Test - Islets - C’est pas la taille qui compte

«Plus Hollow que Knight» , - 0 réaction(s)

Second Metroidvania signé Kyle Thompson sorti le 24 août 2022 sur Xbox One et Xbox Series, Islets est un jeu qui séduit au premier regard. Entre ses graphismes, son ambiance et son gameplay, il a sur le papier tout pour attirer l’amateur patenté autant que le néophyte avisé. Mais qu’en est-il une fois manette en main ? Sans doute pas l’expérience inoubliable à laquelle on s’attendait…

​​Mouse Knight

Islets nous met dans la peau d’Iko, une souris mâle. Ce dernier a pour objectif de devenir un héros en rattachant cinq îles qui se sont éparpillées avant d’être envahies par d’horribles créatures.

Notre petit champion, uniquement armé de son épée, de son arc et de son courage, va donc parcourir ces différents lieux pour vaincre les bêtes et réactiver les différents mécanismes nécessaires à la réunification de ces différents « mondes ».

Scénaristiquement parlant, Islets se montre très sobre, pour ne pas dire minimaliste. Son histoire ne surprend jamais et ne cherche guère à nous tenir accrochés à notre siège. Le but est établi dès le départ et n’évolue pas. Tout au long de l’aventure, nous n’avons qu’un seul et unique objectif duquel nous ne dévions jamais. Pas la moindre quête annexe ou histoire secondaire ne tente de développer son intrigue ou son univers.

Les points de sauvegarde sont nombreux mais mal placés

Si cette structure est propre à la majorité des Metroidvania, elle se révèle ici relativement fade. Trop simple dans sa trame autant que dans sa narration, nous ne sommes jamais happés ni immergés dans le monde qui nous entoure. À aucun moment, la menace n’est palpable, ni réellement établie d’ailleurs. Les différents PNJ se contentent également de déblatérer leurs lignes de dialogue sans jamais parvenir à donner un supplément d’âme à l’ensemble.

Toutefois, l’attrait d’Islets vient sans doute de ses nombreuses ressemblances avec un autre jeu du genre : Hollow Knight. Que ce soit dans le design insectoïde des monstres, dans sa construction ou les différentes améliorations déblocables, tout fleure bon le jeu de la Team Cherry. Mais a-t-il ce qu’il faut pour se confronter à son illustre modèle ? Rien n’est moins sûr.

Si la direction artistique est en soi assez chatoyante et agréable, elle ne brille jamais par son originalité. Rapidement, nous réalisons que les textures des différents « biomes » ne sont que de vulgaires color swaps, avec quelques très (trop) rares différences. Le bestiaire est également bien trop restreint et peine à convaincre.

De même, l’ambiance générale qui se dégage du soft est d’une affligeante banalité. Ce type de production nous a habitués à bien plus, bien mieux, bien plus inspiré. On a le sentiment que ce qui compte avant tout ici, c’est le gameplay… Mais…

Un gameplay en Mouse

Les premiers problèmes arrivent rapidement dans le titre de Kyle Thompson. La prise en main est maladroite et la jouabilité imprécise. On a souvent la sensation de ne pas être totalement maître de son personnage, que les contrôles répondent mal.

En résulte une certaine frustration, surtout lors de certains passages de plateformes assez retors. Un saut qui refuse de s’effectuer, un atterrissage mal ajusté, l’impossibilité de descendre d’une plateforme lorsqu’on se trouve à ses extrémités, et c’est tout le plaisir qui s’évapore instantanément. Durant les affrontements, ce n’est guère mieux : nous avons souvent la perception d’une légère latence entre les coups, ou de ne pas parvenir à effectuer avec précision l’action souhaitée. Pis encore, il est tout simplement impossible de viser avec son arc. L’arme se verrouille sur l’ennemi le plus proche. Nous n’avons que la liberté de tirer droit devant nous, ou à la verticale. Ainsi, les affrontements à plus de deux virent rapidement au pugilat sans la moindre saveur.

Les combats aériens sont plaisants

Par « chance », Islets est un jeu facile. Même dans son niveau de difficulté maximale, il ne nous opposera jamais de résistance farouche, tout au contraire. L’aventure principale se boucle en environ 7 heures, y compris pour les collectionneurs : la majorité des secrets étant mal dissimulés, assez évidents à trouver, détectables sur la route principale.

Très concrètement, nous avons pu compléter le jeu à 97% sans jamais dévier du chemin imposé par le scénario, les quelques éléments restants étant d’une simplicité presque enfantine à trouver.

Les autres propositions du titre sont également génériques et moult fois vues ailleurs : nous pouvons ainsi améliorer nos armes et notre santé contre de l’argent en ville, ou encore trouver des bonus permanents dissimulés dans les différents niveaux.

Mais ce qui devrait passer pour un réel plus est en réalité l’une des critiques majeures qu’on peut reprocher au titre : plutôt que d’accompagner une courbe de difficulté croissante et proportionnée, ces améliorations vont progressivement déséquilibrer le jeu pour nous transformer en monstre de puissance capable de venir à bout de toutes les situations sans même y réfléchir.

Arrivés à la moitié du jeu, nous ne prêtons même plus attention aux pièges ni aux ennemis, qui ne suscitent alors qu’un vague haussement d’épaules lors des dégâts. Y compris contre les boss. De toute manière, la mort n’a aucune conséquence et les points de sauvegarde sont assez réguliers pour nous éviter de devoir faire de longs allers-retours en cas de défaite.

Tout au contraire même, nous comprenons rapidement que perdre est parfois le meilleur moyen de revenir à notre point de sauvegarde (et donc de nous téléporter) si nous nous éloignons trop de notre objectif, ces derniers étant disposés à des endroits fort peu stratégiques.

Certains passages sont originaux

Pour autant, Islets sait faire montre de qualités indéniables : certains combats de boss sont plaisants, quelques passages de plateformes retors. On note également une direction artistique agréable et certains designs vraiment réussis.

De plus, l’idée d’avoir basé le monde sur cinq îles distinctes est attrayante et apporte quelques bonnes idées de gameplay. Notamment la possibilité de voyager librement entre elles à l’aide d’un petit vaisseau améliorable, agrémentée de combats aériens dans la droite lignée des shmups.

Trop avare cependant, nous aurions vraiment aimé avoir plus de phases de ce genre (qui se limitent à quatre combats de boss), voire des phases de plateformes aériennes. On reste finalement sur notre faim, certain que le jeu aurait eu bien plus à offrir s’il avait bénéficié de quelques mois de peaufinage.

Des souris et des maps

L’attrait d’un Metroidvania tient principalement à son level design. C’est un genre de jeu assez spécifique, axé sur ses multiples allers-retours, ses zones secrètes et ses coins inatteignables sans avoir au préalable débloqué une compétence spécifique.

Islets ne déroge pas à la règle et applique chacun de ces codes à la lettre, comme un bon élève. Cependant, comme pour le reste, il semble suivre une méthode qu’il a certes comprise, mais qu’il maîtrise mal.

Ainsi, si l’idée des cinq îles devant être reliées en un immense niveau unique est excellente, elle est mal exécutée et bien trop dirigiste. Nous ne sommes jamais bloqués tant le déroulé de l’aventure reste linéaire et structurellement identique. Île 1 : on explore. On tue le boss. On récupère le pouvoir. On va sur l’île 2. On explore grâce à ce qu’on vient d’apprendre. On tue le boss. On récupère le pouvoir. Etc.

Les combats aériens sont plaisants

Quelques rares salles secondaires sont présentes sur le chemin, mais il est difficile de se perdre… sauf à cause du level design bien entendu. Régulièrement, nous passons par les mêmes salles, recelant les mêmes pièges et les mêmes ennemis, parfaitement disposés à l’identique. L’exploration en devient lassante, au point qu’on attend avec un espoir moribond la moindre petite surprise, comme un enfant le soir de Noël.

Le point positif, c’est que lorsqu’une idée originale émerge, on y prête tout de suite attention. Mais ces dernières sont fort rares et relativement avares pour réellement relancer l’intérêt du titre.

Accessible autant que possible

Pour finir sur une note positive, il est important de noter les efforts considérables mis en place pour rendre l’aventure Islets accessible au plus grand nombre. Intégralement en français, le jeu nous permet également de gérer notre expérience pratiquement dans ses moindres détails : des polices, en passant par les vibrations de l’écran ou des couleurs trop agressives. Un effort à saluer, car malheureusement encore trop rare.

Testé sur Xbox One X

Bilan

On a aimé :
  • De multiples options d’accessibilité
  • Quelques bonnes idées générales
  • Un Metroidvania pour toute la famille
On n’a pas aimé :
  • Trop simple
  • Très court
  • Redondant et répétitif
  • Une jouabilité largement perfectible
  • Des améliorations qui cassent (encore plus) la difficulté
  • Un scénario trop plat
« Mon premier Metroidvania »

Si Islets n’est pas un mauvais jeu en soi, il tente d’appliquer bêtement la recette de ses aînés sans en comprendre la substance. En résulte une aventure bancale et trop simpliste qui ravira uniquement les enfants ainsi que les néophytes.

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Islets

PEGI 7

Genre : Aventure/Plates-Formes

Éditeur : Armor Games Studios

Développeur : Kyle Thompson

Date de sortie : 24/08/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows, Nintendo Switch