PolyCrunch Games est le micro-studio maltais de Neville Attard et Falling Out, son premier titre, une aventure rétro pixel en duo que l’on peut classer dans la même catégorie qu’un Spelunky ou pour les plus anciens, de Rick Dangerous. L’éditeur Firestoke, dont c’est également la première réalisation, a choisi ce jeu parmi un grand nombre de projets après une sélection drastique correspondant à un cahier des charges très précis. Falling Out est disponible sur le Xbox Store au prix de 12,49 €.
Ce tombeau sera votre tombeau
Felicia et Giorgio forment un couple heureux. Leur rencontre plusieurs années plus tôt, placée sous le signe du hasard (et d’une chute de météorite) marque le début d’une vie de bonheur.À l’époque, leur lune de miel en Égypte ne s’était pas exactement passée comme prévu et le couple s’est quelque peu empêtré depuis dans une vie calme et routinière. Le sémillant Giorgio a pris un peu d’embonpoint à cause de la sainte trinité bières-pizzas-télé. Félicia quant à elle a toujours la nostalgie de cette époque tumultueuse et pleine de surprises. Quand le destin frappe à leur porte sous la forme du premier prix d’un concours, un voyage vers la terre des pharaons, les deux tourtereaux font leurs valises et sautent dans l’avion pour rattraper le temps perdu.
Fatalement, la première visite de pyramide ne se passe pas comme prévu. Sous prétexte de faire une dernière photo, Felicia et Giorgio se retrouvent perdus. L’embranchement qu’ils prennent pour rejoindre le groupe n’étant pas le bon, ils échouent dans une sombre crypte poussiéreuse et réveillent par mégarde (et surtout par maladresse) le vieux fantôme bougon d’un roi oublié. Leur fuite éperdue se termine abruptement par une chute dans les profondeurs du mausolée et permet d’enchaîner immédiatement sur le tutoriel.
Cet endroit me donne la chair de poule, après vous
Les deux personnages bénéficient des mêmes panoplies de mouvement incluant un double saut, la capacité de s’accrocher brièvement aux murs, lancer l’autre personnage en hauteur, dérouler une corde pour lui permettre de grimper, et le porter/traîner. Il est possible de se débarrasser des ennemis rencontrés en leur sautant dessus ou en utilisant l’une des très nombreuses armes plus ou moins improvisées du jeu, allant du simple caillou au lance-bananes, en passant par le classique boomerang. Il est bien entendu possible à un second joueur de saisir une manette pour rejoindre l’aventure en coopération ou de participer à des matchs compétitifs.
- Il y en a un qui a fait une bêtise
Chaque niveau est généré de manière procédurale, et offre une rejouabilité infinie. Au cours des trois minutes allouées (en difficulté “ Touriste ”), nos deux tourtereaux doivent réussir à rejoindre la sortie en évitant les pièges tout en récoltant armes, richesses, matériaux et souvent la clé indispensable pour ouvrir la porte vers la libération.
Certains objectifs optionnels demandent de ramasser plusieurs exemplaires d’un objet précis (incluant les dépouilles d’ennemis spécifiques), de récupérer une statuette maudite ou une tablette antique. Si la minuterie tombe à zéro, naturellement ou suite au déclenchement d’une malédiction, le tableau commence à être submergé, nous obligeant à nous mouiller pour rejoindre la sortie, avec une jauge d’air bien entendu limitée.
Je suis un étranger qui voyage depuis l’est à la recherche de celui qui est perdu
Les différents environnements du jeu se divisent en quatre stages successifs qui se terminent par un combat de boss, leur défaite permettant de débloquer de manière permanente le checkpoint du monde suivant. Entre chaque niveau, une pause bienvenue est offerte par la présence d’une salle de repos. Il est possible d’interagir avec le très traditionnel camelot ambulant importé tout droit d’Agrabah proposant toute une série de consommables et d’équipements à des prix furieusement prohibitifs.
Un coffre permet de placer certains objets précieux pour les récupérer ultérieurement et l’établi nous invite à créer de puissantes armes à partir des matériaux récoltés. Une tirelire-dromadaire complète ces facilités afin de sécuriser l’argent durement gagné, le marchand prélevant une taxe absolument scandaleuse de 10% sur tous les dépôts.
Il faut rapidement apprendre à utiliser avec justesse les différents outils à notre disposition, sans hésiter à se frayer parfois un chemin à coup de dynamite, privilégier la distance pour se débarrasser des menaces, et surtout ne pas se montrer trop gourmand dans notre exploration, car Falling Out est sans pitié. Cette jolie caisse qui demande un grand détour n’est sans doute qu’un piège à gogos, surtout quand il ne reste qu’une poignée de secondes avant la grande inondation. De la même manière, les boss demandent pour être vaincus une bonne connaissance de leurs attaques et déplacements, mais surtout de nettoyer l’arène de la pléthore de “saletés volantes à tête chercheuse” qu’ils génèrent en permanence sous peine de se retrouver complètement dépassé.
- Tué par une araignée morte dans 3, 2, 1…
Toutes ces créatures que vous voyez veulent vous tuer et elles peuvent le faire
Malgré son design mignon et enfantin, le jeu place la barre relativement haut côté difficulté. N’importe quelle situation apparemment sous contrôle peut dégénérer extrêmement rapidement si l’on n’y prête pas attention. En premier lieu, le tir ami nous oblige à bien nous positionner avant de lancer quoi que ce soit lors de nos explorations et nos affrontements. La physique des projectiles et des ennemis, certains d’entre eux ayant une agressivité inversement proportionnelle à leur taille, couplée à un level design confinant parfois à la perversion (il n’est pas rare de se faire flécher les fesses sans trop comprendre d’où vient le tir dans nos premières parties), entraîne des morts fulgurantes suite à un enchaînement d’événements qui rendent honneur à ce bon vieux Murphy. Un replay nous permet même de voir précisément quel élément de décor ou bestiole a causé notre trépas.
Une certaine frustration pointe le bout de son nez aux moments les plus inopportuns. Nous assistons parfois à des lags voire même d’importantes chutes de framerate lors de passages particulièrement riches en éléments visuels ou de déplacements rapides, ce qui complique d’autant plus la survie. Quelques très rares plantages affichant de fort disgracieuses lignes de code interrompent une partie forcément prometteuse. Nous regrettons également l’absence d’écran splitté pour la partie en coopération, qui est uniquement locale, alors que le mode Versus bénéficie de cette fonctionnalité. Enfin, les succès sont comptabilisés pour le premier joueur uniquement au sein de l’un des menus, mais ne se débloquent pas immédiatement une fois les conditions remplies. Ces petits couacs ne gâchent cependant aucunement l’expérience générale, les parties complètes excèdent rarement les vingt minutes et s’enchaînent avec la volonté d’aller toujours plus loin.
C’est comme si on marchait sur des gâteaux secs
Felicia et Giorgio sont très attachants dans leurs expressions, nombreuses et souvent comiques. Voir Madame traîner Monsieur par l’oreille nous arrache toujours un sourire, son air contrit laissant place à un sourire carnassier quand les rôles s’inversent et que c’est lui qui porte sa belle à bout de bras. Leurs répliques ainsi que celles du marchand sont souvent décalées et font référence à la culture pop des années 80. Nous pouvons presque nous dire que ce couple ressemble à s’y méprendre à Ralph et Vanellope version adulte des Mondes de Ralph, impression renforcée par l’ambiance générale du jeu, où tout est prétexte à la destruction.
- Trouvez-vous une chambre !
Falling Out offre une expérience plus épicée qu’elle n’y paraît au premier abord sans pour autant entraîner de crises de nerfs comme un Chariot, par exemple. Le titre est clairement typé arcade, avec le temps limité et la course au score à chaque niveau pour nous pousser à progresser et aurait probablement fait fureur sur borne il y a trente ans. La grande variété des équipements ainsi que l’inventaire restreint obligent à faire des choix stratégiques pour ne pas se retrouver face à un boss complètement démunis. Taillé pour la coopération, le titre promet une bonne durée de vie et se place immédiatement sur un segment aujourd’hui trop peu représenté.
Testé sur Xbox One