Ces dernières années, le thème de la religieuse maléfique, venue hanter nos petits et grands écrans, s’avère très prolifique en termes d’œuvres cinématographiques et suscite un bel engouement. À son tour, le studio indépendant Keplerians, spécialiste des jeux d’horreur sur mobile (à l’origine des sagas Ice Cream et Mr Meat notamment), renoue avec le genre grâce à Evil Nun The Broken Mask. Ce survival horror d’infiltration, dans la lignée de Hello Neighbor, est un remake de Evil Nun initialement sorti sur PC et mobile. Si le principe reste le même, survivre et s’échapper d’une école maudite, le retour de la nonne diabolique a attisé notre curiosité et c’est avec une certaine ferveur que nous avons tenté l’aventure. Développé par Carlos Coronado, le jeu a le mérite de bénéficier d’une traduction en français et il est disponible en version console depuis le 7 décembre 2023 (sur Xbox Series X|S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4 et Nintendo Switch) ainsi que sur Steam et Epic Games Store.
Verset Un : un enfant sage tu seras
L’histoire se déroule dans les années soixante aux Etats-Unis et démarre à la réception d’une étrange lettre adressée aux parents, les invitant à envoyer leurs chères têtes blondes en colonie de vacances dans un lieu pour le moins insolite… puisqu’il s’agit d’une école religieuse. Dès notre arrivée à l’Eagle Junior High School, surgit Sœur Madeline, une nonne démoniaque aux yeux rouges couleur sang, armée d’un gros marteau. Celle-ci nous assomme et nous enferme dans une pièce lugubre, nous comprenons alors bien trop tard que nous sommes piégés. Adieu notre petit coin de paradis et ses nonnes angéliques !
L’objectif principal est bien sûr de s’échapper de cet enfer et, pour cela, nous allons devoir discrètement explorer les lieux. Dès lors, c’est une véritable partie de cache-cache qui démarre car la furtivité, au cœur du gameplay, est la clé de notre réussite. À chacun de nos pas et au moindre bruit suspect, la sœur nous traque inlassablement et, tel un Mr X, ne nous lâche pas d’une semelle ! Il faut donc faire preuve de ruse et élaborer diverses stratégies afin de se déplacer sans être vus ni entendus, en exploitant au mieux notre environnement. Si l’idée de départ peut paraître simpliste et dénuée d’originalité, le défi est réel et le jeu réserve bien des surprises…
Verset Deux : tel le serpent en silence tu te faufileras
L’exploration et l’observation sont essentielles à notre survie car Sœur Madeline est dotée d’une ouïe diaboliquement fine et elle se déplace assez vite. Heureusement, le bruit de ses pas ainsi que son regard teinté de rouge éclairant l’endroit où elle se trouve la trahissent. De plus, loin d’être muette, elle nous défie avec des joutes verbales, accompagnées soit de fredonnements, soit d’un déluge de versets bibliques, qui sont propices à sa localisation.
Au fur et à mesure de notre progression, on découvre un “terrain de jeu” assez vaste. L’école est composée du bâtiment principal, dans lequel nous sommes retenus prisonniers, de plusieurs édifices à étages et de quelques extérieurs.
Le titre présente une difficulté supplémentaire étant donné que nous ne possédons aucune carte et qu’il est, de ce fait, facile de se perdre parmi des dédales de couloirs sordides et angoissants. Des portes cadenassées jalonnant notre parcours, il faudra résoudre des énigmes afin de récupérer les clés correspondantes et découvrir les nombreux mystères qu’elles dissimulent…
Lors de notre fuite, plusieurs itinéraires s’offrent à nous, tels que des conduits d’aération qui permettent de nous faufiler discrètement de pièce en pièce. Mais attention, le bruit d’ouverture des grilles signale notre présence ! Nous pouvons aussi choisir de passer de façon classique par de lourdes portes en bois, mais leurs grincements et le cliquetis des serrures sont bruyants et indiquent notre position. De plus, les armoires et autres petits meubles peuvent servir de cachettes, ce qui permet de brouiller les pistes. Donc, libre à nous de fuir ou de nous cacher.
Notre route est parsemée de divers objets que nous pouvons inspecter à loisir. Certains sont purement décoratifs, tandis que d’autres présentent une réelle utilité comme, par exemple, une statuette sacrée à jeter pour la casser dans le but de créer une diversion. Toutes ces possibilités, à utiliser en combinaison ou en alternance selon nos envies, offrent un gameplay intense et varié et nous prenons un malin plaisir à arpenter chaque recoin en étudiant toutes les options possibles. Ainsi, échapper aux griffes de la nonne, telle une proie à son prédateur, devient vite grisant.
Verset Trois : l’art du divin tu contempleras
Très vite, nous sommes agréablement surpris par la beauté des décors, particulièrement soignés et empreints de mysticisme et de secrets. Les graphismes, améliorés grâce à l’Unreal Engine 4, viennent flatter la rétine et embellir les phases d’exploration.
De plus, le jeu bénéficie d’effets de lumière très réussis qui, telle une lueur divine émanant des ténèbres, surgissent et éclairent certains endroits sombres, en parfaite adéquation avec le thème du bien et du mal. L’extérieur de l’école nous a également conquis avec des édifices habilement mis en lumière, un soir de pleine lune, et semblant lutter afin de s’extirper d’un brouillard dense, le tout nous apparaissant telle une vision fantasmagorique, (ce qui évoque l’ambiance de certaines œuvres de Stephen King). Par ailleurs, les effets thermiques ne sont pas en reste avec la sensation de chaleur étouffante très réaliste émanant des flammes sataniques, générant un sentiment d’oppression.
Nous apprécions le fond musical proposé, agréable avec ses belles mélodies qui viennent résonner à nos oreilles et qui collent parfaitement à l’ambiance pieuse du jeu. Par moments, elles se font discrètes et inquiétantes, lors de la résolution des énigmes par exemple, et à d’autres des envolées lyriques jaillissent, notamment lors des phases d’action. Il en résulte une atmosphère visuelle et sonore savamment orchestrée, ce qui constitue l’un des points forts du jeu et contribue à une immersion totale, pour notre plus grand plaisir.
Plus nous explorons les lieux, plus notre curiosité est exacerbée par la découverte de passages secrets et de nombreuses énigmes, à la difficulté variable. La lecture de notes dissimulées parmi les décors nous dévoile la trame d’une histoire à la fois angoissante et émouvante et, en rejouant certains chapitres, nous avons constaté que les objets liés aux quêtes changent de place et que les codes secrets sont aléatoires. Le challenge s’intensifie davantage avec un journal des quêtes nous obligeant à effectuer des actions très bruyantes, mais nécessaires à notre libération tant convoitée. Enfin, notre objectif ultime consiste à récupérer des morceaux d’un masque brisé pour le reconstituer et nous diriger vers notre but final.
Verset Quatre : ton chemin de croix tu suivras
Vous l’avez compris, l’infiltration est omniprésente et, si vous êtes aussi discrets qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine, pas de panique, Keplerians a pensé à vous en intégrant plusieurs modes de difficulté, rendant le titre accessible à tous. Vous pouvez donc jouer en facile, normal, difficile ou cauchemar, ce qui affecte l’intelligence, la vue et l’ouïe de la nonne ainsi que sa vitesse de déplacement. Nous avons testé chacun d’entre eux, la différence est flagrante et procure une expérience unique.
Pour les plus néophytes d’entre vous, l’ajout du mode fantôme est ingénieux car la religieuse ne peut ni vous voir, ni vous tuer. Nous vous le conseillons dans un premier temps afin de maîtriser les mécaniques de gameplay et ainsi réaliser une première cartographie des lieux, fort utile dans certains endroits labyrinthiques. Par la suite, vous pouvez bien sûr renouveler l’aventure dans le niveau de difficulté supérieur et, pour les plus aguerris et machiavéliques d’entre vous, le mode cauchemar est la promesse d’un gameplay exigeant et punitif, vous êtes prévenus !
Verset Cinq : dans les détails le diable se cachera
Malheureusement, quelques aspects négatifs viennent entacher notre séjour infernal. Tout d’abord, nous avons subi quelques bugs bien fâcheux avec la disparition d’objets liés à l’accomplissement des quêtes. Ceux-ci, une fois lâchés à terre, ont totalement disparu, nous forçant à relancer une nouvelle partie, avouons qu’il y a de quoi se damner !
En outre, en cas d’échec ou tout simplement si vous quittez la partie sans avoir finalisé tous les objectifs (au nombre de trois par jour et répartis sur quatre jours), le game over interviendra au cinquième jour. Vous perdrez donc votre progression et vous n’aurez d’autre choix que de tout recommencer, ce qui peut s’avérer très frustrant.
Enfin, nous aurions souhaité que Sœur Madeline fasse réellement peur par une apparence démoniaque beaucoup plus aboutie car, non seulement elle n’est pas effrayante, mais en plus elle est à la limite du loufoque, ce qui est fort regrettable et paradoxal.
Le jeu offre une bonne durée de vie, toutefois variable en fonction de vos aptitudes à résoudre les énigmes et du niveau de difficulté choisi. Il se compose de six chapitres et de quatre fins alternatives, ce qui lui procure une bonne rejouabilité.
Testé sur Xbox Series X