Plus de 13 ans après la sortie de Test Drive Unlimited 2, la franchise est de retour avec Test Drive Unlimited : Solar Crown. Ce nouvel opus, développé par KT Racing, papa notamment des jeux WRC et TT Isle of Man, est très ambitieux puisqu’il s’agit du plus gros projet de tout le groupe Nacon. Après plusieurs reports, le jeu est enfin disponible et vous trouverez ci-dessous notre test complet. Allez, en voiture Simone !
Vis ma vie de millionnaire
Lorsque Test Drive Unlimited sort à la rentrée 2006 sur Xbox 360, à l’occasion rappelons-le du reboot d’une série qui accusait déjà une vingtaine d’années d’existence, il est l’un des tous premiers system sellers de la console et il est également le premier vrai jeu de course à prendre place dans un monde ouvert et cohérent.
Visite d’un lieu paradisiaque (O’ahu, l’île principale de l’archipel d’Hawaii), courses cheveux au vent sur routes ouvertes, poursuites endiablées avec les forces de l’ordre ou encore shopping frénétique étaient au programme du titre développé à l’époque par Eden Games et édité par Atari. Une suite, sobrement intitulée Test Drive Unlimited 2, a vu le jour en 2011, reprenant le concept sur l’île d’Ibiza, tout en y ajoutant de subtiles améliorations.
C’est donc avec une certaine impatience que nous attendions de pouvoir nous replonger dans la série, même si des inquiétudes subsistaient quant au changement d’équipe de développement ainsi qu’à la comparaison avec les ténors du jeu de course arcade, lorsqu’on voit le niveau qu’ils ont atteint ces dernières années.
Malheureusement, le premier contact avec ce nouveau Test Drive est assez mauvais et nos débuts dans les rues de Hong Kong ont surtout été ponctués de pertes de connexion, crashs et autres joyeusetés du genre. Si la sortie de Test Drive Unlimited 2 avait déjà fait vivre un enfer aux équipes à cause de problèmes de serveurs, la période d’accès anticipé réservée aux joueurs qui avaient précommandé les éditions les plus onéreuses de TDU : Solar Crown n’a pas non plus été une franche réussite.
Nous avons été déconnectés des serveurs du jeu à plusieurs reprises, souvent même alors que nous étions en pleine course, ce qui est évidemment hyper frustrant. De plus, la progression dans le jeu n’était parfois tout simplement pas sauvegardée, faisant ainsi perdre la complétion de certaines épreuves ou la découverte de certains lieux préalablement visités. Des choses qui, même devenues communes à de nombreuses sorties, restent inacceptables en 2024. C’est d’autant plus vrai lorsque cela touche des joueurs qui ont payé le prix fort pour profiter du titre en avance.
Des mises à jour au compte-goutte ces dernières semaines ont progressivement amélioré l’expérience, mais à l’heure où nous écrivons ces lignes, tous les bugs constatés ne sont pas encore gommés et de nombreux soucis subsistent.
Forza Horizon 5.1
Après un tuto assez fade et peu original où l’on a la possibilité d’essayer une magnifique Lamborghini Huracán, il est l’heure de personnaliser son avatar (si cette fonctionnalité vous amuse encore, depuis le temps…) et de choisir sa première voiture parmi une Ford Mustang, une Nissan 370Z ou une Alpine A110.
Ce qui saute aux yeux au premier abord dans la présentation du jeu, c’est sa ressemblance avec celle de Forza Horizon. Le compteur de FRIM (jauge qui augmente lorsqu’on roule à fond, qu’on frôle les autres voitures pour gagner du cash, et qui a le malheur de retomber à zéro si l’on heurte un obstacle) fait forcément penser aux points de prouesse de FH. Idem pour les zones de radar où il faudra tenter de gagner des étoiles en franchissant certains paliers, pour les épaves à récupérer sur des parkings ou encore pour l’indice de performance des véhicules qui augmente à mesure qu’on achète des améliorations.
Il convient toutefois de remettre l’église au milieu du village dans la mesure où la plupart de ces éléments étaient déjà présents dans les précédents opus de la série, qui sont antérieurs à la saga de Playground Games. Cependant, il est un peu dommage que KT Racing les ait juste repris sans vraiment tenter de les améliorer ou d’en proposer de nouveaux.
En termes de gameplay, la proposition de Test Drive Unlimited : Solar Crown est assez intéressante. Sur la route, la physique est plutôt réussie avec un ressenti propre à chaque type de transmission (propulsion, traction, 4X4…) et une courbe de progression assez large avec certaines classes de véhicules.
Pour ce qui est du pilotage off-road, c’est un peu plus compliqué… Les voitures souffrent d’un sous-virage excessif malgré l’installation de pneus et suspensions adéquats. Le ressenti est peu naturel et donne plutôt l’impression de piloter sur la glace que dans la terre. C’est d’autant plus vrai lorsque les roues quittent le sol puisqu’il n’y a globalement aucune réelle physique lors des sauts. Souvent, on en vient à espérer qu’il n’y ait pas de bug de collision lors des réceptions, tant les réactions de la voiture peuvent être aléatoires.
La connexion obligatoire (et capricieuse…) a d’autres effets sur le gameplay. Il est par exemple impossible de mettre le jeu en pause en cours d’épreuve, même lorsqu’on joue exclusivement contre l’IA. De même, la fonction “rembobiner” qui est désormais disponible sur la majeure partie des jeux de course, y compris les titres plus axés simulation, est ici absente. Si cette carence a le mérite d’apporter un peu de challenge, elle peut également créer des situations frustrantes tant les erreurs coûtent très cher (et imposent de recommencer toute la course), d’autant plus que l’IA est très agressive et fait parfois n’importe quoi (même seule de son côté).
En revanche, il est très agréable de retrouver les fonctionnalités “roleplay” qui font partie de l’ADN de Test Drive. Pouvoir utiliser les clignotants, baisser les vitres ou encore monter dans les voitures avant de les acheter dans les différents showrooms est assez immersif et devrait plaire aux amateurs de la franchise.
Choisis ton camp, camarade !
Le scénario est très sommaire et assez binaire. On a rapidement la possibilité d’intégrer l’un des deux clans qui se partagent la ville. Que vous choisissiez les Sharps qui aiment se vautrer dans le luxe, le champagne hors de prix et les canapés au caviar, ou les Streets adeptes d’ambiances underground et de techno à fond, il faudra remporter des courses pour faire grandir l’influence de son club par rapport à l’autre. Rien de bien folichon car, au final, on se rend rapidement compte que tout ceci n’est qu’un prétexte pour vous faire enchaîner les épreuves les unes après les autres.
Les modes de jeu sont quant à eux très classiques (courses en circuit, sur route ouverte ou fermée, contre la montre…), les habitués du genre ne seront (malheureusement) pas dépaysés.
D’ailleurs, pour ce qui est du dépaysement, là encore, la formule peine à convaincre. Le jeu baigne dans une ambiance futuriste et assez vide, très loin de l’idée de ce que l’on peut se faire de l’extrême-orient. Les rues sont globalement désertes, il n’y a pas de piétons et le trafic y est aussi clairsemé que dans les rues de Paris un 15 août (rappelons que Hong Kong est l’une des zones les plus densément peuplées au monde…). Si nous pouvons bien entendu comprendre que des aménagements doivent être faits par rapport à la réalité pour que le jeu reste amusant, l’ensemble est beaucoup moins réussi et immersif que dans les épisodes précédents.
La question du contenu et de la progression étaient par ailleurs les points sur lesquels ce nouveau TDU était très attendu. Pour un fan des deux premiers épisodes, le constat est malheureusement décevant puisque bon nombre des fondamentaux de la franchise manquent à l’appel. On peut notamment citer les maisons, qui, si elles sont actuellement à l’étude au sein du studio, auraient dû être présentes au lancement tant elles sont importantes dans la progression et l’économie du jeu.
- La modélisation des véhicules est très soignée
Les missions de Convois et Autostoppeur sont aussi absentes, ce qui est dommage pour plusieurs raisons. En plus de varier les plaisirs dans les précédents opus et de peupler la carte de divers personnages, elles donnaient surtout l’occasion de piloter pendant un court instant des voitures de rêve que l’on ne pourrait s’acheter que plusieurs heures de jeu plus tard, renforçant ainsi l’envie de progresser afin de les acquérir.
Il est d’ailleurs également regrettable que les concessionnaires dédiés aux marques aient presque totalement disparu pour laisser place à d’immenses showrooms impersonnels qui se ressemblent tous et regroupent les voitures par catégorie ou pays d’origine. Trouver la concession de notre marque préférée dans Test Drive Unlimited, c’était avant tout découvrir son univers, avec une décoration et un mobilier qui leur étaient propres et toutes les voitures exposées de manière logique. Tout cela a presque totalement disparu dans Solar Crown, soit encore un peu plus de l’ADN de la franchise.
On regrettera enfin le choix fait par le studio de ne pas avoir intégré la police. Les courses poursuites avec l’autorité faisaient, elles-aussi, partie de l’expérience et manquent cruellement à cette itération.
Il est toutefois agréable de voir que TDU : Solar Crown ne nous donne pas 10 supercars et plusieurs millions de crédits à coup de “super-tirages” dès ses premières heures de jeu, cassant ainsi toute difficulté et sentiment de réussite à s’offrir la voiture que l’on convoite. La progression est mesurée, logique et cohérente. On garde ses voitures longtemps, on prend le temps de les améliorer, dans la mesure où chaque modèle dispose d’un niveau minimum pour être acheté et où l’hypercar de vos rêves vous coûtera une petite fortune.
Et mes téraflops, tu les sens mes téraflops ?
Si un vrai soin a été apporté à la modélisation des voitures (certains diront que c’est le principal…), il n’en est pas de même pour les environnements. Les textures manquent cruellement de précision, surtout en ville. Les objets destructibles aux abords des routes (mobilier urbain, arbustes, lampadaires) se cassent en 3 ou 4 morceaux ou s’envolent à l’autre bout de la carte. De même, si la modélisation des dégâts sur les voitures est bien présente, elle se limite malheureusement à quelques rayures sur la carrosserie. On a connu plus réaliste !
En revanche, les effets d’éclairage et les reflets sont plutôt réussis. Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi le jeu, dans ses cycles jour/nuit et météo, a tendance à privilégier la nuit et la pluie. Reste que l’ensemble est assez inégal, sans non plus être catastrophique.
Un certain effort a été fait également au niveau de la sonorisation des voitures, avec pas mal de variété selon le modèle et l’architecture moteur choisis. Des radios à thèmes sont bien entendu présentes (si l’on prend le temps d’aller les chercher dans le menu radial qui n’est pas des plus intuitifs). La sélection de morceaux fait le travail même si, pour notre part, nous n’y avons pas trouvé de coup de cœur à intégrer dans notre playlist.
Les cinématiques, qui arrivent souvent comme un cheveu sur la soupe et qui ponctuent la progression, semblent être d’un autre temps. L’animation des personnages et leurs expressions faciales n’ont clairement pas bénéficié du même soin que les bolides. Certes, c’est un détail, mais, mis bout-à-bout avec le reste des défauts, il nous empêche tout simplement de vraiment nous plonger dans l’aventure.
- Non, non, cette texture n’est pas issue du TDU original de 2006...
Globalement, le jeu souffre clairement d’un manque de finition. Difficile de faire abstraction de Forza Horizon 5, sorti il y a pourtant près de 3 ans, lorsqu’on joue à Solar Crown. Si l’exclusivité Xbox n’était pas exempte de défauts, elle présentait au moins une plastique avantageuse, encourageant à flâner dans un Mexique quasi-photoréaliste.
Il serait toutefois injuste de ne prendre que cet aspect en compte. Les moyens modestes de KT Racing ne peuvent effectivement pas être comparés à ceux, presque illimités, de Playground Games, ces derniers bénéficiant, de plus, des outils et du savoir faire de Turn 10 Studios.
Ce que l’on reproche à Test Drive Unlimited : Solar Crown, en réalité, c’est qu’il ne propose strictement rien de nouveau. Il se contente de piocher certains éléments dans son propre passé et dans ce qui se fait chez la concurrence, tout en faisant l’impasse sur d’autres qui faisaient le charme de la série. Or, les joueurs qui ont été séduits par TDU premier du nom, qui n’était lui-même pas parfait, l’ont avant tout été par la fraîcheur de l’expérience. En l’absence d’innovation notable, ce sont malheureusement tous ces défauts qui sautent aux yeux.
Enfin, ce qui est assez triste pour un jeu qui mise sur son aspect communautaire, nous ne nous prononcerons pas sur le multijoueur car, lors de nos sessions de test, les serveurs (lorsqu’ils fonctionnaient à peu près correctement) étaient trop peu fréquentés pour que nous puissions avoir un avis objectif.
Testé sur Xbox Series X