Test - Animal Shelter Simulator - Tout sauf chat-rmant !

«La blague de l’année… et je ne parle pas que du titre.» , - 0 réaction(s)

Incubator Games. Fondé en 2009 par des anciens de Capybara Games (essentiellement connus pour Might and Magic : Clash of Heroes), le studio s’est principalement concentré sur des jeux mobiles et pour navigateurs.

Avec Animal Shelter Simulator, ils ont voulu passer à la vitesse supérieure. Mais visiblement, ils ont oublié d’embrayer avant et ont, de facto, lamentablement calé sur le bord d’une nationale. De nuit. Sous la pluie. Et en hiver.

Sorti en Juin 2021 sur Steam et ayant recueilli des avis plutôt élogieux, Animal Shelter Simulator arrive finalement sur Xbox One et Xbox Series X|S dans l’indifférence la plus totale. Gageons que cela ne change jamais…

​​SPA Simulator 2022

Nous sommes ici confrontés à un titre qui, visiblement, a décidé de s’inspirer de la grande époque des simulateurs allemands : de tout ! et surtout de n’importe quoi Cette fois-ci, le concept est relativement simple, nous mettre dans la peau d’un gestionnaire de refuge animalier.

Si l’idée de sauver de petits chats et chiens tout mignons peut paraître attrayante, c’est surtout les promesses du studio qui nous ont décidés à nous intéresser à ce titre. En effet, celui-ci nous est présenté comme étant bien plus qu’un vulgaire jeu de toilettage félin. Arborant un côté gestion ainsi que des phases de construction relativement inspirées des Sims, nous nous attendions à un projet sympathique et original, dépaysant et surtout accrocheur.

Mais nous aurons tout le temps de détailler l’ensemble des problèmes du titre. Revenons à nos moutons… ou plutôt à nos « puppies ».

Car oui, Animal Shelter Simulator nous propose bel et bien de prendre la tête d’un refuge, en tant que seul et unique employé. À ce titre, notre éternel supplice ne nous laisse que peu de répit. Il faut choisir les animaux à accueillir, les installer, nous occuper d’eux… Mais aussi publier des annonces sur internet, faire le ménage, les soigner dans la clinique, faire nos achats sur Amazon à des prix prohibitifs… Bref, vivre tout simplement le quotidien d’un gérant de refuge.

Très peu généreux dans le contenu proposé, il nous a bien fallu trois ou quatre heures avant d’en faire le tour… et trois fois moins pour nous ennuyer terriblement. En cause : une technique aux fraises, des graphismes dignes des pires heures de la 3D, une boucle de gameplay sans aucune saveur ni subtilité, des mécaniques de jeu cassées, des bugs à foison et un sous-texte terriblement cynique.

Eh oui, nous allons voir chacun de ces défauts point par point. Amoureux des animaux, préparez-vous : le pire est devant nous.

Bien plus d’insectes que d’animaux

Dès le lancement, Animal Shelter Simulator nous accueille dans la plus grande sobriété. On se surprend à découvrir dans les options la possibilité de gérer la « sensibilité de la souris », ou encore des textes de tutoriel y faisant référence. Sans doute des oublis lors du portage…

Notre première mission, servant de didacticiel au titre, nous a demandé de récupérer un animal depuis notre ordinateur. Ce fut également notre premier (et loin d’être notre dernier) crash, nous contraignant ainsi à relancer le titre et à tout reprendre depuis le début.

Il est à noter que cette phase d’apprentissage bloque automatiquement toute possibilité de sauvegarde. Certes, il est possible de la terminer en une dizaine de minutes. Mais avec les crashs à répétition, il nous en a fallu pratiquement trente pour finalement parvenir à évoluer dans notre mésaventure.

Et la catastrophe continue rapidement. Outre les glitchs et les problèmes de textures, nous avons également souffert de gros ralentissements et de chutes de FPS massives, nous faisant parfaitement comprendre sans le moindre doute possible être en présence d’un « jeu » non optimisé pour la plateforme, au portage paresseux qui flirte parfois sans doute avec une pointe d’incompétence (ou a minima de laxisme).

Pis encore, il nous est arrivé plusieurs fois durant la première heure d’être « soft lock » à cause d’un bug de jeu. Deux interactions consécutives et relativement trop proches, et c’est l’assurance de découvrir avec horreur la moitié des boutons de la manette… qui ne fonctionnent tout simplement plus. Le jeu continue de tourner, les gâchettes sont utilisables, de même que la navigation dans les menus ; mais notre personnage refuse de se déplacer ou d’interagir avec quoi que ce soit.

En quatre heures de jeu, ce ne sont pas moins d’une vingtaine de bugs majeurs et bloquants qui nous ont contraints à recharger notre partie. Par conscience professionnelle, nous avons consulté les avis des joueurs PC, qui pour certains relevaient déjà en Juillet 2021 des problèmes similaires. Autrement dit, aucun patch correctif n’est arrivé en plus d’une année sur des problématiques aussi graves. Il y a donc de fortes chances pour qu’Animal Shelter Simulator demeure en l’état jusqu’à son oubli pur et simple.

En vrac, nous citerons parmi les bugs « mineurs » la disparition des inventaires des bâtiments après les avoir déplacés, la suppression des photos de nos pensionnaires après une sauvegarde ou un chargement (même automatique), l’impossibilité de soigner certains animaux qui de facto périssent sans qu’on ne puisse leur venir en aide, ou encore le blocage aléatoire de l’accès à certains bâtiments. Des bugs « mineurs », effectivement. Nous vous laissons le loisir de découvrir les bugs « majeurs » par vous-même.

Que quelqu’un appelle la SPA, la vraie…

Amoureux des animaux, ce jeu n’est pas pour vous ! L’équipe d’Incubator Games a, semble-t-il, une vision très cynique du monde animal, où un refuge se gère avant tout comme une entreprise, où la bête a autant de valeur qu’une orange trop mûre et où l’empathie n’est rien d’autre qu’un moyen de faire un joli score au Scrabble.

Ainsi nous nous sommes confrontés à un cynisme abominable et difficilement acceptable. Le moment de trouver un foyer à nos pensionnaires est systématiquement un crève-cœur, tant le gameplay a été singé sur n’importe quelle autre production du genre.

Pour trouver le foyer idéal, il faudra prendre en considération à la fois la personnalité de l’animal… et les « exigences » des potentiels « acquéreurs ». Nous insistons vivement ici sur ces deux termes, ces derniers étant mis en avant par le jeu.

Oui, les personnes souhaitant « acquérir » nos petits pensionnaires ont des exigences. Il faut qu’il ne soit pas bruyant, qu’il ait un petit appétit, qu’il ne dérange pas les enfants, qu’il puisse vivre seul…

Irritant au possible, il est nécessaire de faire preuve d’un moral à tout épreuve et de se détacher de tout affect pour espérer poursuivre une partie sans jeter console et manette par la fenêtre.

Parfois (rarement), l’une de ces personnes parlera d’« adoption », nous redonnant quelque peu foi en l’humanité… avant de nous expliquer combien sa vie est chargée et que l’animal ne doit surtout pas faire de bruit ni avoir besoin de compagnie, qu’il souhaite lui apprendre des tours comme une vulgaire puce de cirque, ou encore être un petit mangeur car il « n’a pas envie d’aller acheter régulièrement des croquettes ».

Si, sur un principe purement vidéoludique nous comprenons la démarche sous-jacente, soit l’envie de proposer un gameplay actif où le joueur doit pouvoir faire « matcher » un animal et le propriétaire idéal, sur un plan purement éthique et moral, la mise en œuvre de cette fonctionnalité est totalement discutable.

Bien entendu, tout cela se termine par l’obtention d’un score de compatibilité, qui nous donne divers bonus (réputation et argent). Hasard ou bug, nous avons retrouvé avec horreur l’un de nos premiers pensionnaires abandonné dans un égout et en état de malnutrition sévère après quelques heures de jeu.

Animal Shelter Simulator se révèle être un cas d’école, étrange et dérangeant ; de ceux capables de mettre à mal toutes nos certitudes. Le gameplay doit-il être mis au cœur d’une aventure vidéoludique ? Clairement ici, il porte plus atteinte à l’intégrité de l’œuvre et dessert fortement son propos et ses intentions initiales.

Mais quid des autres parties promises par le studio ? Eh bien… On retrouve effectivement la possibilité d’acheter quelques bâtiments et de déplacer ceux que nous possédons, afin de construire le refuge de nos rêves. Malheureusement, l’espace disponible est bien trop limité et cette partie se révèle, après quelques tests, totalement futile.

En effet, rien ne nous empêche de recueillir un animal à moitié mort, de lui donner rapidement à manger et à boire, avant de le photographier avec un chapeau rigolo pour publier une annonce sur internet. Les demandes pleuvent alors, nous permettant de nous débarrasser de lui aussi rapidement qu’il est venu ; faisant inextricablement augmenter notre réputation et nos gains, tout en nous octroyant de grosses économies sur la nourriture ou les soins.

Car il est de surcroît impossible de perdre, dans Animal Shelter Simulator. Qu’importe que la compatibilité entre propriétaire et animal soit ridicule, nous gagnons tout de même des bonus à la fin. S’occuper de ces petites bêtes si mignonnes se révèle donc purement facultatif…

Nous passerons bien entendu rapidement sur l’idée même que notre « concierge » s’improvise chirurgien-vétérinaire, ou qu’il soit possible d’habiller les animaux afin de mieux les « vendre » en ligne.

Heureusement, c’est moche…

Par « chance », le moteur graphique d’Animal Shelter Simulator est immonde, nous permettant d’accueillir son propos discutable avec plus de facilité. Les modèles des animaux frisent le ridicule et font hommage aux pires heures de la première Xbox. À nous le plaisir d’admirer des modèles cubiques bugger sur une pelouse composée uniquement de gros polygones verts, tout en s’extasiant sur la qualité presque organique des montagnes d’excréments qui ne tarderont pas à joncher notre refuge.

Et tels les limbes dont le titre est issu, il ne fait jamais nuit dans Animal Shelter Simulator. Il ne pleut jamais, et aucune âme humaine ne vient se perdre dans les tréfonds de notre geôle éternelle. Même les livraisons de nos achats se font par l’intervention d’un drone, comme pour nous rappeler l’éternel horizon de notre crasse solitude.

Et pour seule compagnie, la présence fantomatique du chauffeur du camion amenant et emportant les animaux, tel Charon sur le Styx, nous alpaguant par la sinistre mélopée de son klaxon infernal, nous invitant à livrer notre dû…

En d’autres termes : c’est moche, vide, et les développeurs n’ont même pas pris le soin de modéliser un seul personnage humain. Même notre avatar n’est qu’une caméra volante, sans corps, jambes ni bras. Le niveau de flemme est tel qu’il n’est possible de sauver que des chats et des chiens, leurs petits n’étant disponibles qu’en DLC payant. De plus, les modèles de ces derniers ne sont qu’une poignée.

Ne montre ça à personne… non vraiment

Animal Shelter Simulator dispose bien entendu d’un gameplay. Enfin… C’est peut-être une conclusion quelque peu hâtive. Disons plutôt que des mécaniques de jeu ont été mises bout à bout sans cohérence ni logique, greffées les unes aux autres, non sans rappeler une expérience foireuse issue des méandres d’un scientifique discutable.

Dès les premiers instants, nous découvrons qu’il est possible de déplacer tous les objets disponibles. Dans quel but ? Strictement aucun. Eu égard au fait qu’il n’y a jamais la moindre visite, faire un bureau de réception « joli » ne flattera rien d’autre que notre égo (nos rétines, elles, sont déjà retournées dans le début des années 2000).

De même, on réalise assez rapidement que jeter les poubelles, faire le ménage ou retirer les excréments qui apparaissent toutes les 30 secondes (littéralement) dans le chenil n’a strictement aucune incidence sur le bien-être des pensionnaires. Il s’agit simplement… d’une possibilité qui nous est généreusement offerte, comme pour nous faire croire à une quelconque richesse de gameplay.

En fait, même les soins prodigués aux pensionnaires ne sont nécessaires qu’à leur arrivée, puisqu’il est impossible de les mettre à l’adoption (ou plutôt à la vente) sans avoir acquis leur confiance une première fois. Après ça… qu’importe qu’ils repartent de notre chenil le poil soyeux ou avec une plaie purulente sur la hanche.

Au final, toute la partie « jeu vidéo » n’est qu’une vaste supercherie totalement inutile. Si seulement le titre d’Incubator Games proposait autre chose, comme un scénario ou des cinématiques… Mais en l’état, il est impossible de le défendre de quelque manière que ce soit.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • Les temps de chargement sont courts.
On n’a pas aimé :
  • Graphiquement et techniquement raté
  • Bourré de bugs jusqu’à la moelle
  • Gameplay inintéressant ET inutile
  • Morale douteuse
  • Bande-son totalement hors contexte
L’échec a un nom..

Il est rare de tester un jeu parvenant l’exploit de rater sur tous les tableaux, tout en nous proposant une expérience à la limite du jouable à cause de ses bugs à foison ET un message moralement discutable malgré de bonnes intentions initiales. Mais Animal Shelter Simulator y est arrivé avec brio et une sorte de talent rare. Tout y est raté dans une sorte de constance qui frise souvent la perfection.

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Animal Shelter Simulator

Genre : Gestion

Editeur : Incubator Games

Développeur : Incubator Games

Date de sortie : 25/11/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows