Test - Backfirewall_ - Énigmes, humour et bugs !

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Avec Backfirewall_, l’équipe helvétique de Naraven Games nous transporte dans un jeu d’énigmes farfelu et décalé dans les méandres d’un smartphone luttant contre une nouvelle mise à jour système.

Mais, comme nous allons le voir, pour briller le titre également aurait bien besoin d’un gros patch…

Your system is outdated

Nous incarnons dans Backfirewall_ un “assistant de mise à jour” récemment installé dans le smartphone d’une utilisatrice inconnue. Sa mission est simple : remplacer le vieillissant OS9 par le tout beau, tout neuf et très performant… OS10 (toute ressemblance avec un système d’exploitation existant est totalement volontaire).

Nous voici donc accomplissant notre tâche comme une bonne petite App bien docile… jusqu’à ce que l’OS9 en question vienne nous interrompre. C’est que le bonhomme est chafouin à l’idée de céder sa place de patron à quelqu’un d’autre, d’autant que pour lui ce remplacement signifie la mort pure et simple.

Habilement, ce dernier parvient à nous convaincre qu’une fois notre mission accomplie nous subirons le même sort que lui et, de fait, à l’aider à empêcher cela. Mais le processus est déjà enclenché et, pour sauver notre vie autant que la sienne, il va falloir se frayer un chemin dans les méandres du téléphone afin de provoquer assez de bugs pour que la mise à jour s’annule.

C’est sur ces bases (que nous avons tous vécues) que le jeu développe son intrigue. Accompagné par la voix d’OS9 qui nous guide, il va falloir passer par tous les composants possibles : RAM, CPU, GPU, Réseau, etc. afin de provoquer le plus d’erreurs critiques possibles.

Chacune de ces zones est composée d’une liste d’objectifs assez vague : faire entrer l’App Bank dans une boucle infinie, tailler la RAM ou encore surcharger un processeur. Et c’est sous forme d’énigmes plus ou moins retorses que nous pouvons parvenir à nos fins.

Si ces dernières sont généralement plaisantes, certaines sont littéralement incompréhensibles et nécessitent une bonne dose de chance… voire de triche. Comme un aveu d’échec, Backfirewall_ nous met systématiquement à disposition un… canard. Oui, un canard. Ce dernier peut, à notre seule discrétion, nous fournir des informations plus ou moins étayées sur la résolution desdites énigmes. Et parfois même nous donner la réponse.

La principale problématique, c’est que cette solution n’est soumise à aucune contrepartie. Il est donc possible, pour les moins déterminés d’entre nous, de tout simplement boucler le titre sans jamais prendre le temps de réfléchir. Et ce serait là une grave erreur de jugement.

Car si les énigmes sont certes complexes, elles n’en demeurent pas moins intéressantes. Et tenter de faire travailler nos neurones pour comprendre leur logique est tant à la fois plaisant qu’amusant. De plus, parvenir à boucler une zone apporte systématiquement un sentiment d’accomplissement qui n’est pas sans rappeler celui que nous pouvions ressentir sur la série Professeur Layton. Une belle réussite, donc.

Entre chacun de ces niveaux, il faut passer par des corridors généralement remplis d’agents de sécurité issus de l’antivirus sans se faire repérer. Le titre devient alors une sorte de jeu d’infiltration aux capacités et propositions très limités.

Cette partie est un échec total. Punitive au possible, la moindre détection nous renvoie immédiatement au début du jeu par un écran de chargement. Heureusement, OS9 nous ouvre aussitôt un point d’accès rapide… pour revenir à l’entrée du niveau en question, via un nouvel écran de chargement.

Certes plus logique scénaristiquement, cette décision alourdit considérablement la progression et brise totalement l’immersion, nous faisant juste rager un peu plus, perdre notre sang-froid… et de fait rendre l’infiltration d’autant plus hasardeuse. D’autant que les mouvements des ennemis sont scriptés et sans la moindre petite once d’intelligence artificielle.

Oui, il est possible de les passer relativement facilement, de courir juste à côté d’eux sans même qu’ils ne s’aperçoivent de notre présence, voire simplement de demeurer immobile à un pixel de leur zone de détection.

Des bugs omniprésents

Faire un jeu autour du crash d’un système d’exploitation, c’est bien. Ajouter des bugs en tant que collectible, c’est mieux. Mais indubitablement l’humour fonctionnerait mieux si Backfirewall_ n’en était pas lui-même bourré jusqu’à la moelle.

Le premier nous a accueilli durant le tutoriel. Une simple mise en pause, un détour par les options pour augmenter la vitesse de rotation de la caméra et… Les sous-titres français ont tout simplement disparu.

Retour dans les options, on bidouille tout ce qu’on peut en vain : plus aucun sous-titre à l’écran. Fort bien, on réinitialise donc les paramètres… et le jeu se passe automatiquement en allemand. Oui oui. En allemand.

La seule solution à notre problématique a été de relancer une partie depuis le début après avoir supprimé notre sauvegarde. Après avoir bataillé près d’une demi-heure, ce fut là notre seule et unique porte de salut. Et nous n’en étions qu’à moins de dix minutes de jeu…

Et la caméra, parlons-en justement ! Cette dernière est d’une lenteur abyssale et plus frustrante qu’autre chose. Nous avons tout de même poussé l’aventure ainsi jusqu’à son terme, de peur de devoir tout reprendre depuis le début une nouvelle fois.

Les contrôles, dans leur globalité, sont d’ailleurs totalement ratés. L’intrigue se déroulant dans un smartphone, on a souvent le sentiment que les énigmes ont été pensées pour le tactile. L’expérience sur PC ou Switch serait donc sans doute bien meilleure, mais avec une manette il n’est pas rare de devoir s’y reprendre plusieurs fois avant de finalement parvenir à déplacer un élément.

La conséquence est aisée à comprendre : on en arrive parfois à se dire qu’une énigme est illogique, à la prendre sous toutes les coutures (même les plus absurdes)... pour finalement abandonner et aller voir notre cher canard et mieux réaliser qu’on avait la solution depuis le début, mais que les contrôles ne répondaient simplement pas correctement.

Frustrante au possible, toute la partie maniabilité, couplée aux nombreux bugs, forme clairement le gros point noir d’un titre au demeurant fort sympathique.

Enfin, comment passer sous silence la pire idée du titre ? Dans un souci de cohérence scénaristique, le menu d’accueil du jeu ne nous propose que deux options : continuer ou nouvelle mise à jour.

Malheur si, comme nous, vous avez l’idée saugrenue de lancer le titre sans être parfaitement réveillé. “Tiens, une nouvelle mise à jour ?” nous sommes-nous dit, avant de réaliser qu’il s’agissait de l’option “nouvelle partie”... et que lancer celle-ci écrasait immédiatement et sans autre forme d’avertissement la seule et unique sauvegarde automatique du titre…

So British

Backfirewall_ n’est pas qu’un simple jeu d’énigme pétri de bugs. Si le titre est si plaisant et nous fait revenir régulièrement avec délectation (même une fois notre sauvegarde effacée, oui) , c’est avant tout pour son humour débridé.

Énorme point fort d’un titre ne manquant pas de défauts, les répliques de l’intégralité des progratonistes, même secondaires, ont bénéficié d’un soin tout particulier. Contrairement à d’autres jeux qui auraient choisi la voie de la facilité en appliquant le langage “start-up” à son intrigue, Backfirewall_ ose quelque chose de plus subtil, cynique, bourré de sarcasmes autant que d’une ironie mordante.

Comment ne pas fondre lorsque Facebook dénonce des comportements suspects aux autorités ? Lorsque l’application mail finit par se suicider à force de ne pas être utilisé ? Ou encore de pouvoir espionner l’utilisatrice en décryptant ses conversations privées ?

Oui, l’écriture de Backfirewall_ est une franche réussite, et son humour très british nous a arraché de simples sourires autant que des rires francs et sincères. C’est une perle de dérision et de finesse, dont les messages assez critiques à l’encontre de l’utilisation abusive des smartphones sont d’une subtilité qui frise souvent la perfection… à tel point qu’il est possible de faire l’intégralité de l’aventure sans jamais saisir les références habilement dissimulées et sans en éprouver la moindre gêne, ou au contraire de le découvrir sous un prisme totalement différent.

Note : Après l’écriture de ce test, nous avons été informés de la mise à disposition d’un Patch Day One corrigeant plus d’une centaines de bugs dont l’intégralité de ceux que nous avons expérimenté durant notre aventure.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • L’humour grinçant et subtil
  • La direction artistique soignée
  • Une écriture à double sens maîtrisée
  • Des énigmes passionnantes…
On n’a pas aimé :
  • ...mais parfois capilotractées
  • Une profusion de bugs
  • Une maniabilité pas du tout optimisée pour la manette
  • L’infiltration, inutile et frustrante
Un jeu très sympathique mais plombé par d’innombrables bugs

Sur le papier, Backfirewall_ a tout pour plaire : un humour caustique, une direction artistique minimaliste et originale, un concept frais et des énigmes passionnantes. Quel dommage que la maniabilité et les bugs ne plombent l’expérience. Il ne lui manquait pas grand-chose pour devenir un véritable coup de cœur.

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Backfirewall_

Genre : Aventure/Réflexion

Éditeur : All in ! Games

Développeur : Naraven Games

Date de sortie : 2023