D’abord cantonnée à la Switch et à Steam, Pepper Grinder a finalement fait son entrée sur les consoles de Microsoft et Sony au cours de l’été. Armée de sa foreuse, outil multifonction, Pepper est bien décidée à prouver que les plateformers rétro ont leur place sur les Xbox Series. Alors, nouvelle bonne pioche pour Devolver Digital ?
L’école du gameplay
S’inscrivant dans la longue lignée des jeux de plateformes, l’histoire de Pepper Grinder tient dans un timbre-poste. Bien loin d’être un moulin à paroles, le titre nous conte l’histoire de Pepper, sans même un simple mot au travers d’une courte introduction. Après s’être fait spolier son trésor par une bande de pirates, notre héroïne se lance à la poursuite des voleurs pour récupérer son bien. Au passage, elle trouvera la fameuse foreuse qui va devenir l’outil multifonction de l’aventure.
- Les combats de boss sont loin d’être une formalité
Bien plus que “l’histoire”, c’est toute la mécanique liée à la foreuse de Pepper qui est à mettre à l’honneur. Celle-ci permet de creuser dans des zones clairement identifiées et de s’y engouffrer rapidement. On parcourt les plateformes en allant de surface en surface, en ramassant des gemmes et des pièces disséminées dans des recoins, ce qui permet de débloquer des collectibles. Inutile d’énumérer toutes les références que Pepper Grinder peut évoquer, citons simplement Ecco the Dolphin pour son flow et Sonic pour sa vitesse. C’est avant tout avec cette simple mécanique que s’apprécie Pepper Grinder, mécanique qu’il faut d’abord apprivoiser.
À première vue, côté commandes, tout est plutôt basique. Le joystick gauche gère la direction, la gâchette droite RT active la foreuse tandis que le bouton A permet un saut salvateur pour propulser Pepper encore un peu plus loin dans des zones à priori inaccessibles. Cependant, dès les premières minutes, on est un peu déstabilisé par la maniabilité. C’est plaisant et agréable, mais on se sent constamment sur le fil, dans un équilibre précaire. Cette maniabilité convient plutôt bien au concept du jeu : avec sa foreuse équivalente à sa taille, Pepper semble parfois tractée par son engin, et on est en droit de se demander qui dirige qui ?
Cet état de fait se ressent manette en main. L’engin prend très vite de la vitesse et une erreur de direction peut survenir bien trop rapidement. Cependant, après un apprentissage, tout devient très fluide, bien que la maîtrise reste tendue. On sera donc content d’avoir le droit à de nombreux checkpoints dans les niveaux pour se familiariser avec. Mais, là où le titre est particulièrement malin, c’est qu’il cherche à nous surprendre avec même cette mécanique.
Cet effet se produit dès le passage entre le premier et le second niveau. Alors qu’on commence à prendre ses marques avec l’utilisation de la foreuse dans du sable, on est confronté à des environnements aquatiques. Il est ainsi possible d’activer la foreuse dans l’eau. Sous l’eau, elle permet de maintenir Pepper en mouvement en répétant l’action. En surface, elle permet de gagner en vitesse et de se propulser à la manière d’un ricochet. Cela change complètement les sensations en jeu, procurant toujours autant de plaisir manette en main. Il y a eu un vrai travail sur la physique et c’est stimulant de se retrouver face à un changement de mécanique, nécessitant un nouvel apprentissage.
Tout au long du jeu, cette volonté de proposer de nouveaux défis se retrouve dans les surfaces à forer, dans la structure des niveaux, ou encore dans les interactions avec les ennemis… Afin de ne pas gâcher les différentes surprises et les quelques clins d’œils, nous n’en dévoilerons pas plus, mais chaque stage a réussi à nous arracher un sourire et à nous surprendre.
Summer time
L’aventure s’étale sur quatre mondes distincts. Linéaire dans sa construction, chaque plateau demande de traverser une succession de niveaux avant d’affronter le boss final. Outre des environnements très variés, tous les stages ont été conçus avec soin pour éviter la répétition. La route à suivre reste toujours lisible, tout comme les surfaces sur lesquelles Pepper peut avoir un impact. Les amateurs de secrets et d’exploration seront peut-être un poil chagrinés, car bien qu’il y ait quelques éléments à collecter, les secrets se font rares. Les seuls items vraiment intéressants sont des pièces d’or qui permettent, entre autres, d’accéder à des stages bonus.
- C’est certain que le trésor se situe au niveau de cette drôle de tête de mort !
Hormis ces collectibles très dispensables (quelques cosmétiques pour notre héroïne, des autocollants pour mettre en scène le niveau de vos rêves via un mode photo), notons que Pepper Grinder a la bonne idée de permettre d’acheter de la santé pour faciliter la progression, notamment face aux boss. Cette idée est contrebalancée par le fait de devoir retourner au magasin pour racheter des vies, sans que l’on puisse cependant y accéder directement en jeu, ce qui aurait pourtant fluidifié l’expérience.
Le pixel art nous transporte dans des environnements vus et revus, qui constituent les grands classiques de ce genre de jeu. À la station balnéaire, succèdent les montagnes enneigées, le monde de lave, etc... Il y en a donc pour tous les goûts. Tout comme le soin particulier apporté à la construction des niveaux, on retrouve la même attention dans les différents biomes sur le plan de la direction artistique. Bien que les environnements gardent une même thématique, ils ne se répètent pas. C’est frais, c’est coloré, ça fonctionne bien. Enfin, le jeu regorge de détails bienvenus, que ce soit le vendeur de la boutique qui ne semble pas tout à fait “net”, la bravade de la jeune fille en face des boss ou les animations des ennemis.
Dans un concentré de trois à quatre heures, le titre se renouvelle avec ingéniosité et brio, sans s’essouffler. Tous les mondes bénéficient d’un mode contre-la-montre qui vient gonfler un peu cette durée de vie. Cependant, l’absence d’un chrono partagé mondialement, de statistiques, ou de bonus réellement intéressants risquent de ne pas offrir une seconde vie sur la durée à notre pirate préférée.
Testé sur Xbox Series X