On ne va pas se mentir, le hockey sur glace pour les Français est un sport étrange qui les intéresse fortuitement une fois tous les quatre ans lors des Jeux Olympiques d’hiver, et encore. Notre Rédaction étant un joli panel représentatif de la société française, je ne fus pas surpris de constater que le dernier test sur Xboxygen de la série phare de ce sport spectaculaire remontait à 2013 et l’épisode NHL 14 ! Alors pourquoi s’embêter à faire le test de NHL 22 pour l’intérêt de quelques lecteurs égarés me direz-vous ? Déjà pour leur rendre hommage, c’est beau un tel dévouement. C’est aussi pour ne pas oublier que le hockey sur glace est un sport historique et centenaire dans l’Hexagone dont la Ligue Magnus est le fleuron, que la NHL est la ligue toute puissante du quatrième sport majeur aux Etats-Unis et du premier au Canada et que les jeux vidéo NHL sont souvent très bons bien que la licence semble endormie ces dernières années avec des opus annuels fainéants.
Pour être honnête avec vous, je ne suis qu’un simple amateur de la franchise et je n’ai joué que quelques heures sur l’épisode précédent, la plupart du temps en ligne contre mon neveu expatrié à Montréal, la capitale mondiale du Hockey, dont la franchise des Canadiens est la plus titrée en NHL. Toutefois, en tant qu’amateur de jeu de sport et passionné de l’industrie vidéoludique, l’arrivée du rutilant et puissant moteur Frostbite pour cet épisode 22 à la place du vieux moteur Ignite a titillé ma curiosité. La simulation de hockey était la dernière chez EA à ne pas profiter du fameux moteur maison, dont FIFA et Madden en jouissent depuis des années pour le meilleur et pour le pire. Avec un nom pareil, le Frostbite était prédestiné à NHL, d’autant plus que sur FIFA les joueurs semblent bien glisser sur la pelouse… Bref, ce test est plutôt un état des lieux pour savoir où se situe la licence NHL au début de cette nouvelle génération de consoles. Chaussons les patins et let’s go !
Frostbite 3 - 1 Ignite
Première bonne nouvelle, la présentation et l’ergonomie du menu principal ont été profondément remaniées afin de nous faire oublier le menu insipide et brouillon de NHL 21. Maintenant, les modes de jeu sont clairement identifiés et se repèrent plus facilement via les onglets Pour vous, En ligne, Hors ligne et Autres qui regroupe les paramètres, le Centre de création et les modes Entraînements. Cependant, le didacticiel pour apprendre les bases a disparu dans cette nouvelle version, une mauvaise nouvelle pour les néophytes qui devront apprendre par eux-mêmes en épluchant le menu des commandes.
Afin de sonder immédiatement le gameplay et les apports du moteur Frostbite, nous nous lançons dans une série de matchs rapides. D’entrée, on se rend compte des améliorations graphiques qui font entrer NHL dans des standards plus acceptables pour cette nouvelle génération de consoles. L’enceinte et surtout la patinoire bénéficient d’un foisonnement de détails magnifiés par une gestion dynamique des éclairages. Les reflets sur la glace et l’aspect brillant qui en ressort sont peut-être un poil exagérés mais demeurent plus réalistes que l’aplat blanc mat et terne des épisodes précédents. La glace semble aussi fondre par endroits et subir fortement les rayures formées par les patins des joueurs. L’ajout cette année de statistiques en réalité augmentée lors des mises en jeu apporte également un plus.
Concernant les joueurs, le résultat est mitigé. Les détails sont plus nombreux et fins, sur les vêtements notamment. Par contre, les visages pâtissent d’un effet de cire et les nouvelles animations des yeux et de la bouche ne sont pas très réussies. Bien que de nouvelles animations et cinématiques ont été ajoutées pour les moments importants du match, la plupart de celles-ci sont recyclées des épisodes précédents, donnant le sentiment que les développeurs auraient pu faire beaucoup plus de ce côté là. Une modélisation des joueurs plus bluffante et une refonte plus complète des cinématiques constituent un vrai axe de progression pour le prochain opus.
Toutefois, ce qui frappera le plus les habitués de la franchise sont les changements apportés sur la physique des joueurs et du duo crosse/palet pour un résultat penchant fortement vers la simulation. Pour notre plus grand plaisir, la physique est beaucoup plus réaliste dans cet épisode que celle de l’année dernière. Dans NHL 22, les joueurs sont plus lourds et moins rapides lors des changements de direction, grâce à une inertie mieux respectée. Ce que nous reprochons particulièrement à FIFA est au contraire mis en valeur dans cet épisode de NHL, preuve que le moteur Frostbite n’est pas le coupable idéal mais que c’est bien une volonté assumée des développeurs de FIFA de ne pas en faire une simulation de football. De plus, l’IA semble plus patiente cette année, surtout pour relancer à partir de son camp.
Dans NHL 22, nous prenons plaisir à mieux ressentir la difficulté de se déplacer en patins et constatons réellement une vraie différence entre les joueurs doués au patinage et les autres. Les accrochages entre joueurs et mises en échec, particulièrement contre les vitres bordant la patinoire, sont grisants et intenses avec les nouvelles animations. Il faut vraiment batailler pour récupérer la rondelle. Le réalisme est exacerbé par la nouvelle physique de la crosse. Le palet colle moins à ce dernier, ce qui donne un visuel beaucoup plus naturel et télégénique du joueur en action. Les passes demandent en contrepartie une meilleure précision avec le stick droit et leur bonne réalisation devient plus exigeante selon la position et les statistiques du passeur.
Globalement, le moteur Frostbite apporte donc un vrai plus pour NHL dans sa quête vers le réalisme et jamais la sensation d’assister à un match télévisé n’avait été aussi forte que cette année, le tout avec une bonne marge de progression pour l’avenir.
La révolution n’est pas pour maintenant
En plus des nouveautés précédemment citées, l’arrivée des Superstar X-Factor dans cet épisode, éléments de gameplay déjà à l’œuvre dans Madden depuis quelques années, est un autre ajout marquant. En quoi cela consiste-t-il ? Les X-Factor sont des aptitudes et compétences uniques réservées aux joueurs superstars de la ligue. Celles-ci permettent donc de mieux différencier sur la glace les joueurs du haut du panier des quidams, au-delà des écarts de statistiques. Les aptitudes X-Factor sont divisées en plusieurs catégories, parmi lesquelles la vitesse, le physique, les tirs, etc. Néanmoins, si c’est amusant et fun de mettre en valeur une capacité unique d’une superstar et d’en voir la réalisation patins aux pieds, les X-Factor ne révolutionnent en rien les mécaniques de gameplay et restent suffisamment marginales pour ne pas cheater les matchs. Tant mieux, et ce malgré ce que veut nous survendre la communication du service marketing d’EA.
Malheureusement, pour les joueurs qui connaissent par cœur la franchise, les bonnes nouvelles s’arrêtent quasiment là. En effet, rien ou presque n’a bougé concernant les mécaniques de gameplay et les modes de jeu, hormis l’ajout de ces fameux X-Factor. Nous retrouvons donc très rapidement nos repères une fois la manette en main. Les trois configurations de gameplay sont toujours présentes, à savoir celle inspirée de NHL 94 se basant uniquement sur deux boutons, celle d’un niveau intermédiaire apportant plus d’options de jeu avec l’utilisation des autres boutons, puis la configuration de gameplay experte et moderne qui s’appuie sur le maniement de tous les sticks, gâchettes et boutons possibles pour un maximum de possibilités et de tricks. Après tout, ce n’est pas sur cet aspect qu’on aspire à plus de changements de la part du studio de développement. Le gameplay des NHL est vraiment très bon, riche en opportunités et grisant. Tant que la manette Xbox n’apporte pas une innovation technologique du type de celle proposée par la nouvelle Dualsense du concurrent, on ne voit pas pourquoi il faudrait modifier ces mécaniques de gameplay qui ont fait leur preuve depuis toutes ces années.
Le plus navrant finalement pour NHL 22, qui gâchera énormément l’expérience de jeu d’un habitué, est le recyclage à 98% de tous les modes de jeu. Cette déception est symbolisée par le mode carrière Deviens Pro, qui est un copier-coller désespérant à la cinématique près. À quand une expérience scénarisée de type The Longshot dans Madden ou les aventures d’Alex Hunter dans FIFA ? Ce n’est pas l’implémentation des compétences X-Factor qui seront disponibles pour son joueur quelques saisons de NHL plus tard qui atténue ce sentiment qu’on se moque des fans. Toutefois, pour les joueurs qui n’ont pas touché à un NHL depuis longtemps ou qui sont purement néophytes, la proposition en modes de jeu est simplement phénoménale comme dans tous les jeux de sport made in EA. Pour que les choses soient bien claires, ce n’est pas la quantité ni la qualité du contenu qui font l’objet de nos critiques mais la lenteur dans le renouvellement de leur proposition, qui nous donne l’impression qu’un nouvel épisode n’est qu’une simple mise à jour annuelle des statistiques, une fois passé l’effet saisissant des améliorations graphiques ou techniques.
Ainsi, en faisant abstraction du manque de renouvellement des modes, il y a largement de quoi tenir toute une année et se faire plaisir, surtout avec le penchant vers la simulation concernant cet épisode. Pour les modes hors ligne, nous retrouvons le classique et complet mode Franchise qui permet de gérer intégralement la destinée d’une franchise de NHL sur plusieurs années. La nouvelle équipe de Seattle au doux nom de Kraken est de la partie. Ce sera à vous de drafter la nouvelle perle, d’améliorer les finances et de créer l’équipe qui remportera le plus de coupes Stanley. Les modes Saison ou Tournois proposent quant à eux uniquement un one shot pour lever le trophée de l’une des 13 ligues de hockey ou celui de la CHL (la Ligue des Champions européenne avec la participation des Dragons de Rouen, seule équipe française présente dans NHL 22).
Dans le mode Deviens Pro, cette fois-ci nous contrôlons un joueur unique pendant toute sa carrière. Il faudra apprendre à respecter son poste pour gagner en expérience et monter ses compétences, répondre aux questions de la presse et aux demandes de la Direction de la franchise, du coach, de son agent et de ses coéquipiers. Les modes Ones Now (1vs1vs1), NHL Threes (3vs3 en mode arcade loufoque) et Match immédiat complètent les propositions d’une expérience solo (ou en multi local) riche et passionnante.
Enfin, les compétitions multijoueur en ligne ne sont pas en reste. Le mode Équipe de rêve est l’équivalent de FIFA Ultimate Team (FUT) alors que World of Chel se rapproche d’une expérience My Park de NBA 2K sans l’open world mais avec plein de possibilités de jeu pour son personnage créé. Bien entendu les oppositions simples en ligne répondent présent avec un système de classement. Pour terminer le tour complet du propriétaire, NHL Threes en ligne et un mode dérivé d’Équipe de rêve plus fun intitulé Attaque ÉRH permettent également de s’éclater sans pression avec ses amis ou des joueurs de passage.
Testé sur Xbox Series X.
P.S. : Vous pouvez découvrir NHL 22 pendant 10 heures via l’abonnement au Xbox Game Pass Ultimate ou l’EA Access.