Test - Paper Cut Mansion - Plongée dans un esprit torturé

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Paper Cut Mansion est une expérience horrifique impitoyable. Vous allez mourir. De nombreuses fois (et probablement de manière particulièrement répugnante). Vous recommencerez. Et vous allez mourir à nouveau. La promesse du titre est affichée dès l’écran de chargement et n’incite pas à la confiance. Cette impression se renforce une fois le jeu lancé.

Jaillissant des ténèbres nocturnes, une voiture s’arrête au bord d’un chemin forestier. Un homme en descend et s’engage sur un long chemin sinueux armé d’une simple torche électrique, accompagné par les bruits inquiétants de la forêt ainsi que d’une musique angoissante. Arrivé à la grille d’une imposante et sinistre masure isolée, une phalène géante s’envole et notre héros est happé par un mystérieux tourbillon. L’introduction s’accompagne d’une courte chansonnette que ne renierait pas Tim Burton dans ses œuvres.

Pourquoi ai-je l’impression qu’il fait nuit aujourd’hui ?

Space Lizard Studio nous avait gratifié en 2017 d’un certain Dragon Bros, run & gun au look rétro relativement convenu, mais raisonnablement distrayant. Avec Paper Cut Mansion, disponible depuis le 27 octobre 2022 au prix de 19,99 € sur le Xbox Store, l’équipe “so british” nous offre cette fois-ci un rogue-lite complètement cinglé à l’ambiance sombre et déprimante. Son traitement graphique si particulier nous donne l’impression que tous les éléments ont été montés en carton ou en origami avant d’être numérisés et contribue grandement au mystère et à l’étrangeté qui se dégagent du titre.

Deux salles, deux ambiances

Les effets de lumière jouent également un grand rôle, soufflant le chaud et le froid parfois même d’une pièce à l’autre en alternant un éclairage naturel, l’obscurité la plus complète et des lueurs qui n’appartiennent pas à ce monde.

Nous démarrons chaque partie dans une petite pièce à la décoration miteuse et de fort mauvais goût. Le demi-dieu des inconscients (mais pourquoi cette pseudo-traduction en “Demigode” ?) se présente brièvement à nous. Cette inquiétante créature flottante dotée de plusieurs pseudopodes apparaît en haut à gauche de l’écran et porte trois cadrans de couleur associés à autant de barres de progression, le tout accompagné d’icônes à priori abscons, sans nous donner aucune indication sur ceux-ci. Une interface sinistre qui nous parle, pourquoi pas, nous ne sommes plus à une bizarrerie près.

Pour les encouragements, c’est rapé

Un squelette dépressif semble être notre unique compagnon de cellule et partage avec nous quelques mots de découragement avant de nous demander d’aller chercher la “porte parlante”, qui devrait pouvoir nous aider. Nous remarquons également que la phalène de l’introduction volette autour de nous. Il est temps de quitter la sécurité toute relative de cette pièce et de passer à la suivante.

Quelque chose ici ne tourne pas rond aujourd’hui

Très rapidement, probablement quelques ouvertures de portes plus tard, nous nous retrouvons face à une faille à l’aspect terrifiant, hérissée de tentacules et exsudant une lumière impie rouge, cyan, ou violette. En s’approchant, un message nous invite à traverser ce portail sépulcral pour rejoindre respectivement le Cerveau reptilien, le Système limbique ou le Néocortex. Le tout dans un effet de distorsion lumineuse des plus troublantes.

Voulez-vous vraiment entrer là-dedans ?

Dans la zone rouge, les décors sont maculés de traces brunâtres dont on augure l’origine non sans une certaine répulsion. Nous dégainons automatiquement un ersatz de fusil, afin de progresser en plombant des hordes d’ennemis à l’apparence horriblement répugnante et contrefaite. Leur démarche pesante est parfois trompeuse, certains possédant des attaques particulièrement fulgurantes et une résistance hors du commun. La zone bleue est singulièrement sombre et notre fidèle lampe-torche nous permet d’en éclairer les recoins les plus ténébreux. Il est parfois possible d’y capturer de petites entités lumineuses, mais il ne faut pas s’y attarder sous peine de mourir de froid.

Observez bien, retournez-le dans tous les sens, la solution s’y trouve

Heureusement des braseros sont placés ça et là pour nous réchauffer. Enfin, la zone violette est raisonnablement sûre, du moins en début de partie et c’est la seule où il est possible d’explorer et de fouiller les nombreux éléments de décor en suivant les mouvements de la phalène. L’impression qui se dégage est aussi dérangeante que déroutante.

La paranoïa est tout ce qu’il me reste

Ces trois types d’environnement sont en fait des dimensions parallèles de la même “réalité” et nous le comprenons assez vite. L’agencement des différentes pièces y est la même, ainsi que les PNJ présents mais comme nos actions disponibles ne sont pas identiques, il faut souvent changer de version afin de pouvoir progresser.

Une solution expéditive

Une porte bloquée sans cadenas ou dispositif de fermeture apparent ne peut être détruite dans les premiers temps que dans le Cerveau reptilien et les différents renseignements nécessaires à la résolution des énigmes doivent être cherchés exclusivement dans le Néocortex. Nous comprenons également la fonction des indicateurs de l’interface. Ils correspondent apparemment à notre santé mentale, notre résistance psychique et notre énergie vitale, ce qui n’est pas sans rappeler certains souvenirs aux aficionados de l’Appel de Cthulhu.

Sur notre chemin vers la fameuse porte, nous croisons plusieurs personnages spécifiques à chaque niveau. Certains nous demandent d’effectuer des quêtes secondaires en échange de médailles qui nous accordent un bonus de statistique pendant la partie en cours. D’autres nous proposent leurs services contre monnaie sonnante et trébuchante, comme ce médecin échappé d’un autre temps mais aux prescriptions très modernes, le prêtre ou l’avocat.

Le doc permet de se camer jusqu’aux yeux

Leur apparence est toujours lugubre et parfaitement en accord avec leur personnalité souvent dépressive, parfois agressive, voire carrément digne d’un psychopathe. La porte parlante ne fait pas exception, puisqu’une fois atteinte, elle exige de nous de remplir un objectif dans l’une des instances afin de nous laisser passer.

C’est comme un tourbillon dans ma tête

Dans cette ultime salle enfin atteinte, avant de pouvoir nous engouffrer dans la trappe nous conduisant dans les tréfonds de la démence, un gardien nous impose une mission finale afin de la déverrouiller. Il est également conseillé de consulter le rapport de police affiché au mur. Un résumé de notre performance y figure, nous présentant le nombre d’ennemis tués, le temps passé dans chaque partie du cerveau, ainsi que le nombre d’indices obtenus et d’améliorations accessibles.

L’arsenal s’étoffe petit à petit

C’est notre dernière chance de pouvoir faire machine arrière et chercher à compléter une quête annexe, récupérer un indice pour notre enquête ou une carte d’amélioration que l’on aurait manqué. Ces dernières sont particulièrement importantes car elles garantissent une pièce d’équipement aléatoire que nous pouvons activer immédiatement et qui est obtenue de manière définitive.

Mais bien entendu, je vous fais confiance

Elles se placent dans l’un des trois emplacements correspondant aux gants, souvent accompagnés d’une arme ou d’un dé (sic), à l’armure et au casque. Ces éléments modifient notre apparence, avec des looks très éclectiques. Mais surtout, ils nous fournissent des pouvoirs supplémentaires, actifs ou passifs, facilitant notre exploration et notre survie.

Le soleil se couche, je sens la lumière me trahir

Cependant la mort rôde et chacun de nos pas nous rapproche un peu plus de notre inéluctable trépas.

Réchauffons l’ambiance

Ces lames fantomatiques qui nous accueillent lors de notre entrée dans un cagibi, ou ces statues qui s’éveillent subitement quand nous passons à leur portée sont autant d’occasions pour nous de finir par avoir les fils qui se touchent, quand ce n’est carrément pas le mobilier soudainement hanté qui s’en prend à nous. Les hordes vindicatives présentes dans le Cerveau reptilien nous obligent à bien choisir notre champ de bataille et souvent à nous replier dans des salles précédemment visitées, pour se rendre compte avec effroi que d’autres horreurs cosmiques sont apparues derrière nous comme par magie. Certains ennemis sont même complètement invincibles la majorité du temps, transformant notre fuite en poursuite digne de Benny Hill se terminant trop souvent de manière tragique dans un sombre cul-de-sac.

Une petite partie ? La mise est votre santé mentale

La narration est maîtrisée et distille avec une certaine pingrerie les éléments de notre enquête tout en les enveloppant d’un mystère laissant la part belle aux hypothèses les plus hideuses. Les intermèdes chantés que l’on retrouve entre chaque niveau permettent de retracer l’histoire de notre protagoniste dont on ne sait absolument rien au début de l’aventure, pas même son nom. Les puzzles sont plutôt bien pensés car ils sont fournis sans mode d’emploi et font uniquement appel à la logique et à l’observation tout comme lors d’une partie d’escape game. Nous pouvons penser à tort qu’ils sont redondants, mais ils se diversifient au fil des niveaux et c’est toujours une satisfaction que de déduire la combinaison d’un cadenas à partir de l’affiche d’un concert de jazz ou de coller les bonnes gommettes sur la langue d’un crâne grimaçant.

Testé sur Xbox One et Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • L’ambiance graphique très glauque et dérangée
  • L’histoire qui se dévoile au compte-gouttes
  • L’équilibre des phases de gameplay
On n’a pas aimé :
  • Les déplacements un peu lents du personnage
  • Beaucoup d’allers-retours à effectuer pour tout explorer
  • La difficulté ne pardonne pas à certains moments
La peur est la plus vieille et la plus forte émotion de l’humanité

Paper Cut Mansion est une expérience à première vue troublante et malsaine, de par ses choix graphiques et sonores ainsi que son ambiance crépusculaire faisant la part belle aux “jump scares”. Mais à l’usage le titre se révèle particulièrement addictif. Car non contents de faire progresser notre enquête, les différents indices et objets obtenus nous dévoilent peu à peu l’histoire de notre anti-héros. Space Lizard Studio, en nous offrant ce monstre de Frankenstein vidéoludique, donne vie à cette théorie hybride d’un rogue-lite puzzle-game narratif résolument horrifique, un mix des genres qui ne peut laisser indifférent.

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Paper Cut Mansion

PEGI 7

Genre : Action

Editeur : Thunderful Games

Développeur : Space Lizard Studio

Date de sortie : 27 octobre 2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PlayStation 5, PlayStation 4, PC Windows, Nintendo Switch