La licence Call of Duty est au cœur de la bataille qui oppose Microsoft à Sony dans le cadre du rachat potentiel d’Activision Blizzard King par le géant américain. Celui-ci a déjà fait plusieurs concessions ces derniers temps, mais la FTC a tout de même décidé de bloquer le rachat pour l’instant. Selon un analyste, l’arrivée de la licence dans l’abonnement Game Pass aurait bien un impact conséquent.
L’abonnement dans le jeu vidéo, un modèle encore jeune
Aux dernières nouvelles qui datent de janvier dernier, le nombre d’abonnés au Xbox Game Pass était de 25 millions. Microsoft communiquera certainement les chiffres actualisés dans les prochaines semaines, mais on sait déjà qu’ils ne sont pas aux attentes. Ils ne l’étaient déjà pas en mars dernier, et le report de Starfield et Redfall à l’année prochaine ont davantage mis à mal les prévisions de croissance du service.
Bien qu’une offre à abonnement existe depuis déjà longtemps dans d’autres secteurs du divertissement comme le cinéma et la musique, il s’agit encore de quelque chose de très récent pour le jeu vidéo. Les éditeurs testent et ajustent en permanence et il y a peu de d’historique pour le moment. Pour Piers Harding-Rolls, directeur de recherche pour le cabinet d’analyse Ampere, le marché du jeu vidéo est bien différent des autres.
Comme nous le savons, le secteur des jeux n’est pas comme les autres marchés du divertissement. La monétisation in-game et les DLC dominent le secteur au sens large et constituent la plus grande partie du marché des consoles [...].
La possibilité de déployer une monétisation hybride, par exemple avec les abonnements et la monétisation en jeu ou la publicité, ajoute à la viabilité commerciale de services tels que le Game Pass. Je ne m’attends pas à ce que les abonnements dominent le secteur des jeux, mais je pense que l’ajout de nouvelles versions dans ces services mine progressivement la robustesse commerciale du modèle économique premium pour les jeux sur console.
Call of Duty dans le Xbox Game Pass : un aimant à abonnés pour le Game Pass ?
Selon l’analyste, la sortie de jeux dits « Premium » reste nécessaire pour stimuler le marché des abonnements, ce pourquoi Microsoft a racheté Bethesda.
Les jeux premium continueront d’exister bien sûr, surtout les plus gros titres, mais je pense qu’il y a une tension inhérente entre ces modèles de monétisation, qui n’est vraiment fortement évidente que sur le marché des jeux AAA, centré sur la console.
Le potentiel rachat d’Activision Blizzard King par Microsoft serait bien évidemment une carte supplémentaire à Microsoft pour attirer toujours plus de clients vers son offre Xbox Game Pass, mais aussi pour accroitre sa position sur le secteur du jeu mobile.
Pour Piers Harding-Rolls, l’arrivée de Call of Duty au sein d’un service à abonnement tel que le Xbox Game Pass ou le PS Plus, pourrait tout simplement bouleverser la façon dont les éditeurs abordent le financement et la sortie de leurs jeux.
Si Call of Duty est ajouté au Game Pass à sa sortie, cela aura un impact notable sur le nombre d’abonnés. De plus, l’inclusion de Warzone avec les avantages supplémentaires du Game Pass contribuera à l’engagement et à la fidélisation. Call of Duty est régulier et suffisamment important pour fournir une augmentation significative de l’opportunité d’abonnement, ce qui pourrait amener les éditeurs à revoir leurs budgets AAA, leurs produits et leurs stratégies de monétisation.
L’analyste précise toutefois que commercialement, il y a encore beaucoup de points d’interrogation en termes d’équilibre comptable pour de nombreux éditeurs et les catalogues de services restent encore petits par rapport au nombre de jeux qui sont disponibles globalement.
Jusqu’à présent, Activision n’a pas été d’un grand support au Game Pass, nous n’avons donc pas d’historique qui permettrait de voir si l’ajout d’un jeu majeur au service créerait un engouement suffisamment grand pour bouleverser l’offre de Microsoft.
Pour rappel, Microsoft a proposé à Sony un accord pour que Call of Duty continue de sortir sur PlayStation pendant au moins 10 ans. Dans cet accord, l’entreprise américaine aurait également autorisé Sony à rendre disponible la célèbre licence dans son offre PlayStation Plus, sans que l’on en connaisse les clauses exactes ni le coût pour Sony pour le moment.