Test - Bendy and the Dark Revival - Noir c’est noir

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Bienvenue à nouveau dans la réalité alternative du Studio Joey Drew ! Après nous avoir épouvantés en 2017 avec Bendy and the Ink Machine, initialement sorti sous format épisodique et permis d’incarner Boris le Loup en 2020, theMeatly et son équipe déroulent une fois de plus la pellicule de leur univers glauque pour une aventure horrifique à la première personne. Edité pour nos consoles par Rooster Teeth Games, Bendy and the Dark Revival change d’époque et de protagoniste pour nous plonger une nouvelle fois dans la Trempette locale, plus noire que la plus obscure de nos terreurs.

Black Audrey

18 juin 1973, la soirée est orageuse. Audrey est animatrice au sein du Studio. Après plusieurs heures supplémentaires à travailler sur les celluloïds, elle décide de s’accorder une pause-café bien méritée. Sauf que le reste de l’équipe l’a oubliée et qu’elle se retrouve enfermée toute seule à l’étage.

Profitez des couleurs, bientôt vous ne les verrez plus

Rien de tel qu’un petit aller-retour pour chercher ses clés, ponctuée par la vision incongrue d’un objet qui n’était pas là auparavant. Nous faisons rapidement la connaissance de ce “bon vieux” Wilson le vigile après le premier d’une longue série de jump scares. Ce vieillard inquiétant à la démarche aussi chancelante que son débit de paroles et au demi-regard torve est aussi dérangeant que ses élucubrations cryptiques…

Cette introduction nous permet de prendre les commandes en main, en recherchant quelques objets dans la salle d’exposition afin de les “remettre en place” selon les instructions de Wilson. Comme de bien entendu, nous finissons par déclencher une catastrophe.

Nous nous réveillons quelque peu… corrompus par l’Encre et dotés d’un regard que nous qualifions sobrement de lumineux, plongés dans l’univers cartoonesque particulièrement sombre du studio. Wilson est ici un sauveur, le Tueur du Démon de l’Encre, comme en témoignent de nombreuses affiches placardées au mur. Nous avançons prudemment, récupérons quelques objets, lettres, dessins et autres collectibles permettant de comprendre un peu mieux notre situation et de nous plonger également dans une abyssale perplexité.

Bienvenue dans la version alternative du studio

L’ambiance du titre est résolument poisseuse, entre ses tons sépia, ses lumières chancelantes parfois stroboscopiques (épileptiques s’abstenir) et l’Encre absolument omniprésente. Déversée via d’énormes tuyaux dans les différentes pièces, éclaboussant les murs comme autant de traces révélatrices d’accès de rage ou utilisée pour tracer des messages inquiétants sur les murs, elle étouffe la lumière en se mêlant aux ombres.

Pitch Black

L’accompagnement sonore n’est pas en reste, car hormis les grincements et autres craquements inquiétants ponctuant notre progression, seuls quelques transistors antédiluviens, une fois allumés, installent une ambiance musicale résolument rétro, tendance années quarante. D’antiques lecteurs de cassettes distillent avec parcimonie des témoignages très personnels des différents membres du studio, dévoilant progressivement toute l’horreur qui se trame dans ces locaux, qualité sonore grésillante et ton du discours éminemment suranné à l’appui.

My Ink is Rich !

Mais ici point de “Would you kindly…” suave et trop policé. C’est l’occasion idéale pour préciser que le titre est intégralement dans la langue de Shakespeare et que les sous-titres sont minuscules. De plus, le jeu ne propose aucun choix d’accessibilité sur ces options. Anglophobes ET myopes, veuillez reprendre une activité normale, votre aventure s’arrête ici.

L’architecture de l’endroit est particulière, délaissant le plus souvent les grands espaces ouverts au profit de couloirs tortueux aux recoins plus ou moins bien planqués, parfois à cause d’une ampoule fort commodément manquante. Les conduits d’aération sont aussi à la fête, nous permettant parfois d’accéder à des pièces fermées après des détours imaginés par un esprit forcément dérangé. Notre exploration minutieuse et prudente nous permet de glaner un certain nombre de ressources dont l’utilité nous échappe encore et d’observer des aménagements dignes des œuvres d’horreur les plus sombres. Nous avons la possibilité de nous cacher dans divers éléments du décor, comme des casiers, tonneaux et autres placards. Le fait que nous soyons dans un univers de dessin animé d’antan n’enlève absolument rien à l’angoisse que le titre instille déjà en nous.

The Dark Side of the Ink

Le cruel manque de moyens de destruction ou simplement de défense à notre disposition renforce notre sentiment de vulnérabilité dès l’apparition des premiers ennemis. Il faut contourner le mobilier, suivre l’adversaire à croupetons et profiter d’un moment d’inattention de sa part pour se faufiler sans bruit à travers la porte par laquelle il est entré. Entre les disjoncteurs à remettre en marche et les portes verrouillées par un code à trouver ou déduire en observant le décor, nous finissons par mettre nos mains gluantes de noirceur sur une arme contondante, formée de tuyaux et d’une batterie, sorte de clé à molette électrique de fortune, bien évidemment déchargée.

Notre meilleur copain

Qu’importe, cela représente une amélioration plus que bienvenue dans notre situation puisque nous pouvons maintenant casser certains cadenas et nous débarrasser des gardes par quelques coups bien placés sur l’occiput. Ou ailleurs, en fait on ne sait pas trop, car cette arme à l’apparence massive et menaçante n’offre malheureusement aucune sensation de puissance, les ennemis chancelant à peine sous les impacts. Il est donc relativement malaisé de savoir si nos coups portent ou pas, ce qui rend les combats fabuleusement brouillons et approximatifs. Plus tard dans l’histoire, lorsque les adversaires se multiplient, nous finissons par agiter notre arme devant nous en espérant juste les estourbir rapidement.

La vision d’un ange avant que se déchaînent les enfers

À intervalles plus ou moins réguliers, la voix d’outre-tombe du Gardien tout-puissant retentit, menaçante et pleine de suffisance, nous promettant l’annihilation de la plus ignoble manière pour oser déambuler ainsi librement dans les couloirs du studio. Simple croquemitaine désincarné en début de partie, il s’efface au profit du fameux Démon de l’Encre qui prend les choses en main (griffes et dents surtout) et fait sombrer notre trouillomètre à vitesse grand V.

Lors de certains moments-clés de l’aventure, comme la récupération d’un objet précis et d’autres carrément plus aléatoires histoire de maintenir la pression, la lumière vacille et l’ambiance devient soudainement irrespirable.

Panique dans le placard ?

Il ne nous reste alors qu’une poignée de secondes pour nous précipiter à tâtons et nous dissimuler justement dans l’un des conteneurs cités plus haut ou nous engouffrer dans le conduit d’aération le plus proche, le temps que la situation se calme. Tout cafouillage ou panique durant ces courts instants se solde irrémédiablement par notre trépas, la mortelle bestiole ainsi invoquée bénéficiant d’un instinct de tueur digne d’un xénomorphe sous stéroïdes.

Paint it Black

Au cours des cinq chapitres du jeu nous en apprenons plus sur les machinations qui ont secoué le studio et la raison de la présence d’Audrey en ces lieux. Les rares personnages annexes que nous rencontrons, Alice dans un premier temps puis d’autres pas piqués des vers par la suite, émaillent notre exploration d’échanges souvent mystérieux et parfois carrément déjantés. En plus de pouvoir améliorer notre arme, nous éveillons au fil de l’aventure quelques rares pouvoirs fort pratiques, l’un d’entre eux nous permettant de récupérer de la vitalité en effectuant une exécution discrète, un autre nous téléportant vers l’avant en un clignement de paupières. L’utilisation intensive de ce dernier est d’ailleurs la clé pour récupérer certains objets particulièrement bien cachés.

Mignon petit Bendy

Il faut un peu moins d’une dizaine d’heures pour boucler les cinq chapitres de l’histoire d’Audrey, laissant la porte ouverte à un certain nombre de possibilités. À moins d’avoir suivi un guide lors de notre partie et d’avoir ainsi récupéré l’ensemble des notes, enregistrements et autres secrets, il est probablement nécessaire de repartir en chasse, éventuellement à partir d’une sauvegarde nous permettant de revenir dans les premiers niveaux pour débusquer les indices qui nous auraient échappé.

Il est dommage d’ailleurs que le jeu ne propose aucun outil nous permettant de vérifier la liste des collectibles manquants ni de sélection directe de chapitres pour nous faciliter la tâche, nous laissant ainsi dans le flou quant à notre progression. Mais l’ambiance si particulière du titre réussit facilement à retenir les joueurs qui veulent soulever le voile sur tous les secrets du Studio Joey Drew et ainsi amortir les 29,99 € du titre.

Testé sur Xbox Series X et Xbox One.

Bilan

On a aimé :
  • La direction artistique du titre
  • L’ambiance, toujours stressante
  • La simplicité du gameplay
On n’a pas aimé :
  • Le système de combat mou et imprécis
  • Aucune option linguistique
  • Quelques textures baveuses
Back in Black

Bendy and the Dark Revival est une franche réussite. En s’appuyant sur l’expérience acquise sur le premier opus de la franchise, considéré comme un succès surprise, Joey Drew Studios nous présente ici un petit bijou du genre, qui prouve que l’angoisse, la peur et la panique ne sont pas l’apanage des productions ultra-réalistes. Ce décalage entre l’aspect visuel mignon et les horreurs qui nous guettent au coin de chaque couloir accentue même le malaise ressenti. Cette ombre cornue au sourire carnassier qui exhale un souffle fétide par dessus notre épaule n’est pas le Chat du Cheshire, mais il nous invite quand même à sauter dans le trou le plus proche et peu importe qu’il soit rempli d’Encre.

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Bendy and the Dark Revival

PEGI 12

Genre : Aventure/Réflexion

Editeur : Rooster Teeth Games

Développeur : Joey Drew Studios

Date de sortie : 1er mars 2023

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch