Test - Rush Rally Origins - Une belle surprise pour les fans de rallye

«On the gravel» , - 0 réaction(s)

La franchise Rush Rally symbolise l’histoire d’un développeur indépendant, Stephen Brown. C’est à partir de 2011 que le britannique décide de créer son propre jeu de rallye de A à Z, après avoir fourbi ses armes une dizaine d’années dans la conception de moteurs physiques et systèmes d’animation pour des jeux AAA. Ce qui était au départ un challenge personnel et un pari “pour le fun” devinrent le studio Brownmonster Games. Depuis, 4 jeux de rallyes sont sortis sur mobiles principalement dont les deux derniers connaissent un beau succès commercial : Rush Rally 3 et celui qui nous intéresse aujourd’hui Rush Rally Origins, seul opus à connaître une sortie sur iOS, Android, PC, Nintendo Switch et l’écosystème Xbox depuis le 6 juillet 2022.

Contrairement à son prédécesseur, Rush Rally Origins est un jeu de rallye arcade en vue de dessus, à l’instar du récent Art of Rally, mais avec une direction artistique réaliste. Si la proposition est pertinente sur des hardwares portables, nous étions curieux de savoir si le portage de ce jeu mobile sur Xbox et nos écrans XXL ne serait pas l’étape de trop. Verdict dans trois, deux, un, go !

Il est où mon Turini ?

Quitte à ambitionner la publication d’un jeu de rallye sur consoles de salon, Stephen Brown a eu l’intelligence de choisir Rush Rally Origins plutôt que Rush Rally 3. Ce dernier, malgré ses qualités, aurait trop souffert de la comparaison avec les concurrents Dirt de Codemasters et WRC de Kylotonn Racing. Rush Rally Origins avec sa vue de dessus et la faible concurrence sur ce créneau était donc le candidat idéal pour ce nouveau challenge.

La meilleure pour grimper la Colin

Bien que le développeur britannique travaille en binôme pour ce portage sur Xbox, nous devons nous contenter dans les grandes largeurs d’une simple optimisation du jeu originel. Toutefois, le titre est proposé sur le store Microsoft uniquement dans sa version complète pour moins de 15 euros. Ainsi, les 6 environnements de base (Finlande, Grèce, Suède, Royaume-Uni, Kenya et Nouvelle-Zélande) et les 2 supplémentaires (USA et Japon) proposés en DLC sur mobile sont ici présents, soit 48 tracés à maîtriser. Cette sélection, qui paraît un peu chiche de prime abord, a le mérite de réunir la majeure partie des surfaces et terrains de jeux qui ont fait la légende du rallye. C’est un plaisir de parcourir les routes rapides finlandaises et ses célèbres sauts, les sols enneigés suédois, le sable et le gravier des montagnes sinueuses de Grèce ou l’asphalte japonais. L’immense déception demeure l’absence du Monte-Carlo.

Le constat semble identique pour les voitures, puisque cette version Xbox contient les 13 modèles issus du jeu originel et de son DLC sur mobile. Brownmonster n’ayant pas acheté les licences, les noms des véhicules demeurent fantaisistes, mais tout fan de rallye les reconnaît au premier regard. Les modèles disponibles sont un échantillon des principales voitures qui ont émerveillé les amateurs de la discipline au siècle dernier, avec entre autres les Ford Escort Mk2, Peugeot 205, Subaru Impreza, Toyota Celica et Audi Quattro. En jouant sur les couleurs et logos disponibles, nous retrouvons facilement les livrées mythiques de ces monstres légendaires. Néanmoins, nous restons sur notre faim en comparaison du nombre de voitures historiques proposées dans Art of Rally.

La voiture de Tomchoucrew

Contrairement à la réalité, les puissances des voitures présentes dans le jeu ne sont pas autant différenciées. Chacune d’entre elles démarre au rang D avec quelques points de compétence répartis dans les attributs que sont l’Accélération, la Vitesse Max, le Maniement et le Freinage. Plus on conduit un véhicule, plus on gagne de points de compétence. Nous sommes libres ensuite de répartir ces points dans les différents attributs de la voiture, sachant que tous les 6 points nous changeons de catégorie pour aboutir finalement au rang A.

They’re a 10 but they only like playing single-player games

Avant de profiter de tout ce contenu, il faudra rester patient. La progression est extrêmement linéaire, à l’opposé de celle d’un Forza Horizon. Nous commençons avec seulement trois voitures disponibles et la première spéciale du rallye de Finlande. Si le nombre de kilomètres parcourus dans le jeu permet de débloquer les autres voitures au fur et à mesure pour tous les modes de jeu, ce n’est pas la même logique concernant le déblocage des rallyes. Chaque mode de jeu est indépendant et exige de débloquer chaque spéciale à partir de zéro, même si on est bien avancé dans un autre mode. Si ce type de progression est courant sur mobile, il peut devenir frustrant et déroutant pour les habitués aux jeux sur console.

Mauvaise surprise, Rush Rally Origins propose trois modes de jeu sur Xbox, au lieu de quatre sur la version mobile. En effet, le mode Multijoueur (en Local via wifi) est pour le moment absent et ne semble a priori pas prévu dans le futur. Sur Xbox, le titre est donc uniquement jouable en solo. Une inscription au serveur de Brownmonster permet de télécharger des ghosts et de se comparer aux joueurs du monde entier, mais cela reste une maigre consolation.

Le ghost de Tartempion59 à battre

Les deux premiers modes de jeu sont inspirés du rallye classique, à savoir qu’on se bat tout seul sur la piste contre les temps obtenus par ses adversaires. Dans Contre-la-montre, on cherche à obtenir une médaille d’or, d’argent ou de bronze selon des temps de référence à battre et dans Championnat, on remporte un rallye si on parcourt l’ensemble de ses 6 spéciales avec le meilleur temps au global. La difficulté dynamique semble bien dosée. Pour obtenir les médailles d’or, nous devons cravacher et maîtriser parfaitement les trajectoires dans les spéciales. De même pour le Championnat, l’IA s’arrange pour que nous soyons au minimum dans une lutte serrée avec un adversaire. C’est un très bon point qui allonge intelligemment la durée de vie du soft.

Reste le dernier mode de jeu qui fait la part belle à la tôle froissée et aux coups de pression sur les adversaires. S’inspirant du rallycross, le mode Course nous oppose cette fois-ci à 5 adversaires en même temps, mais toujours sur les spéciales des rallyes et non sur des circuits fermés comme dans la réalité. C’est ce mode très fun qui nous fait cruellement ressentir l’absence d’un Multijoueur. Le titre aurait d’emblée pris une autre dimension. Dommage !

Les stigmates d’un jeu mobile

Avec un contenu somme toute solide, encore fallait-il passer l’épreuve de l’adaptation du gameplay, de la technique et des graphismes d’une version mobile à la version console reliée à un téléviseur à grande diagonale. Force est de constater que tout n’a pas été fait de manière optimale, à commencer par l’interface et ses gros aplats adaptés aux écrans tactiles. La présence du menu où l’on peut choisir l’emplacement des touches tactiles de gameplay sur l’écran fait également tache.

Jour de tonnerre

Nous aurions pu craindre une adaptation dramatique aux manettes Xbox mais c’était sans compter sur la compatibilité originelle du titre avec celles-ci sur Android. Ainsi le gameplay au pad fonctionne parfaitement. La prise en main devient rapide et la conduite demeure arcade, plus permissive et moins technique que celle d’Art of Rally. Tous ceux qui ont apprécié ce dernier mais pesté sur la maniabilité ardue des voitures devraient trouver chaussure à leur pied sur Rush Rally Origins. Les spéciales durent en moyenne deux minutes et s’enchaînent rapidement. Les principaux regrets sur le gameplay proviennent principalement d’une sensation de vitesse décevante et de différences de conduite et d’acoustique quasi imperceptibles entre les modèles de voiture.

Le gameplay repose donc avant tout sur la maîtrise des trajectoires et de la physique assez réussie des voitures (même si le changement de direction de la voiture en plein saut n’est pas réaliste). Nous aurions aimé toutefois une plus grande influence des revêtements du sol sur le comportement des voitures ainsi qu’une diversité plus affirmée : absence de passages de gués, de fesh fesh pour le kenya, de routes très marquées par des ornières, etc.

Auto-promotion de la série !

Si le titre de Stephen Brown s’appelle Origins, c’est qu’il rend hommage au premier jeu de la franchise Rush Rally en vue de dessus. Cette fois-ci, deux caméras sont disponibles au lieu d’une à l’époque. La caméra traditionnelle, par défaut, est une vue d’hélicoptère où on suit les voitures vues du ciel, comme dans les retransmissions du WRC. Dans cette vue télégénique, l’immersion est excellente et tout fan de rallye prend un plaisir monstre à suivre les trajectoires de la voiture au milieu des paysages emblématiques des régions traversées. Toutefois, le plaisir pour les yeux se fait au détriment de la performance sportive car le jeu devient beaucoup plus difficile. Il n’est pas aisé de se mettre à la place de la voiture pour tourner dans la bonne direction sur certains plans inversés. Pour remédier à cela, la deuxième vue disponible suit inlassablement le derrière de la voiture à une cinquantaine de mètres de hauteur. L’immersion est moins folle mais la position de la caméra est idéale pour performer et battre les chronos.

Beau de loin, loin d’être beau

Attention aux sangliers la nuit

Si l’immersion et le plaisir fonctionnent, c’est en grande partie grâce au travail remarquable effectué sur la modélisation des voitures. Ces dernières fourmillent de détails et les effets de fumée, échappements, traces des pneus, levées de poussière à pleine vitesse ou en dérapage sont grisants. Avec la caméra traditionnelle, nous pouvons même apprécier les mouvements de notre pilote à travers la vitre. Malheureusement, les environnements sont plusieurs crans en dessous et souffrent du passage à la haute définition. Si chaque rallye se distingue très bien de manière réaliste avec ses routes, architecture et flore locales, la qualité des textures reste minimaliste. Dans le fond, le rendu global fait quand-même son travail d’immersion, encore plus avec la vue traditionnelle. Et si on ajoute la présence de différentes conditions météorologiques comme la pluie et le brouillard ou la possibilité de courir la nuit avec un éclairage des phares efficace, nous ne pouvons que saluer le boulot titanesque effectué par Brown et son collègue.

Coucou les gars, je suis derrière vous

Néanmoins, un gros défaut nous gêne particulièrement : le manque de vie sur les spéciales. Dans Rush Rally Origins, aucun feuillage, ni brin d’herbe ne bougent. Plus gênant, tout ce qui est organique semble inanimé, en particulier les spectateurs. La sensation d’assister à une course dans un paysage de modélisme devient persistante et gâche une partie de l’immersion. Ce ressenti est exacerbé au rallye du Kenya où l’immobilité des girafes et des zèbres s’ajoute à celle des humains. Seules les éoliennes dans certains rallyes ont le privilège d’être en mouvement. Pourtant, certains détails du décor sont destructibles comme les barrières. Notons que les voitures ne subissent aucun dégât, seulement des ralentissements.

Enfin, adaptation Xbox oblige, le titre propose 31 succès pour 1000G. De nombreuses statistiques intéressantes sur notre expérience de jeu sont également disponibles via le menu Profil présent dans le jeu.

Testé sur Xbox Series X

Bilan

On a aimé :
  • Le gameplay efficace et fun
  • Un contenu solide pour le prix
  • La modélisation des voitures
  • La difficulté dynamique bien dosée
  • Le charme des vues aériennes
On n’a pas aimé :
  • L’absence d’un mode Multijoueur
  • L’effet modélisme du décor
  • Le manque de sensation de vitesse
  • L’absence du Monte-Carlo
Le rallye est fait pour les jeux vidéo !

Issu d’un jeu mobile, le portage de Rush Rally Origins sur Xbox est une belle réussite. Proposée à prix doux dans une version assez complète et solide, la création de Stephen Brown est un bel hommage au monde passionnant du rallye automobile avec ses vues aériennes télégéniques et sa direction artistique réaliste. Bien que le jeu souffre de graphismes assez pauvres et d’un manque de vie dans les environnements, le gameplay, la modélisation des voitures et les effets de fumée et de poussière provoqués par ces dernières sont grisants et réussis. L’absence d’un mode multijoueur réduit fortement l’intérêt à long terme mais Rush Rally Origins demeure un titre où l’on prend du plaisir rapidement sur de courtes sessions de jeu.

Accueil > Tests > Tests Xbox One

Rush Rally Origins

Genre : Courses

Éditeur : Brownmonster Games

Développeur : Brownmonster Games

Date de sortie : 06/07/2022

Prévu sur :

Xbox Series X/S, Xbox One, PC Windows, Nintendo Switch, Autre support