saisir, d’y associer un objet préalablement sélectionné ou encore d’entamer le dialogue avec un personnage non jouable.

Petit plus non négligeable, une simple pression sur le stick droit nous permet de mettre en surbrillance l’intégralité des éléments avec lesquels il est possible d’interagir dans notre environnement. De quoi nous offrir un gain de temps considérable même si cela se fait au détriment du plaisir de la découverte. Le tout fonctionne donc parfaitement et l’unique originalité du titre côté gameplay réside dans la capacité d’Anna à utiliser sa télékinésie à diverses reprises.

Une journée en enfer.

La majorité des énigmes peuvent être résolues avec un brin de réflexion et après quelques essais infructueux, nous offrant une bouffée de satisfaction non négligeable qui fait le sel du genre. Néanmoins, les mécaniques d’Anna’s Quest ont tendance à se gripper lorsque le jeu tient absolument à imposer un parcours scripté qui défie parfois la logique. Par exemple, il est impossible de dévisser un tuyau avant que le jeu nous y autorise. De quoi frustrer les joueurs que nous sommes car cette priorité du script sur le bon sens se fait ressentir à plusieurs reprises dans le jeu et vient malheureusement refroidir notre envie de “tenter des choses”.

Beauté froide

Anna’s Quest adopte un style proche du dessin animé. Et pour cause, le tout a été créé à la main. Si le jeu possède un certain charme, les différents tableaux proposés ont tendance à manquer cruellement de détails, de profondeur et s’avèrent trop statiques. En résulte un manque de vie et d’identité parfois flagrant qui n’invite pas spécialement à s’attarder sur le travail effectué.

Malgré sa beauté formelle, le jeu a souvent du mal à nous enchanter.

Concernant la partie sonore, le titre intègre par défaut une VOST composée de doublages de grande qualité qui dynamisent les divers dialogues. La qualité des musiques n’est pas en reste même si ces dernières se révèlent assez rapidement répétitives. Sur le plan technique, seul le sound design semble en retrait avec des sons parfois inadaptés ou répétitifs. On pense notamment aux bruits de pas ou au son qu’émet Anna lorsqu’elle utilise la télékinésie.

Dernier point, lors de notre partie nous avons eu à faire à une poignée de “freezes” qui, s’ils ne nous empêchent pas de poursuivre notre aventure avec plaisir, ont de quoi faire grincer des dents pour un jeu vieux de 6 ans.

Test réalisé sur Xbox Series X (non optimisé)

Bilan

On a aimé :
  • Un point and click à l’ancienne, pour le plus grand bonheur des fans du genre
  • Un scénario plaisant qui sert une aventure agréable à parcourir
  • Un prix correct pour une bonne durée de vie (19,99€ pour 8 à 10 heures)
On n’a pas aimé :
  • Le fond et la forme manquent d’identité
  • Les mécaniques du genre commencent à vieillir et certains scripts nous le rappellent
”Deutsche Qualität”

En suivant à la lettre son cahier des charges, Daedalic Entertainment propose un point and click un poil trop scolaire, bien que plaisant à parcourir. Car si Anna’s Quest manque d’un soupçon d’identité qui aurait été bienvenu, on ne peut remettre en question sa qualité intrinsèque. Tous les ingrédients du genre sont réunis pour satisfaire l’appétit d’aficionados rarement rassasiés. Pour les autres, l’aventure demeure sympathique mais ne risque pas de chambouler leur vision du jeu d’énigmes narratif en 2D. Finalement, Anna’s Quest s’avère être un bon livre de plage à parcourir d’une traite mais sur lequel on ne reviendra pas forcément. The End.

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Anna’s Quest

PEGI 7

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : Daedalic Entertainment

Développeur : Daedalic Entertainment

Date de sortie : 30/06/2021

Prévu sur :

Xbox One, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch